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Clarification de postures

Responsabilité de l'homme dans l'évolution climatique récente
Comprendre
comment et pourquoi on se dispute ?[1]

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Benoît Urgelli
last up-date : 21 octobre, 2013

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le sens social n'est pas toujours celui de la logique scientifique...

Les 24 et 26 novembre 2010, à la suite de la publication d'un billet sur le site Prisme de tête intitulé "Débat à l’Académie des sciences : le triomphe de Claude Allègre ?, de nombreux acteurs se sont exprimés sur nos analyses et notre position dans ce dossier.

Ces réactions de chercheurs, de journalistes, de sociologues, d'enseignants, auxquelles j'apporte beaucoup d'attention dans le cadre de mes recherches sont pertinentes dans la mesure où elles soulignent un manque criant dans mes études de la dynamique des controverses. Elles appellent toutes à une clarification de ma posture face à aux disputes climatiques.

Quelles représentations ai-je de la place des sciences expérimentales, des sciences sociales, des comumication médiatiques, mais également des politiques dans la gestion des risques climatiques ?

Il s'agit donc ici de répondre à quelques objections qui sous entendent que mon approche relativiste et symétrique des controverses se construit à partir d'un positionnement centriste entaché d'un climatoscepticisme dangereux vis à vis de la pratique scientifique.

Je crois que le commentaire de ICE me demande d'exprimer ce que je pense de la question climatique d'un point de vue scientifique, mais également ce que je pense des communications et des politiques climatiques. Il est en effet nécessaire en sociologie, et encore plus lorsqu'on étudie des controverses, de clarifier sa posture (son horizon politique diront certains). J'en profite ici pour demander à ce que ces clarifications soient également visibles chez les représentants des sciences expérimentales, même s'ils précisent que ce n'est pas là leur fonction.

Posture épistémologique
"De l'évaluation des risques climatiques"

ICE clarifie très bien sa posture épistémologique : le climat se réchauffe, principalement [2] du fait des émissions de gaz à effet de serre humaines [...] un réchauffement global de l’ordre de quelques degrés est à attendre. A la lumière des débats de ces trois dernières années, je partage ces déclarations scientifiques. Mais je reste persuadé que s’agissant de l’évaluation des risques climatiques, l’argumentaire devrait s’exprimer au conditionnel. De même que lorsqu’on déclare publiquement que « fumer tue », on devrait plutôt, selon moi, déclarer que « fumer risque de tuer », afin de laisser chacun prendre ses responsabilités, au regard de la vision scientifique du problème.

Je suis convaincu que nous changeons la composition de notre atmosphère, ce qui rend probable, entre autres, l’existence de risques climatiques. Mais je trouve qu’établir un lien causal direct entre nos émissions de gaz à effet de serre et l’évolution récente de la température moyenne globale est une vision réductrice du fonctionnement du système Terre-océan-atmosphère-biosphère. Pour répondre à André Berger ou Bernard Legras, je ne remets pas en cause les propriétés radiatives des gaz parfaits, mais il me semble que le laboratoire ne peut pas tout décrire, même si la théorie donne un cadre explicatif robuste à une grand nombre d'observations. Les risques d'acidification des océans me semblent mériter autant d'attention que les investigations sur les risques d'évolution climatique. D'ailleurs, à ce sujet, le rapport de l'Académie des sciences (2010) me semble marquer une avancée notable. J'entends d'autre part le questionnement d'autres communautés épistémologiques, comme celles de la géographie physique qu'évoque Mike Hulme (2010) et qui semble interroger le sens d'un calcul de température moyenne globale. Ce questionnement ne me semble pas absurde d'un point de vue de la géographie climatique.

J'observe que d'un point de vue de la majorité des climatologues, il n'y a pas, plus ou peu de raisons de douter de l'origine anthropique du réchauffement climatique récent. Les efforts de déconstruction scientifique et éthique des argumentaires contradictoires ont été remarquables ces dernières années. Mais l'appel des climatologues d'avril 2010 montre une évidente lassititude chez les scientifiques associée à une demande de reconfinement des débats.

je ne crois pas que l’ « appel » des scientifiques ait demandé à ce que le débat souhaité se fasse à huis clos – au contraire! (Pour moi c’est juste l’Académie qui s’est protégée ainsi pour éviter de se couvrir de ridicule, et avoir la liberté de « cuisiner » à sa sauce un avis assez neutre pour satisfaire la chèvre et le chou dans cette histoire…). Au contraire, donc : volonté qu’il soit exposé clairement au plus grand nombre, et si possible une bonne fois pour toutes, pourquoi les pseudo-arguments de certains (« le Groenland était vert », ou «c’est le soleil», encore et toujours) sont du n’importe quoi… mais ce n’est pas ce qui s’est passé.

Comme s'ils avaient l'impression de ne pas être compris, mais surtout comme s'ils craignaient que les accusations d'erreurs et/ou d'intéressement scientifique allaient avoir un impact médiatique considérable sur l'expertise climatique officielle et sur leur crédibilité sociale.

Et n’ont ils pas raison ? Je veux dire, n’y a-t-il pas sur ces dernières années comme un lien entre désinformation et mise en cause des scientifiques et de la science (climategate, campagne dans la presse anglo-saxonne…), démobilisation des opinions publiques, et échec des négociations politiques ?

Posture communicationnelle
"La peur de semer le doute"

C'est ce dernier constat qui alimente ma curiosité et mes questions de recherche. Je reste convaincu qu'on pourra remplir des pages entières de démonstrations scientifiques et éthiques dans le quotidien Le Monde pour convaincre du degré élevé d'évidences et de confiance qui conduit à soutenir que l'homme est très probablement responsable de l'évolution climatique récente. Mais tant que, socialement, nous n'aurons pas répondu à la question "comment et pourquoi on se dispute sur le climat ?", les argumentaires ne pourront convaincre que les convaincus.

Donc pourquoi, encore une fois, alors que les scientifiques sont aussi sûrs qu’il peuvent l’être, les populations ne sont-elles pas convaincues et une « controverse » importante subsiste-t-elle dans la sphère publique et médiatique ? [...] vous semblez penser que c’est le résultat d’un manque de transparence de l’expertise scientifique, notamment dans les processus, et dans la communication des incertitudes. C’est peut-être vrai en partie, mais je pense très probable que ce soit largement davantage le résultat, aujourd’hui très diffus, mélangé, et finalement difficilement analysable a posteriori, d’un gros travail de sape et de désinformation produit, fondamentalement, par ceux qu’on appelle désormais les « marchands de doutes » [...]
Pris entre le feu croisé de cette désinformation, d’une part, du caractère outrancier, il faut le dire, d’une certaine partie du mouvement écologique sur le climat d’autre part, et enfin de l’inaptitude fondamentale des médias à rendre compte de la réalité des connaissances scientifiques dans ce qui est perçu comme une controverse (biais centriste, manque de temps, manque de connaissances, tropisme pour la controverse, etc… voir à ce sujet le texte – très dur, parfois un peu trop même– de Jancovici sur les journalistes), il n’est pas étonnant qu’une certaine partie de la population, qui est aussi peut-être à l’origine peu disposée à croire à tout ça (pour les mêmes raisons que citées ci-dessus, et aussi peut-être parce qu’il est plus agréable ne pas croire les mauvaises nouvelles), ait au final une opinion très mitigée ou confuse sur la question.

Je comprends que si l’on s'exprime, en tant que journaliste, scientifique ou politique, avec un degré élevé de certitudes à propos du réchauffement anthropique, c’est bien entendu parce qu’il y a des preuves tangibles [3] qui permettent de l’affirmer. Mais il semble aussi que vous redoutiez la construction sociale d'un mythe de la controverse scientifique par des marchands de doute.

L'attention que vous portez à la question du vrai et du faux, à la gestion des preuves fait bien entendu partie de votre domaine de compétences, de votre engagement dans la pratique scientifique. Plus encore de votre éthique professionnelle. Et c'est selon moi ce qui explique que vous condamniez avec une grande sévérité ceux qui auraient menti, perverti le système du peer-review ou encore dissimulé des données de recherche à la communauté scientifique au sens large. Mais ce qui m’intéresse énormèment dans la médiation des controverses, ce n’est pas tant qui a raison ou qui a tort, mais les raisons de cette peur du doute.

« Peur du doute » : je dirais, nécessité que les populations et les politiques comprennent pleinement les tenants et les aboutissants du problème! Parce qu’il y a quand même un danger derrière tout ça, ne l’oublions pas – quelque chose comme un changement climatique d’ampleur géologique en un laps de temps très court…[...] ce que dit vraiment la science, c’est aussi, au-delà de l’éthique scientifique et de la nécessite de départager le vrai et le faux comme vous le soulignez, nécessaire d’un point de vue… comment dire, social, ou civique – ça fait aussi partie de la mission de scientifique, non ?

Selon moi, ces raisons ne peuvent être appréhender qu'en portant une attention symétrique (même si la vision bipolaire me semble simpliste) aux jeux d’acteurs et d’arguments qui se construisent autour de cette crainte de semer le doute. Personnellement, vous aurez compris que je ne partage pas cette peur pour plusieurs raisons : parce qu’elle suppose que tout le monde ne peut pas, ni n’a le temps, de tout comprendre, parce qu'elle ne parie pas sur l'intelligence sociale des citoyens profanes, et que par conséquent, elle suppose un appel à la confiance envers le diagnostic scientifique exprimée par une communauté scientifique de référence.

« confiance aveugle »: quand vous allez voir le médecin, vous exigez de tout comprendre et qu’ils vous démontre tout pour élaborer le diagnostic avec lui, ou, vu que vous n’avez pas que ça à faire d’ailleurs, vous lui faites un minimum confiance là-dessus et pour ses prescriptions ?

Encore une fois, comme le dit Roqueplo, je serais plutôt favorable à une réconciliation de la communication climatique avec l'expression de doutes scientifiques. Car un diagnostic scientifique incertain n’est pas pour autant un diagnostic auquel on ne fait pas confiance. Pire, sans la réconciliation entre doute et certitude, sans la confiance raisonnée et raisonnable dans le travail des scientifiques, c’est la fiabilité même des connaissances qui finit par être objet de doute (Roqueplo,1993)

Vous comprendrez donc que ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'expression d'un doute pour le simple plaisir de douter, de semer la confusion, de faire parler de moi et d'entrer ainsi dans la controverse comme acteur ! Ce qui alimente quotidiennement mon questionnement, c'est la compréhension de ce qui motive scientifiquement mais également politiquement, médiatiquement, l'expression ou le refus d'un doute sur la responsabilité de l'homme dans l'évolution climatique récente. Il s'agit de comprendre la diversité des sens sociaux donnés à la question climatique à travers les disputes, et pour conduire ces investigations, il faut sortir d'une histoire purement épistémologique et jugée des sciences.

Vous croyez vraiment que c’est rendant le débat davantage « public » et « transparent » , et en laissant chacun exprimer tout les doutes qu’il peut avoir sur tout, peu importe si c’est n’importe quoi, qu’on va renforcer la robustesse de la science ?

Horizon politique
"tous les doutes ne se valent pas !"

Vous comprendrez également, qu’en tant qu’enseignant de sciences, et militant pour une éducation scientifique citoyenne démocratique visant à l’écoresponsabilité raisonnable et raisonnée, je ne suis donc pas l'ennemi des sciences, le marchand de doute que vous semblez craindre.

Mais lorsque je vois que l’on en arrive, pour espérer conduire à une forme d’éducation, à ce genre de campagne médiatique (humoristique, scandaleuse ?) (No pressure 10:10), je suis inquiet par ce sens social particulier qu'a pris ces dernières années la question climatique. J'y vois une forme d'instrumentalisation idéologique des déclarations scientifiques, présentées sur le registre du consensus et de l’alarmisme. Très sincèrement, malgré ma conviction de l'existence de risques climatiques, je ne peux pas partager cette vision sociale des sciences.

Vous avez raison : tous les doutes ne se valent pas ! Et vous introduisez ici la question des valeurs qui fondent l’expression d’un doute.

je voulais dire – je pense que vous m’avez compris – que tous les « doutes scientifiques » ne sont pas recevables : par exemple ceux qui pensent que l’effet de serre n’existe pas, ou que le CO2 anthropique ne cause pas d’effet de serre additionnel, on ne peut rien pour eux et on ne va pas faire de débat pour expliquer que si…De plus, on peut douter de la part de la contribution de émissions de gaz à effet de serre récent par rapport, par exemple, à la variabilité climatique naturelle: mais alors il est bon d’arriver avec des arguments étayés sur pourquoi la majorité des gens compétents sur le sujet et qui aboutissent à des conclusions différentes de vous, ont tort. [...]
tout scientifique peut rentrer dans le jeu et apporter des éléments, s’ils sont valables et s’il est de bonne foi (suivez mon regard)… d’ailleurs il y a des publis de « sceptiques » prises en compte par le GIEC...les scientifiques du CNRS, de la NOAA, du MPI, du met office, etc…ils ne sont pas nommés par l’Etat, quand même… et le « consensus » du GIEC, c’est pas trois gars avec des badges qui se réunissent dans un pièce pour voter, non plus…

Ce qui m’intéresse dans mes études, c’est de comprendre les raisons sociales, les connaissances mais également les valeurs, qui conduisent à instrumentaliser, ou à éviter l’expression publique d'un doute, pourtant liée à la pratique scientifique. Vous trouverez ce projet peut être étrange, notamment par la prise de distance, le relativisme, qu’il suppose vis-à-vis de l’argumentaire scientifique (ou de la réalité des faits, comme le disent certains journalistes ou scientifiques).

Je crois qu'on ne peut pas dans ce dossier, et pour le projet que j'espère avoir ici clairement énoncé, se contenter du regard épistémologique dans l'analyse des expressions du doute. La précieuse contribution des climatologues à la connaissance de la responsabilité de l'homme dans l'évolution climatique est nécessaire mais elle ne peut être la seule lanterne éclairant nos questions de recherche. Si cela avait été le cas, les dynamiques socioscientifiques de déconfinement et de reconfinement des controverses auraient été plus simples. Or en France l'analyse de ces dynamiques pour les périodes 2002-2007, 2007-2009 et la toute récente période 2009-2010 (post-Copenhague) montre que des reconfigurations sociales sont visibles et complexes. Il me semble fondamental de comprendre les raisons sociales de ces reconfigurations.

Votre contribution, mais aussi celles de vos détracteurs, est précieuse pour conduire nos investigations sur ces raisons sociales qui s'expriment dans les expressions (ou les évitements) de doutes autour de la responsabilité de l'homme dans l'évolution climatique récente. Je reconnais que si ces contributions nous aident à exprimer des hypothèses, ces dernières sont parfois dérangeantes pour la traditionnelle image pure et autonome des sciences face à la société.

Au plaisir de vous lire mais surtout de continuer à débattre sur ce thème....

PS : je veux enfin également revenir sur des points de vocabulaire (militant, politique,...) que vous avez perçus comme des attaques aux personnes. Je les ai employé ici au sens noble du terme, en relation avec l'engagement dans l'action. Si vous les avez compris à travers leurs sens péjoratifs, je vous présente mes excuses. Telle n’était pas mon intention.

A propos des valeurs en sciences....

Où sont les « valeurs » dans le diagnostic du GIEC ? Et qu’est-ce que c’est qu’une valeur, d’abord ? Moi je vois bien que certains par exemple essaient de rejeter à toute force toute conclusion sur le climat de peur que ca ne débouche sur des régulations de la sphère économique, et que ça c’est la Mââal. Ca ce sont des conclusions basées sur des valeurs, ok.
Mais expliquez-moi où sont les valeurs dans le fait de constater qu’on émet des gaz à effet de serre, que toutes nos connaissances indiquent que ça va provoquer un changement climatique très important en peu de temps, avec des conséquences potentiellement graves sur les systèmes naturels et humains (graves pour ICE mais pour d'autres, ces conséquences sont bénéfiques, pour certains animaux et certains systèmes humains, retour également sur le contexte socio-politique du moment, à mettre en parallèle avec celui d'Arrhénius et ses déclarations en 1910 par exemple...) – et que donc on ferait mieux de chercher à réduire la source du problème, i.e. les émissions de GES ? ce dernier point (réduire les GES), ca n’est pas de la politique (la politique, c’est comment on le fait), ca n’est pas une valeur, ou un sens du « rapport à la nature » ou que sais-je, c’est juste le bon sens, ou l’instinct de survie collectif comme vous voulez – dont ne nous semblons pas dotés, d’ailleurs… - (bon sens dans le cadre des valeurs écologiques défendues par ICE et d'autres ; dans les différentes pays de CCNUCC, ces valeurs là ne sont pas partagés sur la dangerosité des risques climatiques... la position occidentale est peut etre liée à une volonté de mettre en place une indépendance énergétique ? )

 

 



La 16e Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques
se déroulera à Cancún, au Mexique,
du 29 novembre au 10 décembre 2010.

 

[1] : Cette terminologie reprend celle d'un ouvrage de Mike HULME : Why we disagree about climate change. Cambridge, UK, Cambridge University Press, 2009. A l'approche de la conférence des parties de Cancun, cet auteur s'est également exprimé dans le courrier international avec un article intitulé Douze mois qui ont changé la donne climatique (novembre 2010).

D'ailleurs, à l'approche de cette conférence, nombreux sont les acteurs qui clarifient leurs postures les uns par rapport aux autres ! Depuis la conférence de Copenhague, il est intétressant de noter les ruptures espitémologiques qui commencent à se dessiner clairement en France entre sociologues, anthropologistes, géographes, climatologues, géophysiciens, notamment lorsqu'on lit dans des articles de sociologie ce genre de commentaires :

Let us turn to the special issue of the review Theory, Culture and Society (March 2010) devoted to the Climate Change problem. It brings together very diverse authors coming from different disciplines, and who are not known as skeptics
[...]
But, what unites them is the novel and ambitious place they want to give to the social sciences in the climate problem, and which they think poorly acknowledged by the IPCC. I will look at three of these authors: Mike Hulme, Sheila Jasanoff, and Ulrich Beck, whose reputation and work extends far beyond this issue of the magazine [...]
Those most critical of IPCC science and scientists say that the framing is too scientific, that it de-responsabilizes people, that the IPCC remains attached to a traditional hierarchy of sciences with the natural sciences at its summit where only economics, sufficiently formalized and dignified, can participate in the expert enterprise and in defining climate politics. So, it is clear that these critiques are strongly marked by tensions between diverse epistemic communities.
[...]
In general, geographers (and Hulme is a perfect illustration) severely judge articulations from the local to the global, as they operate in reports and in the IPCC’s conceptions. The prevailing globalization of climate, which has reached its peak (the concept of average temperature, average ocean levels, etc), is, in their opinion, de-culturized, and tends to efface our anthropological experience of climate and weather, which remains subjective and local.
[...]

[2] : D’ailleurs j’en profite au passage pour demander (ce n’est pas un piège) une explication sur les fondements scientifiques (statistiques ?) de la déclaration GIEC de février 2007 « l’homme est très probablement (90%) responsable de l'évolution climatique récente», une déclaration non référencée à ma modeste connaissance (IPCC, 2007, Summary for policymakers, p.10).

[3] : Selon le sociologue Chateauraynaud, 2004, une preuve est considérée comme tangible lorsqu’elle résiste aux variations perceptuelles, instrumentales et argumentatives auxquelles la soumettent des acteurs dotés de représentations et d’intérêts divergents ; tant que la preuve n’est pas tangible subsiste le doute et la controverse.