Education aux médias et sens critique
Les caractéristiques des récits complotistes, selon Wikipedia

Benoît Urgelli
last up-date : 3 avril, 2016

« [Une théorie du complot] peut se définir minimalement comme un récit explicatif permettant à ceux qui y croient de donner un sens à tout ce qui arrive, en particulier à ce qui n'a été ni voulu ni prévu. » Pierre-André Taguieff

« Les grandes mythologies élaborées en Occident depuis l'aube du XIXe siècle ne sont pas simplement des efforts pour combler le vide laissé par la décomposition de la théologie [...]. Elles sont elles-mêmes une sorte de « théologie de substitution ». »91 George Steiner

La théorie du complot également désignée par les néologismes conspirationnisme ou complotisme1. — propose de donner une vision de l'histoire perçue comme le produit de l'action d'un groupe occulte agissant dans l'ombre. Loin de la simple rumeur*, il s'agit (selon Peter Knight, de l'université de Manchester) d'un récit théorique qui se prétend cohérent et cherche à démontrer l'existence d'un complot entendu comme le fait qu'« un petit groupe de gens puissants se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des évènements »2. La conspiration secrète civile, criminelle ou politique, visée par la théorie du complot, agirait généralement dans l'objectif de détenir ou conserver une forme absolue de pouvoir (politique, économique ou religieux). La problématisation ne cherche plus à catégoriser différents « acteurs », mais à établir une manière de penser qui pourraient être adoptée par n'importe quel acteur politique. [...] Il s'agit d'une imitation de raison, qui demande donc une vigilance constante. [...]

* Rumeurs et canulars : La théorie du complot doit être distinguée du canular et de la légende urbaine, même si elle s'en rapproche parfois. Les rumeurs selon lesquelles Adolf Hitler ou Elvis Presley seraient encore vivants, ou que Paul McCartney serait mort en 1966 et remplacé par un sosie, de même que certains canulars (notamment les canulars informatiques diffusés par chaîne de courriels), peuvent prendre la forme de théories du complot. La recherche sur certains sites de référence comme HoaxBuster ou Hoaxkiller permet d'infirmer ces canulars, alors que la théorie du complot tend à se soustraire à la réfutation.

Du point de vue des observateurs en sciences sociales, la théorie du complot tend à se soustraire à la réfutation ; en effet, toute démonstration destinée à prouver qu'aucun complot n'est à l'oeuvre sera interprétée comme une nouvelle tentative de tromper le complotiste qui - lui - continuera à chercher ce qui se passe dans l'ombre, et qu'on ne lui dit pas. Dans la même logique, les explications officielles ou scientifiques établies par les pouvoirs publics et relayées par les grands médias d'information seront structurellement discréditées.

La propagation des théories du complot fonctionne sur le mode de la rumeur. Lorsque l'information est diffusée, elle est transformée. Au fur et à mesure que la rumeur se diffuse, elle devient de plus en plus facilement compréhensible. De plus, plus l'information est accessible, plus elle se diffuse largement. La propagation exponentielle des rumeurs et des théories du complot relève donc d'une réciprocité entre diffusion et transformation. Par ailleurs, ce phénomène de propagation se situe toujours dans un contexte historique, politique et socio-économique bien précis. La transformation de l'information est donc une représentation culturelle partagée, c'est une construction de sens en lien avec le contexte dans lequel il émerge, et non une simple dégradation de l'information90.

Complotisme du XVIIIe au XXIe siècle

  1. La fin du XVIIIe siècle, la révolution française et la dénonciation maçonnique

La plupart des historiens considère que la première théorie du complot fut celle qui se répand à la fin du XVIIIe siècle, et qui porte sur la Révolution française.

[...] si l'idée de la Révolution française comme coup d'État planifié était relativement partagée, il y avait à l'inverse une très grande diversité d'interprétations quant à l'identité des supposés conspirateurs : clubs, loges et autres « sociétés de pensée » passant pour avoir prévu et organisé leur prise de pouvoir, régiments de la guerre d'Amérique, financiers et négociants gravitant autour du Club des Jacobins ou du Club Massiac, etc. [...] La Révolution devient ainsi le fruit de manœuvres orchestrées dans les “arrière-loges. C'est le début de la dénonciation du complot maçonnique ».

Kreis décrit, lui aussi, quelques constantes dans les théories du complot : « Tout est lié, le complot ne laisse pas la place au hasard, tout acte entraîne une conséquence prévue » en somme : tout est écrit ; « le complot se joue de l'espace et du temps, il est normal qu'un évènement particulier ait été provoqué par une cause éloignée dans l'espace ou le temps » ; et enfin « derrière ce que l'on croit voir il existe un monde clandestin dans lequel les conspirateurs agissent »6.

Selon François Furet, « On n'en finirait pas de recenser les usages et les acceptions de l'idée de complot dans l'idéologie révolutionnaire : c'est véritablement une notion centrale et polymorphe, par rapport à laquelle s'organise et se pense l'action; c'est elle qui dynamise l'ensemble de convictions et de croyances caractéristique des hommes de cette époque, et c'est elle aussi qui permet l'interprétation-justification de tout ce qui s'est passé »8.

  1. Les théories du complot juif au XIXe siècle

Elles prennent comme responsables récurrents des sociétés secrètes apparues au siècle précédent, notamment les Francs-maçons et les Illuminati qui se réclamaient de la Philosophie des Lumières, mais aussi des groupes plus anciens comme les Jésuites.

L'exemple du complot juif décrit par Bakounine illustre les principes structurels de la pensée complotiste Bakounine réunit en 1872, dans le même complot juif pour la domination universelle, le pôle capitaliste (la banque Rothschild) et le pôle communiste-marxiste (Marx), soit les deux faces de ce qu'il appelle la « secte exploitante » ». Bakounine théorise ; « Tout ce monde juif, constituant une secte unique exploitante est maintenant, au moins en grande partie, à la disposition de Marx, d'une part, et de Rothschild de l'autre [...] Le fait est que le socialisme autoritaire, le communisme marxiste, exige une forte centralisation de l'État. Et là où il y a centralisation de l'État, il doit nécessairement y avoir une banque centrale, et là où existe une telle banque, est la nation juive »9.

À la charnière du XXe siècle, on voit réapparaître les Juifs, cette fois complotant avec les Francs-maçons, avec le célèbre Protocoles des Sages de Sion, faux document mis au service de l'antisémitisme russe pour justifier et encourager les pogroms et utilisés par la suite par les antisémites européens (dont Adolf Hitler, qui s'y réfère explicitement dans Mein Kampf).

  1. Au XXe siècle, le complot communiste d'après-guerre 1945

Les théories du complot deviennent un élément important de la culture populaire anglo-saxonne. Alors qu'elles sont discréditées en France avec la fin du régime de Vichy, elles réapparaissent aux États-Unis avec l'anticommunisme, notamment dans un discours du sénateur Joseph McCarthy prononcé devant le Congrès américain le 14 juin 19516. « l'une des premières manifestations conspirationnistes d'envergure aux États-Unis fut le maccarthysme, motivé par une obsession paranoïaque du complot communiste »10. L'assassinat de John F. Kennedy en 1963, considéré comme le fruit d'une conspiration par le Comité HSCA en 1979, a suscité un grand nombre d'élucubrations. L'expression de « théorie du complot » est d'ailleurs utilisée pour la première fois dans Le Monde dans un article daté du 7 octobre 1966 évoquant l'assassinat du président Kennedy. D'après Rudy Reichstadt, « les occurrences commencent à se multiplier à partir des années 1980 »11.

On peut citer de même à cette époque en France, les morts prétendument suspectes de Robert Boulin, Daniel Balavoine, Coluche, puis dans les années 1990 de Jean-Edern Hallier, Pierre Bérégovoy et Lady Diana (Royaume-Uni) ainsi que Tupac Shakur aux États-Unis.

  1. Au XXIe siècle, le complotisme marqueur de la postmodernité ?

En Amérique avec les attentats du 11 septembre 2001 et leur médiatisation mondiale, l'expression « théorie du complot » devient courante. Le filon du conspirationnisme est exploité dans de grands succès populaires comme X-Files ou Da Vinci Code. Certains sociologues considèrent, en outre, la généralisation de l'explication par le complot comme un aspect clé de la mentalité postmoderne (voir plus bas).

Enjeux et problèmes

Conceptualisation

c'est probablement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans La Société ouverte et ses ennemis12 (1945), qu'est formulée par le philosophe Karl Popper, la première définition de la théorie conspirationniste de la société (Conspiracy Theory of Society) :

« C'est l'opinion selon laquelle l'explication d'un phénomène social consiste en la découverte des hommes ou des groupes qui ont intérêt à ce qu'un phénomène se produise (parfois il s'agit d'un intérêt caché qui doit être révélé au préalable) et qui ont planifié et conspiré pour qu'il se produise13. »

Dans son livre Conspiracy Theories in American History : An Encyclopedia (ABC-Clio, 2003), Peter Knight, de l'université de Manchester, indique que les théories du complot cherchent à démontrer l'existence d'un complot entendu comme le fait qu'« un petit groupe de gens puissants se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des événements »6.

Steve Clarke, de la Faculté de philosophie de l'Université d'Oxford, considère que les théories du complot ne méritent pas le nom de théories en ce qu'elles pointent des incohérences sans suggérer un scénario alternatif qui les explique et qui pourrait être soumis à l'épreuve des faits ou des critiques15.

Défaut de réfutabilité

la théorie du complot ne se prête pas à la réfutation : « l'imaginaire du complot est insatiable, et la thèse du complot, irréfutable : on constate que les preuves qu'un complot n'existe pas se transforment en autant de preuves qu'il existe4 ». Pour Gérald Bronner, les conspirationnistes « singent la pensée méthodique, mais sont imperméables à la contradiction »16.

celui qui pratique le conspirationnisme se fondera sur les points qui apparaissent valider sa théorie ou contredire l'explication adverse pour écarter toute contre-argumentation. On peut aussi assister à un renversement de la charge de la preuve : c'est au tenant de l'explication admise de montrer qu'il n'y a pas eu complot, et les arguments qu'il profère peuvent passer pour des manipulations supplémentaires.

La certitude préalable de l'existence d'un complot implique l'analyse de toute information et de tout fait au travers du prisme de cette théorie du complot. Ce biais cognitif est nommé biais de confirmation d'hypothèse. En outre, à cause d'un défaut de distinction entre les données exploitées et leur mise en relation, le simple fait que des données authentiques soient « insérées dans la trame » de la théorie du complot peut valider à tort la trame elle-même. L'évocation d'un complot peut donc mener au rétrécissement de l'univers d'analyse d'un fait, puisque ce fait ne sera mis en relation qu'avec d'autres faits issus de la théorie. La théorie du complot se justifie ainsi par elle-même, et discrédite l'adversaire ; elle n'est donc pas réfutable et n'a en cela rien de scientifique.

Le conspirationnisme est avant tout une logique particulière par laquelle on articule des données. Gérald Bronner considère que les tenants de la théorie du complot sont généralement plus motivés que les non-croyants pour défendre leur point de vue et lui consacrer temps et énergie18. Selon le sociologue français, l'émergence d'Internet aurait amplifié ce déséquilibre.

Principes de base des croyances conspirationnistes

Pierre-André Taguieff a identifié quatre grands principes de base des croyances conspirationnistes : « rien n'arrive par accident ; tout ce qui arrive est le résultat d'intentions ou de volontés cachées ; rien n'est tel qu'il parait être ; tout est lié, mais de façon occulte25. » Taguieff expose d'autres aspects de la théorie du complot : postulat du complot comme force motrice de l'histoire, illusion de découvrir ses secrets, hyper-rationalisation, importance du soupçon, explication totale et donc rassurante, véhicule de la haine populiste des élites4. [...]

Sur fond de ces principes, se forme la dénonciation d'une « manipulation des masses », dont les croyances sont : l'existence d'un petit groupe, décidé à influer sur les événements, à en prendre le contrôle ou à les provoquer, de façon secrète, afin de prendre ou de conserver un pouvoir politique, et/ou économico-financier, et/ou culturel, etc. Le groupe conspirateur serait typiquement minoritaire, élitiste et/ou sectaire et utiliserait des moyens politiques, financiers, militaires, psychologiques et/ou scientifiques. Selon l'historienne Ariane Chebel d'Appollonia : « La théorie du complot, en simplifiant l'espace politique, permet l'économie d'un examen attentif des réalités. »26

Bases rhétoriques et discursives

le sociologue Patrick Champagne et le politologue Henri Maler dénoncent les limites floues du concept de « théorie du complot » ; ils désapprouvent l'usage abusif de l'expression pour étiqueter une théorie ou une opinion, en particulier dans l'espace médiatique où cela peut avoir des conséquences diffamatoires : « [...] la théorie de « la théorie du complot » remplit des fonctions sociales et idéologiques relativement puissantes et cela d'autant mieux qu'il ne s'agit pas d'une véritable théorie, c'est-à-dire d'un ensemble de propositions cohérentes, discriminantes et falsifiables « la théorie du complot » telle qu'elle est construite, est un vaste fourre-tout attrape-tout qui fonctionne par association de mots et mélange tous les genres : journalistiques et scientifiques, théoriques et polémiques, militants et politiques29. »

L'intentionnalité malveillante comme fondement explicatif

Le conspirationnisme fait du complot la matrice interprétative de tout événement : le conspirationnisme est ainsi décrit par Pierre-André Taguieff comme « la vision du monde dominée par la croyance que tous les évènements, dans le monde humain, sont voulus, réalisés comme des projets et que, en tant que tels, ils révèlent des intentions cachées - cachées parce que mauvaises4. »

« [...] les conséquences de nos actes ne sont pas toutes prévisibles ; par conséquent la vision conspirationniste de la société ne peut pas être vraie car elle revient à supposer que tous les résultats, même ceux qui pourraient sembler spontanés à première vue, sont le résultat voulu des actions d'une personne intéressée à ces résultats. »35 Karl Popper

Pour Popper, recourir à la théorie du complot pour comprendre le monde est une erreur : cela revient à affirmer que tous les événements sont la résultante d'actions délibérées, effectuées par des personnes qui auraient des intérêts communs et non contradictoires à ces résultats, et qu'il leur est possible de prévoir avec certitude les conséquences futures d'actions données. il est très rare que des actions provoquent exactement le résultat souhaité ou prévu, il y a toujours des effets secondaires imprévus. [...]

Scénarios d'émergence

Les théories du complot peuvent germer de plusieurs manières :

Analyses psychologiques et sociologiques

Les théories du complot et les croyances qu'elles suscitent sont devenues un sujet d'étude pour les sociologues et les psychologues qui les ont traitées comme un fait social, sous l'angle de leurs différences et des caractéristiques communes permettant de les définir.

Conséquences sociétales : doute, impuissance et désillusion, et désengagement

Jolley et Douglas en 2014 ont montré plusieurs conséquences sociétales des théories du complot. La première concerne la volonté de s'engager dans la politique ainsi que l'intention de diminuer l'impact carbone sur l'environnement45. La seconde concerne la vaccination des enfants46.

Tentatives de typologie par portée ou nature du complot

Certaines théories du complot portent sur un élément précis de l'Histoire, d'autres donnent une explication globale à l'Histoire du monde ou au monde actuel. Dans son livre A Culture of Conspiracy, le politologue Michael Barkun a relevé trois degrés dans la place que peut prendre l'« explication par le complot » dans l'interprétation du monde47

  1. le « conspirationnisme d'événement » (« Event conspiracy theory ») : un complot est considéré comme étant la cause d'un événement isolé et les comploteurs sont censés s'être concentrés sur un objectif restreint (par exemple, la mort d'une personne) ;

  2. le « conspirationnisme systémique » (« systemic conspiracy theory ») : plusieurs événements sont rattachés à un vaste complot à plus long terme, imputé à une communauté qui chercherait à infiltrer progressivement les institutions en place (Juifs, Illuminati, etc.) ; Selon Raoul Girardet, l'explication par le complot est d'autant plus convaincante qu'elle se veut totale et d'une exemplaire clarté48 ; une telle théorie « totale » postule qu'une seule entité exercerait un complot universel, agissant afin de se répartir des pouvoirs à travers le monde (politique, économie, culture, médias, science, religion, etc.). Cette définition est similaire à ce que Barkun appelle la « systemic conspiracy theory ».

  3. le « super-conspirationnisme » (« superconspiracy theory ») consiste à croire que toutes les conspirations réelles ou supposées, dans le monde et à travers l'Histoire, procèdent d'un vaste plan global voire cosmique, ourdi à très long terme par une puissance ayant les attributs de Dieu (omniscience, éternité, toute-puissance…), plan à l'intérieur duquel les multiples complots opèreraient de façon hiérarchique ou en réseau. La sociologue Véronique Campion-Vincent qualifie cette catégorie [...] de « mégacomplots », rejoignant ainsi la « superconspiracy theory » identitée par Barkun. Apparu dans les années 1990-2000 avec David Icke et repris dans des œuvres de fiction (comme la série X-Files ou le best-seller Da Vinci Code), le « super-conspirationnisme » donne une explication globale de l'Histoire ou du monde, y compris sous ses dimensions métaphysiques49.

Véronique Campion-Vincent distingue « complot d'une élite » et « complot anti-individuel »49,50. les « complots anti-individuels » viseraient au contrôle et à la répression discrète de l'individu (en particulier par le contrôle mental) par l'État et ses différentes agences, avec la complicité de la science. Certains auteurs, gourous et groupes pensent que l'ordre mondial est sous la gouvernance d'extraterrestres (courants ufologiques: Zecharia Sitchin, Michael Tsarion, Jordan Maxwell, mouvement raëlien, etc.)

les psychologues suisses Pascal Wagner-Egger et Adrian Bangerter51 mettent en évidence deux sous-catégories de théories du complot :

Explications sociologiques : un ré-enchantement du monde ?

Les explications sociologiques mettent prioritairement en avant les évolutions de la société pour expliquer l'apparition des théories du complot : pouvoir croissant, technocratique et bureaucratique, des administrations. Il considère en outre la théorie du complot comme un élément essentiel de la culture populaire américaine de l'après-1945 53,54.

Pour Pierre-André Taguieff57, les théories du complot, très médiatisées sur Internet, dans certains jeux (comme Deus Ex, Half-Life, Illuminati, Metal Gear) ou films (comme X-Files, Prison Break, Ennemi d'État), répondraient à un besoin de « réenchantement du monde », selon l'expression de Peter Berger : elles participeraient d'une reconfiguration des croyances et d'une sublimation du religieux sous une forme sécularisée. Insistant sur la déstructuration culturelle plutôt que politique ou religieuse, le sociologue français Jean-Bruno Renard (université Montpellier III) voit le terreau de développement des théories du complot dans la postmodernité : relativisme cognitif (Raymond Boudon), fragmentation en néotribus et en sous-cultures (Michel Maffesoli), dévalorisation des « canaux officiels de communication » (politiciens, médias), confusion accrue entre l'image et le réel58.

Explications psychologiques

Facteurs cognitifs d'adhésion

Des analyses cognitives récentes montrent que les mécanismes d'adhésion aux théories du complot relèvent davantage de processus cognitifs ordinaires que de pathologies mentales.

Selon les psychologues sociaux O. Klein et N. Van der Linden59, les trois processus de raisonnement ordinaires qui sont mobilisés dans l'adhésion à une théorie du complot sont ce qu'ils appellent la force des stéréotypes, l'intentionnalité et l'erreur de conjonction. Ils partent de la définition du philosophe B. L. Keeley suivante : « Une théorie du complot est une explication d'un évènement historique (ou d'évènements historiques) fondée sur le rôle causal d'un petit groupe d'individus agissant en secret. »60. Ainsi, cette définition révèle trois attributs d'une théorie du complot que sont le processus de catégorisation sociale, l'intentionnalité et le raisonnement causal. C'est à partir de ces trois attributs que les auteurs ont identifié trois processus cognitifs sous-jacents :

D'autres psychologues sociaux ont mis en avant d'autres biais cognitifs comme facteurs d'adhésion aux théories du complot  : Une trentaine de biais cognitifs ont été répertoriés (Voir aussi liste de biais cognitifs (en)).

Pour Richard Hofstadter, les idées de John Robison « illustrent les poncifs qui forment le coeur du style paranoïaque : l'existence d'un complot organisé autour d'un vaste réseau international, procédant de façon insidieuse, doté d'une efficacité surnaturelle et visant à perpétrer des actes diaboliques »23. Certains psychologues font de la théorie du complot le symptôme d'une forme de paranoïa, en particulier du délire d'interprétation de Sérieux et Capgras, trouble psychiatrique dont le thème délirant du complot est constitutif[réf. nécessaire]. Cependant, cette interprétation est majoritairement considérée comme insuffisante, dans la mesure où elle ne prend pas la peine de s'intéresser à la théorie du complot sur le plan de la finalité, de sa « fonction ».

Des facteurs de persuasion qui compensent le sentiment d'incompréhension et/ou d'impuissance

Hannah Arendt 72 relie le conspirationnisme à un « besoin de cohérence », [...] la qualité persuasive des théories du complot repose sur les éléments suivants, qui ont en commun de compenser un sentiment d'impuissance :

Facteurs psychologiques de la mentalité complotiste

Il existe aussi des facteurs dans la psychologie de l'individu qui pourraient favoriser l'adhésion à une théorie du complot La mentalité complotiste88, selon Taguieff, est « une conséquence de la tentative rationaliste de la pensée des Lumières, qui a conduit à la suppression du mystère, à un désir de compréhension, au développement de l'esprit critique, attitude qui, si elle est trop systématisée, peut verser dans le soupçon et la mystification. On constate ainsi une tendance de ce courant démystificateur et visant au désenchantement du monde à se retourner en réenchantement »89. Ainsi, la mentalité complotiste permet à chacun de se retrouver dans ce nouvel ordre mondial, et de faire face à l'angoisse que celui-ci procure

Références

  1. « Articles nouveaux du Petit Larousse 2012 » [archive], sur orthogrenoble.net, 25 juillet 2011 (consulté le 12 février 2013)

  2. Conspiracy Theories in American History : An Encyclopedia (ABC-Clio, 2003)

  3. Frédéric Charpier, L'obsession du complot, 2005, Bourin Éditeur, 232 p. (ISBN 2-8494-1025-X)

  4. a, b, c et d Pierre-André Taguieff, La foire aux illuminés : ésotérisme, théorie du complot, extrémisme, Paris, Mille et une nuits, 2005 (ISBN 978-2-842-05925-5), p. 75-107 et 126-132

  5. a et b Marcel Gauchet, entretien paru dans les Collections de l'Histoire, no 33, octobre-décembre 2006, p. 60-67.

  6. a, b et c Nicolas Chevassus-Au-Louis, « Enquête sur les théories du complot (1/4) : L'Etat et les autres » [archive], sur Mediapart, 9 août 2012 (consulté le 18 août 2015)

  7. Éric Saunier, « Le message maçonnique au XVIIIe siècle. Contribution à l'histoire des idées », Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 345 | juillet-septembre 2006, mis en ligne le 8 juillet 2008, consulté le 18 janvier 2011. URL : http://ahrf.revues.org/7383 [archive]

  8. François Furet, Penser la Révolution française, éditions, Gallimard, 1978, p. 90-91

  9. Questions à Pierre-André Taguieff, Conspiracy watch [archive]

  10. Philippe Huneman, « Illuminati, un complot mondial à l'état pur », Philosophie Magazine, no 96, février 2016, p. 32

  11. a, b et c Rudy Reichstadt, « Conspirationnisme : un état des lieux », Notes de la Fondation Jean-Jaurès - Observatoire des radicalités politiques, no 11, 24 février 2015 (lire en ligne [archive])

  12. a et b La Société ouverte et ses ennemis (The Open Society and Its Enemies, 1945) ; la traduction française est un résumé. Routledge, 2003, volume 2, p. 104-106

  13. « It is the view that an explanation of a social phenomenon consists in the discovery of the men or groups who are interested in the occurrence of this phenomenon (sometimes it is a hidden interest which has to be revealed) and who have planned and conspired to bring it about. » - p. 94

  14. Charles Pigden, Popper Revisited, or What Is Wrong With Conspiracy Theories? [archive] - Philosophy of the Social Sciences, 1995 ; 25: 3-34 republié dans Conspiracy theories: the philosophical debate, David Coady (ed.). Ashgate Publishing, Ltd., 2006, 173 pages

  15. Nicolas Chevassus-Au-Louis, « Enquête sur les théories du complot (2/4) : L'obscur et le net » [archive], sur Mediapart, 11 août 2012 (consulté le 19 août 2015)

  16. Bronner, Gérald. Interview par Antonio Fischetti. Conspirationnistes et djihadistes, même combat. Charlie Hebdo. 4 mars 2015.

  17. Site de L'Internaute, Citations, Croyances et religions [archive]

  18. Gérald Bronner, La démocratie des crédules, PUF, 2013, p. 76 à 78.

  19. Cité par Gérald Bronner, La démocratie des crédules, PUF, 2013, p. 77.

  20. Jack Z. Bratich 2008

  21. a et b The Paranoid Style in American Politics (en) and Other Essays, 1965. Traduction en français Le Style paranoïaque. Théories du complot et droite radicale en Amérique [archive], Bourin Éditeur, 2012-09-12.

  22. Richard Hofstadter, Le style paranoïaque théories du complot et droite radicale en Amérique, Paris, F. Bourin, 2012 (ISBN 978-2-849-41293-0), p. 42

  23. Un extrait de l'article : Richard Hofstadter, « Le style paranoïaque en politique » [archive], sur Le Monde diplomatique.fr, septembre 2012

  24. « The turn from personality type to style is a shift in problematization. Problematization no longer seeks to categorize individual "actors", but to establish a manner of thinking that could be taken up by any political actor.... It is a mimic of reason and thus needs constant vigilance.... The paranoid style in its domestically populist form is not simply exiledto the outside of normal political discourse; it is a danger that constantly threatens from within. While it is banished to the fringes of official thought it is also among us, lurking within the nation, in the heartland, among the populace. It is not one of "us", but it could be anyone. »

  25. P. A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, pp. 57-60.

  26. Ariane Chebel d'Appollonia, L'extrême-droite en France : de Maurras à Le Pen, Bruxelles, Edition Complexe, 1988 (ISBN 978-2-870-27240-4), p. 72.

  27. Robert Blaskiewicz (trad. Sophie Mazet), « Nope, It Was Always Already Wrong » [« Non, la CIA n'a pas inventé le terme "théorie du complot" »], Committee for Skeptical Inquiry, 8 août 2013 (lire en ligne [archive])

  28. Stéphane Stapinsky, Théorie du complot et idéologie [archive] sur L'Encyclopédie de L'Agora, 2015-03-12.

  29. Patrick Champagne et Henri Maler, « « La théorie du complot » en version France Culture (par P.-A.Taguieff, savant) » [archive], Acrimed, 1er février 2010

  30. (en) Noam Chomsky, Rethinking Camelot : JFK, the Vietnam War, and U.S. political culture, Boston, MA, South End Press, 1993 (ISBN 978-0-896-08459-9).

  31. « Et un jour ils se disent : Ah, voilà ce que je peux faire : devenir en une heure ingénieur qualifié en génie civil et prouver que c'est Bush qui a fait sauter les tours jumelles » [archive], Bakchich, 9 septembre 2008.

  32. Noam Chomsky, Peter R. Mitchell (éditeur) et John Schœffel (éditeur) (trad. Thierry Vanès), Comprendre le pouvoir : l'indispensable de Chomsky, t. 1 : Premier mouvement, Bruxelles, Editions Aden, 2005 (ISBN 978-2-930-40203-1), p. 56-57.

  33. (en) Edward Herman, « The Propaganda Model Revisited » [archive], Monthly Review, juillet 1996.

  34. (en) Karl Popper, The open society and its enemies, vol. 2 : Hegel and Marx, London, Routledge & Kegan Paul, 1966 (1re éd. 1973) (ISBN 0-710-04626-X), p. 95

  35. Popper, ibid., chapitre 14, p. 96

  36. Emergence: The Connected Lives of Ants, Brains, Cities and Software, Steven Johnson

  37. Timothy Melley 2000, p. 392

  38. Jean-Laurent Cassely, « Les théories du complot sont peu plausibles: une équation le prouve » [archive], sur Slate, 27 janvier 2016 (consulté le 29 janvier 2016).

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  108. « Some even believe we are part of a secret cabal working against the best interests of the United States, characterizing my family and me as "internationalists" and of conspiring with others around the world to build a more integrated global political and economic structure - one world, if you will. If that's the charge, I stand guilty, and I am proud of it. » (en) David Rockefeller, Memoirs, New York, Random House, 2002, 1e éd. (ISBN 978-0-679-40588-7) p. 405

  109. We can remember it for you wholesale, qui inspira le film Total Recall