L'ENSEIGNEMENT
DU CONCEPT D'EFFET DE SERRE EN CLASSE DE SECONDE
Réforme 2000 des lycées - Sciences de la Vie et de la Terre
Université de Lyon - Institut national de recherche
pédagogique - septembre 2004
Benoît
Urgelli
last up-date
:
9 septembre, 2012
Mots-clés Effet de serre, épistémologie, interdisciplinarité, représentations sociales, traitements médiatiques, transposition didactique, science, société, école.
La réforme 2000 de l’enseignement des sciences au lycée propose d’apporter une culture scientifique aux élèves, en s’appuyant sur une approche historique et interdisciplinaire des sciences. Les questions d’environnement entrent alors dans le programme de la classe de seconde, plus particulièrement sous le thème Planète Terre et Environnement Global, en Sciences de la vie et de la Terre (SVT). Dans cette optique, l’effet de serre naturel est inscrit dans le texte des savoirs à enseigner, autour de la question de la température de surface d’une planète, en relation avec sa composition atmosphérique. La question socialement vive des conséquences de l’augmentation des rejets anthropiques de gaz à effet de serre, bien que présente en classe de première S depuis 1995, disparaît de ces nouveaux programmes de lycée en tant que telle. L’entretien d'un des membres du Groupe d’experts des programmes de sciences de la Terre montre que le travail des concepteurs, majoritairement des savants, est centré sur la sélection de contenus à enseigner prenant en compte les contextes scientifiques et sociales du moment et la forte médiatisation des thèmes d’environnement. L'étude porte également sur les trois manuels scolaires les plus vendus et édités en 2000. Ces ouvrages proposent la prise en charge de la séquentialisation et la contextualisation de savoirs sur l’effet de serre naturel. On constate que la recontextualisation sociale de ce concept s’effectue à la fin du traitement thématique, dans un chapitre dédié à la place de l’activité humaine dans l’augmentation de la quantité de CO2 atmosphérique, en relation avec le réchauffement de la planète. Les entretiens de quatre enseignants
de SVT indiquent que les savoirs sur l’effet de serre sont identifiés
à partir des revues scientifiques comme Pour La Science
ou La Recherche et de quelques ouvrages de premier cycle universitaire,
qui servent ainsi de support de formation. Ce sont les manuels scolaires
qui apparaissent comme l’outil privilégié d’accompagnement
des enseignements. En classe, les enseignants indiquent que l’approche du concept d’effet de serre anthropogénique, par ailleurs fortement médiatisée, est l’occasion de faire exprimer aux élèves leurs représentations et leurs savoirs préalables, avant d’aborder le concept tel qu’il est inscrit au programme officiel. Cette démarche pédagogique de l'accroche s'appuie souvent sur l'utilisation de supports d'enseignement extraits de discours médiatiques télévisuels. La question de l’effet de serre anthropogénique est donc utilisée pour souligner que les savoirs présentés en classe, en lien avec l'actualité, peuvent permettre d’éclairer les choix citoyens à venir concernant l’environnement et le développement durable. A travers l’exemple de cette réforme
de programme et de la transposition didactique d’un concept scientifique
socialement vif, nous proposons ici un modèle de circulation
de savoirs entre science, médias, société et école.
Il pourrait permettre à l’avenir de définir les
caractéristiques de dispositif(s) de transfert de savoirs socialement
vifs vers l’école et de culture scientifique et médiatique
des personnels enseignants. |
|
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
|