What ‘‘Ideas-about-Science’’ Should Be Taught in School Science?
"Teaching the nature of science needs to become a core rather than a marginal part of the science curriculum
"

Master 2 ESVT - IUFM de Bourgogne - Module UE1
Enseigner les SVT : transposition didactique, épistémologie et histoire des sciences

Master 1 EEEP - IUFM de Bourgogne - Module UE1
Seminaire de recherche : Epistémologie et didactique des sciences

Benoît Urgelli
last up-date : 27 février, 2012

La pratique de démarches historiques dans l'enseignement des sciences
[...] through sets of well-chosen case studies of either a historical or contemporary nature and by more explicit reflection and discussion of the nature of science [...]

Histoire des sciences et enseignement scientifique

Depuis plus de 150 ans, l'histoire des sciences, des savants et de leurs découvertes est revendiquée comme un auxiliaire pour l'enseignement scientifique. Dès 1850, l'étude de cette histoire est présentée commun un moyen de développer l'esprit d'invention des jeunes, leur culture générale et de collaborer avec d'autres disciplines scolaires à l'histoire des humanités. A partir de la réforme de 1902, les concepteurs de programme soutiennent que l'histoire des sciences permet d'illustrer la méthode scientifique et possède aussi une valeur morale contre l'ignorance et le fanatisme. Dans les manuels scolaires, pour atteindre ces objectifs, on propose d'utiliser comme support pédagogique des expériences historiques sur les thèmes de la digestion ou de la circulation. Entre 1950 et 1960, les réformes proposent d'utiliser le cheminement des savants pour développer un enseignement scientifique fondé sur la méthode de la redécouverte de ce cheminement (voir, Gohau, G. (1987) Revue Aster). Dès 1977, avec l'introduction d'un enseignement scientifique par problèmes et investigations, avec la formulation de questions à résoudre par l'observation et l'expérimentation, l'histoire des sciences se retrouve en annexe des approches didactiques et pédagogiques, comme un complément culturel : des noms de savants illustres et des expériences historiques (les premiers ayant parfois donné leur nom aux secondes), quelques vignettes et quelques lignes, parfois un document dans un exercice, mais toujours des textes sans contexte. Quelqu'un a un moment donné a fait telle ou telle expérience. Pourquoi ? Comment ? Ce n'est pas le propos (Savaton, 2011, p.120 ; voir aussi Urgelli, 2012 autour de l'enseignement de l'évolution en classe de troisième (MEN, 2008) et de seconde (MEN, 2010)).
En 1996, dans l'enseignement de sciences physiques et chmiques, puis en 2000 en sciences de la vie et de la Terre, l'utilisation de l'histoire des sciences réapparait en annexe des instructions officielles, pour son rôle culturel, et on invite les enseignants à proposer l'étude de documents historiques. Dans le programme de collège de l'année 2005, la pratique de démarches historiques dans l'enseignement des sciences est clairement explicitée comme support dans l'application de la démarche d'investigation, autour des thèmes de la digestion, de la circulation mais aussi de l'évolution, de la découverte des antibiotiques ou du modèle de la tectonique des plaques. La réforme 2010 de l'enseignement scientifique en classe de seconde puis classe de première S, confirmera cette utilisation de l'histoire des sciences pour construire ou illustrer la démarche d'investigation.

Pour l'histoire des sciences a souvent été revendiquée comme un outil pour faire de l'épistémologie des sciences et expliquer la nature des sciences, mais sans succès. Savaton (2011, p.108-109 et 123) propose de rapprocher la didactique des sciences de la démarche historique pour s'éloigner d'une approche historique jugée au service d'une épistémologie scolaire discutable. En effet, l'instrumentalisation de l'histoire des sciences comme auxiliaire à l'enseignement scientifique apparait dans la sélection de certains étapes de cette histoire, des étapes jugés significatives et utilisées pour soutenir une théorie, le plus souvent sans mise en contexte socioscientifique et politique de cette histoire.
C'est une vision linéaire et progressive de l'histoire des sciences qui s'exprime dans les instructions officielles, en classe de première S notamment : en partant du modèle actuel de la tectonique des plaques, les concepteurs du programme ont déterminé des étapes conceptuelles qu'ils ont ensuite recherchées historiquement. C'est une reconstructiion de l'histoire qui est proposé, au service d'une démonstration [...] d'une narration de la science. Plus exactement, dans le programme de première S, il s'agirait de démontrer qu'un modèle scientifique est une construction qui s'affine et se précise au cours du temps. Par sa valeur prédictive, le modèle permettrait la découverte de faits nouveaux, souvent conditionnée par les progrès techniques. Ces faits nouveaux permettraient l'évolution du modèle et son perfectionnement. L'histoire des sciences devient ici un outil au service de cette épistémologie scolaire particulière...

 

Exercice : En s'inspirant des documents ci-dessous, proposez une suite logique de mises en scène didactique (2 à 4 seances de classe pour des élèves de première S) de l'histoire des idées mobilistes et de la tectonique des plaques au cours des XIXe et XXe siècle. Ces mises en scène, tant que possible interdisciplinaires, viseront à montrer quelques aspects de la nature des sciences et de leur dynamique, en relation avec les contextes socioscientifiques et politiques de l'époque.

Les thèmes d'éducation scientifique citoyenne à développer dans vos séances sont indiqués dans le tableau ci-dessous. Vous préciserez clairement à quel(s) thème(s) se rapportent chacune de vos séances. Vous n'hésiterez pas à évoquer l'utilisation d'autres documents scientifiques et pédagogiques de votre choix, qui sembleraient utiles à votre projet didactique.

THEMES
about the nature of science
Educational aims :
Students should be taught that...
Science and Questioning
an important aspect of the work of a scientist is the continual and cyclical process of asking questions and seeking answers, which then lead to new questions. This process leads to the emergence of new scientific theories and techniques which are then tested empirically.
Status of Scientific Knowledge
scientific knowledge produces reliable knowledge of the physical world [...], general and universal [...].
Scientific explanations are based on models and representations of reality.
Hypothesis and Prediction
scientists develop hypotheses and predictions about natural phenomena. This process is essential to the development of new knowledge claims.
Science and Creativity
science is an activity that involves creativity and imagination as much as many other human activities, and that some scientific ideas are enormous intellectual achievements. Scientists, as much as any other profession, are passionate and involved humans whose work relies on inspiration and imagination.
Science and Certainty
why much scientific knowledge, particularly that taught in school science [and school texts], is well-established and beyond reasonable doubt, and why other scientific knowledge is more open to legitimate doubt. Current scientific knowledge is the best we have but may be subject to change in the future, given new evidence or new interpretations of old evidence.
Observation and Measurement
observation and measurement are core activities of scientists; most measurements are subject to some uncertainty but there may be ways of increasing our confidence in a measurement.
Analysis and Interpretation of Data
the practice of science involves skilful analysis and interpretation of data. Scientific knowledge claims do not emerge simply from the data but through a process of interpretation and theory building [...]. It is possible for scientists legitimately to come to different interpretations of the same data, and therefore, to disagree.
Diversity of Scientific Thinking
science uses a range of methods and approaches and that there is no one scientific method or approach.
Science and Technology
although there is a distinction between science and technology, the two are increasingly interdependent as new scientific discoveries are reliant on new technology and new science enables new technology
Cooperation and Collaboration in the Development of Scientific Knowledge
scientific work is a communal and competitive activity. Whilst individuals may make significant contributions, scientific work is often carried out in groups, frequently of a multidisciplinary and international nature. New knowledge claims are generally shared and, to be accepted by the community, must survive a process of critical peer review. developments in scientific knowledge are not undertaken in isolation, but may be shaped by particular contexts.
Constraints on Development of Scientific Knowledge
scientific knowledge is developed within the context of a range of constraints that may shape it and its uses. scientific research is undertaken in a variety of institutions by individuals who have differing social status within the scientific community. Scientists generally have expertise only in one specific subdiscipline of science
Urgelli (2013), d'après Bartholomew, H., Osborne, J.F., Ratcliffe, M. (2002) et Osborne J., Collins S, Ratcliffe M., Millar R., Duschl R. (2003).

AVERTISSEMENT : votre approche doit permettre de ne pas penser les sciences uniquement en terme de savoir. Elle évitera une lecture temporelle et linéaire de l'histoire qui décontextualise le récit scientifique et permet uniquement de dresser une liste des grandes premières scientifiques. Cette lecture, qualifiée d'histoire jugée, n'aide pas à comprendre la nature des sciences, leurs dynamiques et les choix des scientifiques au moment où ils sont en train de faire la science. Même s'il est pourtant difficile de ne pas être aussi un partisan de l'histoire jugée, un tel récit gére difficilement la dynamique multiforme et en rhizomes des sciences. D'après Pestre, D. (2006).

Instructions officielles

Programmes de l’enseignement de sciences de la vie et de la Terre au collège - Introduction commune
Bulletin officiel spécial n° 6 du 28 août 2008, p.1.

La perspective historique donne une vision cohérente des sciences et des techniques et de leur développement conjoint. Elle permet de présenter les connaissances scientifiques comme une construction humaine progressive et non comme un ensemble de vérités révélées. Elle éclaire par des exemples le caractère réciproque des interactions entre sciences et techniques.

Programmes de l’enseignement de sciences de la vie et de la Terre au lycée
Bulletin officiel spécial n° 4 du 29 avril 2010, p.2-4.

Si les connaissances scientifiques à mémoriser sont raisonnables, c’est pour permettre aux enseignants de consacrer du temps à faire comprendre ce qu’est le savoir scientifique, son mode de construction et son évolution au cours de l’histoire des sciences [...].
L'approche historique d'une question scientifique peut être une manière originale de construire une démarche d'investigation. L'histoire de l'élaboration d'une connaissance scientifique, celle de sa modification au cours du temps, sont des moyens utiles pour comprendre la nature de la connaissance scientifique et son mode de construction, avec ses avancées et éventuelles régressions. Il conviendra de veiller à ce que cette approche ne conduise pas à la simple évocation d'une succession événementielle et à ne pas caricaturer cette histoire au point de donner une fausse idée de la démonstration scientifique : si certains arguments ont une importance historique majeure, il est rare qu'un seul d'entre eux suffise à entraîner une évolution décisive des connaissances scientifiques ; de même, il serait vain de prétendre faire « réinventer » par les élèves, en une ou deux séances, ce qui a nécessité le travail de plusieurs générations de chercheurs.

Capacités et attitudes développées tout au long du programme de sciences de la vie et de la Terre au lycée
d'après le Bulletin officiel spécial n° 4 du 29 avril 2010, p.7.

  1. Pratiquer une démarche scientifique (observer, questionner, formuler une hypothèse, expérimenter, raisonner avec rigueur, modéliser).
  2. Recenser, extraire et organiser des informations.
  3. Comprendre le lien entre les phénomènes naturels et le langage mathématique.
  4. Manipuler et expérimenter.
  5. Comprendre qu’un effet peut avoir plusieurs causes.
  6. Exprimer et exploiter des résultats, à l’écrit, à l’oral, en utilisant les technologies de l’information et de la communication.
  7. Communiquer dans un langage scientifiquement approprié : oral, écrit, graphique, numérique.
  8. Percevoir le lien entre sciences et techniques.
  9. Manifester sens de l’observation, curiosité, esprit critique.
  10. Être capable d’attitude critique face aux ressources documentaires.
  11. Montrer de l’intérêt pour les progrès scientifiques et techniques.
  12. Être conscient de sa responsabilité face à l’environnement, la santé, le monde vivant.
  13. Avoir une bonne maîtrise de son corps.
  14. Être conscient de l’existence d’implications éthiques de la science.
  15. Respecter les règles de sécurité.
  16. Comprendre la nature provisoire, en devenir, du savoir scientifique.
  17. Manifester de l’intérêt pour la vie publique et les grands enjeux de la société.
  18. Savoir choisir un parcours de formation.

Classe de Première S
La tectonique des plaques : l’histoire d’un modèle

Bulletin officiel spécial n° 9 du 30 septembre 2010, p.4-6.

Extraits des capacités et attitudes associées à cette partie du programme

Les grandes lignes de la tectonique des plaques ont été présentées au collège. Il s’agit, en s’appuyant sur une démarche historique, de comprendre comment ce modèle a peu à peu été construit au cours de l’histoire des sciences et de le compléter. On se limite à quelques étapes significatives de l’histoire de ce modèle. L’exemple de la tectonique des plaques donne l’occasion de comprendre la notion de modèle scientifique et son mode d’élaboration. Il s’agit d’une construction intellectuelle hypothétique et modifiable. Au cours du temps, la communauté scientifique l’affine et le précise en le confrontant en permanence au réel. Il a une valeur prédictive et c’est souvent l’une de ces prédictions qui conduit à la recherche d’un fait nouveau qui, suivant qu’il est ou non découvert, conduit à étayer ou modifier le modèle. La solidité du modèle est peu à peu acquise par l’accumulation d’observations en accord avec lui. Les progrès techniques accompagnent le perfectionnement du modèle tout autant que les débats et controverses.

NB - À partir de l’exemple de la tectonique des plaques, les élèves seront conduits à comprendre quelques caractéristiques du mode de construction des théories scientifiques.

  • Comprendre les difficultés d’acceptation des premières idées de mobilité […]
  • Comprendre comment des observations fondées sur des techniques nouvelles ont permis de dépasser les obstacles du bon sens apparent […]
  • Comprendre comment la convergence des observations océanographiques avec les mesures de flux thermique a permis d’avancer l’hypothèse d’une expansion océanique réactualisant l’idée d’une dérive des continents
  • Comprendre comment la corrélation entre les anomalies magnétiques découvertes sur le plancher océanique et la connaissance plus ancienne de l’existence d’inversion des pôles magnétiques confirma l’hypothèse de l’expansion océanique […]
  • Comprendre comment désormais des faits ne s’intégrant pas a priori avec le modèle initial (volcanisme intraplaque) permettent un enrichissement du modèle (théorie des points chauds) et non son rejet.
  • Corréler les directions et les vitesses de déplacements des plaques tirées des données paléomagnétiques avec celles déduites de l’orientation et des âges des alignements volcaniques intraplaques.

La révolution scientifique de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle
Urgelli, 2012

Pour la seconde moitié de XIXe siècle, Pestre considère que la chimie, la télégraphie, l'électricité, la radio sont des cas d'école. Kelvin, philosophe de la nature au Royaume Uni et Maxwell contribueront directement, techniquement et théoriquement, au projet impérial de réseau de cables télégraphiques transatlantiques, via l'Association britannique pour l'avancement des sciences. En relation avec les compagnies qui posent les cables, leur but était de faire progresser les savoirs mais dans le même mouvement de développer des techniques permettant de gagner de l'argent et de contribuer à la puissance de l'empire dans sa lutte commerciale et militaire contre les autres nations. Les mêmes acteurs circulent donc entre plusieurs mondes. Pour Pestre, ce moment qu'on a appelé révolution scientifique est un moment de fondation et d'invention d'une science moderne marquée par le souci de l'opérationnalité et de la maitrise, via l'expérience controlée et la mathématisation. Dès lors, il n'est plus de science pure qui vive séparée du monde et la dynamique devient principalement socioscientifique.
On pourrait décrire cette dynamique socioscientifique à partir de l'exemple des géophysiciens impliqués dans l'exploration pétrolière de fonds océaniques dans les années 1960. En pleine guerre froide et à la suite de la troisième année polaire internationale (Année Internationale de la Géophysique, 1957-1958), la théorie de l'expansion des fonds océaniques obtiendra la robustesse qu'on lui connait actuellement.


Deparis, V. & Legros, H. (2000). Voyage à l'intérieur de la Terre. Une histoire des idées. CNRS Editions.

La période de 1830 à 1900 est marquée par une confrontation entre les implications de la géologie et des phénomènes de mécanique terrestre. Le volcanisme, la formation des montagnes, l'équilibre isostatique de la croute suggéré par les mesures gravimétriques, nécessitent [...] une fusion interne sous une croute de faible épaisseur. Les travaux de mécanique sur la rotation de la Terre [...], sur les déformations élastiques du globe [...], sur les déformations plastiques de la Terre [...] et sur la figure d'équilibre de la Terre favorisent au contraire un globe solide.


Le modèle de Terre consensuel
des années 1870-1880


Modèle de Terre en densité proposé en 1897
pour retrouver la densité moyenne et l'aplatissement de la Terre.

Pour les géologues [...], la fluidité interne est prouvée d'une manière irréfutable par les éruptions volcaniques, par les phénomènes isostatiques [...]. Pour les mécaniciens, le seul argument de la très grande rigidité indiquée par les marées suffit à impliquer une Terre globalement solide. Chacun dans sa discipline possède une méthode particulière (basée sur l'observation ou sur des calculs théoriques), et garde à l'esprit des points précis (volcans, marées,...) qui imposent une certaine idée sur l'intérieur de la Terre. Chacun a ses images mentales, des présupposées, une culture et une intuition d'où découlent certains modèles de Terre. Cela indique [...] l'importance des a priori dans l'interprétation des phénomènes, et surtout la difficulté de tenir compte de l'ensemble des faits en ne s'appuyant pas exclusivement sur une seule catégorie de phénomènes. Entre les positions extrêmes du camp des fluidistes et de celui des solidistes, des géologues et des physiciens cherchent à concilier les impératifs de la géologie et les implications de la mécanique terrestre. Le modèle qui vers les années 1870-1880 réalise alors un certain consensus est celui d'une Terre composée d'une croûte solide de faible épaisseur, d'une couche intermédiaire plus ou moins fludie et d'un noyau solide (p.376).

Cordier, en 1827, en s'appuyant sur l'observation des météorites dont certaines montraient une composition riche en fer, supposait que le fer à l'état métallique, allié au nickel, pouvait [...] entrer abondamment dans la composition interne de la Terre et que le globe pouvait renfermer un noyau de fer. L'analogie entre les météorites et la Terre est poursuivie [...]. Les valeurs de Roche en 1881 et de Wiechert en 1897 sont [...] les premières estimations de la densité et du rayon du noyau terrestre. (p.386-389).
En 1909, dans la quatrième partie du tome III de son livre La Face de la Terre, Suess rappelle que les météorites peuvent être considérées comme des débris d'une planète "anonyme" qui circulait jadis entre Mars et Jupiter. Cette planète hypothétique, formée par l'ensemble des météorites, permet d'imaginer par analogie la composition de la Terre. Suess propose trois zones ou enveloppes : au centre, la barysphère ou le nife, composée essentiellement de fer et de nickel ; ensuite, la couche de sima dont les minéraux sont principalement constitués de silicium et de magnésium, et enfin la couche de sial dont les minéraux sont principalement constitués de silicium et d'aluminium (roches feldspathiques) [...] Ce modèle de Terre restera longtemps la référence dans le milieu des géologues même si les profondeurs des interfaces seront repositionnées par la sismologie (p. 391).

Pendant toute la première partie du XXe siècle, il s'agira de trouver des modélisations rhéologiques des couches de la planète qui permettent de rendre compte à la fois de la propagation des ondes sismiques, des déformations dues aux marées ou aux perturbations de la rotation et des phénomènes géologiques. Il s'agira en particulier de comprendre la notion de viscosité et le rôle du temps dans le comportement du globe, et de chercher à rapprocher la modélisation physique d'une vision réaliste de la Terre (p.403).

2. La période qui débute en 1900 et s'arrête vers les années 1960 [...] est marquée par les progrès rapides et importants dans tous les domaines et proviennent de la multiplication des mesures physiques : mesures sismologiques, géodésiques, magnétiques, de déformations élastiques du sol, du mouvement du pôle de rotation, des paramètrs physiques des roches. Les recherches sur la dynamique terrestre se développent avec des travaux sur les mouvements isostatiques, sur la dérive des continents et sur les mouvements convectifs. Au cours de cette période, les études se spécialisent et aboutissent à différents modèles de Terre : modèles élastique, sismologique, thermique, gravimétrique, magnétique et tectonique, sans toutefois qu'une synthèse globale puisse s'imposer. (p.19-21).

Parmi les découvertes importantes faites aux alentours des années 1900 et qui ont marqué l'étude de la Terre, notons principalement celle de la radioactivité naturelle de certains corps. Le développement final de la mécanique classique des milieux continus a également une importance considérable pour l'étude de la dynamique du globe [...] Elle comble de façon phénoménologique le hiatus entre la mécanique des solides et la mécanique des fluides en permettant de modéliser le fluage plastique et visqueux des corps. (p. 405-406). Au cours de la période, le cumul de plus en plus important des informations peut s'effectuer au sein d'organisations internationales. Après l'Association internationale de géodésie en 1863 et le Service international des latitudes vers 1885, la sismologie se regroupe vers 1903 et l'Union géodésique et géophysique internationale est créée en 1922. Les nombreuses observations géophysiques amènent le développement d'une grande diversité de moélisations. (p.406).

Les mesures thermiques
ne se développent qu'à la fin de la période avec celles pratiquées sur le flux de chaleur en surface aussi bien sur Terre qu'en mer. Les études thermiques sont toutefois entièrement renouvelées par la découverte de la radioactivité qui remet en cause l'idée d'un refroidissement inéluctable de la planète [...]
Les mesures magnétiques [...] mettent en évidence l'inversion globale du champ magnétique et suggèrent une piste pour tester les dérives continentales [...] La génération du champ magnétique terrestre est expliquée par l'idée de la théorie dynamo [...] qui suggère que le noyau fluide est animé de courants de matière.

Dans le domaine de la géologie, on se situe dans le prolongement de la grande synthèse de Suess. Cependant, le contexte évolue avec le développement de la radiochronologie qui permet une datation absolue des roches et des époques, ainsi qu'une détermination de l'âge de la Terre (p.407). La géologie du début de XXe siècle est soumise à de nouvelles contraintes apportées par l'exploration océanique et la physique. Alors qu'elle expliquait l'histoire et les structures des continents par l'étude des strates et des montagnes, elle se voit obligée d'expliquer ce qui se passe dans les bassins océaniques où des nouveaux problèmes apparaissent. En outre, les deux grandes idées qui structuraient la géologie à la fin du XIXè siècle, la théorie de Laplace de la formation chaude de la planète à partir d'une nébuleuse primitive et la théorie du reforidissement séculaire se trouvent remises en question. Enfin, le problème géologique se modifie dans la mesure où il doit s'intégrer dans l'immense durée révélée par la radiochronologie et prendre en compte les informations apportées par la sismologie [...], la gravimétrie et la prospection géophysique [...] Elles permettent le développement de très nombreux modèles relatifs à la tectonique, de la même manière qu'on avait observé un foisonnement de modèles géophysiques. [...].

Un concept essentiel émerge qui privilégie le mobilisme relativement au fixisme ou au permanentisme. Le mobilisme se manisfete aussi bien par l'image des dérives continentales que par la mécanique des mouvements de convection. L'introduction de ce nouveau concept sera l'occasion de débats et de polémiques houleuses [...] pour les uns, la planète, bien que solide peut se déformer comme un fluide aux longues échelles de temps et être animé de mouvements superficiels et profonds d'une grande amplitude ; pour les autres, la Terre solide garde un comportement rigide même à travers les longues échelles de temps et ne permet que des mouvements horizontaux et verticaux de faible ampleur [...] Il s'agit maintenant de comprendre comment une Terre rigide peut permettre des phénomènes de fluages plastiques ou visqueux, et ainsi d'essayer d'expliquer conjointement les observables géologiques, physiques et mécaniques. (p.475-476).

L'aventure océanographique commence dans les années 1920, grace à la mise au point des sondages par la méthode des ultrasons. La topographie accidentée des fonds sous-marins ainsi révélée se présente avec des montagnes et surtout des fosses en bordure du Pacifique et dans les Antilles. L'exploration s'intensifiera au lendemain de la Seconde Guerre mondiale grâce au développement de l'océanographie et des techniques de reconnaissance sous-marine (échosondeur, écoute sismique, détection magnétique,...). Mais c'est à la fin des années 1950 que les différentes structures océaniques seront identifiés, avec en particulier la découverte des rides [...] dans les océans du globe [...] et de zones de fractures particulièrement remarquables.(p.477).

Les études géologiques de la première partie du XXe siècle se situent dans le prolongement de celles du siècle précédent. Il s'agit essentiellement d'établir des cartes détaillées de la géologie des continents et de préciser les processus géométriques, géographiques et génétiques des chaines de montagnes. [...] L'idée de cycles orogéniques, développée au XIXe siècle, avec des périodes d'activité tectonique, de construction de montagnes et des périodes de repos est fortement réaffirmée [...] (p.478). La géologie continentale du XXè siècle [...] ne montre pas d'aspects réellement novateurs.

Ce sont plutot les observations géophysiques, en particulier de la sismicité et des anomalies de champ de gravité qui ouvrent de nouvelles perspectives de recherche. [...] Deux familles de séismes, dans les montagnes actuelles et sur le fond des océans, se complétent pour dessiner des lignes qui encadrent des aires stables de l'écorce terrestre. Ce fait conforte les idées de Haug sur la répartition des géosynclinaux [...] les phénomènes tectoniques ne concerneraient que des ceintures étroites entourant des unités continentales ou océaniques stables (p.479).

Carte des épicentres des grands séismes de 1913 à 1933
In Coulomb J. (1952).


Carte des aires continentales. In É. Haug, Les géosynclinaux et les aires continentales

Une théorie, inaugurée par Reid en 1910, et connue sous le nom de théorie du rebond élastique [...] relie pour la première fois [...] la notion de tremblement de Terre à celle de mouvement tectonique. Elle met en évidence l'importance du concept de faille et permet le développement de la notion de mouvement cohérent de parties de la croute.
Une autre observation géophysique [...] est celle des anomalies de gravité, principalement en mer. Ces anomalies [...] occupent une place essentielle dans les conceptions tectoniques [...] les observations sismiques et gravimétriques [...] apportées par une communauté de chercheurs qui n'étaient pas géologues de formation, vont compliquer les schémas explicatifs de la tectonique classique et permettre un autre regard sur les structures géologiques de la Terre. (p.479-480).

La théorie de la contraction thermique et la formation des chaines de montagnes

L'idée de la contraction du globe due à son refroidissement progressif a joué [...] un role très important tout au long du XIXe siècle pour expliquer la formation des montagnes [...] Ces études sont poursuivies au début du XXe siècle par Holmes et son changement de position et surtout par Jeffreys. Les difficultés nouvelles résultent de la production de chaleur par les désintégrations radioactives. Pour Jeffreys, cette production interne n'empêche pas le refroidissement de la Terre au cours des temps [...] la compression externe due à la contraction thermique reste la principale cause de l'orogenèse [...] Dès 1920, la constestation vient de considérations sur l'ampleur des mouvements horizontaux observés dans les chaines de montagne et de doutes sur la notion même du refroidissement progressif de la Terre au cours des temps [...] Les mouvements tangentiels de large envergure, nécessaires pour expliquer la formation des montagnes, apparaissent incompatibles avec la théorie de la contraction thermique [...] l'hypothèse de base de la contraction thermique qui est le refroidissement du globe est elle-même réfutée par un certain nombre d'auteurs dont Joly et Holmes [...] des auteurs considèrent l'état thermique du globe comme un état d'équilibre entre la production de chaleur par la radioactivité interne et son émission vers l'espace (p. 480-482).

La dérive des continents

Contrairement aux études sur la contraction thermique, la théorie de la dérive des continents ne cherche pas seulement à expliquer la formation des montagnes. [...] Elle introduit l'idée essentielle du mobilisme, où des mouvements de très grandes ampleurs sont envisagés [...] Wegener n'est pas le premier à imaginer une translation continentale [...] mais il est le premier à étayer son hyopthèse par un nombre considérable de preuves émanant de sources très diverses, élaborant ainsi une théorie scientifique cohérente [...]. Les arguments paléontologiques de liaisons intercontinentales ne manquaient pas [...] Suess et Neumayr s'en servaient déjà pour réunir les continents actuels en d'anciennes unités continentales qui se seraient ensuite effondrées [...] la théorie concurrente à celle de Suess, soit celle de la permanence des océans et des continents (théorie de Dana), et qui est renforcée par l'isostasie et par toute preuve de différence de nature entre les fonds océaniques et les socles continentaux, est contraire aux preuves paléontologiques et biologiques de liaisons intercontinentales. Les deux théories de la fin du XIXe siècle, celle de Suess et celle de Dana, sont donc toutes les deux en contraction avec les faits nouveaux ; Wegener [...] montre comment les translations peuvent réconcilier à la fois les preuves paléontologiques et les exigences de l'isostasie [...] Il cherche à conforter son idée par toute une série d'indices nouveaux [...] il avance des arguments géologiques, paléoclimatiques et géodésiques [...] C'est cette globalité, cette possibilité de rendre compte d'une multitude de phénomènes, de regrouper les arguments des différentes disciplines des sciences de la Terre (paléontologie, paléoclimatologie, stratigraphie, géologie, géodésie, géophysique) qui donne à l'idée de la dérive son originalité, son intérêt et sa force, et qui met en évidence sa très grande fécondité. Wegener poursuit en quelque sorte la démarche de Suess [...] en approfondissant la géologie comparée et en précisant les rapports entre les différentes parties du globe, et, d'autre part, en développant une vue générale de la surface de la Terre [...] regroupant les différentes approches possibles (p.484-491).

Les forces de la dérive

L'hypothèse de la dérive n'est donc envisageable que par la possibilité d'un comportement fluide de la couche simatique sous jacente. [...] les forces postulées sont [...] la force vers l'équateur, les forces de précession, les frictions des marées et l'attraction directe entre les continents [...] Wegener, avec d'autres auteurs, estime que ces différentes forces, bien que très faibles, peuvent produire un déplacement appréciable des continents car elles agissent constamment dans la même direction et avec la même intensité pendant tous les temps géologiques [...] Cette affirmation [...] constitue le point le plus controversée de la théorie [...] Toute la difficulté réside donc encore une fois, comme pour les problèmes isostatiques, dans la compréhension du comportement rhéologique de la Terre. Les couches externes du globe possèdent-elles [...] un seuil de plasticité ? Est-il possible qu'elles se laissent déformer par des forces extremement faibles mais agissant pendant de très longues durées, ou faut-il qu'un seuil soit dépassé ? [...] Au cours des discussions sur la théorie de Wegener, [...] le mécanisme invoqué pour expliquer la dérive ne peut pas être pleinement satisfaisant [...]

Bull, en 1921, [...] propose l'idée remarquable de mouvements convectifs résultant [...] d'un chauffage différentiel du à une distribution non uniforme des éléments radioactifs. [...] Les hypothèses de Bull [...] très proches de celle de Holmes [...] posent l'idée que les mouvements des continents peuvent être la manifestation en surface de mouvements profonds et que le mécanisme responsable du déplacement des continents est l'évacuation thermique contenue dans la Terre (p.492-500).

En 1930, l'année de la mort de Wegener, [...] la théorie de la dérive ne s'impose pas [...] Les objections au mécanisme causal sont [...] légitimes [...] l'absence presque totale de connaissances dans la géologie des océans limitait les tentatives d'appréhension générale du globe et a certainement beaucoup joué dans le refus des vues de Wegener : sa synthèse était trop précoce, les connaissances sur le globe trop partielles [...] les années 1930-1950 sont caractérisées par une absence assez nette de confrontation [...] que ce soit chez les partisans comme chez les négateurs [...] Il faut dire qu'un certain nombre de géologues et de géophysiciens ne sont que très peu préoccupés par cette théorie. Elle ne leur parait d'aucune utilité dans leurs investigations personnelles, que ce soit par exemple pour l'étude de la structure géologique de régions continentales précises ou pour la détermination d'un modèle de Terre en densité et en composition chimique. Chaque spécialité semble plus concernée par l'approfondissement de son domaine d'étude que par le développement d'une vue générale sur la Terre, et peut sans difficulté aucune se passer d'une théorie sur les translations continentales. (p.502-504).

Les études paléomagnétiques permettent donc la confirmation des idées de Wegener. Malgré tout, ces nouveaux arguments n'apparaissent pas suffisamment concluants pour remporter l'adhésion. Les doutes sur la qualité des mesures sont trop importants et on reproche aux paléomagnéticiens d'avoir trop négligé les possibilités d'altération des aimantations anciennes, soit par disparition, soit par addition d'aimantations parasites. Jeffreys (1959) demande même si le marteau nécessaire pour briser les roches transportées au laboratoire n'affecte pas leur magnétisme. [...] Malgré les données paléomagnétiques, la théorie des translations continentales ne s'impose toujours pas [...] la plupart des arguments pro ou anti-wegenériens restent sensiblement les mêmes en 1960 qu'en 1930 : ils ne reposent toujours que sur la géologie continentale et n'incorporent pas la géologie des fonds océaniques (p.507).

L'opposition mobiliste-fixiste par rapport aux déplacements superficiels de blocs continentaux n'a donc pas connu de développement significatif entre 1930 et 1960. elle s'est cependant développé dans une autre direction [...] avec la confrontation soulevée par l'hypothèse des courants de convection d'origine thermique. Le mobilisme n'est plus superficiel mais interne. Les théories convectionnistes [...] ne sont pas (si l'on excepte Holmes) reliées à la théorie de Wegener, ni invoqués pour donner les forces de la dérive, mais plutot pour fournir les forces de l'orogenèse (p.507).

Bilan de la période 1900-1960

L'idée marquante est l'introduction de la notion de mobilisme, d'une part grâce à la théorie de la dérive des continents par Wegener en 1912 puis, d'autre part, sur la base de l'hypothèse des courants de convection. Les études mécaniques cherchant à prouver ou à réfuter ces idées sont extrêmement nombreuses [...] Toutefois, malgré la richesse et la multiplicité des idées émises à l'époque, une vision globale de la Terre ne s'impose pas. Il faudra attendre les années 1960, à la suite de l'exploration systématique des fonds des océans, pour qu'une synthèse des différentes connaissances acquises au cours du siècle soit possible (p.407).
L'absence d'une théorie unificatrice est troublante lorsqu'on sait que la situation va évoluer très rapidement au cours des années 1960 et que la théorie tectonique globale qui va s'imposer aura pour base les idées de dérives continentales et de convection mantellique émises très tot par Wegener et Holmes. A la fin des années 1950, les deux théories de la dérive et de la convection restent toutefois deux théories séparées. On ne saisit pas comment les courants de convection pourraient être le moteur du mouvement des continents. L'idée manque pour réunir les idées dispersées et ce n'est que lorsqu'on trouvera l'articulation entre les mouvements internes et les mouvements superficiels qu'une vision unifiée des phénomènes de surface pourra advenir. (p.550)

3. L'époque actuelle

L'année géophysique internationale (1er juillet 1957 - décembre 1958) et le lancement des premiers satellites articificiels pourraient marquer le début de l'époque actuelle. Cette dernière période, par le nombre et l'actualité des travaux, ne peut pas encore faire l'objet d'une étude historique. Nous nous contenterons d'en donner les traits essentiels [...]. Suite à l'évolution des découvertes géophysiques et surtout à l'exploration généralisée des fonds océaniques, Hess (1962) émet l'hypothèse que les dorsales océaniques représentent la trace des courants ascendants de cellules de convection et que la ceinture volcanique circum-pacifique est la manifestation en surface des courants descendants (p.551). [...] L'idée de Hess est confortée par Morley, Vine et Matthews en 1963 qui interprétent les anomalies magnétiques découvertes sur le plancher océanique comme des marqueurs de l'expansion [...] En outre, l'échelle des inversions établie par les paléomagnéticiens permet de quantifier les vitesses d'expansion des océans, en associant les linéations magnétiques aux inversions correspondantes. Les indices de la dérive ne sont donc plus uniquement continentaux mais également océaniques et, puisqu'il est reconnu que les océans se sont ouverts, il n'est plus possible de nier que les continents ont dérivé ! [...] En 1967, on développe le concept de zones de subduction en interprétant les séismes profonds sous les fosses océaniques comme la trace du retour de la lithosphère océanique dans le manteau. Ces différentes approches seront synthétisées en 1967-1968 par Morgan, Mac Kenzie et Le Pichon qui formulent la théorie de la tectonique des plaques (p.552).

Cette nouvelle approche de la Terre a également bénéficié d'une autre évolution importante, liée à l'exploration planétaire. Les voyages lunaires des années 1969-1970, puis l'envoi de sondes vers les autres corps du système solaire, montrent des planètes géologiquement différentes de la Terre. La comparaison entre les divers corps du système solaire suscite la naissance d'une véritable science des planètes (p.553).

L'afflux extraordinaire d'informations apportées par les observations satellitaires, les expéditions océanographiques, les campagnes de prospection gravimétrique et sismique, les mesures sismologiques et les expériences de laboratoire aux hautes pressions et hautes températures. De plus, les moyens de calculs permettent de multiples modélisations à partir des solutions numériques des équations de la mécanique [...] Outre des précisions importantes apportées dans la modélisation thermique et dans les conceptions ds changements de phase dans le manteau, les développements majeurs concernent la prise en compte des variations latérales des paramètres physiques et le renouvellement des études géomagnétiques à partir de l'idée de dynamo auto-excitée (p.553-554).

Le modèle de Terre actuel et l'avènement d'une théorie fédératrice (la théorie de la tectonique des plaques et de la convection mantellique) apportent des réponses simples et convaincantes aux questions posées par les observations et les mesures de surface. (p.19-21).
La formulation d'un nouveau schéma explicatif général a été possible, où les différentes morphologies de la surface ont pu prendre sens. Un point important est la considération des phénomènes physico-chimiques (la différenciation magmatique et le métamorphisme) qui surviennent aux frontières de plaques et qui permettent de comprendre la formation de la croute océanique et de la croute continentale (p.557).

CONCLUSION :
Les conceptions actuelles reprennent le plus souvent d'anciennes idées contradictoires afin d'en montrer la complémentarité. De nombreuses controverses du passé ont ainsi été résolues par l'apparation d'un niveau plus profond de compréhension, qui a permis l'abandon d'une explication unique au profit de la diversité et la complexité : la Terre est à la fois à symétrie sphérique et à hétérogénéités latérales, à la fois fluide et solide, à la fois façonnée par des processus uniformitaristes et catastrophistes. La diversité des manifestations peut malgré tout être expliquée à l'aide d'un principe unificateur simple : le moteur thermique dû au refroidissement du globe. Il entraine la déchirure des plaques, la subduction de la matière froide et l'expansion des fonds océaniques, induit les mouvements lithosphériques fournissant les forces nécessaires à l'édification des structures géologiques et permet, aux frontières des plaques, des processus physico-chimiques à l'origine de la croute océanique et de la croute continentale. La compréhension actuelle de notre planète résulte ainsi à la fois de la reconnaissance de la variété des phénomènes et de la possibilité de son interprétation par une mécanisme thermique simple. [...] Dans cette longue exploration [...] soulignerons-nous assez l'intéret, la pertinence et la "beauté" des théories de chaque époque qui ont toutes le mérite de chercher une explication intelligente à la réalité, et de montrer l'ingéniosité et la créativité de la démarche scientifique (p.569).


Ellenberger, F. Hsitoire de la Géologie, Encyclopédie Universalis.

La géologie s'est constituée en une science organisée avec une étonnante rapidité, au début du XIX e siècle. Depuis lors, elle s'est progressivement développée, enrichie et diversifiée. […] lors de sa grande éclosion, cette science a bouleversé les rapports entre l'homme et le monde, en révélant la durée prodigieuse des temps qui ont précédé l'humanité, et en ressuscitant les mondes vivants innombrables qui, avant elle, s'étaient succédé sur la surface de la Terre. Ce faisant, elle empiétait forcément sur le domaine des enseignements des Églises. Certains ont volontiers allégué que la géologie moderne était née d'une victoire de la raison sur l'obscurantisme religieux, favorisée en outre par la révolution industrielle. […] les choses n'apparaissent pas aussi simples.

[...] entre 1810 et 1830, un prodigieux bond en avant se produit, exemple remarquable d'une révolution créatrice ; une communauté géologique internationale se crée ; les échanges et rencontres se multiplient. En 1807 est fondée la Geological Society of London. En 1830, ce sera le tour de la Société géologique de France ; dès lors, la géologie est une science adulte. Répugnant aux théories hâtives, elle se veut « positive », pressée de décrire méthodiquement la constitution géologique de territoires petits ou grands [...] C'est désormais une histoire de la surface terrestre, reconstituée pas à pas, qui est l'objectif essentiel.[...] Bornons-nous à quelques jalons.

On propose enfin une explication rationnelle de la formation des montagnes [...] Léonce Élie de Beaumont (1798-1874) relie logiquement l'orogenèse au refroidissement lent du globe, dogme admis durant tout le siècle (la première « tectonique globale », a-t-on écrit). Il montre que des « soulèvements » répétés ont affecté la France et les territoires voisins, soulèvements marqués par des discordances angulaires d'âges différents selon les lieux et, à distance, par des ruptures dans la sédimentation tranquille, accompagnées d'un changement de faune. Il y voit des catastrophes dues au brutal réajustement de la croûte terrestre devenue trop grande pour l'intérieur qui se contracte du fait de son refroidissement continu. [...]

L'orogenèse est révolutionnée, dans les années 1885-1900, par la découverte inattendue des grandes nappes de charriage, principalement dans les Alpes (Marcel Bertrand, 1847-1907, etc.). La seule contraction du globe par refroidissement devient inadéquate. Le fait des nappes implique un minimum de mobilité des continents. En 1924, Émile Argand (1879-1940) adopte de ce fait avec enthousiasme l'essentiel des idées d'Alfred Wegener (1880-1930). Notons que l'exploration de l'Ouest américain met en vedette les vastes mouvements verticaux lents [...] spontanés [...] ou par réajustement isostatique [...]. Le grand tectonicien Eduard Suess publie, entre 1883 et 1909, la première synthèse complète de la géologie structurale de la Terre mais refuse les mouvements ascensionnels de sa surface. La paléontologie et la micropaléontologie [...] ont fait des progrès vertigineux, au point d'obliger les spécialistes à limiter de plus en plus leur champ d'activité. Les fossiles restent l'instrument privilégié de datation des couches mais, désormais, au côté de méthodes physiques, au premier rang desquelles la radiochronologie, dont l'initiateur fut le physicien Ernest Rutherford et le pionnier en géologie Arthur Holmes [...]. Dès 1905, on suppute des âges de 2 milliards d'années, à la grande colère de lord Kelvin [...].

La géologie actuelle est l'aboutissement d'un développement historique qu'il faut connaître pour comprendre l'articulation logique des innombrables spécialisations où elle a tendance à s'éparpiller : c'est la conséquence de l'énorme accroissement, depuis les années soixante, du nombre de chercheurs et de publications. Cette situation n'a pas de précédent. [...] L'histoire nous tend un miroir ; elle nous montre notamment le danger des systèmes si bien construits que l'on a tendance à s'y enfermer, en se contentant de les enrichir frileusement du dedans. Les progrès futurs sont en général inattendus, voire dérangeants ([...] les nappes et la radioactivité brisent le consensus de la contraction, Wegener s'insurge contre les continents immuables, etc.). Les conduites humaines changent peu ; il est bon d'étudier la logique des erreurs passées : elles peuvent éclairer les voies de notre science actuelle, en nous incitant à ne pas nous enliser, à poursuivre avec esprit critique, indépendance et audace la quête séculaire, jamais achevée.


Hallam, A. (1976). Une révolution dans les sciences de la Terre. Editions Seuil.

On eut donc pu s'attendre, une fois passées les premières réactions de scepticisme, à ce que des équipes de chercheurs soient suffisamment stimulées par cette théorie pour tenter de la mettre à l'épreuve de diverses façons. Tel ne fut pourtant pas le cas avant la guerre, ni même immédiatement après. La plupart des chercheurs, au contraire, et surtout en Amérique du Nord, soit rejeterent purement et simplement l'hypothèse de la dérive des continents comme un tissu d'absurdités, soit conservèrent à son égard le plus grand scepticisme.

Holmes souffrit peut etre du peu de renommée de la revue qui l'avait publié [...]. Toujours est-il que la grande majorité des géologues et des géophysiciens pensaient pouvoir reléguer les théories générales comme celle de la dérive des continents au ban de leurs préocupations, et se cantonner dans leurs diverses spécialités. Il fallut l'irruption explosive de données et d'idées nouvelles, qui, dans les deux décennies qui suivirent 1950, résultat du très grand élargissement de la communauté scientifique pour que l'on prenne conscience de l'état de stagnation intellectuelle qui avait caractérisé l'histoire des sciences de la Terre dans les décades précédents. (p.60).

L'une des principales raisons pour lesquelles la controverse d'avant-guerre s'était montrée si peu féconde était notre ignorance totale de la constitutions des fonds océaniques qui, compte tenu des mers intérieures, ne couvrent pas moins de 70% de la surface de la planète. Nos connaissances en ce domaine devaient s'accroitre considérablement à partir des années cinquante et beaucoup d'idées se trouvaient modifiées par suite des nouveaux travaux océaniques. Cependant, c'est dans un autre domaine relativement récent, celui de l'aimantation des roches que la conception encore régnante de continents fixes fut pour la première fois sérieusement ébranlée (p.61).

Dans le cadre d'un programme connu sous le nom de JOIDES (programme d'échantillonnage profond commun aux instituts océanographiques), et financé par la National Science Fundation des Etats-Unis, le batiment de forage Glomar Challenger entreprit une série d'expéditions en prenant à son bord successivement différentes équipes scientifiques internationales. Un système unique de postionnement dynamique, controlé par ordinateur, maintenait le navire immobile dans des eaux trop rofondes pour qu'on put y jeter l'ancre. Il fut ainsi possible d'obtenir, par des fonds supérieurs à 6000 mètres, des carottes de sédiments de plus de 1000 mètres, ce qui constituait un extraordinaire exploit technologique. (p.99)

Réflexions sur une révolution scientifique
in
Hallam, A. (1976). Une révolution dans les sciences de la Terre. Editions du Seuil, pp. 151-165.

Kuhn s'oppose à l'idée traditionnelle selon laquelle le progrès scientifique consisterait en l'accumulation progressive de découvertes et d'inventions. Kuhn considère que les révolutions scientifiques se font par la substitution d'un paradigme, c'est-à-dire d'une conception du monde, à un autre. (p.153) [...] L'acquisition d'un paradigme est un signe de maturité dans le développement d'une science. Faute de cette acquisition, les faits sont rassemblés au gré du hasard et les preuves ne peuvent avoir qu'un très faible poids. Dans ces conditions, la simple accumulation de données ne produit souvent rien de plus qu'un chaos informe. [...] En ce qui concerne les sciences de la Terre, il est clair que c'est la tectonique des plaques qui constitue, à l'heure actuelle, le paradigme dominant. Si l'on veut caractériser cette révolution conformèment à la définition de Kuhn, il est nécessaire de déterminer à quel paradigme la tectonique des plaques est venue se substituer [...]

Considérons par exemple la question de l'orogenèse. Au début du siècle, les chercheurs hostiles à l'hypothèse de la dérive des continents adoptaient sur cette question des points de vue divers et inconciliables entre eux. (p.154) [...] Le seul point commun qui ressort de ce salmigondis d'opinions est une conception de la Terre "stabiliste" et non mobiliste, qui attribue aux continents une position relativement immuable. Dans la mesure où c'est Wegener [...] qui le premier mit en doute le bien-fondé de cette hypothèse, on est en droit de considérer que cette révolution comença au tout début de ce siècle. Cependant, cinquante ans devaient s'écouler avant que de nouvelles preuves et de nouvelles idées amènent la communauté scientifique à opter pour le point de vue mobiliste et permettent la pleine formulation du nouveau paradigme (p.155).

[...] On peut certes s'interroger sur la signification de "révolutions" qui mettent parfois un demi-siècle à aboutir, guère plus rapides donc que d'autres modes, plus modestes, de transformation de la pensée et de la technique (p.156). [...] Ferme partisan d'une étude pluridisciplinaire de la Terre, Wegener soutenait que, vu l'impossibilité de soumettre les hypothèses géophysiques à des expériences déterminantes ainsi qu'on le fait en physique, il convenait d'accumuler des preuves glanées dans les domaines les plus divers, et dont aucune à elle seule n'autrait été concluante. (p.157-158). [...] Un des obstacles les plus sérieux fut sans doute l'absence, surtout en ce qui concerne les océans, de certaines preuves qui d'une manière ou d'une autre, cela est apparu clairement ces dix dernières années, étaient propres à lever les derniers doutes sur l'interprétation de Wegener. C'est ainsi que certains régions parmi les plus importantes, telles que l'Afrique du Sud ou l'Amérique du Sud, étaient inaccessibles à la majorité des géologues, à une époque où les crédits de mission étaient infiniment moins importants qu'aujourd'hui ; les chercheurs étaient donc contraints d'accepter de confiance bon nombre d'affirmations.

Cela ne saurait pourtant suffire à expliquer l'accueil hostile que rencontra sur le champ l'hypothèse de la dérive des continents [...] Aussi convient-il d'aller plus au fond des choses et de reconnaitre que le véritable obstacle au triomphe de Wegener n'était pas tant l'insuffisance des données qu'une certaine Gestalt de la Terre : le paradgime stabiliste. En effet, les données les plus immédiates, par exemple la forme des continents, peuvent être équivoques suivant le point de vue, statique ou mobiliste, que l'on adopte.

[...] les arguments géophysiques avancées par Jeffreys pour rejeter la dérive des continents étaient étayés par des observations quantitatives et par une connaissance en apparence supérieure des propriétés physiques de la Terre. On ne peut manquer d'être frappé par l'analogie entre cette situation et la controverse sur l'âge de la Terre qui opposa Lord Kelvin et les géologues de la fin du siècle dernier et dans laquelle le prestigieux physicien continua à avoir le dessus jusqu'à la découverte de la radioactivité des roches. [...] la théorie de Kelvin, selon laquelle la Terre devrait nécessairement se refroidir du fait qu'elle rayonne de la chaleur [...] fut finalement réfuté par l'importante découverte d'un autre physicien de premier rang [...] Rayleigh fit état, en 1906, de la découverte du radium dans un grand nombre de roches provenant des parties les plus variées de la planète. Une morale possible de cette histoire est que seul un physicien peut réfuter un autre physicien, parce qu'ils parlent le même langage (p.160). [...] En l'absence d'un mécanisme plausible de la dérive des continents, peu de géophysiciens pouvaient accepter de renoncer à leur Gestalt stabiliste, si fragile fut la base empirique sur laquelle ils la faisaient reposer. [...]

Une raison supplémentaire de l'hostilité que rencontra Wegener provient du caractère pariel des critiques que lui adressaient ses collègues, qui ne s'occupaient en général que de ce qui touchait à leur propre spécialité. A lire la littérature d'entre-deux-guerres, on s'aperçoit imédiatement qu'il n'existait pratiquement aucune communication, par exemple, entre les géophysiciens et les biologistes (y compris paléontologues). Seul un étranger à ce dernier domaine, tel que Wegener, pouvait observer que l'idée des passerelles continentales, chère à ces derniers, était indéfendable, mais qu'il fallait néanmoins trouver le moyen d'expliquer les ressemblances de la faune et de la flore d'un continent à l'autre.

Deux conceptions différentes de la nature de la pensée scientifique ont prévalu successivement au cours du temps. La conception la plus traditionnelle [...] représente la science comme une démarche essentiellement inductive, qui part des faits pour aboutir à des théories générales [...] une conception de la science comme activité de rassemblement et de classification des faits. Bien au contraire, une science est d'autant moins encombrée de faits qu'elle a atteint un plus grand degré de maturité. A mesure qu'une science progresse, les faits s'intégrent de mieux en mieux à des principes généraux d'une plus grande portée explicative [...] il n'est plus besoin d'enregistrer la chute de chaque pomme. D'où la seconde conception [...] qui considère la science comme fondamentalement hypothético-déductive. A partir des insuffisances de telle théorie traditionnelle; le scientifique formulerait une autre hypothèse pour expliquer les données existantes et en déduirait des conséquences qui seraient alors soumises à vérification. Cette conception rend certes beaucoup mieux compte de la nature effective du progrès scientifique et se rapproche étroitement de la méthode de Wegener lui-même [...] L'image véritable de ce qu'est la pensée scientifique est moins simple, mais plus intéressante ; elle est liée à la transformation de [...] paradigmes par la constitution de modèles théoriques, soumis à diverses conditions de "plausibilité", et ne peut etre considéréee hors du rapport qu'elle entretient avec toutes sortes de facteurs sociaux. [...] l'une des principales difficultés rencontrées par Wegener tient certainement au fait qu'il n'était pas reconnu comme faisant partie de la communauté des géologues professionnels [...] La théorie de la tectonique des plaques, fondée sur l'hypothèse de la dérive des continents, a remarquablement réussi à donner une explication cohérente de nombreux phénomènes géologiques et à offrir une représentation de l'évolution de la Terre plus intelligible que toutes celles dont on disposait jusque là. Il faut voir en elle le plus important progrès qui ait eu lieu dans le domaine des sciences de la Terre depuis qu'au début du XIXè siècle, le paradigme de l'évolution uniforme et celui de la corrélation stratigraphique fondée sur l'étude des fossiles avient donné à la géologie le rang de science véritable. Selon les critères habituels de précision, de généralité, de valeur explicative et de vérifiabilité, la tectonique des plaques apparait comme une théorie scientifique de très haute valeur [...] (p.163-165)

Article précurseur de Holmes (1929).

L'histoire des idées mobilistes et du modèle de la tectonique des plaques.
D'après Savaton, P. (2011). Histoire des sciences et enseignement du modèle de la tectonique des plaques. Revue RDST n° 3 : Didactique des sciences et histoire des sciences, p. 107-126

La filiation n'est pas directe entre le modèle de déplacement des continents à la surface des océans construit par Wegener et le modèle de la tectonique des plaques qui ne prend corps qu'une fois la surface du globe pensée en terme de plaques lithosphériques mobiles. Ce rapprochement peut etre source de confusions et de difficultés didactiques. L'histoire de la mobilité des continents ne peut être présentée en faisant l'impasse sur le XIXe siècle, et sur les modèles tectoniques d'Elie de Beaumont puis d'Eduard Suess (1897) auquel se référe explicitement Wegener. Le modèle de Suess fait donc partie du contexte et il s'inscrit dans le cadre paradigmatique de la géologie d'alors et notamment celui de la théorie du refroidissement séculaire. Wegener s'inscrit dans une histoire des idées, dans la continuité des discussions de la communauté géologique sur l'origine des montagnes mais il s'y inscrit de manière originale par sa démarche.

Le modèle de Suess rajoute à la tectonique verticale développée par Elie de Beaumont, une tectonique tangentielle, secondaire, mais génératrice de plissements et responsable de la formation des chaines de montagnes. Il définie le terme de Gondwana comme un super continent carbonifère, une unité géographique ancienne sur des critères paléontologiques et divise verticalement le globe en trois couches concentriques (sial, sima et nife). Suess voyait dans la séparation actuelle des continents l'expression des effondrements continentaux déjà proposés par Elie de Beaumont, en relation avec le refroidissement séculaire et la contraction thermique.

Le modèle de Suess est donc incompatible avec celui de l'isostasie de Dutton selon lequel la contraction thermique est insuffisante pour créer les reliefs observés à la surface du globe. Fisher développera un modèle d'équilibre isostatique où les continents allégés par érosion remonteraient tandis que les bassins océaniques comblés par les sédiments s'enfondreraient. La théorie de l'isostasie de Dutton prétendait unifier la géologie et la géophysique et permet de maintenir la permanence des océans et des continents, en réduisant le théorie de la contraction au moins dans la communauté anglo-saxonne qui y était déjà peu favorable.

Wegener va poser la mobilité horizontale comme une nécessité explicative et unificatrice d'un ensemble d'observations convergentes, parfois anciennes, parfois récentes.Il met en avant l'existence d'unités géologiques continentales qui semblent interrompus par la mer et cherche à démontrer qu'il ne peut s'agir d'un hasard. Il expose sa théorie contre celle des continents submergés, acccepté durablement selon lui uniquement parce qu'elle s'opposait à la théorie de la permanence des océans.

Ses deux communications de janvier 1912, publiés quelques mois plus tard dans des revues allemandes de rang international, sont prolongées par son ouvrage de 1915. L'ouvrage traduit en français en anglais, en russe, en suédois, largement lu et discuté, surtour à partir de 1924 par la large diffusion de la traduction anglaise et par sa présentations dans les revues Nature, Science et Geological Magazine. Son rejet, surtout par la communauté géologique et géophysique américaine, est l'expression d'une oppostion paradigmatique et épistémoliogique fondamentale et pas seulement la conséquence d'un argumentaire insuffisant (Oreskes, 1999). Il n'y a pas selon lui de permanence des océans et des continents comme le défend la communauté des géologues américains depuis le milieu de XIXe siècle selon les thèses de Dana.

Wegener réconcilie dans son modèle la théorie de l'isostasie de Dutton et le modèle de super-continent et de contraction thermique de Suess :
Si nous prenons comme base la théorie des translations, nous répondons à toutes les exigences justifiées, tant à celles de la loi des anciennes liaisons continentales qu'à celles de la permanence. Nous n'avons qu'à énoncer ces lois comme il suit : Ponts continentaux ? Oui, non pas grâce à des continents intermédiaires affaissés, mais à des socles continentaux jadis contigus. Permanence ? Oui, pas de chaque continent ou océan pris individuellement, mais permanence de la surface océanique totale et de la surface continentale totale prises en bloc (Wegener, La genèse des contients et des océans, p.21)

Son modèle n'est donc pas totalement nouveau (Oreskes, 1999). Ce qui est tout à fait original et en rupture, c'est la réconciliation de deux théories. Le Gondwana de Wegener se fracture et les blocs divergent, là où Suess faisait s'effondrer des masses continentales à l'emplacement des océans actuels. Dans le cadre des théories marquées par la permanence des océans et des continents du coté américain, et par la théorie de la contraction du coté européen, la seule explication aux distributions de faunes et de flore ne pouvait venir que de l'existence de continuités continentales.

La découverte de la radioactivité, en reconsidérant le paradigme du refroidissement séculaire, va poser un sérieux problème aux paléontologues. Wegener va opposer l'isostasie aux ponts continentaux pour laisser la place aux translations continentales, tout en réduisant la théorie de la permanence incompatible avec les observations paléontologiques et le cadre évolutionniste. Si la naissance d'une idée nouvelle est difficile, c'est aussi parce qu'elle n'est pas seule et qu'elle doit faire avec ou contre un héritage et d'autres possibles, qui viennent la contester et tenter de la réduire.

L'idée d'une terre solide et rigide est une idée dominante du XIXe siècle, défendu notamment par Thomson (1862) en lien avec l'absence de marées crustales. L'astronomie physique imposait une rigidité terrestre. Fisher en 1881 contesta cette idée car si la croute était rigide parce que froide et la noyau solide pour cause de pression, entre les deux, il pouvait exister une couche fluide, permettant d'expliquer l'isostasie grace à un substratum crustal plastique. La communauté géophysique est donc partagée sur le modèle de Terre plus ou moins rigide lorsque Wegener présente sa théorie.

L'idée de la mobilité horizontale de Wegener va s'appuyer sur l'idée d'une isostasie et d'une Terre pas entièrement solide. Wegener en fera le processus central de sa théorie, avec un déplacement conceptuel des mouvements continentaux verticaux (isostasie) vers des mouvements horizontaux. Ce déplacement n'est pourtant pas acceptable car il viole les conditions de validité du modèle isostatique : les mouvements horizontaux opposaient aux déplacements de la croute rigide, une croute océanique adjacente également rigide. Wegener contournera le problème en calculant sur des arguments gravitaires que la croute continentale était plus épaisse que la croute océanique adjacente et de ce fait, pouvait se déplacer à 95% face au substratum plastique de la croute océanique. Malgré cet argumentaire, si les mouvements verticaux renvoyaient aux forces gravitaires, il restait à trouver les forces responsables de la dérive horizontale. Pour nombre de géophysiciens, l'absence de cause identifiée avec assurance conduit à rejeter le modèle des translations.

La théorie de Wegener arrive à l'époque où le modèle sismique de Terre est en construction. Jeffreys défend une Terre solide au motif qu'une rupture n'est possible qu'au sein d'un corps rigide et qu'il en est de même pour la transmission des ondes de cisaillement. L'existence de séismes impose donc une rigidité terrestre, fait que ne partage pas Gutenberg qui met en évidence en 1927 une zone de faible vitesse sismique vers 100 km de profondeur et propose l'existence de courants de convection au sein d'un manteau plastique. Mais le modèle de Jeffreys (1924) bénéfice d'une diffusion très large grâce au statut de son auteur, professeur à Cambridge, et au succès universitaire de son traité de géophysique, publié en 1924, réédité pendant près de 50 ans comme un ouvrage de référence .

a

Modèle contractionniste, modèle permanentiste... et modèle translationniste
Histoire du contexte épistémologique dans lequel s'inscrit l'hypothèse de la dérive des continents
D'après Deparis, V. & Thomas, P. (2011). La dérive des continents de Wegener. Site Planet-Terre, ENS Lyon.


Source : livre de Géologie de classe de 4ème, V. BOULET, 1925, modifié
Dans la théorie d'Elie de Beaumont (1829), le refroidissement séculaire de la Terre entraînerait sa contraction thermique, la diminution de son rayon et de son volume, d'où le plissement de sa surface.
Remarque de G. Gohau, G. (1990). Une historie de la géologie. Editions du Seuil, p.175 :
Dans l'exposé que l'on fait aujourd'hui de cette ancienne théorie, on aime, pour des raisons pédagogiques, à comparer la contraction de l'intérieur du globe au déssechement de la pomme qui se flétrit, et le ridement de l'écorce à celui de la pelure du fruit. Cela suggère que les "systèmes de montagnes" se forment au hasard, comme les rides de la pomme. Hors, il n'en est rien dans la théorie d'Elie de Beaumont. C'est même tout le contraire, au point qu'un de ses contemporains utilisait l'analogie avec le flétrissement de la pomme... pour montrer qu'une sphère qui se contracte se ride de façon aléaotaoire et non suivant des directions déterminées. Elie de Beaumont, en effet, attache une impoorantce primordiale à la direction des chaines de montagne. Il va même progressivement élaborer un schéma très complexe connu sous le nom de réseau pentagonal [...].


Carte des aires continentales. In É. Haug, Les géosynclinaux et les aires continentales,
Bulletin de la Société géologique de France, 3e série, 28, 617-711, 1900, p.642.

Y avait-il à l'époque des ponts, ou bien les continents étaient-ils séparés comme de nos jours par de larges océans ? Il est impossible d'écarter la nécessité de l'existence des anciennes jonctions terrestres, si nous ne voulons pas renoncer complètement à comprendre le développement de la vie sur le globe, et il est également impossible de se dérober aux arguments contraires à l'existence des continents intermédiaires émis par les partisans de la loi de la permanence. Il n'y a évidemment qu'une issue : Les hypothèses admises comme évidentes doivent être viciées par des erreurs cachées ». Alfred Wegener, La genèse des continents et des océans, op. cit., p.16-17.

"Si nous prenons comme base la théorie des translations, nous répondons à toutes les exigences justifiées, tant à celles de la loi des anciennes liaisons continentales qu'à celles de la permanence. Nous n'avons qu'à énoncer ces lois comme il suit : Ponts continentaux ? Oui, non pas grâce à des continents intermédiaires affaissés, mais à des socles continentaux jadis contigus. Permanence ? Oui, pas de chaque continent ou océan pris individuellement, mais permanence de la surface océanique totale et de la surface continentale totales prises en bloc"
Alfred Wegener, La genèse des continents et des océans, 1928 ; réédition, Paris, C. Bourgois, 1990, p.21).


Fig. 2 : « Die Entstehung der Kontinente », Geologische Rundschau, 3, 1912, p. 279.
Les continents de sal (ou sial) reposent sur une couche plus dense de sima.
La Terre contient un noyau de nife.

Entre 1883 et 1909, Eduard Suess fait entrer les sciences de la Terre dans une ère nouvelle en développant une vision globale de la tectonique de surface. Il s'appuie sur une grande quantité d'observations et cherche à faire ressortir les traits fondamentaux de la planète, prise dans son ensemble. "M. Suess a su s'élever assez haut pour voir les traits fondamentaux de l'ensemble s'accuser au milieu de la complexité des détails » (in E. Suess, La Face de la Terre, Préface de Marcel Bertrand, tome I, 1883 ; traduction française, Paris, Armand Colin, 1905, p.vi).

L'étude des chaînes de montagnes permet à Suess d'affirmer l'existence de mouvements verticaux et horizontaux importants. Dès 1875, il reconnaît que la chaîne alpine est déversé sur un « avant-pays » et il postule l'existence d'une poussée venue du Sud ou du Sud-Est avec des déplacements tangentiels importants. En 1883, il écrit : « Les dislocations visibles dans l'écorce terrestre sont le produit de mouvements qui résultent de la diminution du volume de notre planète. Les efforts développés par l'effet de ce phénomène tendent à se décomposer en efforts tangentiels et en efforts radiaux, et par suite en mouvements horizontaux (c'est-à-dire en poussée et en plissements) et en mouvements verticaux (c'est-à-dire en affaissements) ".(E. Suess, La Face de la Terre, op. cit., p.139). Le moteur des mouvements superficiels reste la contraction thermique (comme pour Elie de Beaumont) qui n'empêche pas des mouvements latéraux importants.

Suess compare également les séries stratigraphiques et les faunes et les flores fossiles d'un continent à l'autre. Certaines régions aujourd'hui séparées par des océans possédent une faune fossile commune. Ces similitudes entre des manifestations anciennes de la vie sont impossibles à expliquer selon la théorie darwinienne de l'évolution si on n'admet pas l'existence de liaisons intercontinentales aujourd'hui effondrées. Les mers intérieures et les vastes océans se sont formés puis agrandis par des affaissements successifs. Cette idée lui permet également d'expliquer les transgressions et régressions marines. Lorsque l'écorce s'effondre brutalement, la mer fait de même (régressions). Le comblement progressif des mers amène les transgressions.

En 1900, Emile Haug donne des arguments géologiques et paléontologiques qui militent en faveur de l'existence d'anciennes unités continentales. Les chaînes de montagnes se forment uniquement le long de bandes étroites (les géosynclinaux) intercalées entre des unités continentales stables. "Chaque unité continentale a eu sa faune propre tant qu'elle est restée isolée, que des migrations se produisent chaque fois que des communications par terre s'établissent avec une unité voisine et que la faune la mieux organisée dans la lutte pour l'existence arrive à s'implanter et à refouler la faune autochtone dans les parties plus reculées du continent. Si plus tard l'unité continentale est morcelée par un effondrement partiel, les résidus de faunes permettront de rétablir par la pensée l'ancienne connexion. On voit quels services précieux peut nous rendre l'étude des faunes terrestres dans les essais de reconstitution des continents morcelés »

[...] le modèle contractionniste mis en avant par Suess [...] explique les analogies de faunes et de flores et les ressemblances géologiques entre des continents aujourd'hui séparés par des océans par l'effondrement de ponts continentaux. D'un autre côté, notamment au États-Unis, les géologues privilégient le modèle permanentiste, développé à partir de 1846 par Dana. Ils considèrent que les océans et les continents constituent des figures permanentes de la surface du globe depuis son origine et insistent sur les différences de nature entre les deux structures.

Au début du XXe siècle, les études sur l'équilibre isostatique des continents montrent que ceux-ci peuvent être considérés comme des blocs légers d'un composé nommé alors sial (car composés essentiellement de silicium et d'aluminium) en équilibre sur une couche plus dense d'un composé nommé alors sima (roches composées essentiellement de silicium et de magnésium) qui affleure au niveau des océans. Ces travaux favorisent le modèle permanentiste aux dépens du modèle contractionniste. Comment en effet pourrait-on postuler que des parties continentales légères puissent s'enfoncer au niveau des fonds océaniques plus denses ? Mais chaque nouvelle donnée paléontologique devient une preuve de l'existence d'une liaison intercontinentale, et renforce le modèle de Suess au détriment de celui de Dana.

[...] La théorie de Wegener découle [...] des incohérences des théories précédentes, qui apparaissent [...] lorsqu'on réunit les différentes disciplines des sciences de la Terre. [...]
[...] Les continents, autrefois réunis en une seule masse continentale nommée Pangée, se sont dispersés pour atteindre leur position actuelle en fendant le sima qui les entoure. Il lie l'orogenèse au déplacement des continents, ce qui lui permet de donner une explication unifiée du relief terrestre. D'une part, il affirme que les chaînes de montagnes intracontinentales [...] naissent de la collision entre deux socles continentaux et, d'autre part, il expose [...] que la dérive des continents à travers le sima forme par compression des chaînes de montagne à leur « proue » (les Rocheuses ou la Cordillère des Andes) et laisse derrière eux (à leur « poupe ») des fragments à l'origine des guirlandes d'îles (Antilles, archipels japonais, Ouest-Pacifique...).

[...] La démonstration [...] résulte d'une accumulation d'indices provenant d'observations diverses.


Quelles différences entre dérive des continents et tectonique des plaques ?
D’après Deparis, V. & Thomas, P. (2011). La dérive des continents de Wegener. Article en ligne sur le site Planet-Terre, ENS Lyon.


Dans le modèle de la dérive des continents
Dans le modèle de la tectonique des plaques lithosphériques
Continent ou Lithosphère
les continents sont assimilés à des bateaux (constitués de sial) dérivant sur un océan (constitué de sima)

la notion de sial demeure, même si son nom a changé : c'est la croûte continentale. La notion de sima, roche riche en silicium et magnésium est devenue plus complexe, puisqu'elle recouvre croûte océanique et manteau dans son ensemble.

les continents peuvent toujours être considérés comme des bateaux pris dans (ou plutôt posés sur) une banquise de glace, banquise qui dérive sur l'océan en entraînant avec elle les bateaux.

les bateaux sont constitués de la lithosphère continentale (et non plus de la simple croûte), la banquise est constitué de la lithosphère océanique (et non pas de la seule croûte), et l'océan correspond à l'asthénosphère et au manteau inférieur.

Moteurs
les forces proposées pour expliquer la dérive sont extérieures aux continents, appliquées sur le continent, que ce soient la force d'Eötvös, les courants de convection dans le sima.
la force qui met en mouvement la lithosphère est à rechercher dans la lithosphère elle-même (son refroidissement est à l'origine de sa plongée et est donc le moteur de la convection mantellique).
Pangée primordial ou transitoire
les continents actuels dérivent de la fragmentation d'une Pangée, supposée (au moins implicitement) primordiale, ayant toujours existé.
la Pangée permo- carbonifère résulte du rassemblement de nombreuses masses continentales qui se séparent et se rassemblent au grès de ruptures et de subductions/collisions, les traces des collisions ayant fabriqué la Pangée permo-carbonifère étant les chaînes hercynienne et ouralienne.

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Quels thèmes à enseigner aux élèves sur la nature des sciences
What ideas about science shoud be taught ?
D'après Bartholomew, H., Osborne, J.F., Ratcliffe, M. (2002). Teaching pupils ‘ideas-about-science’: case studies from the classroom.
Annual Conference of the National Association for Research in Science Teaching (NARST), New Orleans, April 7-10 2002.

NATURE OF SCIENTIFIC KNOWLEDGE
Status of Scientific Knowledge
Students should be taught that scientific knowledge produces reliable knowledge of the physical world and has a number of attributes. Scientific knowledge aims to be general and universal, it can be reductionist and counterintuitive, and it has intrinsic cultural value. Scientific explanations are based on models and representations of reality.
Historical Development
of Scientific Knowledge
Pupils should be taught some of the historical background to the development of scientific knowledge.
Public perceptions of science Conceptions of risk and uncertainty
Students need to be taught that common public perceptions of science perpetuate a number of myths which give erroneous impressions of the methods and nature of science. An understanding of the basic concepts associated with risk and uncertainty.
Science and Certainty
Pupils should appreciate why much scientific knowledge, particularly that taught in school science [and school texts], is well-established and beyond reasonable doubt, and why other scientific knowledge is more open to legitimate doubt. It should also be explained that current scientific knowledge is the best we have but may be subject to change in the future, given new evidence or new interpretations of old evidence.
Reporting Scientific Findings
Students should be taught that scientists use distinctive forms of communication for reporting results which are reliant on a range of different genres and semiotic modes
Scientific Knowledge and Values
Students should be taught that scientists perceive and claim their work to be value free and objective. This assumption is open to challenge

METHODS of SCIENCE
Scientific Methods and Critical Testing*
Pupils should be taught that science uses the experimental method to test ideas, and, in particular, about certain basic techniques such as the use of controls. It should be made clear that the outcome of a single experiment is rarely sufficient to establish a knowledge claim.
Analysis and Interpretation of Data*
Pupils should be taught that the practice of science involves skilful analysis and interpretation of data. Scientific knowledge claims do not emerge simply from the data but through a process of interpretation and theory building that can require sophisticated skills. It is possible for scientists legitimately to come to different interpretations of the same data, and therefore, to disagree.
Hypothesis and Prediction*
Pupils should be taught that scientists develop hypotheses and predictions about natural phenomena. This process is essential to the development of new knowledge claims.
Diversity of Scientific Thinking*
Pupils should be taught that science uses a range of methods and approaches and that there is no one scientific method or approach.
Creativity*
Pupils should appreciate that science is an activity that involves creativity and imagination as much as many other human activities, and that some scientific ideas are enormous intellectual achievements. Scientists, as much as any other profession, are passionate and involved humans whose work relies on inspiration and imagination.
Science and Questioning*
Pupils should be taught that an important aspect of the work of a scientist is the continual and cyclical process of asking questions and seeking answers, which then lead to new questions. This process leads to the emergence of new scientific theories and techniques which are then tested empirically.
Observation and Measurement
Students should be taught that observation and measurement are core activities of scientists; most measurements are subject to some uncertainty but there may be ways of increasing our confidence in a measurement
Specific Methods of Science
Students should be taught a range of techniques for data representation and analysis commonly used in the sciences, with particular emphasis on those necessary for interpreting reports about science, particularly those in the media
Science and Technology
Students should be taught that although there is a distinction between science and technology, the two are increasingly interdependent as new scientific discoveries are reliant on new technology and new science enables new technology
Cause and Correlation
Students should be taught that there are two types of distinctive relationship in science: causal, in which there is a known mechanism relating an effect to a cause, and a correlation, in which identified variables are associated statistically but for which there is no well-established causal link

SOCIAL PRACTICES IN SCIENCE
(Teachnig SSI)
Moral and Ethical Dimensions
in Development of Scientific Knowledge

Students should appreciate that choices about the application of scientific and technical knowledge are not value free; they may therefore conflict with moral and ethical values held by groups within society
Cooperation and Collaboration in the Development of Scientific Knowledge*
Pupils should be taught that scientific work is a communal and competitive activity. Whilst individuals may make significant contributions, scientific work is often carried out in groups, frequently of a multidisciplinary and international nature. New knowledge claims are generally shared and, to be accepted by the community, must survive a process of critical peer review.
(see Merton, 1973).
Peer Review
Students should be taught that developments In scientific knowledge are critically reviewed and may be authenticated and validated by members of the wider community
Contextual Nature of Science
Students should know that developments in scientific knowledge are not undertaken in isolation, but may be shaped by particular contexts
(see Pestre, 2006)
Constraints on Development of Scientific Knowledge
Students should know that scientific knowledge is developed within the context of a range of constraints that may shape it and its uses
Range of Fields in Which Scientific Knowledge Is Developed
Students should be taught that scientific research is undertaken in a variety of institutions by individuals who have differing social status within the scientific community. Scientists generally have expertise only in one specific subdiscipline of science
Accountability and Regulation of Scientific Practices
Students should be taught issues of accountability and regulatory procedures that relate to the development of scientific knowledge

References

  • See also How science works from Osborne, J. & Dillon, J. (2010). Good Practice in Science Teaching: What research has to say. Open University Press, 2nd Revised edition, 256 pages.
  • Bartholomew, H., Osborne, J.F., & Ratcliffe, M. (2002, April). Teaching pupils ‘‘ideas-about-science’’: Case studies from the classroom. Paper presented at the 75th International Conference of the National Association for Research in Science Teaching, New Orleans. Available on-line here.
  • Osborne J., Collins S, Ratcliffe M., Millar R., Duschl R. (2003). What ‘‘Ideas-about-Science’’ Should Be Taught in School Science? A Delphi Study of the Expert Community. Journal of Research in Science Teachnig, Vol. 40, No. 7, pp. 692–720.

This study has shown that within the broad community with an interest or engagement in science and science education, there exists a consensus about the core features of an account of the nature of science. It therefore suggests that one common obstacle to teaching about science is without foundation. Hence, we see this work as providing another body of empirical evidence to buttress the case for placing the nature of science and its processes at the core rather than the margins of science education. The detailed responses of the participants provide, in addition, valuable pointers to the content of such teaching. Although some may object that teaching a vulgarized account of science runs the risk of misrepresenting the essential elements of scientific practice and the values of the scientific community, we prefer to stress the positive aspect of such an account: that it can provide a basic understanding of the processes and practices of science and of the nature of the knowledge that these produce. Not only will such an account help young people make sense of the science that impinges on them in their daily lives, it may also lay the grounds from which a more sophisticated account may be developed in later life.

Research question

This project [...] sought to provide empirical evidence of what the expert community engaged in practicing, communicating, and teaching science thought was important for average citizens to understand about socioscientific issue [...] by the end of their formal education.

Rationale and theoretical background

[...] the core status of science can be justified only if it offers something of universal value to all rather than academic science for the minority who will become the next generation of scientists. Science courses that give scant or tacit treatment of the nature, practices, and processes of science result in most students leaving school with naive or severely limited conceptions of science (Driver, Leach, Millar, & Scott, 1996). Yet it is an understanding of the nature of science which many have argued is essential for the education of the future citizen (Fuller, 1997; Irwin, 1995; Jenkins, 1997; Millar, 1996; Ziman, 2000), and which should be an integral and substantive element of any contemporary course in science.

In most societies, the normative view of what is significant and salient within a given domain is defined by the academic community.

[...] as Stanley and Brickhouse (2001, p. 47) pointed out, ‘‘although almost everyone agrees that we ought to teach students about the nature of science, there is considerable disagreement on what version of the nature of science ought to be taught.’’ Somewhat paradoxically, then, despite this obstacle, a range of curriculum documents [...] ostensibly seem to have achieved some agreement in defining what should be taught about the nature of science. But do these curriculum documents represent a consensus or, alternatively, the kind of compromise which is often the product of reports produced by committees? That is, do they represent the lowest common denominator around which it is possible to achieve agreement rather than any coherent account of the nature of science?

In the view of this uncertainty and the lack of empirical evidence for consensus, our essential research aim was to determine empirically the extent of agreement among scientists, science communicators, philosophers and sociologists of science, and science educators about those aspects of the nature of science that should be an essential feature of the school science curriculum:in essence, to make a contribution toward resolving this apparent dichotomy between the academic and educational community.

Conclusions

1. [...] where individuals have thought extensively about the nature of science, and about an account that should be offered to others, they have experienced considerable difficulty in its specification. [...] There has been little agreement about what is core or absolutely essential to an understanding of science. [...] In contrast, our findings provide empirical evidence of a consensus on salient features which are both significant and essential components of any basic knowledge and understanding about science and, in addition, uncontroversial within the relevant academic communities with an interest in science and science education. These data suggest, then, that these themes do have sufficient agreement to form the core of a simplified account of the nature of science suitable for the school science curriculum. Hence, our first conclusion is that there exists support and broad agreement for a set of nine clearly specified themes about aspects of the nature of science which school students should encounter by the end of compulsory schooling.

2. Our second conclusion, therefore, is that many of the aspects of the nature of science represented by the themes have features that are interrelated and cannot be taught independently of each other. This finding suggests that, although the research process has required the separation and resolution of these components to weight their significance and import, there is no agreement that they should be communicated and represented in that manner.

3. It is also important to recognize that the de?nition of consensus we have used has drawn an arbitrary line. Using the same criteria of a mean rating of 4 and a stability of <33% shift between the two rounds, over 50% of participants considered several other themes to warrant inclusion in the curriculum. Specifically, these were: Science and Technology (65%), Moral and Ethical Dimensions in the Development of Scientific Knowledge (61%), Empirical Base of Scientific Knowledge (61%), Cumulative and Revisionary Nature of Scientific Knowledge (61%), Observation and Measurement (56%), Characteristics of Scientific Knowledge (52%), and Specific Methods of Science (52%). This suggests that these data represent the participants’ gradation of importance of the themes [...] the nine themes represent the basic minimum that any simplified account of science should address. The other themes, although significant, are additional components to be included in more complex or more sophisticated accounts [...].

Discussion and Implications

A tentative comparison of the most prevalent ideas about science found in current National Curricula or National Standards (McComas & Olson, 1998), i.e., ideas found in six or more national curriculum documents, and those emerging from this study. In the table, themes emerging from McComas and Olson’s work that are similar to 10 themes emerging from this work have been juxtaposed.

Many of the themes emerging from our study fall under the umbrella of the Methods of
Science
: Experimental Methods and Critical Testing, Creativity, Science and Questioning, Diversity of Scientific Method, and Analysis and Interpretation of Data).
Two themes (Historical Development of Scientific Knowledge and Science and Certainty) are aspects of the Nature of Scientific Knowledge. There is only one under the heading of the Institutions and Social Practices of Science.

[...] why so many of the ideas of contemporary scholarship about the nature of science are absent. For instance, neither the themes emerging from this study nor those of the national curriculum documents place much emphasis on the role of theory, explanation, and models. They do not, for instance, represent a more contemporary view of science such as that offered by Giere (1991), who portrayed science as a multidimensional interaction among the models of scientists, empirical observation of the real world, and their predictions.

[...] We suggest that the omission of other components is simply owing to the fact that they were regarded as too complex or too contentious for inclusion.

[...] One challenge is how such themes can become part of the instructional sequence. To what extent, for instance, can these themes be taught directly as part of discrete lessons or should they permeate all science lessons.

Whereas inquiry-based approaches, investigations, or practical work will certainly address many of the themes in the Methods of Science category, unless there is some careful mediation on the part of the teacher across lessons to highlight the methodologic features of these activities and their generic nature explicitly, many aspects of a more accurate picture of the nature of science may be glimpsed only partially, if at all, by students.

see Kolsto's comments (2012) on links between IBSE and Teaching SSI

 


The 9 Themes from phase 1 of this study that form the components of a simplified or core account of the Nature of Science. In Bartholomew, Osborne, & Ratcliffe, 2002.


Five factors that afforded or inhibited the teachers’ pedagogic performance to teach effectively about science. They serve as a valuable analytical tool for analysing and explaining the success, or otherwise, that individual teachers have when confronted with teaching components of the nature of science. In addition, we argue that they are an important means of identifying salient aspects of pedagogy for initial and inservice training of teachers for curricula that require the teaching of SSI.
see also Urgelli, ESERA, 2011 and HEP Lausanne, 2012

The next phase of work with 12 teachers (3 Grade 6, 4 Grade 8, and 4 Grade 10) has sought to explore these problems. With these teachers we have attempted to see how the themes can become an integral part of their teaching and the difficulties that emerge (Bartholomew, Osborne, & Ratcliffe, 2002).

In this paper, we report work undertaken with a group of 11 teachers over a period of a year to teach aspects of the nature of science. The teachers, who taught science in a mix of elementary, junior high, and high schools, were asked to teach components of the nature of science for which consensus had been established using a Delphi study in the first phase of the project. Data were collected through field notes, videos, teachers’reflective diaries, instruments that measured their understanding of the nature of science and the role of discussion in the classroom. In addition, data were collected of their pupils’ understanding of the nature of science, pre- and post-intervention, and that for a control.
In this paper, drawing on a sample of the data we explore the factors that afforded or inhibited the teachers’ pedagogic performance in this domain. Using these data, we argue that there are 5 critical dimensions that distinguish and determine a teacher’s ability to teach effectively about science. Whilst these dimensions are neither mutually independent nor equally important, they serve as a valuable analytical tool for analysing and explaining the success, or otherwise, that individual teachers have when confronted with teaching components of the nature of science. In addition, we argue that they are an important means of identifying salient aspects of pedagogy for initial and inservice training of teachers for curricula that require the teaching of the nature of science
(In
Bartholomew, Osborne, & Ratcliffe, 2002).

 

For me, the next phase of work with a french community of experts in science education will explore how communication and didactic factors could explain involvement on mediating and/or teaching SSI (EUROPEAN PROJECT 2013-2014).

 

see also Stoll, L., Bolam, R., McMahon, A., Wallace, M., & Thomas, S. (2006). Professional learning communities: A review of the literature. Journal of Educational Change, 7(4), 221-258.

International evidence suggests that educational reform’s progress depends on teachers’ individual and collective capacity and its link with school-wide capacity for promoting pupils’ learning. Building capacity is therefore critical. Capacity is a complex blend of motivation, skill, positive learning, organisational conditions and culture, and infrastructure of support. Put together, it gives individuals, groups, whole school communities and school systems the power to get involved in and sustain learning over time. Developing professional learning communities appears to hold considerable promise for capacity building for sustainable improvement. As such, it has become a ‘hot topic’ in many countries.

 

This survey of a panel of diverse experts has produced results that raise several issues about curriculum design, instruction, and implementation.

Our view is that the importance of this study lies in the fact that it provides a body of empirical data drawn from a panel of experts which challenges the case made by Alters (1997) that no singular consensual view exists. Therefore, we contend that the nature of science can no longer be marginalized on the basis that there is little academic consensus about what should be taught.

[...] at least within the English curriculum, there is no treatment of one of the major themes from the Delphi study: the Diversity of Scientific Thinking. Few curricula have recognized the fundamental division Rudolph (2000) made between historical reconstruction and empirical testing. The latter, which is largely the domain of the physical, chemical, and molecular sciences, stands in contrast to the process of historical reconstruction in which the intellectual product is an explanatory mechanism for the chronologic sequence of past natural occurrences.

[...] school science is dominated by the empirical and exact sciences of physics, chemistry, and biology. Notable for its absence, for example, is a treatment of correlational methods which provide the basic methodology of medical trials and which are, moreover, a common feature of media reports of science. Hence, our data and those of McComas and Olson suggest that there are significant elements of a minimal account of the nature of science missing from most curricula.

[...] teaching students about the nature of science is as important as developing a knowledge of its content, if not more so, these findings lend support to the view that teaching the nature of science needs to become a core rather than a marginal part of the science curriculum.

Our findings further suggest that it might be a mistake to attempt to delineate a curriculum in terms of a requirement to teach the components of the nature of science separately. Rather, its teaching can perhaps best be addressed through sets of well-chosen case studies of either a historical or contemporary nature and by more explicit reflection and discussion of science and its nature—an aspect that should emerge naturally from the process of scientific inquiry that is a normal feature of much classroom practice. Thus, the principal value of these, or any set of themes, would be to act as a curriculum checklist to see that the activities in the curriculum provide sufficient opportunity to introduce, elaborate on, explore, and develop students’ understanding of these components of science and its nature.

see three items of French curriculum of SSI in secondary school science education (2010)

Design, methods : a three-stage Delphi study

The method chosen for eliciting the expert community’s view was a three-stage Delphi study. The Delphi method aims to improve group decision making by seeking opinions without face-to-face interaction and is commonly defined as ‘‘a method of systematic solicitation and collection of judgements on a particular topic through a set of carefully designed sequential questionnaires, interspersed with summarised information and feedback of opinions derived from earlier responses’’ (Delbecq, Van de Ven, & Gustafson, 1975).

Three features characterize the Delphi method and distinguish it from other group interrogative methods: anonymous group interaction and responses, multiple iteration of group responses with interspersed feedback, and the presentation of statistical analysis.

The Delphi technique has four principal advantages thought to be important in gaining the considered opinions of experts:
 It uses group decision-making techniques, involving experts in the field, which have greater validity than those made by an individual.
 The anonymity of participants and the use of questionnaires avoid the problems commonly associated with group interviews: for example, specious persuasion or ‘‘deference to authority, impact of oral facility, reluctance to modify publicised opinions and band-wagon effects’’ (Martorella, 1991).
 Consensus reached by the group reflects reasoned opinions because the Delphi process forces group members to consider logically the problem under study and to provide written responses (Murray & Hammons, 1995).
 Opinions using the Delphi method can be received from a group of experts.

The main disadvantages of a Delphi study are seen as: the length of the process, researcher influence on the responses owing to particular question formulation, and difficulty in assessing and fully using the expertise of the group because they never meet.

The implementation of this Delphi study therefore attempted to take full account of the perceived advantages while recognizing the disadvantages. For example, as science educators, we (the researchers) have views on the teaching of the processes and practices of science. It was important that these views not impinge on participants’ responses. Therefore, little guidance was given as to the expected content of responses in the first round of the Delphi study. In the second and third rounds, care was taken to ensure, as far as possible, that participants’ own words were returned and that participants had ample opportunity to comment on any interpretation in our conflation of their responses.

The Delphi procedure seeks to establish the extent of consensus or stability in the community and typically ends after either consensus or stability of responses has been achieved. Brooks (1979) identified consensus as ‘‘a gathering of individual evaluations around a median response, with minimal divergence’’ and stability or convergence is said to be reached when ‘‘it becomes apparent that little, if any, further shifting of positions will occur’’ (p. 378).

Sampling

Commonly, the minimum number for a Delphi panel is considered to be 10 with reduction in error and improved reliability with increased group size. However, Delbecq et al. (1975) maintained that few new ideas are generated in a homogeneous group once the size exceeds 30 well-chosen participants. For this study, 25 experts engaged in the study of science and its communication were recruited, although the final sample was 23 owing to attrition in Round 1. There was, however, no further attrition in the group across the next two rounds, reflecting the commitment of individuals to the process.

In this context, we chose to define experts as those with acknowledged expertise in communicating, using, or researching the processes and practices of science. The common element shared by the group was an interest in communicating ideas about science in their writing, teaching, or other work—all in essence having an experience of acting as ‘‘knowledge intermediaries’’ (Irwin, 1995) between science and its publics. Thus, we sought views from leading scientists (n = 5); historians, philosophers, and sociologists of science (n = 5); science educators (n = 5); and those engaged in the public understanding of science or science communication (n = 5). Criteria used in selecting experts included for scientist were Fellowship of the Royal Society, and for philosophers, sociologists, and science educators, books and publications of international repute. For science communicators it was a combination of publications of international repute or the holding of an eminent post within the field. Initially 20 people were approached by letter, and only 1 scientist and 1 science communicator declined. Two other individuals were recruited to replace them.
In the case of teachers, the notion of expert is not commonly agreed upon. The major value of their views was a sense not only of what was important for children to learn, but also what might be pragmatically attainable. Therefore, we recruited 5 teachers who had achieved some public recognition for their work such as individuals who had won national awards for the quality of their teaching or were authors of science textbooks in widespread use in the United Kingdom. In the event, after the first round, 1 teacher and 1 science communicator dropped out, leaving a sample of 23 in total. As is standard in all such Delphi studies, none of the participants was aware of the identity the other participants.

Design of the Delphi Study and data analysis

* Round 1

The first stage of the study, begun in January 20??, was an open-ended brainstorming session. Opinions were sought about why, how and what essential ideas about teaching socioscientific issue should be taught in the school science curriculum through the use of an open-ended questionnaire which asked:

  • What, if anything, do you think should be taught about the methods of science?
  • What, if anything, do you think should be taught about the nature of scientific knowledge?
  • What, if anything, do you think should be taught about the institutions and social practices of science?

For each response provided, participants were requested to give as clear a description of each idea as possible; to indicate a particular context where they thought a person might and the idea useful; and to state why such knowledge would be important for an individual to know. This first round of the Delphi study elicited extensive comments from most participants.

All these responses were coded reflexively and iteratively by two members of the research team using a computer-based qualitative data analysis package (NUDIST NVivo, QSR International Pty Ltd, Victoria, Australia) until a reliability of >80% was obtained. Thirty themes emerged from this analysis and a summary was composed for each emergent theme, capturing the essence of participants’ statements. Discussion among four members of the research team resulted in agreed categorization of the responses and wording of theme summaries.

Figure 1 shows a summary for one theme, The Tentative Nature of Scientific Knowledge, and some of the justifications provided by the participants. Early in the process, the decision was made to summarize the themes using language of an academic nature which was understood by the overwhelming majority of the participants. Such language has the advantage of offering economy and precision of meaning that was thought important for communicating ideas precisely with a minimum of misnterpretation. However, we recognize that, as currently articulated, the ideas embodied in the themes would have to be unpacked and elaborated for a practitioner audience. This process resulted in the production of 30 themes grouped under three major categories: The Nature of Scientific Knowledge, the Institutions and Social Practices of Science, and the Methods of Science.

Table 1 shows the titles of the themes grouped under these heading and the summary statements used in Round 3 to capture their meaning using key phrases articulated by the Delphi panel. It also shows the mean and modal ratings and the standard deviations (SD) in Rounds 2 and 3.

* Round 2

Figure 2. Nature of scientific knowledge: Revised version for Round 3 and participants’ comments from Round 2.

The Round 2 questionnaire presented the titles and summaries of the 30 themes, together with representative anonymous comments obtained from individuals in Round 1, an example of which is shown in Figure 1.

Participants were requested to rate the importance of each theme to the compulsory school science curriculum, as represented by the summary, on a 5-point Likert scale, with a score of 5 representing the highest degree of importance. In addition, they were then asked to justify their rating and comment on how accurately the title and wording of the theme reflected their understanding of a specific feature of science. Participants were also invited to comment and respond to the representative supporting statements.

Means, modes, and standard deviations for each theme using the rating given on the 5-point scale were calculated and are shown in Table 1. A total of 8 themes had a mean of >= 4, indicating at this early stage that they were viewed by the panel as very important or important. Of these 8 themes, 3 showed standard deviations of <1.0, indicating a high level of consensus for these themes: Experimental Methods and Critical Testing, The Tentative Nature of Scientific Knowledge, and the Historical Development of Scientific Knowledge.

Many comments were also made about the interrelated nature or similarities among many of the themes. The outcome was a decision to merge three pairs of themes, to split one theme and to modify the summary statements of most themes to minimize overlap.

Figure 2 shows a revised version of the theme presented in Figure 1.


* Round 3

For the third and final round, we decided to reduce the number of themes for consideration by the panel to only the most highly rated themes from Round 2. This action was taken because research literature on the Delphi method suggests that, in studies where participants were required to complete lengthy and detailed questionnaires, responses to questions toward the end of the questionnaire tend to be less fulsome and informative (Judd, 1971). Therefore, the research team was concerned that participant fatigue would result if the complete set of 28 ideas-about-science were included in Round 3 of the study, affecting the level of detail in responses toward the end of the questionnaire. Thus, only the themes with a mean rating of >3.6 and/or mode of 5 were used for the third round, reducing the number of themes in this round to 18.

The final questionnaire of the Delphi study, distributed in May 20??, presented the titles, revised summaries, and representative anonymous supporting statements from participants for the top rated 18 themes from Round 2, together with the mean and standard deviation calculations of the ratings for each theme. Participants were requested to rate again each theme, based on the premise that it should be taught explicitly, to justify their rating, and to comment on ways in which the wording of the summary might be improved to reflect the essence of each idea-about-science. Mean scores and standard deviations were again calculated using the 1–5 response categories and are shown in Table 1 (themes for Round 2 of Delphi study, including ratings given in Round 2) :



 

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EUROPEAN PROJECT 2013

We will organise delphi studies in order to put together different stakeholders such as teachers, psychologists, engineers, doctors, representatives of industry and so on, and fuse different voices, suggestions, values and ideologies as a whole educational framework.

Methodic Framework : Stepping stones should be based on various interest groups’ perspectives as well as available research literature. Hence, the project will utilize both theoretical and empirical means to develop stepping stones.

Task 1. Literature Research about Learning and Teaching SSI
An extensive literature review will provide a theoretical basis (learning goals, themes, effective teaching strategies, learning environments, etc.) to develop stepping stones. The aim of this review is to reveal what topics, themes, perspectives, learning goals, teaching methods, materials are used and what best practices regarding contextualisation of SSI into science education programmes exist. Further, this review will contribute to the development of open-ended questions which will be used in interviews with experts in the next stage.

  • Example questions:
    - What are the main characteristics of a SSI like climate change, GMO, stems cells, exoplanets,... ?
    - What learning goals should we use for SSI education? (ask interviewee to explain their ideas about goals)
    - There are some frequently used teaching methods such as problem based learning, learning cycle, etc. Do you think that these methods can effectively be used for SSI education? What methods should be used?
    -What strategies for evaluating students do you imagine ? (knowledge, values, competences, argumentation...)
    - What posture could take teachers in facing controversial SSI? (balanced, neutral, involved,etc)

Task 2. Delphi Study - Round 1: Interviews with Experts
conduct semi-structured interviews with four expert groups such as science teachers (2 persons), science educators (2 persons), scientists in SSI (2 persons) and experts on science in society (2 persons) in their countries. In selecting scientists, all of possible SSI will be listed. The queries developed during the literature review stage will be used in these interviews.

Task 3. Development of Questionnaires
The leaders will develop a questionnaire including close-ended items based on Round 1 Delphi report.

Task 4. Delphi Study Round 2: Administration of Questionnaires

The sample would include policy makers, representatives of NGO’s, scientists, members of youth organizations, representatives of industry, curriculum developers, science educators, teachers and, students (9 categories, 5 persons for each category).

Task 5. Global Delphi Report and Learning Theoritical Framework (LTF) for Teaching SSI
National Delphi Round 2 reports would be discussed on current situation of SSI education. This approach would lead to develop a "LTF for teaching SSI".