L'enfant et l'éducateur au 21e siècle
TD Méthodologie en Sciences de l'Education
Licence 1 - 2015-2016
SEMESTRE 1 et SEMESTRE 2

Benoît Urgelli
last up-date : 6-sep-20

voir aussi

Ecole et Culture : vers un nouveau paradigme ?
CM Master Recherche en Education - année 2017-2018

L'éducation dans 20 ans : quel style éducatif ?
Intervention à l'Académie de Macon - 2015


vol. 34, n°2, 2014

Objectifs :

  • SEMESTRE 1 :
    Définir l'enfant, ses droits et l'éducation
  • Reconstitution de l'histoire des droits de l'enfant : dynamiques socioscientifiques et implications pour l'éducation moderne, de 1905 à 2015.
  • Définir une posture éthique et responsable en éducation, en accord avec ses propres représentations du projet éducatif. L'hypothèse est que les déterminants des pratiques pédagogiques et des postures résultent de l'articulation entre des représentations de l'éducation et des représentations de l'enfant, mais également des représentations des savoirs enseignés et de l'épistémologie scolaire (rapports aux savoirs-objets et à l'apprendre).

    SEMESTRE 2 :
  • Comparer les styles éducatifs différents à travers le monde
  • Préparation des tables rondes de la 2eme Rencontre Interprofessionnelle des Educateurs et des Formateurs (RIEF, avril 2016) en partenariat avec l'UNESCO et l'Alliance Française, autour de thématiques socialement vives de ce début de XXIe siècle.

A propos du regard souvent inquiet et perplexe de l'étudiant(e) face à ses premiers travaux de recherche personnels...
"Il, ou elle, est sommé, à juste titre, de "définir sa problématique" ou, dit plus simplement, de savoir ce qu'il fait et pourquoi. C'est une étape inconfortable dans le cursus scolaire : jusque là, il suffisait de répondre à des questions, maintenant il faut les trouver soi-même, les poser correctement, choisir ses outils d'analyse,... Alors seulement on peut tâcher d'y répondre. Il y a là en effet de quoi être saisi de vertige !" De Cheveigné S. (2000). L'environnement dans les journaux télévisés : Médiateurs et visions du monde. Annexe 1 : Méthodes. Paris, CNRS Éditions, pp-123-132

Méthode : partir d'un point de vue actuel et tout au long des TD, le mettre en regard d'éclairages différents (histoire, sciences cognitives, philosophie, sociologie, éducation comparée, etc.)

Modalités d'évaluation :

  • Communication à l'oral et capacité à problématiser à partir d'éclairages différents
  • Après une autoformation de 4h sur la plateforme Moodle>Méthodoc, évaluation METHODOC de 25 min en décembre 2015 (à noter la semaine de tutorat du 09 au 13 novembre 2015).

Introduction : Education et Sciences de l'Education

Philippe Meirieu : 6 vidéos pour comprendre et entreprendre en éducation et formation (2014)

Séance 1. Prise de représentations : Education - Enfant

Identification de tensions dans les représentations, sources des controverses et de débats d'actualité.

21 représentations d'étudiants sur l'éducation ( format .pdf)

21 représentations d'étudiants sur l'enfant (format .pdf)

 

Q : Catégorisez les 21 représentations d'étudiants. A la lumière des articles étudiés dans le TD durant le premier semestre, proposez une nouvelle vision de l'éducation et de l'enfant.

Séance 2. Vers une définition moderne de l'enfant ?

Q. En parcourant attentivement l'édito de Martine Fournier, identifier les problématiques que soulèvent ce numéro spécial de la revue, plus ou moins explicitement.
Q. Choisir un article du sommaire et préparer sa présentation à l'oral par groupe de 2, en identifiant la ou les problématiques associé(e)s.
Q. A partir de ce numéro, essayez de construire la frise des évènements socio-politiques ayant conduit à repenser le statut de l'enfant en société.

  • La révolution des poussettes
    Martine Fournier – Eloise et Manon
  • L'enfant n'est pas qu'un enfant...
    François de Singly - Titouan
  • Les droits de l'enfant
  • Les tempêtes de l'adolescence
    Nicole Catheline et Véronique Bedin
  • Le plus bel âge de la vie
    Entretien avec Michel Fize
  • La culture des 12-15 ans
    Isabelle Danic
  • Generation.com
    Florence Mottot – Blandine et Gwladys / Noemie et Rovrelyne
  • Une enfance sans temps mort
    Dominique Glasman – Diompolo et Amira
  • Comment les enfants voient le monde. Entretien avec Boris Cyrulnik
    Entretien avec Boris Cyrulnik – Honorine et Alexis
  • L'enfant dans la chine urbaine. «Petites empereurs » et «petites princesses »
    Gladys Chicharro-Saito – Estelle et Ophélie
  • Grandir en Palestine
    Sylvie Mansour – Emma et Jill / Nitissar et Shanel
  • La philosophie du bébé. Entretien avec Bernard Golse
    Entretien avec Bernard Golse
  • Peut-on remplacer l'amour d'une mère ?
    Blaise Pierrehumbert – Cassandra et Marion / Kamelia et Noémie
  • Les psychopathologies de l'enfant
    Renaud Persiaux
  • Bébés bientôt sous contrôle ?
    Xavier Molénat – Emma et Louise

Séance 3. Tensions et controverses sur les finalités de l'éducation

FAVRE, D. (2008). Quelques exemples de définitions de l'éducation. In Daniel Favre et al., Les valeurs explicites et implicites dans la formation des enseignants. De Boeck Supérieur | Perspectives en éducation et formation. pages 155 à 162.
Q : Choississez parmi les 22 définitions, une qui vous inspire le plus, celle qui vous inspire le moins. Justifiez vos choix. Proposez votre définition de l'éducation.

  • S. Bowles et H. Gintis (1976) : « The educational system helps integrate youth into the economic system […] through a structural correspondence between its social relations and those of production […] the social relationship of education […] replicate the hierarchical division of (alienated) labor » (p. 131).
  • Bernard Charlot (1995) : l’éducation est « un ensemble de pratiques et de processus par lequel de l’humain advient en l’homme […] le mouvement même de construction de l’homme comme homme » (Charlot, 1995, p. 21).
  • Ghislain Dufour, Conseil du patronat du Québec (1976) : « Pour nous, du patronat, l’école idéale accepterait de bonne foi de remplir la triple mission suivante :
    1. l’école formerait d’abord des citoyens qui se sentent heureux et parfaitement à leur aise dans une société telle que leurs parents l’ont voulue et telle qu’ils la voudront eux-mêmes, lorsqu’ils seront aptes àexercer des choix politiques ;
    2. l’école formerait aussi des travailleurs qui, chacun selon leurs propres moyens, doivent participer au développement de la richesse collective ;
    3. l’école devrait enfin accepter d’être au service de la société, demeurer constamment attentive à ses volontés, accepter un dialogue de tousles instants avec elle…
    Ce sont chacun de ces points que nous reprendrons ci-après […] : première mission : l’école prépare à la vie ; deuxième mission : l’école prépare au métier ; troisième mission : l’école au service de la société » (p. 25).
  • Émile Durkheim (1922) : « l’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné » (p. 41). Immédiatement à la suite de cette définition à forte résonance sociale déterministe, Durkheim précise qu’il résulte de cette définition « que l’éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération » (ibid., p. 41). Et il ajoute, quelques lignes plus loin, que le développement d’un système d’idées formées de sentiments et d’habitudes propres à la collectivité, « telles […] les croyances religieuses, les croyances et les pratiques morales, les traditions nationales et professionnelles, les opinions collectives de toute sorte » (ibid., p. 41) constitue l’être social. Et « constituer cet être en chacun de nous, telle est la fin de l’éducation » (ibid., p. 41).
  • Jean-Claude Forquin (1989) : « l’éducation n’est rien hors de la culture et sans elle. Mais, réciproquement, on dira que c’est par et dans l’éducation, à travers le travail patient et perpétuellement recommencé d’une “tradition enseignante” que la culture se transmet et se perpétue : l’éducation “réalise” la culture comme mémoire vivante, réactivation incessante et toujours menacée, fil précaire et promesse nécessaire de la continuité humaine. […] éducation et culture apparaissent comme les deux faces, rigoureusement réciproques et complémentaires, d’une même réalité » (p. 12).
  • Olivier Reboul (1971) : « L’éducation a pour fin de former l’homme, soit par “l’école des sentiments”, c’est-à-dire la famille, soit par l’instruction. L’enseignement n’est que cette partie de l’instruction qui a pour fin de cultiver l’homme en formant son jugement. Il est aussi faux de croire qu’il suffit que de croire qu’on peut s’en passer » (p. 32).

Ces définitions montrent des tensions sur les finalités de l'éducation, entre éducation interventionniste et éducation émancipatrice, éducation bancaire et éducation dialogique, sur les liens entre éducation et société, éducation et culture, éducation et citoyenneté, éducation et famille, et éducation et développement de l'enfant.

Le Japon va fermer 26 facs de sciences humaines et sociales, pas assez « utiles »

Le Monde, 17.09.2015, par Matteo Maillard

 

 

Céline Alvarez, formée en linguistique, décide de rentrer dans le système éducatif national afin de faire bouger les lignes de l'intérieur. Elle passe le concours de professeur des écoles en 2009 et débute en 2011 une expérimentation pionnière au sein de l'Education Nationale. L'objectif ? Proposer un nouvel environnement pour l'école maternelle, scientifiquement fondé et validé, permettant de solliciter de façon optimale les mécanismes d'apprentissages et d'épanouissement de l'être humain. Pour cela, elle reprend les travaux du Dr Montessori, qu'elle enrichit et adapte à la lumière des sciences cognitives et de la linguistique.

 

Adapted from a talk given at the RSA by Sir Ken Robinson,
world-renowned education and creativity expert and recipient of the RSA's Benjamin Franklin award.

 

 

Séance 4. Travail sur vos représentations de l'éducation et de l'enfant :


Au milieu de la place de la République, une fontaine à jets d'eau et tout autour des magasins avec, toute l'année, un manège vitré et chauffé l'hiver.

Exercice : Rue de la République, principale artère commerçante et pietonne de la ville de Lyon, le samedi 26 septembre 2015, vers 17h, Giulia, une petite fille de trois ans se promène avec son éducateur (parent, nourrice ou professeur des écoles). A la hauteur de la fontaine à jets d'eau, place de la République, elle descend de sa trotinnette, s'arrête et s'exclame : "Piscine !".

Q. Comment réagiriez-vous, que diriez-vous, si vous étiez a, b, ou c, et dans quel(s) but(s) ?

  • a. son parent,
  • b. sa nourrice,
  • c. son professeur des écoles.

Eléments de réponses : L'exercice invite à s'interroger sur ses propres représentations de la mission d'éducation, de l'enfant et du sens de la relation adulte-enfant. Dans les réponses étudiantes se dessinent deux tendances, entre instructionnisme et constructivisme, entre éducation bancaire ("ce n'est pas une piscine, c'est une fontaine à jets", "il est interdit de se baigner dedans", "c'est sale", etc...) et éducation dialogique ("pourquoi tu dis ça ?" "pourquoi il n'y a personne dans l'eau ?" "pourquoi en plein centre ville ?" etc...).
L'exercice montre aussi que la connaissance du contexte éducatif familial peut apporter des éléments différents, notamment à la logique de l'enfant qui conduit à l'affirmation "piscine !". L'affirmation signifie-t-elle "j'ai envie de me baigner" ? Dans cet exemple, l'affirmation correspond plutôt à la volonté de l'enfant de communiquer à son accompagnateur qu'elle a identifié une réalité déjà rencontrée dans un autre contexte. De la compréhension des logiques sous jacentes à cette affirmation peuvent découler des stratégies éducatives différentes.

Séance 5. Repenser l'éducation

UNESCO (2015). Repenser l'éducation : Vers un bien commun mondial. Rapport publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. 94 pages.


Q.
Quelle(s) sont, selon Irina Bokova, directrice générale de l'UNESCO, les vertus de l'éducation qui justifient qu'on s'y investisse politiquement dans le monde entier. Quelle est sa vision de l'éducation ?

Q. Ecrire une à deux pages maximum (3000 signes) avec deux à trois références minimum, qui réponde à la question "quelle est la vision de l'enfant et de l'éducation portée par l'UNESCO dans son rapport 2015 "Repenser l'éducation". Portez votre attention sur les pages 38 à 62 'Réaffirmer une approche humaniste de l'éducation". L'analyse de ce rapport ira au delà du résumé en essayant d'identifer des points de désaccord, en se référant à d'autres auteurs mais aussi à votre vision argumentée de l'éducation et de l'enfant.

Conseils de lecture non exhaustifs :

Réponses possibles : Il s’agissait d’identifier des postulats (préjugés, présupposés) qui sont controversés et/ou controversables, en utilisant les visions concordantes ou pas d’autres auteurs.

  1. Pour l'UNESCO l'école doit socialiser et apprendre à vivre ensemble, tandis que pour Meirieu (2015), l'école doit être une contre-société. Meirieu pense donc le lien éducation/société autrement. Un postulat UNESCO suppose que c'est par l'école et les enfants que l'on peut modifier la société. Cette idée que l’on retrouve chez Morin (2000), c'est un projet politique utopiste. L’UNESCO estime que les capacités de l'enfant et ses responsabilités sociales pour le futur à construire sont donc importantes. Mais pour certains, cette responsabilité est peut être trop lourde à porter à la fois pour les enfants et les jeunes générations mais aussi pour les éducateurs qui doivent apprendre aux jeunes générations à vivre ensemble.
  2. Un autre postulat UNESCO consiste à penser que l'éducation est un moyen de maintenir la paix et assurer un développement durable. En référence aux pédagogies de Maria Montessori, on peut nuancer : "Établir la paix c'est le travail de l'éducation, éviter la guerre, c'est le travail de la politique" (L’éducation et la Paix, Conférences de Maria Montessori, prononcées entre 1932 et 1939). Un postulat sous-jacent se réfère à la philosophie de Platon dans Protagoras. On suppose que c'est par ignorance, notamment culturelle, que les conflits, disputes, homicides se produisent entre personnes. Ce serait donc involontairement que les personnes font du mal (Protagoras).
  3. L'UNESCO suppose également qu'il faut constituer des réseaux éducatifs, des partenariats entre éducation formelle et informelle, c'est à dire faire éclater la structure de la classe pour éduquer. Ce qui ne semble pas la vision de Meirieu (2015).
  4. Pour Morin (2000), les médias sont vecteurs de connaissances « irréfléchies, non critiquables et non critiquées ». Il adopte une posture de diabolisation des médias, ce qu'on ne retrouve pas dans le rapport de l'UNESCO, qui propose plutôt de s'appuyer sur les médias, et notamment les nouvelles technologies, les technologies mobiles, pour éduquer.
  5. Par rapport à la relation entre l'éducation scolaire et l'éducation parentale, l'UNESCO ne se prononce pas sur ce point, alors qu'il peut y avoir des projets et des visions éducatives différentes dans ces deux univers sociaux. Cela peut faire naître des tensions ou des synergies entre famille et école qui ne sont pas discutées dans les recommandations de l'UNESCO, notamment sur la question de valeurs sociales et familiales plus ou moins partagées. Même si l’UNESCO cite l’expérience sénégalaise de la "Case des Tout Petits".
  6. L'UNESCO appelle à des pédagogies nouvelles : plusieurs pays sont mis en avant sur ce point, avec les modèles éducatifs de la Finlande, du Mexique et du Sénégal.
  7. On évoque la nécessité de respecter les valeurs de l'enfant, mais il faudrait préciser à condition qu'elles soient inscrites dans les valeurs humanistes de référence universelle ! L’éducation à la paix est donc aussi une question d’éducation aux valeurs. Contrairement à la vision philosophique de l’UNESCO, dans Protagoras, Platon évoque que « l'on peut apprendre sans maître particulier » lorsque par exemple, on apprend la langue maternelle. On en déduit alors que tout ne peut pas (ne doit pas ?) faire l'objet d'une éducation encadrée par un maître, dont l’éducation aux valeurs ?
  8. L'UNESCO a une représentation de l'enfant qui se rapproche de sa définition biologique. Les auteurs distinguent enfance et adolescence, ainsi que éducation dès la petite enfance, éducation secondaire et éducation supérieure.

L’après-2015 : l’éducation que nous voulons. Vision et principes de l’agenda, cibles mondiales proposées. ©UNICEF, 2015.

Séance 6. Histoire des droits de l'enfant, histoire de l'éducation humaniste ?

Diversité des définitions de l'enfant, diversité des représentations (à mettre à jour)
 

Animalité et humanité, un dualisme en question
Quel est le propre de l'Homme ? (Universcience TV, 2010)

Pour Rabelais, le propre de l'homme c'est le rire ! Et pour le paléoanthropologue Pascal Picq, serait-ce l'amour, la guerre, l'outil, le langage, la morale ou la bipédie ? Petit cours d'éthologie au tableau blanc pour relativiser notre place dans l'évolution.

Définir l'homme par rapport à l'enfant sauvage

Socialisation d'un enfant sauvage
Extrait du film réalisé par François Truffaut en 1970


Q
. Retranscrire les échanges entre
Jean Itard
(à gauche) et Philippe Pinel (à droite)

Au XVIIIe siècle, le projet de fonder une véritable «science de l’homme» se structure. La Société des observateurs de l’homme est créée au moment de la Révolution française. Le projet initial est véritablement anthropologique. Il s’agit de réaliser des observations et de recueillir des faits sur l’homme sauvage afin de comprendre comment l’être humain se construit peu à peu par l’éducation et la culture. Une des pistes de réflexion est de chercher à comprendre comment le milieu naturel influe sur les mœurs de chaque peuple (voir TD sur les musées et les zoos humains à la fin du XIXe siècle).

L'existence d'un dualisme nature-culture est pris comme postulat (un postulat qui et sera rediscuté en 2012 par Philippe Descola, anthropologue, spécialiste des indiens d'Amazonie, professeur au Collège de France, et Médaille d'Or 2012 du CNRS).

La Société des observateurs de l’homme, soucieuse de rapporter des informations précises sur les modes de vie des peuples «sauvages», enverra une expédition dans les terres australes, du Piton de la Fournaise à l'Australie (Expédition Baudin, entre 1801 et 1803). À la tête de cette expédition, on désigne le marin, Nicolas Baudin, natif de l'île de Ré. Auprès de lui, plus de vingt savants et artistes, envoyés collecter des échantillons ou les dessiner : botanistes, zoologistes, astronomes, hydrographes et, avec François Péron, le représentant d'une toute nouvelle discipline : l'anthropologie. Les explorateurs vont conduire des observations ethnographiques pour comprendre les  mœurs des indigènes.

La découverte en 1797 d’un «enfant sauvage» dans la forêt de Caune en Aveyron sera l'occasion pour les membres de la Société des observateurs de l’homme, animés par le même but de saisir l’homme à l’état naturel, de voir comment émergent en lui les premières idées et comment elles le transforment. En 1801, l'enfant est confié au docteur Jean Itard, qui travaille à Paris avec des sourds-muets. Il tente de le socialiser. La Société des observateurs de l’homme va se pencher sur le cas du jeune Victor. Mais l'enfant reste incapable de parler. Itard qui défend une prise en charge individuelle de l'enfant, finit par baisser les bras en 1805, année correspondant au décès de sa mère.

Des controverses sur la thérapie à mettre en place et les capacités intellectuelles de cet enfant, éclateront entre les deux médecins fondateurs de la psychiatrie française, Jean Itard et le docteur Philippe Pinel, qui travaille sur l'aliénation mentale. Pinel estime que Victor doit être « rangé parmi les enfants atteints d'idiotisme ». Le diagnostic le plus probable aujourd'hui est celui de l'autisme.


L'homme selon l'écologie politique

Au final, deux niveaux d'expression de l'humanité (échelle de l'espèce ou échelle de l'individu) et trois dimensions interelliées (subsistance, le lien et le choix).
La place du projet éducatif et la relation pédagogique est centrale dans cette définition philosophique de l'humanité.

L’UNICEF agit partout dans le monde pour faire respecter les droits des enfants. En France, il s’attache à sensibiliser le jeune public aux droits et aux conditions de vie des enfants dans le monde. Cela se traduit par 3 missions principales :

  • diffuser le plus largement possible les principes de la Convention internationale des droits de l’enfant ;
  • renforcer la citoyenneté et la solidarité chez les enfants et les jeunes ;
  • promouvoir une éducation fondée sur les droits de l’enfant.
Pour sensibiliser les jeunes aux droits de l’enfant, l’UNICEF propose aux enseignants et acteurs de l’éducation de les accompagner dans leurs démarches pédagogiques et s’appuie sur un accord-cadre signé avec le ministère de l’Éducation nationale.
Renouvelé en 2011 pour 5 ans, cet accord-cadre décline plusieurs modalités de collaboration entre l'Éducation nationale et l'UNICEF France, notamment dans la mise en œuvre des piliers 6 et 7 du socle commun de connaissances et de compétences et dans la mobilisation commune autour de la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre de chaque année.
Pilier 5. La culture humaniste. Socle commun valable jusqu'à la rentrée 2016. Connaissances, capacités et attitudes. site Eduscol.
Pilier 6. Les compétences sociales et civiques. Socle commun valable jusqu'à la rentrée 2016. Connaissances, capacités et attitudes. site Eduscol.
Piler 7. Autonomie et initiative. Socle commun valable jusqu'à la rentrée 2016. Connaissances, capacités et attitudes. site Eduscol.

Séance 7. Les limites du concept d'éducabilité, en lien avec la séance METHODOC

Le principe d'éducabilité et son corollaire, le principe de non-réciprocité, sont donc au coeur de la dynamique pédagogique, ils en constitue, en quelque sorte, le pari fondateur... Choix éthique et politique à la fois, ils sont, en réalité, la véritable "pierre de touche" de bien des débats qui auraient intérêt, pour la clarté de la discussion actuelle, à faire ressortir systématiquement cette dimension des choses.
Qu'est-ce qui se joue, au fond, à travers le statut des recherches pédagogiques, si ce n'est la position que l'on prend sur ces deux questions essentielles: suis-je prêt à faire le pari de l'éducabilité de tous et à mettre en oeuvre toutes les connaissances dont je dispose et toute l'imagination dont je suis capable pour y parvenir ? Suis-je prêt à accepter que l'autre échappe à mon projet, ne me paye ni en reconnaissance, ni en soumission, puisse se dégager de mon influence... sans, pour autant, lui en vouloir ni abandonner ma détermination ?
Philippe MEIRIEU, in dictionnaire en ligne, Educabilité

voir aussi Meirieu, P. (2008). Le pari de l'éducabilité. Conférence du 5 novembre 2008 à l'ENPJJ, Roubaix

Séance 8. Analyse des campagnes publicitaires d'Acadomia

Consignes : Revenir les campagnes publicitaires d'Acadomia pour identifier comment les messages ont évolué, autour de quelles représentations de l’enfant et de quels modèles éducatifs. Quelle est la représentation médiatique du lien entre la réussite scolaire et la réussite sociale ? Comment a évolué la politique de communication et pourquoi selon vous ?


La campagne d’affichage 2006 avec l’agence Scher Lafarge. L’idée est de montrer qu’avec Acadomia n’importe quel enfant peut réussir.
Les trois affiches mettent ainsi en scène des visages d’enfants qui grâce un montage représentent également des personnages célèbres : Victor Hugo, le Mahatma Gandhi ou Albert Einstein

Des campagnes vidéo de 1997 à 2015, couplées à des campagnes d'affichage, mettent l'accent sur le soutien aux parents (à l'origine) puis sur une conception de la réussite scolaire et de la réussite sociale qui passe par la reconnaissance de l'originialité, de la créativité et la confiance envers l'enfant, loin des standards de jugement et d'évaluation de la réussite par les professionnels de l'Ecole (vidéo de la Grenouille qui a du potentiel, 2006). Il y a souvent personnification de la réussite de l'enfant, en référence à un adulte devenu célèbre (dès 2006). La question de la maitrise des concepts disciplinaires (histoire, math, sciences, français) est récurrente et exceptionnellement, la qualité de la relation pédagogique avec le professeur est présentée comme vecteur de réussite de l'enfant (Campagne d'affichage de 2009).


Source : Jill Girault, étudiante en L1, décembre 2015
.

En 2015, le virage est pris autour de la capacité des enfants " "ordinaires" à apprendre, une capacité et un potentiel de réussite qui va leur permettre de se projeter vers le futur en découvrant l'histoire de l'humanité ("un pouvoir extraordinaire"). Il y a donc actuellement une mise à distance de la forme et du modèle scolaire disciplinaire, en se centrant sur la compétence de l'individu capable de découvrir l'histoire de l'humanité, de créer, et de s'en servir pour construire son avenir social, en utilisant aussi le potentiel donné par les TIC, en lien avec les recommandations nationales et internationales pour l'éducation (UNESCO 2015 notamment).

De manière générale, Acadomia communique en réponse aux principales crtitiques formulées à l'encontre du modèle scolaire, notamment par certains parents, sur :

  1. les méthodes d'évaluation et les critères de jugement de l'enfant (redoublement, pédagogie, conseil de classe, compétition et sélection, échec scolaire) ;
  2. la conception de la réusssite scolaire (vis à vis de la connaissance disciplinaire au dépend de la créativité et de l'originialité) ;
  3. les valeurs de l'école, notamment la confiance en l'enfant et en son potentiel, au delà de la sélection et de la compétition.

 


Créé en 1989, Acadomia est numéro un du soutien scolaire en France. [...] Acadomia accompagne 100 000 élèves, regroupe 25 000 enseignants et gère un réseau de 110 agences sur toute la France. La société dispense des cours pour tous les niveaux (du primaire au supérieur et adultes) et dans toutes les matières (Biologie, Chimie, Comptabilité, Droit, Economie, Electronique, Français, Géographie, Grec, Histoire, Informatique, Langues Vivantes, Latin, Mathématiques, Philosophie, Physique, etc.). Acadomia c'est 2 millions d’heures de cours dispensées par an et un chiffre d’affaires de 62 millions d’euros en 2004.

Acadomia propose également une offre complète de services pédagogiques (évaluations, stages de vacances, stages d’efficacité personnelle, orientation) pour répondre aux attentes et besoins des parents. Doté de méthodes de travail, de règles strictes, d’une équipe d’enseignants qualifiés, d’une véritable culture du résultat, d’un suivi personnalisé de chaque élève et du développement de méthodes pédagogiques exclusives, Acadomia affiche des scores de 92% de réussite au bac.

Considérons le fonctionnement de ce marché avec un exemple présent dans la lettre d’information de l’INRP (Le soutien scolaire entre éducation populaire et industrie de service, n° 23, décembre 2006), construit à partir du cas d’Acadomia : « Pour inscrire leur enfant, les parents acquittent d’abord un droit d’inscription d’environ 75 € qui n’est pas déductible d’impôts. Une heure de cours coûte environ 32 €; 14 € net (parfois moins) vont au professeur, 5 € sont versés au titre des charges sociales et 13 € reviennent à Acadomia. Les 32 € payés donnent droit aux parents à une réduction d’impôt de 16 €, si bien qu’au final, le cours leur revient à 16 €. Le professeur, quant à lui, doit déclarer un revenu de 14 + 13 = 27 € mais peut toutefois déduire les 13 € qui ont rémunéré Acadomia au titre de ses frais réels ». Les mesures d’incitation fiscale sont bien un élément essentiel de l’organisation du marché. Il existe ainsi une tension réelle entre la politique d’emploi telle qu’elle est menée dans le plan de cohésion sociale (dont les mesures fiscales constituent un volet) et l’égalité d’accès au soutien scolaire. Les pertes de recettes fiscales visant à stimuler un système marchand de soutien scolaire inéquitable réduisent les possibilités pour l’État de financer un système gratuit d’accompagnement scolaire pour tous (cf. l’avis du Haut conseil de l’évaluation de l’école sur « Le travail des élèves pour l’école en dehors de l’école », mai 2005). In Coulomb R. (2007). Le soutien scolaire, public ou privé ? Regards croisés sur l'économie, 2 (2), 166-167.


4 campagnes publicitaires en video (2015, 2011, 2008, 2006)

Acadomia - Publicité 1997 - Stéphanie

Acadomia - Publicité 2001 - Soutien Scolaire

Acadomia - Publicité 2006 - Enfant qui réussit

Acadomia - Publicité 2008 - Lewis Carroll

Acadomia - Publicité 2011 - Tout est une question de confiance

Acadomia - Publicité 2015 - Le pouvoir extraordinaire
 

Séance 9. A propos de la relation école-famille, enseignants-parents...

  • Voir Sondage PEEP auprès de 1192 parents, Le Monde de l'éducation, mai 1994.
  • Voir Enquête "Eduscope 1996" lancée par la FSU, sondage Sofres sur 1000 personnes, décrypté par Le Monde, Libération, L'Humanité du 19/11/1996.
  • Voir Enquête "Eduscope 2002".
  • Voir l'enquête de Georges Fotinos (2014) auprès des directeurs d'école primaire : L'état des relations école-parents. On en parle sur France Culture dans l'émission Rue des écoles : L'école malade des parents ? durée : 29 minutes, avec Valérie Marty, Présidente d’une association de parents d’élèves, la PEEP.

d'après Patrick Bouveau, Olivier Cousin et Joelle Favre (1999). L'école face aux parents. Analyse d'une pratique de médiation. Edition ESF, 27-45.

Ce que disent les enseignants des familles et les familles des enseignants ne se superposent pas. Une médiation serait nécessaire pour permettre à l'école de s'ouvrir aux familles, sans céder pour autant à toutes leurs demandes. Mais il faut s'entendre sur un projet éducatif et social commun, peut etre en considérant que l'école devienne un espace de citoyenneté où l'on confronte ses points de vue, loin de l'espace de compétition et de classement disciplinaire qui conditionne la réussite sociale de l'enfant.

Ce que dit l'école des familles.

Le sentiment dominant chez les enseignants est que les parents vont à l'encontre de l'école, soit en dressant une barrière entre univers scolaire et univers familial, soit en développant des démarches qui nuisent à l'école. La notion de partenariat est donc fortement limitée et l'école semble souhaiter que les familles prennent en charge ce que l'école ne parvient pas à faire passer : la nécessité de travailler. L'école n'attend donc pas des propositions ou une plus grande participation des familles à son fonctionnement.

La symbiose et la continuité entre école et familles n'existe donc pas et l'enfant n'a donc pas toujours le sentiment qu'enseignants et parents parlent d'une même voix. L'école tient à distance les familles en les maintenant dans son propre cadre éducatif. Face aux classes populaires et aux troubles scolaires, elle tente même un redressement des comportements familiaux. En oscillant entre accusation et compassion, l'enfant étant perçu comme une victime et les parents comme un obstacle, ou à l'inverse les parents comme des victimes d'un enfant qui leur échappe. La démission, la négligence ou l'incapacité des parents reviennent souvent dans le tableau que dressent les enseignants à l'égard des parents.

Ce que disent les parents de l'école

Pour les parents, l'échec ou la réussite scolaire sont de la responsabilité de l'école et notamment de la qualité de la relation maitre-élève, plus que de la compétence de l'enseignant. Pour les classes populaires qui n'ont pas les clés de lecture, le fonctionnement du système reste opaque et ils s'en remettent souvent aux professionnels de l'école. Les parents sont donc intéressés par l'école pour la réussite de leur enfant, même s'ils ne s'y impliquent pas (ne pas confondre intéressement et implication). L'implication ne garantit d'ailleurs pas la réussite scolaire et la relation entre suivi scolaire et réussite scolaire est complexe.

Par ailleurs, en cas d'échec scolaire, le mode de convocation des parents à l'école est parfois pesant : il peut être perçu comme une mise en accusation qui génère une stratégie de fuite. Plutôt qu'une démission, la stratégie est alors celle de l'évitement défensif contre la stigmatisation. Lorsque les enfants sont en échec, certains parents préfèrent donc ne pas venir à l'école. Notons d'ailleurs que la réussite de l'enfant peut également être source de conflits avec sa famille : cette dernière peut avoir l'impression que l'école leur arrache et transforme leur enfant, l'enfant pouvant même parfois renoncer voire renier son milieu familial.

L'éducation des enfants, l'affaire de tous. d'après Dubet, F. (1997). Ecole, familles : le malentendu. Edition Textuel. p11-41 ; Dans ce même ouvrage : François de Singly. La mobilisation familiale pour le capital scolaire ; Bernard Charlot. Pour le savoir, contre la stratégie. Philippe Meirieu. Vers un nouveau contrat parents-enseignants ?


L'école : institution universelle ou service d'usages privés ?

Historiquement, l'école en France ne se présente pas comme un service dont le bienfondé est la satisfaction des usagers, mais comme une institution porteuse de valeurs qui dépassent la satisfaction des parents et des élèves. Actuellement, pourtant, les parents considèrent l'école comme un service auquel on doit s'adresser pour obtenir les meilleurs résultats, les meilleures méthodes. Ils ne voient plus l'ancienne justification de l'Ecole-institution. La montée des comportements libéraux, consuméristes ou revendicatifs, cotoie donc l'aspiration à une école de l'unité nationale. Les enseignants quant à eux veulent maintenir l'unité et la neutralité de l'institution. Dans le primaire, ils se considèrent comme des gens de l'universel enracinés les valeurs républicaines, alors que dans le secondaire, ils se considèrent plus comme des agents d'une école des savoirs disciplinaires.

Ce décalage doit être accepter pour construire un nouveau contrat école-famille qui puisse être formateur et éducatif pour les enfants. Deux instances gouvernent l'enfant (école et famille) et on peut plus lui laisser la lourde responsabilité de faire le lien.

L'école de la sélection

Jusqu'au milieu  des années 1960, l'élitisme républicain consistait à sélectionner les meilleurs des élèves issus des classes populaires dès l'école primaire, pour en faire des serviteurs de la République, des fonctionnaires et des instituteurs. Elle avait pour tache de former des citoyens français à travers des apprentissages élémentaires. Depuis la massification scolaire dans les années 1960, l'école opère la sélection en accueillant tous les élèves au collège et en les distribuant en fonction de leurs compétences dans différentes filières. Tous les élèves entrent dans la machine et sont classés en fonction de hiérarchies scolaires. A l'ordre stable des institutions s'est substitué le jeu des relations entre les parents, les élèves et leurs enseignants, engendrant des incertitudes, des espoirs excessifs, des déceptions et des rancoeurs. L'école est chargée de trop d'ambitions pour ne pas décevoir.


Source : Urgelli, 2015

Les parents savent donc que dès l'école primaire, les jugements scolaires vont fixer l'avenir de leurs enfants. Dans cette école laique qui a pour obligation d'accueillir tous les enfants, l'école doit se donner les moyens de dialoguer avec une certaine diversité sociale. Elle doit donc apprendre à parler avec les parents.

Des attentes familiales différentes entre les classes populaires et les classes moyennes

Si les parents des classes populaires sont partagés entre l'appel à des fonctions intégratives et républicaines de l'école et la peur de l'échec scolaire, ceux des classes moyennes, dont font partie les enseignants, sont déchirés entre le désir de performance et le souci du développement personnel.

Si les classes populaires marquent la distance entre l'école et la famille, et distinguent instruction et éducation, les classes moyennes entendent établir la continuité. A l'école primaire, on attend de l'école qu'elle prolonge les valeurs de la famille et, en se référant à des méthodes de pédagogie active, l'enseignant ne doit pas imposer les connaissances et la discipline, il doit dialoguer avec les élèves, obtenir leur adhésion et développer leur esprit critique.

 

Quel rôle des parents et de la famille dans la réussite scolaire ?

On sait que le temps passé par les parents à aider leurs enfants dans leur travail scolaire n'exerce pas vraiment d'influence sur leurs réussites scolaires. En revanche, certains comportements familiaux en matière de gestion du temps, de rapport aux médias, à l'habillement, à la nourriture, ont de réels effets sur la réussite scolaire. C'est surtout la reformulation et la planification qui semble un comportement de la vie familiale déterminant de la réussite scolaire. L'entetement des parents à suivre, rabacher, faire refaire des exercices est donc moins déterminant que la capacité à générer des réflexions chez et pour l'enfant. Si possible, le repas par exemple doit demeurer un moment et un lieu d'échange et de parole.

Le suivi scolaire des parents a donc peu d'influence sur la réussite. Certains enseignants ont donc tort de leur reprocher une forme de démission sur ce point. Il n'y a donc pas démission des parents mais probablement dans certaines familles, une perte de parole, d'échange, de reformulation, de construction de l'identité et de l'intelligence.

Quel rôle des enseignants vis à vis des parents et de la famille ?

L'école joue aussi le rôle de la prise de distance par rapport à la famille. Elle doit favoriser le brassage dans un même lieu (plutôt que la fréquentation de jeunes du même milieu pendant toute leur enfance et leur adolescence), un lieu où l'on découvre que l'on est un individu d'une même espèce, une espèce qui a une histoire passée, actuelle et en construction, celle de l'humanité.

L'école doit également être l'endroit où l'enfant trouve des réponses aux questions essentielles qu'il se pose, à travers une forme d'éducation dialogique et non bancaire (Freire, 1973). Il s'agit de traiter collectivement des questions fondamentales de l'existence, sans abdiquer sa propre identité, des questions socialement vives, comme le bien et le mal, le sens des choses et de la vie : "pourquoi mon père a le droit de coucher dans le lit de ma mère et pas moi ?" "Si je marche tout droit, j'arrive où ?" "L'univers est-il infini ?", "Quelle différence entre le bien et le mal ?", "D'où je viens ?", "Pourquoi est-ce que je grandis ?", etc... Cela permettrait de reconcilier le droit à la différence et le droit à la ressemblance.

Vers un nouveau contrat parents-enseignants ?

Les parents veulent une école plus transparente et ouverte aux demandes particulières, même si ces demandes accentuent les écarts entre les parents qui ont des ressources et ceux qui n'en ont pas. Il y a donc deux principes opposés, entre défenseurs d'une institution universelle et usagers privés, qui jouent en faveurs des plus favorisés. Cette tension ne peut pas être réduite, elle doit être négociée, en affirmant un rôle unificateur, en introduisant des mécanismes compensateurs des inégalités et en associant les parents au modèle éducatif que l'on souhaite promouvoir. A condition que les parents le fassent, non comme représentants des intérets personnels d'autres parents et/ou de leurs enfants (c'est à dire en tant que juges et parties), mais comme citoyens ayant des exigences citoyennes dans un espace de citoyenneté.

Cet espace de citoyenneté reste encore largement à co-construire et à penser dans le cadre des réflexions récentes sur la nécessité de constituer une communauté éducative autour de l'enfant.

A propos des fédérations de parents d'élèves : des intérets personnels à l'action collective.

Les fédérations se sont constituées sur des principes et des valeurs partagés. La fédération des Parents d'élèves de l'école publique (PEEP) s'est constituée dans les années 1920 avec les parents d'élèves des grands lycées parisiens soucieux de défendre les valeurs traditionnelles de la famille et des humanités classiques, contre les empiètements d'une école laïque jugée trop agressive. Conservatrice, elle a connu des tensions avec les enseignants et leurs syndicats, même si aujourd'hui elle est plus ouverte dans le domaine de la pédagogie. La Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) est issue du soutien des syndicats enseignants cherchant des alliés chez les parents. Elle a longtemps collé aux syndicats de gauche, même si elle affiche aujourd'hui plus d'autonomie.

Dans les deux cas, ces fédérations se sont heurtés aux résistances des enseignants. Tolérés, les parents devaient se borner à discuter des problèmes matériels de l'école, et ne pouvaient intervenir ni sur la pédagogie, ni sur l'orientation et la sélection, ni sur les décisions relative à la vie des établissements. Elles ont longtemps été marginalisées, malgré leur soutien ou leur revendication vis-à-vis des décisions de politique éducative. Mais depuis les années soixante dix et avec la crise de la loi Savary en 1984, la place des parents a changé. Ils siègent dans les conseils d'administration des établissements et peuvent faire appel des décisions d'orientation. Mais ont-ils un rôle plus global dans les orientations générales du système scolaire, alors que la loi d’orientation de 1989 fait d’eux des « membres » à part entière de la « communauté éducative » ?

Il est vrai que les fédérations rencontrent le Ministre et affichent leurs préférences, tandis que les conseils d'école s'occupent des affaires locales. Avec le plan 2013 de refondation de l'école, le concept de co-éducation et l'appel à la constitution d'une communauté éducative autour de valeurs citoyennes à partager, semblent renforcer encore plus la volontré politique d'intégrer les parents dans l'évolution du système scolaire. Signalons également que la question de la formation des enseignants à la parentalité et à la communication avec les familles reste un enjeu important des prochaines années.

Image couverture
Le Menn 2018

A la page 151 de son ouvrage, Emile Le Meen évoque la question de l'implication des parents, partant de l'a priori d'une réticence des enseignants à ouvrir la classe aux parents, ces derniers n'étant sollicités que pour accompagner les occasionnelles sorties.... Pourtant les instructions officielles parlent de la nécessité d'un partenariat éducatif entre les parents et les enseignants.

En Nouvelle Zélande à l'école Ao Tawhti, école publique et gratuite, les parents et grands parents s'engagent à coopérer pleinement avec les enseignants et à donner bénévolement à l'établissement au moins une demi-journée de leur temps, par an, que ce soit pour accompagner les enfants en sortie, animer un atelier ou donner un coup de main à la maintenance et dans les taches administratives. Ils adhérent donc à l'idée de partenariat éducatif, même s'il y a des désaccords sur la mise en application concrète de la philosophie de l'école. Ils sont résolus sans animosité la plupart du temps, en raison des bons rapports instaurés en amont. Ce rapport permet également un accord sur les reglès de vie et les valeurs enseignées à l'école et au sein des familles. Le conseil d'école regroupe 5 représentations des parents, le directeur de l'école, un enseignant et un représentation des élèves ! et veille à ce que l'école reste dans sa philsophie de vie, mais se charge également de recruter des enseignants; C'est un modèle de cogestion qui est donc à l'oeuvre, un des trois modèles de coéducation définis par Catherine Hurtig Delattre.

Les parents connaissent le mieux l'enfant et les enseignants le mieux les méthodes pour apprendre, ils ne peuvent travailler qu'ensemble. L'école est ouverte en permanence au parents, ils peuvent rester en classe, par groupe de 5 ou 6, pendant trente minutes, en étant actifs ou en étant de simples observateurs des activités des élèves. Les parents sont rassurés et ont confiance à travers la transparence affichée. Il en va alors de même des enfants, qui retrouvent confiance et même fierté, face à des adultes connus des parents, tous oeuvrant pour son bien être.

Des mamans peuvent même rester le soir une heure de plus pour assister au travail des élèves, tout en allaitant leur nourisson en classe ! Certains parents viennent accompagner leurs enfants en situation de handicap durant les apprentissages en classe. Et tous les vendredis, des élèves volotaires presentent leurs travaux à la classe, et les parents peuvent  assister à ce moment solennel, et éprouver de la fierté devant leur enfant.

Tous les jeudis, une matinée est organisée ppur permettre au parents gradns parents, grandes soeurs et grands frères de venir proposer des "ateliers des familles" aux enfants de l'école. Un groupe de 10 enfants s'inscrit à ces ateliers pour une période de 2 mois, portant sur le théatre, le bricologe, la cuisine, le jardinage, les langues vivantes, etc..). Pendant ce temps, les enseignants s'occupent des enfants qui n'ont pas souhaité suivre l'atelier et sont donc plus disponibles.

Existe-t-il un risque de submersion de l'école par les parents ? Dans l'école Ao Tawhiti, qui regroupe 150 élèves, quotidiennement sont présents 5 mamans et 2 papas.

Ce rapprochement permet de dissiper des malentendus et d'éviter des conflits d'injustice supposée, les parents pouvant voir le comportement de leur enfant sur le temps scolaire, au delà du simple bulletin de notes orné d'appreciations ou du carnet de suivi où s'alignent des preuves de réussite ou d'échec. Les parents sont ainsi plus proches de la réalité de leurs enfants. Cette vision de la place des parents leur redonne un droit de regard, de discussion mais également de critique et de proposition.

 

Image école
Ao Tawhiti

SEMESTRE 2 : Des styles éducatifs différents à travers le monde

 

Objectif semestre :

Présentation d'un système éducatif du primaire de votre choix, avec un ou plusieurs angles d'attaque : histoire et organisation du système d'enseignement (réformes et raisons sociopolitiques), handicap et inclusion, éthique des enseignants, formation des maitres, relation école-famille et coéducation (communauté éducative), place de la créativité et évaluation, apprentissages disciplinaires, évolution du taux d'alphabétisation (homme-femme, en fonction de l'age, données PNUD), taux de scolarisation au primaire (en fonction de l'age, données PNUD) et indice de pauvreté, place des savoirs, savoirs sélectionnés et savoirs métissés, socle commun de compétences, éducation aux valeurs et à la citoyenneté (contenus de l'éducation civique et morale, de l'enseignement religieux, de l'enseignement de l'histoire), gestion pédagogique des enfants en fonction de leurs classes d'âge, rythmes scolaires (quotidiens, hebdomadaires ou annuels, et travail de l'enfant pour aider les parents), question du genre, du port de l'uniforme, etc...

Dans votre conclusion, réinjecter les analyses du Rapport UNESCO "Repenser l'éducation 2015", notamment p.59-61 sur la formation des enseignants, etc.... pour estimer leur éventuelle prise en compte.

 

Voir aussi le site de
l'Association Ecole du Monde - Acteurs en Education (AEMA)

Créée fin 2011 en France, l'association s'est donnée pour mission d'étudier les systèmes scolaires publics internationaux - dans une approche humaniste pour :

  • Comprendre la situation & l'orientation mondiale actuelle
  • Interroger la finalité des écoles publiques du monde
  • Partager les "bonnes pratiques" pédagogiques pour un épanouissement individuel (réalisation de soi/valorisation des potentiels de chacun) et collectif (bien vivre ensemble/construction du monde de demain)
  • Relier les acteurs et favoriser les coopérations

Dans votre dossier (voir consigne ci-dessous), identifier une école en France qui travaille avec une école à l'étranger dans le pays qui vous intéresse. Présentez le(s) projet(s) éducatif(s) partagé(e)s et la thématique traitée. Prendre contact avec l'enseignant référent français ou étranger pour discuter de leur(s) projet(s) et de leurx perceptions des différences entre les deux systèmes éducatifs.

Consigne 1 : Rédiger 10 pages pour le pays choisi en vous inspirant :

Pays choisis par les étudiants du TD.4, avec les dossiers UNESCO-IBE 2010-2011 :

 



Plan du rapport World data on education - France (novembre 2012)





Carte du taux d’alphabétisation par pays
(Rapport du développement humain 2013).


voir l'article et les tableaux comparatifs sur La scolarisation des enfants dans le monde (2013)

Consigne 2 : Réalisation d'un poster pour la 2eme Rencontre Interprofessionnelle des Educateurs et des Formateurs : des conseils pour réaliser un poster...
Utilisation du logiciel PUBLISHER par exemple pour un poster au format A1


Les cinq aires géographiques définies par l'UNESCO

Pour en savoir plus, voir Dubet et al. (2010). Les sociétés et leur école. Paris : Seuil, 115-130.
Groux, D. (2003) Dictionnaire de l'éducation comparée. Editions Harmatan.

 


Sir Ken Robinson

 

  • Voir le film documentaire 2014,"Alphabet" de Erwin Wagenhofer, durée : 1h53min : Les méthodes pédagogiques utilisées pour éduquer nos enfants ne sont-elles pas dépassées ? De la France à la Chine, de l’Allemagne aux États-Unis, Alphabet questionne un système éducatif qui privilégie la performance au détriment de la créativité et de l’imagination. En exposant au grand jour les limites d’un modèle hérité de la révolution industrielle, pédagogues, chercheurs, scientifiques, chefs d’entreprise et élèves abordent le rôle de l’enseignement et envisagent des voies alternatives à nos pratiques actuelles.

 

  • Voir également les 4 conférences TED Education de Ken Robinson (2006, 2010, 2010 et 2013)
    Sir Ken Robinson est un expert international reconnu sur la question de l’éducation et sur sa mise en perspective au regard des développements sociétaux comme l’innovation ou les ressources humaines. Il a travaillé avec des gouvernements en Europe, en Asie et sur le continent américain ainsi qu’avec les plus réputées associations culturelles et organisations non gouvernementales.
    « Nous avons un pouvoir extraordinaire. Le pouvoir de l’imagination. La culture humaine, sous toutes ses formes, est le résultat de cette faculté unique. De cette faculté est née l’incroyable diversité de la culture humaine, l’esprit d’entreprise, l’innovation. 6 000 langues différentes parlées aujourd’hui sur terre. Nous sommes l’espèce qui a donné naissance à Hamlet. À la musique de Mozart, à la révolution industrielle, au hip-hop, au jazz, à la mécanique quantique, à la théorie de la relativité, au moteur à réaction. Et à toutes ces choses qui caractérisent l’incroyable ascension de notre culture. Mais je pense aussi que nous détruisons systématiquement cette faculté chez nos enfants… »