SEMESTRE
1 :
Définir l'enfant, ses droits et l'éducation
Reconstitution de l'histoire
des droits de l'enfant : dynamiques socioscientifiques et implications
pour l'éducation moderne, de 1905 à 2015.
Définir
une posture éthique et responsable en éducation, en
accord avec ses propres représentations du projet éducatif.
L'hypothèse est que les déterminants
des pratiques pédagogiques et des postures résultent
de l'articulation
entre des représentations de l'éducation
et des représentations de l'enfant, mais également
des représentations des savoirs enseignés et de l'épistémologie
scolaire (rapports
aux savoirs-objets et à l'apprendre).
Préparation
des tables rondes de la 2eme Rencontre Interprofessionnelle des
Educateurs et des Formateurs (RIEF, avril 2016) en partenariat
avec l'UNESCO et l'Alliance Française, autour de thématiques
socialement vives de ce début de XXIe siècle.
A
propos du regard souvent inquiet et perplexe de l'étudiant(e) face
à ses premiers travaux de recherche personnels...
"Il, ou elle, est sommé, à juste titre, de "définir
sa problématique" ou, dit plus simplement, de savoir ce qu'il
fait et pourquoi. C'est une étape inconfortable dans le cursus
scolaire : jusque là, il suffisait de répondre à
des questions, maintenant il faut les trouver soi-même, les poser
correctement, choisir ses outils d'analyse,... Alors seulement on peut
tâcher d'y répondre. Il y a là en effet de quoi être
saisi de vertige !" De Cheveigné S.
(2000). L'environnement dans les journaux télévisés
: Médiateurs et visions du monde. Annexe 1 : Méthodes.
Paris, CNRS Éditions, pp-123-132
Méthode
: partir d'un point de vue actuel et tout au long des TD, le mettre en
regard d'éclairages différents (histoire, sciences cognitives,
philosophie, sociologie, éducation comparée, etc.)
Modalités
d'évaluation :
Communication à l'oral
et capacité à problématiser à partir d'éclairages
différents
Après
une autoformation de 4h sur la plateforme Moodle>Méthodoc,
évaluation METHODOC de 25 min en décembre 2015 (à
noter la semaine de tutorat du 09 au 13 novembre 2015).
Introduction
: Education et Sciences de l'Education
Q
: Catégorisez les 21 représentations d'étudiants.
A la lumière des articles étudiés dans le
TD durant le premier semestre, proposez une nouvelle vision de
l'éducation et de l'enfant.
Séance
2. Vers une définition moderne de l'enfant ?
Q. En parcourant
attentivement
l'édito de Martine Fournier, identifier les problématiques
que soulèvent ce numéro spécial de la revue, plus
ou moins explicitement. Q. Choisir un article du sommaire et préparer
sa présentation à l'oral par groupe de 2, en identifiant
la ou les problématiques associé(e)s.
Q. A
partir de ce numéro, essayez de construire la frise des évènements
socio-politiques ayant conduit à repenser le statut de l'enfant
en société.
La
révolution des poussettes
Martine Fournier – Eloise et Manon
L'enfant
n'est pas qu'un enfant...
François de Singly - Titouan
Les droits
de l'enfant
Les tempêtes
de l'adolescence
Nicole Catheline et Véronique Bedin
Le plus
bel âge de la vie
Entretien avec Michel Fize
La culture
des 12-15 ans
Isabelle Danic
Generation.com
Florence Mottot – Blandine et Gwladys / Noemie
et Rovrelyne
Une enfance
sans temps mort
Dominique Glasman – Diompolo et Amira
Comment
les enfants voient le monde. Entretien avec Boris Cyrulnik
Entretien avec Boris Cyrulnik – Honorine et Alexis
L'enfant
dans la chine urbaine. «Petites empereurs » et «petites
princesses »
Gladys Chicharro-Saito – Estelle et Ophélie
Grandir
en Palestine
Sylvie Mansour – Emma et Jill / Nitissar et Shanel
La philosophie
du bébé. Entretien avec Bernard Golse
Entretien avec Bernard Golse
Peut-on
remplacer l'amour d'une mère ?
Blaise Pierrehumbert – Cassandra et Marion / Kamelia
et Noémie
Les psychopathologies
de l'enfant
Renaud Persiaux
Bébés
bientôt sous contrôle ?
Xavier Molénat – Emma et Louise
Séance
3. Tensions et controverses sur les finalités de l'éducation
FAVRE,
D. (2008). Quelques
exemples de définitions de l'éducation. In Daniel
Favre et al., Les valeurs explicites et implicites dans la formation
des enseignants. De Boeck Supérieur | Perspectives en
éducation et formation. pages 155 à 162. Q : Choississez parmi les 22 définitions,
une qui vous inspire le plus, celle qui vous inspire le moins. Justifiez
vos choix. Proposez votre définition de l'éducation.
S.
Bowles et H. Gintis (1976) : « The educational system helps
integrate youth into the economic system […] through a structural
correspondence between its social relations and those of production
[…] the social relationship of education […] replicate
the hierarchical division of (alienated) labor » (p. 131).
Bernard
Charlot (1995) : l’éducation est « un ensemble
de pratiques et de processus par lequel de l’humain advient
en l’homme […] le mouvement même de construction
de l’homme comme homme » (Charlot, 1995, p. 21).
Ghislain
Dufour, Conseil du patronat du Québec (1976) : « Pour
nous, du patronat, l’école idéale accepterait
de bonne foi de remplir la triple mission suivante :
1. l’école formerait d’abord des citoyens qui
se sentent heureux et parfaitement à leur aise dans une société
telle que leurs parents l’ont voulue et telle qu’ils
la voudront eux-mêmes, lorsqu’ils seront aptes àexercer
des choix politiques ;
2. l’école formerait aussi des travailleurs qui, chacun
selon leurs propres moyens, doivent participer au développement
de la richesse collective ;
3. l’école devrait enfin accepter d’être
au service de la société, demeurer constamment attentive
à ses volontés, accepter un dialogue de tousles instants
avec elle…
Ce sont chacun de ces points que nous reprendrons ci-après
[…] : première mission : l’école prépare
à la vie ; deuxième mission : l’école
prépare au métier ; troisième mission : l’école
au service de la société » (p. 25).
Émile
Durkheim (1922) : « l’éducation est l’action
exercée par les générations adultes sur celles
qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour
objet de susciter et de développer chez l’enfant un
certain nombre d’états physiques, intellectuels et
moraux que réclament de lui et la société politique
dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement
destiné » (p. 41). Immédiatement à la
suite de cette définition à forte résonance
sociale déterministe, Durkheim précise qu’il
résulte de cette définition « que l’éducation
consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération
» (ibid., p. 41). Et il ajoute, quelques lignes plus loin,
que le développement d’un système d’idées
formées de sentiments et d’habitudes propres à
la collectivité, « telles […] les croyances religieuses,
les croyances et les pratiques morales, les traditions nationales
et professionnelles, les opinions collectives de toute sorte »
(ibid., p. 41) constitue l’être social. Et « constituer
cet être en chacun de nous, telle est la fin de l’éducation
» (ibid., p. 41).
Jean-Claude
Forquin (1989) : « l’éducation n’est rien
hors de la culture et sans elle. Mais, réciproquement, on
dira que c’est par et dans l’éducation, à
travers le travail patient et perpétuellement recommencé
d’une “tradition enseignante” que la culture se
transmet et se perpétue : l’éducation “réalise”
la culture comme mémoire vivante, réactivation incessante
et toujours menacée, fil précaire et promesse nécessaire
de la continuité humaine. […] éducation et culture
apparaissent comme les deux faces, rigoureusement réciproques
et complémentaires, d’une même réalité
» (p. 12).
Olivier
Reboul (1971) : « L’éducation a pour fin de former
l’homme, soit par “l’école des sentiments”,
c’est-à-dire la famille, soit par l’instruction.
L’enseignement n’est que cette partie de l’instruction
qui a pour fin de cultiver l’homme en formant son jugement.
Il est aussi faux de croire qu’il suffit que de croire qu’on
peut s’en passer » (p. 32).
Ces
définitions montrent des tensions sur les finalités
de l'éducation, entre éducation interventionniste et
éducation émancipatrice, éducation
bancaire et éducation dialogique, sur les liens entre
éducation et société, éducation et culture,
éducation et citoyenneté, éducation et famille,
et éducation et développement de l'enfant.
Céline
Alvarez, formée en linguistique, décide de rentrer
dans le système éducatif national afin de faire bouger
les lignes de l'intérieur. Elle passe le concours de professeur
des écoles en 2009 et débute en 2011 une expérimentation
pionnière au sein de l'Education Nationale. L'objectif ?
Proposer un nouvel environnement pour l'école maternelle,
scientifiquement fondé et validé, permettant de solliciter
de façon optimale les mécanismes d'apprentissages
et d'épanouissement de l'être humain. Pour cela, elle
reprend les travaux du Dr Montessori, qu'elle enrichit et adapte
à la lumière des sciences cognitives et de la linguistique.
Adapted
from a talk given at the RSA by Sir
Ken Robinson,
world-renowned education and creativity expert and recipient of
the RSA's Benjamin Franklin award.
Séance
4. Travail sur vos représentations de l'éducation
et de l'enfant :
Au milieu
de la place de la République, une fontaine à jets
d'eau et tout autour des magasins avec, toute l'année,
un manège vitré et chauffé l'hiver.
Exercice
: Rue
de la République, principale artère commerçante
et pietonne de la ville de Lyon, le samedi 26 septembre 2015,
vers 17h, Giulia, une petite fille de trois ans se promène
avec son éducateur (parent, nourrice ou professeur des
écoles). A la hauteur de la fontaine à jets d'eau,
place de la République, elle descend de sa trotinnette,
s'arrête et s'exclame : "Piscine !".
Q.
Comment réagiriez-vous, que diriez-vous, si vous étiez
a, b, ou c, et dans quel(s) but(s) ?
a.
son parent,
b.
sa nourrice,
c.
son professeur des écoles.
Eléments
de réponses : L'exercice invite à
s'interroger sur ses propres représentations de la mission
d'éducation, de l'enfant et du sens de la relation adulte-enfant.
Dans les réponses étudiantes se dessinent deux tendances,
entre instructionnisme et constructivisme, entre
éducation bancaire ("ce n'est pas une piscine,
c'est une fontaine à jets", "il est interdit
de se baigner dedans", "c'est sale", etc...) et
éducation dialogique ("pourquoi tu dis ça
?" "pourquoi il n'y a personne dans l'eau ?" "pourquoi
en plein centre ville ?" etc...).
L'exercice montre aussi que la connaissance du contexte éducatif
familial peut apporter des éléments différents,
notamment à la logique de l'enfant qui conduit à
l'affirmation "piscine !". L'affirmation signifie-t-elle
"j'ai envie de me baigner" ? Dans cet exemple, l'affirmation
correspond plutôt à la volonté de l'enfant
de communiquer à son accompagnateur qu'elle a identifié
une réalité déjà rencontrée
dans un autre contexte. De la compréhension des logiques
sous jacentes à cette affirmation peuvent découler
des stratégies éducatives différentes.
Q. Quelle(s)
sont, selon Irina Bokova, directrice générale de
l'UNESCO, les vertus de l'éducation qui justifient qu'on
s'y investisse politiquement dans le monde entier. Quelle est
sa vision de l'éducation ?
Q.
Ecrire une à deux pages maximum (3000 signes) avec deux
à trois références minimum, qui réponde
à la question "quelle
est la vision de l'enfant et de l'éducation portée
par l'UNESCO dans son rapport 2015 "Repenser l'éducation".
Portez votre attention sur les pages 38 à 62 'Réaffirmer
une approche humaniste de l'éducation". L'analyse
de ce rapport ira au delà du résumé en essayant
d'identifer des points de désaccord, en se référant
à d'autres auteurs mais aussi à votre
vision argumentée de l'éducation et de l'enfant.
Réponses
possibles : Il s’agissait d’identifier des
postulats (préjugés, présupposés) qui sont
controversés et/ou controversables, en utilisant les visions
concordantes ou pas d’autres auteurs.
Pour
l'UNESCO l'école doit socialiser et apprendre à
vivre ensemble, tandis que pour Meirieu (2015), l'école
doit être une contre-société. Meirieu pense donc
le lien éducation/société autrement. Un
postulat UNESCO suppose que c'est par l'école et les enfants
que l'on peut modifier la société. Cette idée
que l’on retrouve chez Morin (2000), c'est un projet politique
utopiste. L’UNESCO estime que les capacités de l'enfant
et ses responsabilités sociales pour le futur à construire
sont donc importantes. Mais pour certains, cette responsabilité
est peut être trop lourde à porter à la fois pour
les enfants et les jeunes générations mais aussi pour
les éducateurs qui doivent apprendre aux jeunes générations
à vivre ensemble.
Un
autre postulat UNESCO consiste à penser que l'éducation
est un moyen de maintenir la paix et assurer un développement
durable. En référence aux pédagogies
de Maria Montessori, on peut nuancer : "Établir la paix
c'est le travail de l'éducation, éviter la guerre, c'est
le travail de la politique" (L’éducation et la Paix,
Conférences de Maria Montessori, prononcées entre 1932
et 1939). Un
postulat sous-jacent se réfère à la philosophie
de Platon dans Protagoras. On suppose que c'est par ignorance, notamment
culturelle, que les conflits, disputes, homicides se produisent entre
personnes. Ce serait donc involontairement que les personnes font
du mal (Protagoras).
L'UNESCO
suppose également qu'il faut constituer des réseaux
éducatifs, des partenariats entre éducation
formelle et informelle, c'est à dire faire éclater la
structure de la classe pour éduquer. Ce qui ne semble pas la
vision de Meirieu (2015).
Pour
Morin (2000), les médias sont vecteurs de connaissances
« irréfléchies, non critiquables et non critiquées
». Il adopte une posture de diabolisation des médias,
ce qu'on ne retrouve pas dans le rapport de l'UNESCO, qui propose
plutôt de s'appuyer sur les médias, et notamment les
nouvelles technologies, les technologies mobiles, pour éduquer.
Par
rapport à la relation entre l'éducation
scolaire et l'éducation parentale, l'UNESCO
ne se prononce pas sur ce point, alors qu'il peut y avoir des projets
et des visions éducatives différentes dans ces deux
univers sociaux. Cela peut faire naître des tensions ou des
synergies entre famille et école qui ne sont pas discutées
dans les recommandations de l'UNESCO, notamment sur la question de
valeurs sociales et familiales plus ou moins partagées. Même
si l’UNESCO cite l’expérience sénégalaise
de la "Case des Tout Petits".
L'UNESCO
appelle à des pédagogies nouvelles
: plusieurs pays sont mis en avant sur ce point, avec les modèles
éducatifs de la Finlande, du Mexique et du Sénégal.
On
évoque la nécessité de respecter les valeurs
de l'enfant, mais il faudrait préciser à condition qu'elles
soient inscrites dans les valeurs humanistes de référence
universelle ! L’éducation à la paix est donc aussi
une question d’éducation aux valeurs.
Contrairement
à la vision philosophique de l’UNESCO, dans Protagoras,
Platon évoque que « l'on peut apprendre sans maître
particulier » lorsque par exemple, on apprend la langue maternelle.
On en déduit alors que tout ne peut pas (ne doit pas ?) faire
l'objet d'une éducation encadrée par un maître,
dont l’éducation aux valeurs ?
L'UNESCO
a une représentation de l'enfant qui se rapproche de sa définition
biologique. Les auteurs distinguent enfance et adolescence,
ainsi que éducation dès la petite enfance, éducation
secondaire et éducation supérieure.
Séance
6. Histoire des droits de l'enfant, histoire de l'éducation humaniste
?
Diversité
des définitions de l'enfant, diversité des représentations
(à mettre à jour)
Animalité
et humanité, un dualisme en question Quel est le propre de l'Homme ? (Universcience
TV, 2010)
Pour Rabelais,
le propre de l'homme c'est le rire ! Et pour le paléoanthropologue
Pascal Picq, serait-ce l'amour, la guerre, l'outil, le langage,
la morale ou la bipédie ? Petit cours d'éthologie
au tableau blanc pour relativiser notre place dans l'évolution.
Q. Retranscrire les échanges entre
Jean Itard (à gauche) et Philippe Pinel
(à droite)
Au
XVIIIe siècle, le projet de fonder une véritable
«science de l’homme» se structure. La Société
des observateurs de l’homme est créée
au moment de la Révolution française. Le
projet initial est véritablement anthropologique.
Il s’agit de réaliser des observations et de recueillir
des faits sur l’homme sauvage afin de comprendre
comment l’être humain se construit peu à
peu par l’éducation et la culture. Une des pistes
de réflexion est de chercher à comprendre comment
le milieu naturel influe sur les mœurs de chaque peuple
(voir TD sur les musées
et les zoos humains à la fin du XIXe siècle).
L'existence
d'un dualisme nature-culture est pris comme postulat
(un postulat qui et sera rediscuté en 2012 par Philippe
Descola, anthropologue, spécialiste des indiens d'Amazonie,
professeur au Collège de France, et Médaille d'Or
2012 du CNRS).
La
Société des observateurs de l’homme,
soucieuse de rapporter des informations précises sur
les modes de vie des peuples «sauvages», enverra
une expédition dans les terres australes, du Piton de
la Fournaise à l'Australie (Expédition
Baudin, entre 1801 et 1803). À la tête de cette
expédition, on désigne le marin, Nicolas Baudin,
natif de l'île de Ré. Auprès de lui, plus
de vingt savants et artistes, envoyés collecter des échantillons
ou les dessiner : botanistes, zoologistes, astronomes, hydrographes
et, avec François Péron, le représentant
d'une toute nouvelle discipline : l'anthropologie. Les explorateurs
vont conduire des observations ethnographiques pour
comprendre les mœurs des indigènes.
La
découverte en 1797 d’un «enfant sauvage»
dans la forêt de Caune en Aveyron sera l'occasion
pour les membres de la Société des observateurs
de l’homme, animés par le même but de
saisir l’homme à l’état naturel, de
voir comment émergent en lui les premières idées
et comment elles le transforment. En 1801, l'enfant est confié
au docteur Jean Itard, qui travaille à Paris avec des
sourds-muets. Il tente de le socialiser. La Société
des observateurs de l’homme va se pencher sur le
cas du jeune Victor. Mais l'enfant reste incapable de parler.
Itard qui défend une prise en charge individuelle de
l'enfant, finit par baisser les bras en 1805, année correspondant
au décès de sa mère.
Au final, deux niveaux d'expression
de l'humanité (échelle de l'espèce ou échelle
de l'individu) et trois dimensions interelliées (subsistance,
le lien et le choix).
La place du projet éducatif et la relation pédagogique
est centrale dans cette définition philosophique de l'humanité.
MEIRIEU,
P. (2002). Le
pédagogue et les droits de l'enfant : Histoire d'un malentendu
? Editeur : Tricorne (30 avril 2002). Collection : Editions
du Tri. 46 pages. Q: Après avoir identifié
les limites du texte de droits de l'enfant (CIDE, 1989) selon Meirieu,
proposez un texte simplifié des droits de l'enfant et une nouvelle
définition de l'éducation et du rôle de l'éducateur.
FILOUX
J.C. (1993). Durkheim et l'éducation aux droits de l'Homme.
in Durkheim, sociologue de l'éducation. Journées
d'étude du 15-16 octobre 1992, INRP. Edition l'Harmattan, p.
111-119. Q : Quelle crise sociale conduit Durkheim
à s'interroger sur la nécessité d'une éducation
aux droits de l'Homme ?
Q: Quelle contradiction(s) vis à vis des objectifs de l'éducation
soulignent ce texte ?
L’UNICEF
agit partout dans le monde pour faire respecter les droits des
enfants. En France, il s’attache à sensibiliser le
jeune public aux droits et aux conditions de vie des enfants dans
le monde. Cela se traduit par 3 missions principales :
diffuser
le plus largement possible les principes de la Convention
internationale des droits de l’enfant ;
renforcer
la citoyenneté et la solidarité chez les enfants
et les jeunes ;
promouvoir
une éducation fondée sur les droits de l’enfant.
Renouvelé
en 2011 pour 5 ans, cet accord-cadre décline plusieurs modalités
de collaboration entre l'Éducation nationale et l'UNICEF France,
notamment dans la mise en œuvre des piliers 6 et 7 du socle commun
de connaissances et de compétences et dans la mobilisation commune
autour de la Journée internationale des droits de l’enfant,
le 20 novembre de chaque année.
Séance
7. Les limites du concept d'éducabilité, en lien avec
la séance METHODOC
Le
principe d'éducabilité
et son corollaire, le principe de non-réciprocité,
sont donc au coeur de la dynamique pédagogique, ils en constitue,
en quelque sorte, le pari fondateur... Choix éthique et politique
à la fois, ils sont, en réalité, la véritable
"pierre de touche" de bien des débats qui auraient
intérêt, pour la clarté de la discussion actuelle,
à faire ressortir systématiquement cette dimension des
choses.
Qu'est-ce qui se joue, au fond, à travers le statut des recherches
pédagogiques, si ce n'est la position que l'on prend sur ces
deux questions essentielles: suis-je prêt à faire le pari
de l'éducabilité de tous et à mettre en oeuvre
toutes les connaissances dont je dispose et toute l'imagination dont
je suis capable pour y parvenir ? Suis-je prêt à accepter
que l'autre échappe à mon projet, ne me paye ni en reconnaissance,
ni en soumission, puisse se dégager de mon influence... sans,
pour autant, lui en vouloir ni abandonner ma détermination ?
Philippe MEIRIEU, in dictionnaire en ligne, Educabilité
voir aussi
Meirieu, P. (2008). Le
pari de l'éducabilité. Conférence du 5 novembre
2008 à l'ENPJJ, Roubaix
Séance
8. Analyse des campagnes publicitaires d'Acadomia
Consignes
: Revenir les campagnes publicitaires d'Acadomia pour identifier comment
les messages ont évolué, autour de quelles représentations
de l’enfant et de quels modèles éducatifs. Quelle
est la représentation médiatique du lien entre la réussite
scolaire et la réussite sociale ? Comment a évolué
la politique de communication et pourquoi selon vous ?
La
campagne d’affichage 2006 avec l’agence Scher Lafarge. L’idée
est de montrer qu’avec Acadomia n’importe quel enfant peut
réussir.
Les trois affiches mettent ainsi en scène des visages d’enfants
qui grâce un montage représentent également des personnages
célèbres : Victor Hugo, le Mahatma Gandhi ou Albert Einstein
Des campagnes
vidéo de 1997 à 2015, couplées à des campagnes
d'affichage, mettent l'accent sur le soutien aux parents (à l'origine)
puis sur une conception de la réussite scolaire et de la réussite
sociale qui passe par la reconnaissance de l'originialité, de la
créativité et la confiance envers l'enfant, loin des standards
de jugement et d'évaluation de la réussite par les professionnels
de l'Ecole (vidéo de la Grenouille qui a du potentiel,
2006). Il y a souvent personnification de la réussite de l'enfant,
en référence à un adulte devenu célèbre
(dès 2006). La question de la maitrise des concepts disciplinaires
(histoire, math, sciences, français) est récurrente et exceptionnellement,
la qualité de la relation pédagogique avec le professeur
est présentée comme vecteur de réussite de l'enfant
(Campagne
d'affichage de 2009).
Source : Jill Girault, étudiante en L1, décembre 2015.
En
2015, le virage est pris autour de la capacité des enfants
" "ordinaires" à apprendre, une capacité
et un potentiel de réussite qui va leur permettre de se
projeter vers le futur en découvrant l'histoire de l'humanité
("un pouvoir extraordinaire").
Il y a donc actuellement une mise à distance de la forme
et du modèle scolaire disciplinaire, en se centrant sur la
compétence de l'individu capable de découvrir l'histoire
de l'humanité, de créer, et de s'en servir pour construire
son avenir social, en utilisant aussi le potentiel donné
par les TIC, en lien avec les recommandations nationales et internationales
pour l'éducation (UNESCO 2015 notamment).
De manière
générale, Acadomia communique en réponse aux
principales crtitiques formulées à l'encontre du modèle
scolaire, notamment par certains parents, sur :
les
méthodes d'évaluation et les critères de
jugement de l'enfant (redoublement, pédagogie, conseil
de classe, compétition et sélection, échec
scolaire) ;
la
conception de la réusssite scolaire (vis à vis
de la connaissance disciplinaire au dépend de la créativité
et de l'originialité) ;
les
valeurs de l'école, notamment la confiance en l'enfant
et en son potentiel, au delà de la sélection et
de la compétition.
Créé
en 1989, Acadomia est numéro un du soutien scolaire en France.
[...] Acadomia accompagne 100 000 élèves, regroupe
25 000 enseignants et gère un réseau de 110 agences
sur toute la France. La société dispense des cours
pour tous les niveaux (du primaire au supérieur et adultes)
et dans toutes les matières (Biologie, Chimie, Comptabilité,
Droit, Economie, Electronique, Français, Géographie,
Grec, Histoire, Informatique, Langues Vivantes, Latin, Mathématiques,
Philosophie, Physique, etc.). Acadomia c'est 2 millions d’heures
de cours dispensées par an et un chiffre d’affaires
de 62 millions d’euros en 2004.
Acadomia
propose également une offre complète de services pédagogiques
(évaluations, stages de vacances, stages d’efficacité
personnelle, orientation) pour répondre aux attentes et besoins
des parents. Doté de méthodes de travail, de règles
strictes, d’une équipe d’enseignants qualifiés,
d’une véritable culture du résultat, d’un
suivi personnalisé de chaque élève et du développement
de méthodes pédagogiques exclusives, Acadomia affiche
des scores de 92% de réussite au bac.
Considérons
le fonctionnement de ce marché avec un exemple présent dans
la
lettre d’information de l’INRP (Le soutien scolaire entre
éducation populaire et industrie de service, n°
23, décembre 2006),
construit à partir du cas d’Acadomia : « Pour inscrire
leur enfant, les parents acquittent d’abord un droit d’inscription
d’environ 75 € qui n’est pas déductible d’impôts.
Une heure de cours coûte environ 32 €; 14 € net (parfois
moins) vont au professeur, 5 € sont versés au titre des charges
sociales et 13 € reviennent à Acadomia. Les 32 € payés
donnent droit aux parents à une réduction d’impôt
de 16 €, si bien qu’au final, le cours leur revient à
16 €. Le professeur, quant à lui, doit déclarer un
revenu de 14 + 13 = 27 € mais peut toutefois déduire les 13
€ qui ont rémunéré Acadomia au titre de ses
frais réels ». Les mesures d’incitation fiscale sont
bien un élément essentiel de l’organisation du marché.
Il
existe ainsi une tension réelle entre la politique d’emploi
telle qu’elle est menée dans le plan de cohésion sociale
(dont les mesures fiscales constituent un volet) et l’égalité
d’accès au soutien scolaire. Les pertes de recettes fiscales
visant à stimuler un système marchand de soutien scolaire
inéquitable réduisent les possibilités pour l’État
de financer un système gratuit d’accompagnement scolaire
pour tous (cf. l’avis du Haut
conseil de l’évaluation de l’école sur «
Le travail des élèves pour l’école en dehors
de l’école », mai 2005). In
Coulomb R. (2007). Le
soutien scolaire, public ou privé ?Regards croisés
sur l'économie, 2 (2), 166-167.
4 campagnes publicitaires
en video (2015, 2011, 2008, 2006)
Voir
l'enquête de Georges Fotinos (2014) auprès des directeurs
d'école primaire : L'état
des relations école-parents. On en parle sur France
Culture dans l'émission Rue des écoles
: L'école
malade des parents ? durée : 29 minutes, avec Valérie
Marty, Présidente d’une association de parents d’élèves,
la PEEP.
d'après
Patrick Bouveau, Olivier Cousin et Joelle Favre (1999). L'école
face aux parents. Analyse d'une pratique de médiation.
Edition ESF, 27-45.
Ce
que disent les enseignants des familles et les familles des enseignants
ne se superposent pas. Une médiation serait nécessaire
pour permettre à l'école de s'ouvrir aux familles,
sans céder pour autant à toutes leurs demandes.
Mais il faut s'entendre sur un projet éducatif et social
commun, peut etre en considérant que l'école
devienne un espace de citoyenneté où l'on confronte
ses points de vue, loin de l'espace de compétition
et de classement disciplinaire qui conditionne la réussite
sociale de l'enfant.
Ce
que dit l'école des familles.
Le
sentiment dominant chez les enseignants est que les parents vont
à l'encontre de l'école, soit en dressant une barrière
entre univers scolaire et univers familial, soit en développant
des démarches qui nuisent à l'école. La notion
de partenariat est donc fortement limitée et l'école
semble souhaiter que les familles prennent en charge ce que l'école
ne parvient pas à faire passer : la nécessité
de travailler. L'école n'attend donc pas des propositions
ou une plus grande participation des familles à son fonctionnement.
La symbiose
et la continuité entre école et familles n'existe donc
pas et l'enfant n'a donc pas toujours le sentiment qu'enseignants
et parents parlent d'une même voix. L'école
tient à distance les familles en les maintenant dans son propre
cadre éducatif. Face aux classes populaires et aux troubles
scolaires, elle tente même un redressement des comportements
familiaux. En oscillant entre accusation et compassion,
l'enfant étant perçu comme une victime et les parents
comme un obstacle, ou à l'inverse les parents comme des victimes
d'un enfant qui leur échappe. La démission,
la négligence ou l'incapacité des parents
reviennent souvent dans le tableau que dressent les enseignants à
l'égard des parents.
Ce
que disent les parents de l'école
Pour les
parents, l'échec ou la réussite scolaire sont de la
responsabilité de l'école et notamment de la qualité
de la relation maitre-élève, plus que de la compétence
de l'enseignant. Pour les classes populaires qui n'ont pas les clés
de lecture, le fonctionnement du système reste opaque et ils
s'en remettent souvent aux professionnels de l'école. Les parents
sont donc intéressés par l'école pour la réussite
de leur enfant, même s'ils ne s'y impliquent pas (ne
pas confondre intéressement et implication).
L'implication ne garantit d'ailleurs pas la réussite scolaire
et la relation entre suivi scolaire et réussite
scolaire est complexe.
Par ailleurs,
en cas d'échec scolaire, le mode de convocation des parents
à l'école est parfois pesant : il peut être perçu
comme une mise en accusation qui génère une stratégie
de fuite. Plutôt qu'une
démission, la stratégie est alors celle de l'évitement
défensif contre la stigmatisation. Lorsque les
enfants sont en échec, certains parents préfèrent
donc ne pas venir à l'école. Notons d'ailleurs que la
réussite de l'enfant peut également être source
de conflits avec sa famille : cette dernière peut avoir l'impression
que l'école leur arrache et transforme leur enfant, l'enfant
pouvant même parfois renoncer voire renier son milieu familial.
L'éducation
des enfants, l'affaire de tous. d'après Dubet, F. (1997).
Ecole, familles : le malentendu. Edition Textuel. p11-41 ;
Dans ce même ouvrage : François de Singly. La mobilisation
familiale pour le capital scolaire ; Bernard Charlot. Pour
le savoir, contre la stratégie. Philippe Meirieu. Vers
un nouveau contrat parents-enseignants ?
L'école
: institution universelle ou service d'usages privés
?
Historiquement,
l'école en France ne se présente pas comme un
service dont le bienfondé est la satisfaction
des usagers, mais comme une institution porteuse
de valeurs qui dépassent la satisfaction des parents
et des élèves. Actuellement, pourtant, les parents
considèrent l'école comme un service auquel on doit
s'adresser pour obtenir les meilleurs résultats, les meilleures
méthodes. Ils ne voient plus l'ancienne justification de
l'Ecole-institution. La
montée des comportements libéraux, consuméristes
ou revendicatifs, cotoie donc l'aspiration à une école
de l'unité nationale. Les
enseignants quant à eux veulent maintenir l'unité
et la neutralité de l'institution. Dans le primaire, ils
se considèrent comme des gens de l'universel enracinés
les valeurs républicaines, alors que dans le secondaire,
ils se considèrent plus comme des agents d'une école
des savoirs disciplinaires.
Ce
décalage doit être accepter pour construire un
nouveau contrat école-famille qui puisse être
formateur et éducatif pour les enfants. Deux instances
gouvernent l'enfant (école et famille) et on peut plus
lui laisser la lourde responsabilité de faire le lien.
L'école
de la sélection
Jusqu'au
milieu des années 1960, l'élitisme républicain
consistait à sélectionner les meilleurs des élèves
issus des classes populaires dès l'école primaire, pour
en faire des serviteurs de la République, des fonctionnaires
et des instituteurs. Elle avait pour tache de former des citoyens
français à travers des apprentissages élémentaires.
Depuis la massification
scolaire dans les années 1960, l'école opère
la sélection en accueillant tous les élèves au
collège et en les distribuant en fonction de leurs compétences
dans différentes filières. Tous les élèves
entrent dans la machine et sont classés en fonction de hiérarchies
scolaires. A l'ordre stable des institutions s'est substitué
le jeu des relations entre les parents, les élèves et
leurs enseignants, engendrant des incertitudes, des espoirs excessifs,
des déceptions et des rancoeurs. L'école est chargée
de trop d'ambitions pour ne pas décevoir.
Source :
Urgelli, 2015
Les
parents savent donc que dès l'école primaire,
les jugements scolaires vont fixer l'avenir de leurs enfants.
Dans cette école laique qui a pour obligation d'accueillir
tous les enfants, l'école doit se donner les moyens de
dialoguer avec une certaine diversité sociale.
Elle doit donc apprendre à parler avec les parents.
Des
attentes familiales différentes entre les classes populaires
et les classes moyennes
Si
les parents des classes populaires sont partagés
entre l'appel à des fonctions intégratives et
républicaines de l'école et la peur de l'échec
scolaire, ceux des classes moyennes, dont font
partie les enseignants, sont déchirés entre le
désir de performance et le souci du développement
personnel.
Si
les classes populaires marquent la distance
entre l'école et la famille, et distinguent instruction
et éducation, les classes moyennes
entendent établir la continuité. A l'école
primaire, on attend de l'école qu'elle prolonge les valeurs
de la famille et, en se référant à des
méthodes de pédagogie active, l'enseignant ne
doit pas imposer les connaissances et la discipline, il doit
dialoguer avec les élèves, obtenir leur adhésion
et développer leur esprit critique.
Quel rôle
des parents et de la famille dans la réussite scolaire ?
On sait que le temps passé
par les parents à aider leurs enfants dans leur travail scolaire
n'exerce pas vraiment d'influence sur leurs réussites scolaires.
En revanche, certains comportements familiaux en matière de
gestion du temps, de rapport aux médias, à l'habillement,
à la nourriture, ont de réels effets sur la réussite
scolaire. C'est surtout la reformulation et la planification
qui semble un comportement de la vie familiale déterminant
de la réussite scolaire. L'entetement des parents à
suivre, rabacher, faire refaire des exercices est donc moins déterminant
que la capacité à générer
des réflexions chez et pour l'enfant. Si possible,
le repas par exemple doit demeurer un moment et un lieu
d'échange et de parole.
Le suivi scolaire des parents
a donc peu d'influence sur la réussite. Certains enseignants
ont donc tort de leur reprocher une forme de démission sur
ce point. Il n'y a donc pas démission des parents mais probablement
dans certaines familles, une perte de parole, d'échange, de
reformulation, de construction de l'identité et de l'intelligence.
Quel rôle
des enseignants vis à vis des parents et de la famille ?
L'école joue aussi
le rôle de la prise de distance par rapport à la famille.
Elle doit favoriser le brassage dans un même lieu (plutôt
que la fréquentation de jeunes du même milieu pendant
toute leur enfance et leur adolescence), un lieu où l'on découvre
que l'on est un individu d'une même espèce, une espèce
qui a une histoire passée, actuelle et en construction, celle
de l'humanité.
L'école doit également
être l'endroit où l'enfant trouve des réponses
aux questions essentielles qu'il se pose, à travers une forme
d'éducation dialogique et non bancaire (Freire, 1973). Il s'agit
de traiter collectivement des questions fondamentales de l'existence,
sans abdiquer sa propre identité, des questions socialement
vives, comme le bien et le mal, le sens des choses et de
la vie : "pourquoi mon père a le droit de coucher dans
le lit de ma mère et pas moi ?" "Si je marche tout
droit, j'arrive où ?" "L'univers est-il infini ?",
"Quelle différence entre le bien et le mal ?", "D'où
je viens ?", "Pourquoi est-ce que je grandis ?", etc...
Cela permettrait de reconcilier le droit à la différence
et le droit à la ressemblance.
Vers un nouveau
contrat parents-enseignants ?
Les parents veulent une
école plus transparente et ouverte aux demandes particulières,
même si ces demandes accentuent les écarts entre les
parents qui ont des ressources et ceux qui n'en ont pas. Il y a donc
deux principes opposés, entre défenseurs d'une
institution universelle et usagers privés, qui jouent
en faveurs des plus favorisés. Cette tension ne peut pas être
réduite, elle doit être négociée, en affirmant
un rôle unificateur, en introduisant des mécanismes compensateurs
des inégalités et en associant les parents au modèle
éducatif que l'on souhaite promouvoir. A condition que les
parents le fassent, non comme représentants des intérets
personnels d'autres parents et/ou de leurs enfants (c'est à
dire en tant que juges et parties), mais comme citoyens ayant des
exigences citoyennes dans un espace de citoyenneté.
Cet espace de citoyenneté
reste encore largement à co-construire et à penser dans
le cadre des réflexions récentes sur la nécessité
de constituer une communauté éducative autour de l'enfant.
A propos des fédérations
de parents d'élèves : des intérets personnels
à l'action collective.
Les fédérations
se sont constituées sur des principes et des valeurs partagés.La fédération des Parents d'élèves
de l'école publique (PEEP) s'est constituée
dans les années 1920 avec les parents d'élèves
des grands lycées parisiens soucieux de défendre les
valeurs traditionnelles de la famille et des humanités classiques,
contre les empiètements d'une école laïque jugée
trop agressive. Conservatrice, elle a connu des tensions avec les
enseignants et leurs syndicats, même si aujourd'hui elle est
plus ouverte dans le domaine de la pédagogie.La Fédération des conseils de parents d'élèves
(FCPE) est issue du soutien des syndicats enseignants
cherchant des alliés chez les parents. Elle a longtemps collé
aux syndicats de gauche, même si elle affiche aujourd'hui plus
d'autonomie.
Dans les deux cas, ces
fédérations se sont heurtés aux résistances
des enseignants. Tolérés, les parents devaient se borner
à discuter des problèmes matériels de l'école,
et ne pouvaient intervenir ni sur la pédagogie, ni sur l'orientation
et la sélection, ni sur les décisions relative à
la vie des établissements. Elles ont longtemps été
marginalisées, malgré leur soutien ou leur revendication
vis-à-vis des décisions de politique éducative.
Mais depuis les années soixante dix et avec la crise de la
loi Savary en 1984, la place des parents a changé. Ils siègent
dans les conseils d'administration des établissements et peuvent
faire appel des décisions d'orientation. Mais ont-ils un rôle
plus global dans les orientations générales du système
scolaire, alors que la loi d’orientation de 1989 fait d’eux
des « membres » à part entière de la «
communauté éducative » ?
Il est vrai que les fédérations
rencontrent le Ministre et affichent leurs préférences,
tandis que les conseils d'école s'occupent des affaires locales.
Avec le plan 2013 de refondation de l'école, le concept de
co-éducation et l'appel à la constitution d'une communauté
éducative autour de valeurs citoyennes à partager, semblent
renforcer encore plus la volontré politique d'intégrer
les parents dans l'évolution du système scolaire. Signalons
également que la question de la formation des enseignants à
la parentalité et à la communication avec les familles
reste un enjeu important des prochaines années.
Voir aussi Le Meen, E. (2018).
L'école autrement. Mon tour du monde des pédagogies
alternatives. Editions Retz.
Image couverture
Le Menn 2018
A la page 151 de son
ouvrage, Emile Le Meen évoque la question de l'implication
des parents, partant de l'a priori d'une réticence
des enseignants à ouvrir la classe aux parents, ces derniers
n'étant sollicités que pour accompagner les occasionnelles
sorties.... Pourtant les instructions officielles parlent de la
nécessité d'un partenariat éducatif entre
les parents et les enseignants.
En
Nouvelle Zélande à l'école Ao Tawhti,
école publique et gratuite, les parents et grands parents
s'engagent à coopérer pleinement avec les enseignants
et à donner bénévolement à l'établissement
au moins une demi-journée de leur temps, par an, que ce
soit pour accompagner les enfants en sortie, animer un atelier
ou donner un coup de main à la maintenance et dans les
taches administratives. Ils adhérent donc à l'idée
de partenariat éducatif, même s'il y a des désaccords
sur la mise en application concrète de la philosophie de
l'école. Ils sont résolus sans animosité
la plupart du temps, en raison des bons rapports instaurés
en amont. Ce rapport permet également un accord sur les
reglès de vie et les valeurs enseignées à
l'école et au sein des familles. Le conseil d'école
regroupe 5 représentations des parents, le directeur de
l'école, un enseignant et un représentation des
élèves ! et veille à ce que l'école
reste dans sa philsophie de vie, mais se charge également
de recruter des enseignants; C'est un modèle de
cogestion qui est donc à l'oeuvre, un des trois
modèles de coéducation définis par Catherine
Hurtig Delattre.
Les parents connaissent
le mieux l'enfant et les enseignants le mieux les méthodes
pour apprendre, ils ne peuvent travailler qu'ensemble. L'école
est ouverte en permanence au parents, ils peuvent rester en classe,
par groupe de 5 ou 6, pendant trente minutes, en étant
actifs ou en étant de simples observateurs des activités
des élèves. Les parents sont rassurés et
ont confiance à travers la transparence affichée.
Il en va alors de même des enfants, qui retrouvent confiance
et même fierté, face à des adultes connus
des parents, tous oeuvrant pour son bien être.
Des mamans peuvent
même rester le soir une heure de plus pour assister au travail
des élèves, tout en allaitant leur nourisson en
classe ! Certains parents viennent accompagner leurs enfants en
situation de handicap durant les apprentissages en classe. Et
tous les vendredis, des élèves
volotaires presentent leurs travaux à la classe, et les
parents peuvent assister à ce moment solennel, et
éprouver de la fierté devant leur enfant.
Tous les jeudis, une
matinée est organisée ppur permettre au parents
gradns parents, grandes soeurs et grands frères de venir
proposer des "ateliers des familles" aux enfants de
l'école. Un groupe de 10 enfants s'inscrit à ces
ateliers pour une période de 2 mois, portant sur le théatre,
le bricologe, la cuisine, le jardinage, les langues vivantes,
etc..). Pendant ce temps, les enseignants s'occupent des enfants
qui n'ont pas souhaité suivre l'atelier et sont donc plus
disponibles.
Existe-t-il un risque
de submersion de l'école par les parents ? Dans l'école
Ao Tawhiti, qui regroupe 150 élèves, quotidiennement
sont présents 5 mamans et 2 papas.
Ce rapprochement permet
de dissiper des malentendus et d'éviter des conflits d'injustice
supposée, les parents pouvant voir le comportement de leur
enfant sur le temps scolaire, au delà du simple bulletin
de notes orné d'appreciations ou du carnet de suivi où
s'alignent des preuves de réussite ou d'échec. Les
parents sont ainsi plus proches de la réalité de
leurs enfants. Cette vision de la place des parents leur redonne
un droit de regard, de discussion mais également de critique
et de proposition.
Image école
Ao Tawhiti
SEMESTRE 2 : Des styles éducatifs différents à
travers le monde
Objectif
semestre
:
Présentation
d'un système éducatif du primaire
de votre choix, avec un ou plusieurs angles d'attaque : histoire
et organisation du système d'enseignement (réformes
et raisons sociopolitiques), handicap et inclusion, éthique
des enseignants, formation des maitres, relation école-famille
et coéducation (communauté éducative),
place de la créativité et évaluation, apprentissages
disciplinaires, évolution
du taux d'alphabétisation (homme-femme, en fonction de
l'age, données PNUD), taux de scolarisation au primaire
(en fonction de l'age, données PNUD) et indice de pauvreté,
place des savoirs, savoirs sélectionnés
et savoirs métissés, socle commun de
compétences, éducation aux valeurs et à
la citoyenneté (contenus de l'éducation
civique et morale, de l'enseignement religieux, de l'enseignement
de l'histoire), gestion pédagogique des enfants
en fonction de leurs classes d'âge, rythmes scolaires
(quotidiens, hebdomadaires ou annuels, et travail de l'enfant
pour aider les parents), question du genre, du port
de l'uniforme, etc...
Dans
votre conclusion, réinjecter les analyses du Rapport
UNESCO "Repenser l'éducation 2015", notamment
p.59-61 sur la formation des enseignants, etc.... pour estimer
leur éventuelle prise en compte.
Créée
fin 2011 en France, l'association s'est donnée pour mission
d'étudier les systèmes scolaires publics internationaux
- dans une approche humaniste pour :
Comprendre
la situation & l'orientation mondiale actuelle
Interroger
la finalité des écoles publiques du monde
Partager
les "bonnes pratiques" pédagogiques pour
un épanouissement individuel (réalisation de
soi/valorisation des potentiels de chacun) et collectif (bien
vivre ensemble/construction du monde de demain)
Relier
les acteurs et favoriser les coopérations
Dans
votre dossier (voir consigne ci-dessous),
identifier une école en France qui travaille avec une
école à l'étranger dans le pays qui vous
intéresse. Présentez le(s) projet(s) éducatif(s)
partagé(e)s et la thématique traitée.
Prendre contact avec l'enseignant référent français
ou étranger pour discuter de leur(s) projet(s) et de
leurx perceptions des différences entre les deux systèmes
éducatifs.
Consigne
1 : Rédiger 10 pages pour le pays choisi
en vous inspirant :
du
très sommaire et à discuter site Wikimini
: liste des systèmes éducatifs qui présente
pour chaque pays la vision des enfants sur : Langue
officielle, Organisation de l'enseignement, Enseignement gratuit et
obligatoire, Accès filles/garçons, Taux d'alphabétisation,
Accès à l'informatique, Organisation de l'année,
Trajet de l'école, Déjeuner, Matières enseignées,
Sport à l'école, Internat, Uniforme, Travail des enfants,
etc.
Consigne
2 : Réalisation d'un poster
pour la 2eme Rencontre Interprofessionnelle des Educateurs et
des Formateurs : des
conseils pour réaliser un poster...
Utilisation du logiciel PUBLISHER par exemple pour un poster au format
A1
Les cinq aires géographiques définies
par l'UNESCO
Voir
le film documentaire 2014,"Alphabet"
de Erwin Wagenhofer, durée : 1h53min : Les
méthodes pédagogiques utilisées pour
éduquer nos enfants ne sont-elles pas dépassées
? De la France à la Chine, de l’Allemagne aux
États-Unis, Alphabet questionne un système éducatif
qui privilégie la performance au détriment de
la créativité et de l’imagination. En
exposant au grand jour les limites d’un modèle
hérité de la révolution industrielle,
pédagogues, chercheurs, scientifiques, chefs d’entreprise
et élèves abordent le rôle de l’enseignement
et envisagent des voies alternatives à nos pratiques
actuelles.
Voir
également les
4 conférences TED Education de Ken Robinson
(2006, 2010, 2010 et 2013)
Sir
Ken Robinson est un expert international reconnu sur la question
de l’éducation et sur sa mise en perspective
au regard des développements sociétaux comme
l’innovation ou les ressources humaines. Il a travaillé
avec des gouvernements en Europe, en Asie et sur le continent
américain ainsi qu’avec les plus réputées
associations culturelles et organisations non gouvernementales.
«
Nous avons un pouvoir extraordinaire. Le pouvoir de l’imagination.
La culture humaine, sous toutes ses formes, est le résultat
de cette faculté unique. De cette faculté est
née l’incroyable diversité de la culture
humaine, l’esprit d’entreprise, l’innovation.
6 000 langues différentes parlées aujourd’hui
sur terre. Nous sommes l’espèce qui a donné
naissance à Hamlet. À la musique de Mozart,
à la révolution industrielle, au hip-hop, au
jazz, à la mécanique quantique, à la
théorie de la relativité, au moteur à
réaction. Et à toutes ces choses qui caractérisent
l’incroyable ascension de notre culture. Mais je pense
aussi que nous détruisons systématiquement cette
faculté chez nos enfants… »