OBJECTIFS
des 4 séances de CM : 1. Etude d'une enquête "psychométrique": Etudiants et gouts musicaux, l'enquête de V. Griffith (2009) ?
2. Définition de la psychologie, de l'intelligence, de l'apprentissage : premières définitions et controverses Psychologie : (1754, mais la notion moderne ne se dégage qu'au cours du XIXe). Mod. Étude scientifique des phénomènes de l'esprit, de la pensée, de la vie mentale, au sens le plus large de ces termes, phénomènes caractéristiques de certains êtres vivants (animaux [...] homme) chez qui existe une connaissance de leur propre existence (? Conscience), et, spécialt, cette étude chez l'homme considéré comme normal. d'après le Grand Robert de la Langue Française. Des rapports entre connaissances et intelligence (Intelligence et Aprentissage, Article de J.-Y. Fournier (2001), Eduquer et former, p.157) : implications éducatives Ces rapports ont été pensé dans les deux sens, avec des controverses sur le fait que les connaissances sont nécessaires à l'intelligence. Les travaux de Dewey et Claparède apportent des éclairages nouveaux sur ces rapports. Mais qu'est ce que l'intelligence ? Nous considérerons que l'intelligence est une faculté qui permet de résoudre des problèmes et de surmonter des obstacles, en mobilisant des connaissances, soit acquises, soit à construire. L'apprentissage vise donc à apprendre à résoudre un problème d'ordre physique, existentiel et intellectuel. L'éducation et la formation cherchent donc à donner du sens à l'activité, en précisant son but, sa raison, son utilité. La mise en activité et donc les méthodes dites actives sont pertinentes si elles s'articulent à une problématisation. Pour agir intelligemment, il faut donc poser une question dont les réponses sont douteuses et mobilisent des présupposés. L'enseignement va donc viser à examiner la diversité des réponses et à construire une réponse collective et cohérente à partir de phases d'observation et d'explication, mobilisant à la fois logique et créativité (Latour et Callon, 1991), des phases de généralisation par abstraction et mise en forme de la connaissance (phase inductive), qui conduisent à des phases déductives qui permettent de prévoir et de vérifier la pertinente et les limites de la généralisation. On aboutit alors à un concept par cette pédagogie de l'intelligence : à partir d'un problème, on tente d'élaborer des réponses dont on teste la robustesse par la confrontation à la réalité. Avec le développement de connaissances, on développe également des compétences. Cette pédagogie est aussi celle de Freinet et des situtations-problèmes ou des objectifs-obstacles, une pédagogie qui commence par un défi intellectuel. Une des difficultés du système d'enseignement scolaire est la définition des connaissances à transmettre. On constate qu'il s'agit actuellement de transmettre des savoirs monumentalisés, c'est à dire de réponses à des problèmes qui ne sont pas ou peu explicités (Chevallard, 1997). Pour Cariou, il faut redonner sa place à la problématisation et à l'émission d'hypothèses qui déclenchent créativité et logique, en ne considérant pas que les hypothèses sont des fantaisies inacceptables comme le pensaient les empiristes à l'époque de Newton. Si on s'accorde sur cette vision de l'intelligence et de son lien avec les connaissances, il se pose la question des possibilités d''évaluation de cette intelligence. Existerait-il un moyen de mesurer cette intelligence ? 3. Tests scolaires : attention aux représentations des apprenants et à leur culture
Les différences individuelles d'efficience intellectuelle sont-elles dues à des fonctions générales comme la vitesse de traitement ou la capacité de la mémoire de travail ? Ce qui semble plus déterminant entre un expert et un novice, ce sont les connaissances préalables, antérieures qui influent sur la manière dont nous analysons les situations et nous y répondons. La psychologie cognitive montre que les individus développent des stratégies différentes pour acquérir des connaissances en fonction de leur représentation de la situation et de leur culture.
L'interprétation des réponses par les évaluateurs mais aussi les connaissances mobilisées par les apprenants, leurs représentations du monde, pour aborder la situation est une source de malentendus sur les capacités des élèves. Ces représentations facilitent ou invalident l'acquisition de connaissances nouvelles. Pour contribuer au développement de l'intelligence, il faut prendre en compte les représentations construites par les apprenants à partir du monde qui les entoure. Cette dimension culturelle évolue à l'échelle d'un individu et d'un collectif. Les réponses erronnées ne proviennent donc pas forcèment d'un défaut de logique comme le voudrait le test mais soit de l'absence d'une connaissance devenue obsolète ou d'un environnement culturel individuel différent de celui du concepteur du test. L'école
risque souvent de proposer des explications et des prises en charge décalées
par rapport aux causes réelles des difficultés. Les recours
aux tests d'intelligence adaptés à une population de culture
française conduit à la conclusion que certains enfants sont
en difficulté d'apprentissage par manque d'intelligence et donc
incapables de s'insérer dans la scolarité habituelle. Au-delà
des connaissances, pour réussir aux tests, c'est également
un système de valeurs et de comportements qu'il faut assimiler.
Il existe donc différents chemins d'acquisition de connaissances, en fonction des types de connaissances antérieures activées dans les apprentissages (par exemple les connaissances morphologiques dans le cas de l'apprentissage de la lecture ou de l'orthographe autour de mots familiers (comme grand) ou de mots rares (comme jument) p.143). C'est probablement ce qui explique en partie aussi les différences inter-individuelles dans les apprentissages scolaires. Elles deviennnent inquiétantes si elles n'évoluent pas (toujours le même type d'erreur) et dépendent encore une fois des représentations mises en oeuvre dans les apprentissages. BILAN : L'intelligence dépend donc des connaissances et des compétences que l'on mobilise, quelles soient scolaires ou liées à l'environnement culturel et familial (d'où l'importance de le connaitre), mais également de l'interpréation de la situation d'apprentissage proposée et de la diversité des processus d'acquisition de nouvelles connaissances. Selon la nature de la connaissance activée (il y en a toujours plusieurs), la façon dont est présentée la notion à acquérir (ce que j'appelerai volontiers la problématisation) et les exemples qui sont donnés, on peut soit faciliter, soit bloquer la compréhension. La réponse au test peut être exacte alors que la connaissance n'est pas assimilée, ou alors la réponse est inexacte alors que la connaissance est maitrisée. Il faut donc rechercher quelles connaissances sont activées et pourquoi !
4. Comment apprend-on ?
En 1905, lors de la réforme de l'éducation, la motivation et le plaisir semblent orienter les réflexions sur les conditions d'un apprentissage efficace à l'école. Ces déterminants d'engagement seront controversés et continuent de l'être, notamment par les Républicains qui estiment que la fonction de l'école est d'instruire et de transmettre les connaissances. De cette controverse naitra un mouvement d'éducation nouvelle (basée sur la motivation et le plaisir), souvent en tension avec les écoles traditionnelles (voir table ronde ISPEF "Pourquoi y a-t-il si peu d'écoles nouvelles en France", 10 avril 2015). Ce qui pose problème n'est pas tant la motivation mais la question du plaisir. On considère qu'il existe deux formes de motivation :
Cette motivation, ou plus exactement cette mobilisation, peut se concevoir essentiellement à travers des situations dans lesquelles on prend en compte la culture de l'enfant tout en proposant des situations-problèmes à surmonter (en faisant attention à ce que ces obstacles ne soient pas trop élevés par rapport aux capacités de l'enfant). Notons enfin que la motivation de l'enfant ne doit pas devenir un critère pour les sélectionner ou les exclure. Si l'enfant n'est pas motivé, sans oublier d'explorer la situation psychologique et/ou médicale de l'enfant, c'est aussi au pédagogue de se remettre en question, notamment à travers les pratiques pédagogiques et le discours qu'ils proposent. Des théories de l’apprentissage De manière schématique, on distingue dans l'histoire moderne des théories de l’apprentissage 3 grandes périodes traversées par des écoles de pensées ayant différentes visions de l’intelligence. Attention, ce sont des transitions progressives, pas des ruptures brutales entre chaque période et chacune de ces théories structure toujours en partie les pratiques pédagigiques (Des théories de l'apprentissage à l'enseignement, Sciences Humaines n°98, Octobre 1999). Cette histoire des théories de l'apprentissage est d'abord une histoire internationale avec des travaux des russes, allemands, américains, danois et français. Les sciences de l’apprentissage sont un domaine qui va se construire par échange de théories et de pratiques, liées à la psychologie expérimentale sur l'homme adulte, l'enfant mais aussi sur l'animal.
Au cours du XXème siècle, des psychologues se tournent vers l'animal pour tenter de répondre à la question : comment apprend-on ? On estime que l'animal proche de l'homme d'un point de vue de son plan d'organisation et de ses gènes (qu'il soit vertèbrés, et plus particulièrement Mammifères, voire Primates) développe des capacités d'apprentissage proches de celles de tous petits humains. Des années 1910 à 1930, en lien avec la naissance de la psychologie béhavioriste, des chercheurs russes, allemands et américains développent des expérimentations sur des chiens, chats, rats, singes ainsi que sur le pigeon pour tenter de théoriser l'apprentissage.
En mars 1913, John B. Watson (fils d'un fermier pauvre, qui fut d'abord instituteur et dresseur de rats...), probablement à l'origine du béhaviorisme, expose une conception radicale de la psychologie qu'il considère comme une science du comportement et non une science de la conscience. Il propose de se limiter à ce qui est directement observable, donc le comportement, de se contenter de le décrire et de formuler les lois qui le gouverne (Psychology as the behaviorist views it. Psychological Review, Vol 20(2), Mar 1913, 158-177). Les expérimentations animales en psychologie se multiplient, avec l'idée que l'on peut aussi étudier l'homme avec les mêmes protocoles. Cette méthodologie réduit la psychologie en excluant les activités symboliques, la conscience et la subjectivité. Le langage sera pris en considération puisque pour Watson, il s'agit d'une comportement comme les autres. Ce psychologue aura une influence considérable sur les orientations de la psychologie américaine béhavioriste, notamment en dirigeant la revue Psychological Review, avant qu'un scandale personnel avec son assistante Rosalie Rayner, médiatisée dans la presse, conduise l'Université Hopkins à le congédier en 1920.
L'américain Tolman (1930) travaille sur le rat : Il y a certes une activité du sujet lorsqu'il apprend mais les sujets ont une représentation mentale de l'espace et de la situation dans lesquels ils sont. Il le démontre avec le rat placé dans un labyrinthe qui sort de plus en plus rapidement en direction de son repas. L'animal se créé une carte mentale du labyrinthe au fur et à mesure qu'il l'explore. L'allemand Kohler (1930) travaille lui sur le singe. Il est placé dans une situation dans laquelle s'il voit des bananes mais ne peut les attraper. Il est obligé d'inventer un moyen indirect pour attraper la nourriture (par l'intermédiaire d'un bâton le plus souvent, ou de caisses entassées, ou dans le cas de la noix dans le fond d'un tube à essai en apportant de l'eau pour remplir le tube ce qui provoque la remontée à la surface de la noix...). Le singe fait plusieurs tentatives puis d'un seul coup, il découvre la solution. Si on le soumet à une situation-problème analogue, il se souvient de la solution et remobiliser les mêmes savoirs. Dans les années 1960, une autre vision de l'apprentissage des enfants est développée par l'américain Bandura (qui reprend les travaux du russe Vygotzki). il défend l'idée que l'apprentissage se fait par des processus sociaux, par l'imitation, l'identification à un modèle et de la co-activité (interaction avec d'autres enfants). Pour Bandura, la violence des parents, à la télévision ou dans l'environnement d'un enfant au sens large, peut conduire la délinquance à plus ou moins long terme, avec parfois le développement de nouvelles stratégies de violence par rapport au modèle que prend l'enfant. Cette théorie est controversée, notamment par les implications sociales qu'elle invite à tirer sur le déterminisme social de certains comportements rejetés par le société.
Alors quel est le propre de l'Homme ?
5. Retour sur la place de la raison et de la logique dans le développement des apprentissages et des intelligences Les
études psychométriques de l'intelligence des années
1990-2000 vont multiplier les corrélations entre résultats
de QI d'une population et mode de vie. Exemple avec les voyages, la santé,
le poids, l'alimentation... Exemple de l'abaissement du QI chez des enfants
de Nouvelle Zélande, de 3 ans et de 7 ans, en lien avec la consommation
de margarine, alors que le pain, les céréales et les le
riz, les pates, et le poisson rendrait plus intelligent. La consommation
de viandes, fruits, laitages, et légumes ne ferait pas de différence...
d'après Reremoana F. Theodore et al. (2009). Dietary patterns and
intelligence in early and middle childhood. Intelligence,
Volume 37, Issue 5, September–October 2009, Pages 506–513.
Le néo-zélandais James Flynn en 1984 note une augmentation de 3 à 5 points par décennie. Dans plusieurs pays développés, le QI paraît se stabiliser depuis la fin du XXe siècle. En revanche, il commence à augmenter dans les pays en développement.Elle serait du à la transformation de facteurs sociaux et culturels, à l'amélioration des conditions de vie et à l'urbanisation. Aux Etats-Unis, l'auteur constate que les gains les plus importants sont faits dans des domaines peu influencés par les apprentissages scolaires. Les progrès s’avèrent faibles dans les épreuves mettant en jeu des compétences verbales ou arithmétiques, qui relèvent plutôt d’un apprentissage de nature scolaire. Alors que les progrès les plus visibles font appel à des compétences visuospatiales ou de logique comme les matrices de Raven* et les sous-tests de similitude des échelles de Weschler**. Ce sont principalement les compétences logiques et visuospatiales mesurées par les tests qui ont progressé. Les compétences verbales sont restées pratiquement stables.
En 1905, dans le contexte de la généralisation de la scolarité obligatoire pour tous en primaire, Alfred Binet est chargé par Jules Ferry de la mise en place d'un test de niveau mental pour permettre de répèrer et de faciliter l'intégration des déficients intellectuels. le ministère de l'Instruction publique confie à ce chercheur en psychologie la mission d'« étudier les mesures à prendre pour assurer les bénéfices de l'instruction aux enfants anormaux ». L'objectif est de prévoir des aménagements pédagogiques qui leur seront adaptés. Avec Théodore Simon, il pense une "échelle métrique d'intelligence", pour mesurer l'intelligence des enfants et établir leur âge mental. Ce document précise, par exemple, qu'à cinq ans, un enfant « normal » peut comparer deux boîtes de poids différents, recopier un carré, répéter une phrase de six syllabes. C'est le psychologue allemand William Stern qui parlera en 1912 de Quotient intellectuel obtenu par un calcul de rapport entre l'âge mental et l'âge biologique.
Le QI permet d'approcher l'age mental d'un individu par un test, par rapport à son âge biologique. Le résultat est comparé à celui obtenu par un groupe d'enfants d'un âge donné, dont on fait la moyenne et que l'on ramène à 100. Si un enfant de 10 ans obtient un résultat au test qui est dans la moyenne d'un groupe d'enfants de 9 ans, son age mental est déclaré à 9 ans et son QI est : (9/10)*100 = 90. La formule général est donc Quotient intellectuel = [Age mental / Age réel ]*100 Ce qu'évalue en réalité le QI, c'est une vitesse de développement : un QI de 120 indique une vitesse de dévelopemment mental plus rapide qu'un QI de 80. Il évolue au cours du temps, et lié au contexte socioculturel et économique. Le QI est donc évolutif et n'a pas de dimensions prédictives. En 1910, Henry Goddard utilise ce test dans le New Jersey pour identifier la proportion d'arrièrés, qu'il nomme morons, dans les personnes qui immigrent. La proportion est considérable chez ces personnes immigrants qu'ils considèrent alors comme arriérées. Goddard établit alors un lien entre le fait que la majorité des morons sont des criminels qui menacent la société (délinquance) et les résultats aux tests de QI. D'où l'importance d'utiliser le test pour dépister les criminels potentiels. En 1916, l'américain Lewis M. Terman, professeur de psychologie à l'université de Stanford, généralise le QI aux adultes, à partir des travaux de Binet et de Stern. On parlera de l'échelle de Stanford-Binet qui reste encore aujourd'hui le test psychométrique le plus populaire avec l'échelle de Wechsler Adult Intelligence Scale (ou WAIS). voir How important is a hig IQ?, BBC News, 29 november 2013. Cette aventure va vite conduire à des controverses encore d'actualité dans le monde occidental autour de la question de la pertinence d'outils psychométriques pour évaluer l'intelligence, ou encore sur l'existence d'une intelligence qui serait inné ou acquise. Ce qui pose problème ce sont les conclusions des tests, et les conséquences que l'on en tire, si l'on fonde des actions socio-éducatives uniquement et principalement sur le résultat de ces mesures psychométriques. En 1921, le test de Stanford-Binet est mis en place par Lewis M. Terman qui estime mesurer alors une compétence innée. L'écrivain américain Walter Lippmann lancera alors la controverse en 1922 dans son journal The New Republic, et dans son ouvrage Public opinion, mettant en garde contre les stéréotypes, alors que les tests se répendent à l'école et dans l'armée dans les années 1930. "There is nothing about an individual as important as his IQ," declared psychologist Lewis M. Terman in 1922. To the extent that this is true, it is in large measure because of Terman himself and the opportunity that World War I afforded for the first widespread use of intelligence testing. The army’s use of intelligence tests lent new credibility to the emerging profession of psychology, even as it sparked public debate about the validity of the tests and their implications for American democracy. The idea that experts could confidently assign a man to his proper place in the army—and by extension his place in life—suggested a kind of determinism that some found profoundly at odds with American democracy and its credo of upward mobility through hard work. Walter Lippmann, an influential political commentator and journalist, skewered the army intelligence tests in a series of six essays that appeared in the New Republic in 1922. He denounced as “nonsense” the claim that the average mental age of an American adult was fourteen years, and forcefully warned his readers of the danger of uncritical acceptance of IQ as destiny. He addressed the conditions of IQ testing, the possible biases of army intelligence tests, and the larger social problems raised by such classifications. Source : History Matters, website with resources for teaching U.S. history. En 1940, cette controverse sur la part de l'inné et de l'acquis dans l'intelligence est prise en charge par le britannique Burt qui se propose de mesurer le QI sur des vrais jumeaux mais qui ont été élevés dans des milieux différents. Il montre que 80% de l'intelligence est héréditaire. Les implications politiques de ses résultats conduiront le gouverment à mettre en place une sélection des enfants à 11 ans. Les enquêtes sur les travaux de Burt montreront plus tard qu'il avait falsifié ses résultats.
Selon Gardner, c'est l'intelligence logico-mathematique et l'intelligence verbo-linguistique qui est valorisée avec le QI, ce qui masque l'existence d'enfants à haut potentiel. Cette vision aurait des implications dans la constitution de groupes d'apprentissage à partir d'un groupe classe, notamment dans les activités pédagogiques en « classe en puzzle » (« Jigsaw classroom ») dans lesquelles on envisage un apprentissage coopératif par constitution de groupe d'experts rassemblés ensuite pour un colloque de partage. Attention aux risques de catégorisation enfermant définitivement les jeunes dans une compétence particulière (stigmatisation). Attention également aux risques de marginalisation ou d'exclusion de certains enfants qui n'arriveraient pas à entrer dans les apprentissages par cette méthode. Séduisante sur le plan théorique, l'approche de Gardner est un véritable « cauchemar psychométrique » : les évaluations sont longues à réaliser et surtout elles ne permettent pas de quantifier les performances des enfants. Les psychométriciens se sont d'ailleurs fortement opposés à cette théorie, qui a par contre reçu un accueil très favorable chez les enseignants américains, ainsi que dans le grand public. En cherchant à découvrir des possibilités latentes chez les enfants, H. Gardner renoue avec l'objectif que visait A. Binet au début du siècle. C'est la même préoccupation qui motive également les promoteurs des tests « dynamiques ».
L'éducation nationale considère comme surdoués les élèves de QI supérieure à 130. On estime qu'ils sont 2% des élèves scolarisés. On préfère parler aujourd'hui d'élèves à haut potentiel, dans un domaine spécifique, scolaire ou extrascolaire. Cette aptitude ne se transformera en talent que si son environnement lui permet de la développer au cours d'activités, même si rine ne laisse présager de l'épanouissement général de l'individu (Surdoués : il n'y a pas que le QI. JF Marmion, Sciences humainesn°190, 2008). Il faut donc distinguer entre potentiel de départ et talent ultérieur. Si on se base sur les connaissances uiniquement, on distingue aujourd'hui les élèves intellectuellement précoces, c'est à dire qu'ils ont un QI dans la moyenne, mais qu'ils ont assimilé des connaissances plus tôt que la moyenne. On constate ces dernières années une évolution des cadres théoriques pour penser l'intelligence. Voir Ces enfants à « haut potentiel », Maria Pereira-Fradin, Sciences humaines n°164, octobre 2005. ou encore American education and IQ trap. For students, one score doesn't tell all, Los Angeles Times, 02 july 2013. Les premières études des enfants surdoués, précoces ou des petits génies remontent aux travaux du britannique Francis Galton, il y a plus de 100 ans (Hereditey Genius, 1869). Elles étaient destinées à montrer que les savants célébres généraient plus frequemment des enfants géniaux. Les travaux de l'américain Lewis Terman, sur 250.000 enfants qu'il suivra de nombreuses années, iront dans le même sens. Les 1000 enfants supposés être des génies potentiels et sélectionnés par Terman atteindront des études supérieures, à l'exception de quelques filles qui deviendront mères au foyer. On montrera que dans les enfants non sélectionnés, deux auront le prix Nobel de Physique, alors que leur niveau au test de Terman était insuffisant. Exemple
de la petite
Chloé, 10 ans, 147 de QI.
Chloé est âgée de 10 ans, possède un QI total de 147, ce qui la situe quatre écarts types au-dessus de la moyenne générale et correspond à un haut potentiel élevé. On note une légère supériorité (7 points) du QI performance sur le QI verbal. Du point de vue de la variabilité des scores aux subtests, on remarque des faiblesses aux épreuves « Code », « Similitudes » et « Vocabulaire ». Dans son parcours scolaire, Chloé a bénéficié de deux sauts de classe. Globalement, la qualité des relations avec les enseignants a été fondamentale, avec décrochage complet en cas de difficultés relationnelles et réinvestissement lorsque l'entente était bonne. Au niveau des méthodes de travail, Chloé privilégie la compréhension immédiate et refuse de faire ses devoirs ou d'apprendre ses leçons, elle ne note jamais les corrections des exercices et réagit très vivement si on lui demande d'améliorer son travail alors qu'elle pense avoir compris. Son profil de résultats scolaires est très hétérogène avec des performances élevées dans les matières scientifiques et des difficultés importantes en orthographe et en grammaire. Le contraste entre aptitudes verbales et spatiales est très marqué. En dehors de l'école, Chloé manifeste une très grande créativité. Elle est inscrite dans un atelier de robotique, participe à des jeux de stratégie complexes et aime les jeux de construction où elle réalise des figures très élaborées. Les relations avec les autres sont difficiles. En cas de conflit avec un adulte, même sans cause majeure, Chloé se referme complètement et refuse toute discussion. Avec les enfants de son âge, Chloé est très immature. Sa seule amie est une enfant à haut potentiel. Ensemble, elles jouent énormément en se comportant « comme des bébés », selon l'expression de leur entourage. En cas de conflits avec d'autres enfants, Chloé devient très agressive allant jusqu'à se battre et en se positionnant ensuite comme victime. Son immaturité affective est flagrante. Le plan cognitif semble donc nécessaire mais non suffisant pour comprendre l'intelligence. Il faut lui associer par exemple des dimensions affectives. La question de potentialités doit être associée à celle du domaine où cette potentialité se manifeste. Le QI n'est pas le seul indicateur possible d'un haut potentiel. Il faut des mesures de personnalité et de traits de comportements recueillis aussi auprès des parents, des pairs, des enseignants, bref, de la communauté éducative au sens large. On peut donc présenter des aptitudes exceptionnelles dans un domaine donné et connaitre des difficultés d'apprentissage, d'adaptation et/ou d'intégration importante. Il faudrait donc mettre en place des tests qui explorent d'autres capacités et potentialités intellectuelles. Le QI n'est donc pas un test d'intelligence au sens large du terme. Certains parlent de la nécessité d'un changement de paradigme qui conduise à ne plus décrire les personnes comme des êtres surdoués ou à haut potentiel, mais à les présenter comme ayant un profil de capacités personnelles et environnementales qu'il faut prendre en compte dans un contexte éducatif donné (Des psychologues s'interrogent sur le QI et certains de ses usages, Une contribution à la réflexion. Le Journal des Psychologues n° 230 septembre 2005). Mais l'actualité montre que l'approche médicale neuroscientifique 'est pas encore apte à intégrer la diversité des déterminants d'intelligence... Surdoués
: pourquoi certains s'adaptent-ils moins bien à la société
?
Exemple du projet américain Bright Idea (2001-2004 et 2004-2009) de l'American Association For Gifted Children: this project was founded on the assumption that all children benefit from gifted curriculum. The latest phase focused on K-2, with students whose economic and educational backgrounds don't usually land them in accelerated programs. It targeted a wide range of "gifted intelligent behaviors" including thinking flexibly, being self-reflective, creating, imagining and innovating, taking responsible risks, listening with understanding and empathy, and remaining open to continuous learning. Virtually none of the students involved had been nominated for gifted and talented programs. But by second grade, about 1 in 4 was identified as gifted. And even those who weren't showed substantial improvements in the gifted behaviors that were taught. On top of that, one principal found that nearly every Bright Idea student scored 50% to 100% higher than students in the regular classrooms on every academic assessment given.
Comme le diront en 2005 les psychologues français dans un appel contre les dérives actuelles de l'usage du QI : Seule la mise en relation des différentes données psychologiques permet de construire une interprétation cohérente et compréhensive du fonctionnement mental. CONCLUSION : On arrivera progressivement à des idées relativement consensuelles, qui vont permettre de prendre de la distance critique dans l'utilisation des résultats de tests psychométriques en psychologie cognitive (qui s'interesse donc à la capacité de l'individu à résoudre des problèmes en mobilisant et en construisant des connaissances):
Actuellement, les attentes sociales, des familles notamment, sont tellement fortes en maitère d'intelligence qu'il y a des risques de stigmatisation ou de marginalisation des enfants à faible ou fort QI. Le QI serait donc un indicateur peu informatif, incomplet, et pernicieux. Il peut véhiculer une idéologie lourde de conséquences pour notre représentation du corps social, sous couvert de données quantitatives et statistiquement objectives.
Les tests classiques comme le QI sont « statiques » puisqu'ils mesurent le niveau actuel de l'individu. Les tests dynamiques visent eux, à évaluer sa capacité d'apprentissage. La différence tient plus dans la procédure employée que dans le contenu du test lui-même, qui peut fort bien être un test classique. Le principe est simple : après avoir fait passer une épreuve, l'adulte explique à l'enfant ses erreurs éventuelles, la manière dont il pourrait s'y prendre pour mieux réussir une prochaine fois, etc. Puis, un deuxième test du même type est effectué, ce qui permet d'évaluer la capacité de l'enfant à profiter de l'apprentissage. Les chercheurs travaillant sur le sujet se réfèrent généralement à la notion de « zone prochaine de développement », élaborée par le psychologue soviétique Lev Vygotski dans les années 30, et qui désigne le niveau de performance qu'un enfant peut atteindre avec l'aide appropriée d'un adulte. Une étude a ainsi montré que ce sont les enfants issus de familles défavorisées qui profitent le plus de ces explications. Cette approche se heurte encore à des difficultés méthodologiques, mais elle est suffisamment prometteuse pour faire dire à Even Loarer et Daniel Chartier (« L'Evaluation dynamique des aptitudes : révolution ou gadget ? » Psychologie française, vol. 41-1, 1996) que beaucoup de praticiens se détourneront des méthodes statiques d'évaluation au profit des méthodes dynamiques lorsque celles-ci seront bien au point. Après des errances parfois bien regrettables, les tests d'intelligence retrouveront alors la finalité première que leur avait assignée Alfred Binet.
EVALUATION Travail
nécessairement en groupe
(4 étudiants maximum) à rendre pour le lundi 04 mai
2015 dernier délai au format pdf.
CONSIGNES
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