Intelligences et Apprentissages
De la psychologie à l'éducation

Learning theories


Benoît Urgelli
last up-date : 5-fév-18

Avec le soutien de Cassandra Rossano et Louise Berthier
Etudiante en Licence Sciences de l'Education, Université Lyon 2

OBJECTIFS des 4 séances de CM :
Nous avons souligné, au S1, que de nombreuses recherches en éducation sont médiatisées lorsqu'elles sont quantitatives, bio-médicales et utilisent le QI pour évaluer l'apprentissage des jeunes et d'éventuels troubles liés aux styles de vie et/ou à des facteurs génétiques. Dans certains systèmes éducatifs, dont le nôtre, cet indicateur est également utilisé pour évaluer les apprentissages scolaires. Le QI a une histoire sociopolitique et est sujet à controverse. A travers nos 4 séances, nous tenterons de retracer cette histoire, dans le monde anglo-saxon mais également francophone et plus généralement occidental, et de cartographier les controverses associées, leurs implications dans le champ de l'éducation scolaire. L'objectif est donc de définir les limites de cet indicateur, dans toute tentative d'évaluation de l'intelligence ou plus précisèment, comme nous le verrons, des intelligences.

1. Etude d'une enquête "psychométrique": Etudiants et gouts musicaux, l'enquête de V. Griffith (2009) ?

Les gens stupides écoutent Beyoncé selon une étude
Charles Binick, Le Figaro, Culture, Musique du 24/10/2014.

Voir le site de Griffith, auteur de cette étude datée de 2009.

Un programmeur informatique du nom de Virgil Griffith a [...] classé les goûts musicaux – aussi bien par artiste que par catégorie – en se basant sur les scores du Scholastic Aptitude Test – SAT* – de 1352 lycées. Le SAT est un examen QCM de fin d’étude organisé dans les lycées aux États-Unis, [...] Obligatoire, il permet d’entrer à l’université, et donne lieu à une notation allant de 600 à 2400 points. Selon cette étude, les plus “intelligents” écoutent Bob Dylan (5.000.000, vue Youtube, chiffre moyen)) Norah Jones (15.000.000), Radiohead (25.000.000) et/ou Beethoven (25.000.000), U2 (100.000.000), et les plus stupides… Beyoncé (150.000.000) et/ou Lil Wayne (325.000.000).

*About SAT : The current SAT, introduced in 2005, takes 3 hours and 45 minutes to finish, and as of 2014 costs US$52.50 (up to US$94.50 outside of the United States), excluding late fees. Possible scores on the SAT range from 600 to 2400, combining test results from three 800-point sections: Mathematics, Critical Reading, and Writing. According to the College Board, the SAT does not test logic or abstract reasoning. On March 5, 2014, the College Board announced that a redesigned version of the SAT would be administered for the first time in 2016. The exam will revert to the 1600-point scale, the essay will be optional, and students will have 3 hours to take the exam plus 50 additional minutes to complete the essay. SAT had “become disconnected from the work of our high schools.” A New SAT Aims to Realign With Schoolwork !

Discussion : une enquête discutable et discutée, sur le fond, les présupposés psychologiques sous jacents et la méthode employée pour construire des corrélations, qui ne sont pas des causalités. Si on devait se lancer dans une telle entreprise dans le contexte français, quel recadrage méthodique et scientifique pourrait-on proposer ?

2. Définition de la psychologie, de l'intelligence, de l'apprentissage : premières définitions et controverses

Psychologie : (1754, mais la notion moderne ne se dégage qu'au cours du XIXe). Mod. Étude scientifique des phénomènes de l'esprit, de la pensée, de la vie mentale, au sens le plus large de ces termes, phénomènes caractéristiques de certains êtres vivants (animaux [...] homme) chez qui existe une connaissance de leur propre existence (? Conscience), et, spécialt, cette étude chez l'homme considéré comme normal. d'après le Grand Robert de la Langue Française.

Des rapports entre connaissances et intelligence (Intelligence et Aprentissage, Article de J.-Y. Fournier (2001), Eduquer et former, p.157) : implications éducatives

Ces rapports ont été pensé dans les deux sens, avec des controverses sur le fait que les connaissances sont nécessaires à l'intelligence. Les travaux de Dewey et Claparède apportent des éclairages nouveaux sur ces rapports. Mais qu'est ce que l'intelligence ?

Nous considérerons que l'intelligence est une faculté qui permet de résoudre des problèmes et de surmonter des obstacles, en mobilisant des connaissances, soit acquises, soit à construire. L'apprentissage vise donc à apprendre à résoudre un problème d'ordre physique, existentiel et intellectuel. L'éducation et la formation cherchent donc à donner du sens à l'activité, en précisant son but, sa raison, son utilité. La mise en activité et donc les méthodes dites actives sont pertinentes si elles s'articulent à une problématisation. Pour agir intelligemment, il faut donc poser une question dont les réponses sont douteuses et mobilisent des présupposés. L'enseignement va donc viser à examiner la diversité des réponses et à construire une réponse collective et cohérente à partir de phases d'observation et d'explication, mobilisant à la fois logique et créativité (Latour et Callon, 1991), des phases de généralisation par abstraction et mise en forme de la connaissance (phase inductive), qui conduisent à des phases déductives qui permettent de prévoir et de vérifier la pertinente et les limites de la généralisation.

On aboutit alors à un concept par cette pédagogie de l'intelligence : à partir d'un problème, on tente d'élaborer des réponses dont on teste la robustesse par la confrontation à la réalité. Avec le développement de connaissances, on développe également des compétences. Cette pédagogie est aussi celle de Freinet et des situtations-problèmes ou des objectifs-obstacles, une pédagogie qui commence par un défi intellectuel.

Une des difficultés du système d'enseignement scolaire est la définition des connaissances à transmettre. On constate qu'il s'agit actuellement de transmettre des savoirs monumentalisés, c'est à dire de réponses à des problèmes qui ne sont pas ou peu explicités (Chevallard, 1997). Pour Cariou, il faut redonner sa place à la problématisation et à l'émission d'hypothèses qui déclenchent créativité et logique, en ne considérant pas que les hypothèses sont des fantaisies inacceptables comme le pensaient les empiristes à l'époque de Newton.

Si on s'accorde sur cette vision de l'intelligence et de son lien avec les connaissances, il se pose la question des possibilités d''évaluation de cette intelligence. Existerait-il un moyen de mesurer cette intelligence ?

3. Tests scolaires : attention aux représentations des apprenants et à leur culture

  • Aux origines des malentendus scolaires

Les différences individuelles d'efficience intellectuelle sont-elles dues à des fonctions générales comme la vitesse de traitement ou la capacité de la mémoire de travail ? Ce qui semble plus déterminant entre un expert et un novice, ce sont les connaissances préalables, antérieures qui influent sur la manière dont nous analysons les situations et nous y répondons. La psychologie cognitive montre que les individus développent des stratégies différentes pour acquérir des connaissances en fonction de leur représentation de la situation et de leur culture.

Etude de quelques tests scolaires à l'école primaire (in C. Bastien (2011). Et si l'école rendait intelligent).

  • Apprentissage de lecture : test au CP avec un exercice "Colorie les volets de la maison en vert". Une enfant de migrant colorie l'ensemble de la maison en vert. Comment l'expliquer ? Difficultés de lecture, dyslexie, intelligence, autre hypothèse ? p.142
  • Exercice sur un test de lecture CE2 avec la consigne de "barrer les mots qui ne sont pas bien écrits" p.137
    des réponses identiques et justes, mais des connaissances différentes
  • Exercice à trou CE2 p.138
    des réponses fausses avec des connaissances justes, liées à la situation proposée et à la forme de l'exercice
  • Test de l'Echelle Collective de Développement Logique (Hornemann) en lycée (Item 8, 1970) où il faut remplacer le point d'interrogation par la lettre A, B, C, D, E correspondante au mot qui devrait logiquement se trouver sur la même ligne (p.141).

L'interprétation des réponses par les évaluateurs mais aussi les connaissances mobilisées par les apprenants, leurs représentations du monde, pour aborder la situation est une source de malentendus sur les capacités des élèves. Ces représentations facilitent ou invalident l'acquisition de connaissances nouvelles. Pour contribuer au développement de l'intelligence, il faut prendre en compte les représentations construites par les apprenants à partir du monde qui les entoure.

Cette dimension culturelle évolue à l'échelle d'un individu et d'un collectif. Les réponses erronnées ne proviennent donc pas forcèment d'un défaut de logique comme le voudrait le test mais soit de l'absence d'une connaissance devenue obsolète ou d'un environnement culturel individuel différent de celui du concepteur du test.

L'école risque souvent de proposer des explications et des prises en charge décalées par rapport aux causes réelles des difficultés. Les recours aux tests d'intelligence adaptés à une population de culture française conduit à la conclusion que certains enfants sont en difficulté d'apprentissage par manque d'intelligence et donc incapables de s'insérer dans la scolarité habituelle. Au-delà des connaissances, pour réussir aux tests, c'est également un système de valeurs et de comportements qu'il faut assimiler.

Il existe donc différents chemins d'acquisition de connaissances, en fonction des types de connaissances antérieures activées dans les apprentissages (par exemple les connaissances morphologiques dans le cas de l'apprentissage de la lecture ou de l'orthographe autour de mots familiers (comme grand) ou de mots rares (comme jument) p.143). C'est probablement ce qui explique en partie aussi les différences inter-individuelles dans les apprentissages scolaires. Elles deviennnent inquiétantes si elles n'évoluent pas (toujours le même type d'erreur) et dépendent encore une fois des représentations mises en oeuvre dans les apprentissages.

BILAN : L'intelligence dépend donc des connaissances et des compétences que l'on mobilise, quelles soient scolaires ou liées à l'environnement culturel et familial (d'où l'importance de le connaitre), mais également de l'interpréation de la situation d'apprentissage proposée et de la diversité des processus d'acquisition de nouvelles connaissances. Selon la nature de la connaissance activée (il y en a toujours plusieurs), la façon dont est présentée la notion à acquérir (ce que j'appelerai volontiers la problématisation) et les exemples qui sont donnés, on peut soit faciliter, soit bloquer la compréhension. La réponse au test peut être exacte alors que la connaissance n'est pas assimilée, ou alors la réponse est inexacte alors que la connaissance est maitrisée. Il faut donc rechercher quelles connaissances sont activées et pourquoi !

  • Exemple des prises de représentations dans l'enseignement des sciences à l'école primaire. de l'os du genou en début de cours sur les articulations.
    Voir Squelette et représentations des enfants. Quelques extraits de "Des idées pour apprendre", André Giordan, Françoise Guichard et Jack Guichard, CNDP Alpes Maritimes, Z'Editions, 1997, p 58-65
 

Exemple de la construction d'un sens en mobilisant une diversité de connaissances...
Humour-Publicité BIC L'effet de serre au Bac de Sciences (2006)

4. Comment apprend-on ?


Beethoven 1808



Ariana Grande 2014

Le cas de l'apprentissage de la musique, du solfège, de la lecture de notes de musique, la reconstruction sensorielle (Stromae, 2010) et la question d'une intelligence spécifique ?

  • Du béhaviorisme au socioscontructivisme

Des siècles de controverses et de débats sur le rôle de la perception, de la mémoire, de la motivation, des représentations, de l'action, du langage et de la raison dans les apprentissages et le développement de l'intelligence. Parcours entre le rationalisme platonicien et l'empirisme aristolicien, entre des théories béhavioristes, cognitives ou socioconstructivistes de l'apprentissage.

Actuellement, on s'accorde à considérer qu'il existe différents formes d’intelligence, dont l’intelligence musicale par exemple. Durant la période grecque et durant le moyen âge, la musique était considérée comme un art des nombres et faisait partie du QUADRIVIUM (arithmétique, géométrie, musique, astronomie), alors que le TRIVIUM (ou "arts de la parole") comprenait la grammaire, la rhétorique et la logique.

Platon estimait que l’intelligence était une faculté innée, qui se fonde essentiellement sur la raison. Son disciple Aristote pense que l’intelligence ne vient pas nécessairement du monde des idées, mais se développe par les différents sens. On devient intelligent et l'on apprend grâce à la perception sensorielle. De cette époque naît le courant rationaliste, de la raison, et le courant empiriste par la perception. Platon fonde l’académie élistite d’Athènes, alors qu'Aristote fonde le lycée d’Aristote.

Dans chacune des 2 institutions, on forme des personnes. Aristote leur apprend essentiellement à observer et décrire le monde, et il produit une masse de connaissances descriptives, avec plus de 4 000 pages détaillées de la vision du monde vivant (animaux, plantes). Derrière ces 2 visions de l'apprentissage, il y a des implications éducatives.

Progressivement au cours de l’histoire de l’éducation, ces visions s’hybrident, jusqu’à élaborer une vision de l’apprentissage qui contient de multiples facettes. Au cours de l’histoire de la psychologie du XIXe et du XXème siècle, on s'accordera progressivement sur au moins 7 déterminants d’apprentissage, des déterminants encore étudiés aujourd’hui :

  1. Raison / Logique
  2. Perception
  3. Mémoire
  4. Motivation / Plaisir
  5. Action
  6. Langage
  7. Représentations

Chaque refondation du système éducatif va donner plus ou moins d’importances à ces facteurs d'apprentissage. Actuellement, avec la perte sociale de sens de l'école, la tendance est de mettre l’accent sur la motivation comme facteur de mobilisation pour des apprentissages.


  • Le rôle de la perception sensorielle dans les apprentissages

La psychologie expérimentale a montré qu'un groupe de personnes soumis au même stimulus n’apprennent pas la même chose. Il y a de la subjectivité dans la perception sensorielle. C’est une des premières critiques du béhaviorisme.

Des expériences marquantes :

  • Le Vase du danois Ruben (1915) : expérience d’un vase noir et blanc, 2 profils. Des visages apparaissent.
  • L’effet cocktail de Cherry (1953) : il est possible d’apprendre, même avec du bruit, car le sujet a la faculté de sélectionner dans la masse des stimulus, le signal est sélectionné de manière active.

La perception semble donc un mécanisme actif qui dépend du sujet et qui permet de donner du sens au monde qui l'entoure. On entend et on écoute en fonction de ce qui nous intéresse. Il existe une différence entre entendre et écouter, entre voir et observer (processus actif).

Par exemple, dans l'enseignement des sciences, on a longtemps pensé que l'on apprend par l’observation de la nature, et que cette observation passive conduit nécessairement à une questionnement puis à une conceptualisation du phénomène naturelle observée. Mais on constate que l'on observe en lien étroit avec un schéma de pensée que l’on a en tête et que l'on soumet à l'épreuve de la réalité. Faire des sciences revient à réfuter et vérifier des hypothèses. Cela suppose l'exitence de deux formes d'intelligence en sciences, une intelligence « chaude » mobilisant créativité et imagination, articulée à une intelligence plus froide supposant de la rigueur logique (Callon, M. et Latour, B. (1991). La science telle qu'elle se fait. Anthologie de la sociologie des sciences de langue anglaise. (Nouvelle édition amplifiée et remaniée) , Paris, La Découverte).


  • Le rôle de la mémoire dans les apprentissages

En 1920, Zeigarnik, une élève de Vygotski, démontre qu’un garçon de café oublie ce qu’il a fait une fois la tâche terminée. Si l’on interrompt la tâche, il mémorise ce qu’il lui reste à faire. Elle en viendra à l’idée que la mémorisation dépend de la motivation que l’on a pour une tâche, et plus exactement pour la résolution de cette tâche. C’est l’effet Zeigarnik.

Bartlett (1932) montre que la mémoire est sélective et aussi inventive.

  • Expérience de redessiner un bonhomme initial, qui finit pas un portrait d’homme.
  • Expérience en racontant une conte (Ghost War ou bien la Guerre des fourmis) à un groupe d'enfants : les souvenirs racontés de cette historie montrent une diversité d’interprétations de la même histoire entendue par les enfants.

  • Le rôle de la motivation

On a longtemps pensé que la motivation était une question liée à la volonté de l'individu. On bascule progressivement vers l'idée que cela dépendrait aussi de l’environnement d'apprentissage (et donc aussi en partie du professeur). Actuellement, on estime que la motivation dépend à la fois de la situation d’apprentissage (= environnement, contexte) et de la perception que l’individu a des attentes de celui qui se propose de lui apprendre quelque chose. Plus exactement, on pense que la motivation, ou mobilisation selon le terme employé par Meirieu (2015), dépend de :

  1. De l ’intérêt et de l’utilité que l’apprenant se fait de la situation
  2. De la perception qu'il a de lui-même et de sa propre compétence
  3. De l’idée qu'il a de sa capacité à contrôler l’activité.

Si l'on accepte l'idée que le professionnel de l’apprentissage n’est pas qu'un encyclopédiste, mais aussi celui qui est capable de motiver les enfants, 5 pistes peuvent être explorées pour susciter de la mobilisation pour les apprentissages :

  1. Choisir des activités qui font sens pour les élèves
  2. Choisir des évaluations qui permettent de contrôler régulièrement les apprentissages et le sens donné aux activités
  3. Choisir des systèmes de récompenses négociées et acceptées collectivement
  4. Créer un climat de travail, de confiance et de respect
  5. Donner l’exemple par son propre comportement

En 1905, lors de la réforme de l'éducation, la motivation et le plaisir semblent orienter les réflexions sur les conditions d'un apprentissage efficace à l'école. Ces déterminants d'engagement seront controversés et continuent de l'être, notamment par les Républicains qui estiment que la fonction de l'école est d'instruire et de transmettre les connaissances. De cette controverse naitra un mouvement d'éducation nouvelle (basée sur la motivation et le plaisir), souvent en tension avec les écoles traditionnelles (voir table ronde ISPEF "Pourquoi y a-t-il si peu d'écoles nouvelles en France", 10 avril 2015). Ce qui pose problème n'est pas tant la motivation mais la question du plaisir. On considère qu'il existe deux formes de motivation :

  • une motivation intrinsèque, liée à la recherche de plaisir mais dont le défaut est qu'elle suppose que les enfants soient tous attirés par les activités qu'on leur propose,
  • une motivation extrinsèque, liée aux situations et aux contraintes qu'imposent l'enseignant dans laquelle on trouve deux variantes :
    - par le bâton (c'est en punissant en cas d'échec que l'on contribue à motiver, par une sorte de loi de renforcement (voir les études en 1925 sur cette loi dans l'article de Sciences Humaines de mars 2015 sur la motivation)
    - par la carotte (c'est en récompensant (bon point, prix, mise en valeur aux yeux des autres,...) que l'on contribue à motiver.

Cette motivation, ou plus exactement cette mobilisation, peut se concevoir essentiellement à travers des situations dans lesquelles on prend en compte la culture de l'enfant tout en proposant des situations-problèmes à surmonter (en faisant attention à ce que ces obstacles ne soient pas trop élevés par rapport aux capacités de l'enfant). Notons enfin que la motivation de l'enfant ne doit pas devenir un critère pour les sélectionner ou les exclure. Si l'enfant n'est pas motivé, sans oublier d'explorer la situation psychologique et/ou médicale de l'enfant, c'est aussi au pédagogue de se remettre en question, notamment à travers les pratiques pédagogiques et le discours qu'ils proposent.

Des théories de l’apprentissage

De manière schématique, on distingue dans l'histoire moderne des théories de l’apprentissage 3 grandes périodes traversées par des écoles de pensées ayant différentes visions de l’intelligence. Attention, ce sont des transitions progressives, pas des ruptures brutales entre chaque période et chacune de ces théories structure toujours en partie les pratiques pédagigiques (Des théories de l'apprentissage à l'enseignement, Sciences Humaines n°98, Octobre 1999).

Cette histoire des théories de l'apprentissage est d'abord une histoire internationale avec des travaux des russes, allemands, américains, danois et français. Les sciences de l’apprentissage sont un domaine qui va se construire par échange de théories et de pratiques, liées à la psychologie expérimentale sur l'homme adulte, l'enfant mais aussi sur l'animal.

  1. De la première guerre à la seconde guerre mondiale : c’est la période en France où se met en place la scolarité obligatoire. Cette période est basée sur l’idée que pour apprendre, il faut stimuler les enfants et on obtient plus facilement de l'engagement dans les apprentissages si on introduit une récompense à la fin (bons points, etc.) ou une punition ! C'est une vision passive de l'apprentissage, que l'on qualifiera de béhaviorisme (1910-1930). Voir l'article de Gaetane Chapelle (2000). La naissance du béhaviorisme. Sciences humaines hors série n°30, Décembre 2000/Janvier Février 2001.
  2. Entre 1930 et 1960, la psychologie de la forme ou gestaltisme suppose que les processus de la perception et de la représentation mentale traitent spontanément les phénomènes comme des ensembles structurés (les formes) et non comme une simple addition ou juxtaposition d'éléments. On apprend en utilisant des schémas de pensée globale.
  3. Dès 1960 émerge la période de la psychologie cognitive. On apprend en sélectionnant des informations de manière active et en les intégrant à nos représentations initiales. L'apprentissage est un processus actif de construction de connaissances. Le constructivisme devient la théorie dominante pour penser les apprentissages. Pour Piaget, il existe une lien entre les stades de développement d'un enfant et sa capacité à apprendre. Les interprétations de cette théorie dans l'enseignement font figer la diversité des modes d'apprendre, en reniant les apprentissages passifs notamment, mais surtout en linéarisant de manière caricatiurale le développement de l'enfant. L'expérience de socialisation des enfants montre que des enfants savent faire des choses avant les autres, independamment des stades de Piaget, et qu'il existe des déterminants d'apprentissage qui sont liés aux contextes socio-culturelles et familiales. On apprend aussi par interaction sociale, en interagissant avec les autres (Vygotski, Bruner, Bandura). Progressivement, ce sera la théorie du socioconstructivisme qui prendra le dessus dans les pensées pédagogiques modernes, jusqu'à en devenir, pour certains un dogme de l'apprentissage (Le constructivisme en question, sous la direction de Manuel Bächtold. TRÉMA n°38, décembre 2012).

Au cours du XXème siècle, des psychologues se tournent vers l'animal pour tenter de répondre à la question : comment apprend-on ? On estime que l'animal proche de l'homme d'un point de vue de son plan d'organisation et de ses gènes (qu'il soit vertèbrés, et plus particulièrement Mammifères, voire Primates) développe des capacités d'apprentissage proches de celles de tous petits humains. Des années 1910 à 1930, en lien avec la naissance de la psychologie béhavioriste, des chercheurs russes, allemands et américains développent des expérimentations sur des chiens, chats, rats, singes ainsi que sur le pigeon pour tenter de théoriser l'apprentissage.

 

    Le psychologiste russe Ivan Petrovitch Pavlov (fils d'un prêtre de campagne) travaille sur les mécanismes et les sécrétions liés à la digestion à l'Institut de médecine expérimentale. Il obtiendra le prix Nobel en 1904 pour ces travaux sur la digestion et non sur le comportement conditionné. En mesurant la quantité de sécrétion de sucs gastriques chez des chiens, il constate que les animaux salivent en mangeant mais également à la vue de la nourriture ou de la personne qui l'apporte. Le chien a donc appris que le bruit des pas -stimulus conditionnel- est associé à la présence de viande dans sa bouche. La réponse de salivation devient donc une réponse conditionnelle.

  • Classical conditioning - Pavlov (1920, URSS), on Dog... and children !

A la même époque, aux Etats Unis, les études expérimentales de l'apprentissage se développent également. Edward L. Thorndike (fils d'un médecin) s'interesse à l'apprentissage animal et publie en 1911 Animal intelligence: experimental studies. Il construit des cages qu'il appelle des boites-problèmes que l'animal (le chat) doit ouvrir pour atteindre la nourriture à l'extérieur. Le chat ou le chien arrive à sortir à la suite d'un apprentissage par essais-erreurs. L'animal reproduit alors la situation qui lui donne le plus de satisfaction. En mettant un chat affamé dans une boîte-problème, il mesure le temps que met le chat pour ouvrir la boîte avec sa patte et son museau. En reproduisant l'expérience plusieurs fois, au bout du 40ème essais, le chat arrive à sortir 6 fois plus rapidement qu'en début d'expérience, soit à 100 secondes environ.

  • Thorndike (1898, USA), on Cat : Apprentissage par essais-erreurs; his work on learning theory that lead to the development of operant conditioning within behaviourism.

En mars 1913, John B. Watson (fils d'un fermier pauvre, qui fut d'abord instituteur et dresseur de rats...), probablement à l'origine du béhaviorisme, expose une conception radicale de la psychologie qu'il considère comme une science du comportement et non une science de la conscience. Il propose de se limiter à ce qui est directement observable, donc le comportement, de se contenter de le décrire et de formuler les lois qui le gouverne (Psychology as the behaviorist views it. Psychological Review, Vol 20(2), Mar 1913, 158-177). Les expérimentations animales en psychologie se multiplient, avec l'idée que l'on peut aussi étudier l'homme avec les mêmes protocoles. Cette méthodologie réduit la psychologie en excluant les activités symboliques, la conscience et la subjectivité. Le langage sera pris en considération puisque pour Watson, il s'agit d'une comportement comme les autres. Ce psychologue aura une influence considérable sur les orientations de la psychologie américaine béhavioriste, notamment en dirigeant la revue Psychological Review, avant qu'un scandale personnel avec son assistante Rosalie Rayner, médiatisée dans la presse, conduise l'Université Hopkins à le congédier en 1920.

L'américain Skinner (1930) reprend les travaux de Pavlov en travaillant sur le pigeon et démontre que certes l'animal apprend par conditionnement mais que celui-ci n'est pas un conditionnement classique par réflexe, mais qu'il y a un conditionnement opérant c'est à dire que le sujet apprend de manière active. Le pigeon affamé est placé dans une boîte dans laquelle se trouve un distributeur de graines et un petit disque qui s'allume. L'animal apprend peu à peu que s'il frappe le disque allumé avec son bec, il obtient de la nourriture. Avec Pavlov et Thorndike, la démonstration par la statistique entre en scène, avec la mise au point d'outils de quantification des apprentissages et plus précisèment des vitesses d'apprentissage. Ils donneront à la psychologie expérimentale une reconnaissance scientifique par le développement de ces méthodes.

  • Skinner's Operant Conditioning Chamber, on Pigeon

L'américain Tolman (1930) travaille sur le rat : Il y a certes une activité du sujet lorsqu'il apprend mais les sujets ont une représentation mentale de l'espace et de la situation dans lesquels ils sont. Il le démontre avec le rat placé dans un labyrinthe qui sort de plus en plus rapidement en direction de son repas. L'animal se créé une carte mentale du labyrinthe au fur et à mesure qu'il l'explore.

L'allemand Kohler (1930) travaille lui sur le singe. Il est placé dans une situation dans laquelle s'il voit des bananes mais ne peut les attraper. Il est obligé d'inventer un moyen indirect pour attraper la nourriture (par l'intermédiaire d'un bâton le plus souvent, ou de caisses entassées, ou dans le cas de la noix dans le fond d'un tube à essai en apportant de l'eau pour remplir le tube ce qui provoque la remontée à la surface de la noix...). Le singe fait plusieurs tentatives puis d'un seul coup, il découvre la solution. Si on le soumet à une situation-problème analogue, il se souvient de la solution et remobiliser les mêmes savoirs.

Dans les années 1960, une autre vision de l'apprentissage des enfants est développée par l'américain Bandura (qui reprend les travaux du russe Vygotzki). il défend l'idée que l'apprentissage se fait par des processus sociaux, par l'imitation, l'identification à un modèle et de la co-activité (interaction avec d'autres enfants). Pour Bandura, la violence des parents, à la télévision ou dans l'environnement d'un enfant au sens large, peut conduire la délinquance à plus ou moins long terme, avec parfois le développement de nouvelles stratégies de violence par rapport au modèle que prend l'enfant. Cette théorie est controversée, notamment par les implications sociales qu'elle invite à tirer sur le déterminisme social de certains comportements rejetés par le société.

  • The social Learning Theory ; Vygotski, 1930 ; Bandura (1963) combines both cognitive and behavioral frameworks.

Alors quel est le propre de l'Homme ?

 

L'Homme est un être de récit ! (Universcience TV, 2010)

Pour Rabelais, le propre de l'homme c'est le rire ! Et pour le paléoanthropologue Pascal Picq, serait-ce l'amour, la guerre, l'outil, le langage, la morale ou la bipédie ? Petit cours d'éthologie (étude du comportement) au tableau blanc pour relativiser notre place dans l'évolution. Quel est le propre de l'homme :

  • La bipédie ? Non, ce n'est pas une exclusivité humaine
  • L'utilisation d'outils ? Non, les singes s'en servent aussi
  • La culture ? Non, selon la race des singes, différentes « coutumes » existent
  • La nourriture, le partage ? Non, les singes le font aussi
  • La socialisation ? Non, les singes vivent aussi en communauté
  • L'organisation politique du pouvoir ? Non, les singes le font aussi (Vidéo BBC Life des Snow Monkey du Japon : une communauté sociale dans un environnement climatique extrême, avec des jeunes qui apprennent, des adultes qui jouent et une organisation politique.
  • La guerre ? Non, les singes le font aussi
  • Le langage ? Non, les singes peuvent apprendre jusqu'à 500 mots
  • L'empathie, la sympathie, le rire, les pleurs ? Non, les singes le font aussi
  • La notion de mal et de bien ? Non, les singes l'ont aussi
  • L'amour ? Non, les singes peuvent le ressentir
Alors que reste-t-il à l'Homme ? Des facultés humaines existent dans les communautés de grands singes qui se transmettent de génération en génération avec des positionnements sociaux, des rapports de force, des jeux d'acteurs qui peuvent aller jusqu'au conflit. On y retrouve les déterminants d'apprentissage que l'on rencontre dans l'espèce humaine. D'après Picq, ce qui manque au singe, c'est la capacité de mettre ses apprentissages en récit. Lorsqu'on est capable de mettre en récit des connaissances, des savoirs faire et des savoirs être, on peut penser que l'on a appris quelque chose. Et si l'on se spécialise dans l'apprentissage aux autres, on devient éducateur au sens large du terme. N'est ce pas là une belle définition de l'enseignant ?


Langage, séduction, ruse ou politique chez les animaux

Numéro Hors série de Sciences et Avenir, avril-mai 2015

Qu’un chimpanzé façonne un outil à partir d’une branchette pour attraper des termites, passe encore ! Après tout, comme nous, c’est un primate. Mais un poisson ! Un petit labre qui se saisit d’un caillou pour casser un oursin. Ou un moineau ! Qui parvient à ouvrir la porte d’un restaurant en voletant devant la cellule électrique qui la commande, afin de se glisser à l’intérieur et de chiper quelques miettes [...] C’est qu’on a souvent tout faux [...] avec les autres animaux. [...] Nous accordons plus d’intelligence à qui nous ressemble : les primates, donc, puis les autres mammifères, et dans les branches basses de l’arbre du vivant, les poissons ou les insectes.[...] il aura fallu attendre plus de deux siècles, après des classificateurs comme Linné ou Lamarck, pour qu’éthologues et biologistes commencent à découvrir les incroyables capacités d’espèces jusqu’ici méprisées.[...] la complexité biologique et cognitive n’est pas liée à l’espèce, à sa proximité avec l’homme, mais au milieu dans lequel elle évolue, aux problèmes qu’elle y rencontre et aux solutions qu’elle y apporte. Ainsi des termites macrotermes. Ils vivent dans des environnements où le mercure franchit les 35°, mais cultivent pour se nourrir des champignons qui ont précisément besoin d’une température de 27°.[...] Autre exemple fascinant : les loups gris de Colombie-Britannique, qui se sont mis à pêcher le saumon. Comme ils passent désormais la plus grande partie de leur temps dans l’eau, ils voient leur physiologie changer, au point que certains scientifiques envisageraient de les classer parmi les mammifères marins.[...] Un mécanisme tout bête de sélection par essai-erreur qui explique aussi bien l’art du camouflage du crocodile que la ruse du méloïdé, un petit coléoptère américain, la mémoire exceptionnelle des seiches que les rituels funéraires des éléphants.[...] il va nous falloir [...] regarder d’un autre oeil notre poisson rouge. Dans les tests de mémoire, certaines espèces d’aquarium sont trois fois plus rapides à sortir d’un labyrinthe qu’une souris de laboratoire.

5. Retour sur la place de la raison et de la logique dans le développement des apprentissages et des intelligences

Les études psychométriques de l'intelligence des années 1990-2000 vont multiplier les corrélations entre résultats de QI d'une population et mode de vie. Exemple avec les voyages, la santé, le poids, l'alimentation... Exemple de l'abaissement du QI chez des enfants de Nouvelle Zélande, de 3 ans et de 7 ans, en lien avec la consommation de margarine, alors que le pain, les céréales et les le riz, les pates, et le poisson rendrait plus intelligent. La consommation de viandes, fruits, laitages, et légumes ne ferait pas de différence... d'après Reremoana F. Theodore et al. (2009). Dietary patterns and intelligence in early and middle childhood. Intelligence, Volume 37, Issue 5, September–October 2009, Pages 506–513.
  • L'intelligence humaine en progrès dans les pays développés tout au long du XXeme siècle ?

Le néo-zélandais James Flynn en 1984 note une augmentation de 3 à 5 points par décennie. Dans plusieurs pays développés, le QI paraît se stabiliser depuis la fin du XXe siècle. En revanche, il commence à augmenter dans les pays en développement.Elle serait du à la transformation de facteurs sociaux et culturels, à l'amélioration des conditions de vie et à l'urbanisation.

Aux Etats-Unis, l'auteur constate que les gains les plus importants sont faits dans des domaines peu influencés par les apprentissages scolaires. Les progrès s’avèrent faibles dans les épreuves mettant en jeu des compétences verbales ou arithmétiques, qui relèvent plutôt d’un apprentissage de nature scolaire. Alors que les progrès les plus visibles font appel à des compétences visuospatiales ou de logique comme les matrices de Raven* et les sous-tests de similitude des échelles de Weschler**. Ce sont principalement les compétences logiques et visuospatiales mesurées par les tests qui ont progressé. Les compétences verbales sont restées pratiquement stables.

Comment expliquer que l’augmentation des scores de QI ne soit pas uniforme d’un sous-test à l’autre ? Pour expliquer par exemple, les progrès au sous-test «Similitude», J.-R. Flynn recourt à la distinction entre les pensées «préscientifique» et scientifique. Par exemple, à la question «Qu’ont en commun les chiens et les lapins ?», question typique du sous-test « Similitude », les citoyens du début du XXe siècle auraient fourni une réponse concrète du genre « on utilise les chiens pour attraper les lapins». La réponse actuelle pour obtenir le maximum de points au test relève d’un raisonnement abstrait: « Les deux sont des mammifères.» Les sujets de l’époque dite préscientifique utilisaient des réponses de nature perceptive et fonctionnelle, alors que celles des sujets de l’époque scientifique se traduisent plus souvent en catégories mises en avant par la science. Même si les sujets de l’époque préscientifique savaient pertinemment que les chiens et les lapins sont des mammifères, ils n’en avaient cure puisqu’une réponse qui eût relevé de la pensée abstraite ne correspondait en rien à l’univers spatio-temporel dans lequel ils baignaient.

Si les tests de QI mesuraient bien l'intelligence, la société occidentale serait à l'heure actuelle peuplée de génies. Pour J. Flynn, il est impossible que l'intelligence, quelle que soit la définition qu'on lui donne, ait augmenté aussi fortement en si peu de temps. Il estime donc que les psychologues devraient dire que les tests de QI mesurent l'aptitude à résoudre des problèmes abstraits, et non l'intelligence.


* Les matrices progressives de Raven, qui constituent une famille de tests à choix multiples, furent créées en 1936 par John Carlyle Raven. Composés de séries géométriques à compléter, ces tests, toujours utilisés aujourd’hui, mesurent l’intelligence visuospatiale.

** Les échelles de Weschler : Psychologue américain, David Wechsler (1896-1981) a construit une batterie de tests pour mesurer le quotient intellectuel. Il met au point trois versions : WAIS (Weschler adults intelligence scale) pour les adultes ; WISC (Weschler intelligence scale for children) pour les enfants ; WPPSI (Wechsler preschool and primary scale of intelligence) pour les enfants d’âge préscolaire. Les échelles de Weschler, utilisées depuis les années 1940, sont considérées par la communauté scientifique comme un bon instrument de mesure de l’intelligence et sont constamment réactualisées. Le WISC-IV dernière version, actualisée depuis la mort de Wechsler en 1981, prend en compte les recherches récentes sur le développement cognitif. Dans le test de Wechsler qui s'est imposé, on divise le QI global en QI verbal et en QI non verbal, avec quatre indices ou sous-tests : compréhension verbale, raisonnement perceptif, mémoire de travail, vitesse de traitement. Le calcul du QI global tent actuellement à être négligé pour favoriser l'étude de la manière dont l'enfant apprend plutot que les connaissances qu'il a acquise. On privilégie les compétences plus que les connaissances.

Pour Lynn et Vanhanen (2002) et Lynn et Meisenberg (2010), il existe une corrélation entre niveau de développement économique et QI, dans une centaine de pays, même si les cultures, notamment scolaires, sont différentes. Le QI d'une nation est directement corrélé dans chaque pays au niveau scolaire évalué par les études internationales. Ces études ont été publiés dans la revue Intelligence et elles démontrent encore une fois que ce que l'on mesure c'est une forme d'intelligence scolaire, c'est à dire des performances intellectuelles requises pour la réussite scolaire.

Dans une étude comparative internationale (Europe, Etats-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande, Argentine et Estonie), Flynn en 2012 montre que, pour la première fois dans l'histoire des tests de QI, le score des femmes dépasse celui des hommes. Pour le chercheur, ce résultat serait lié à l'augmentation du niveau de formation des femmes mais également à la diversité des activités qu'elles assument à la fois familiales et professionnelles, dans un monde moderne qui nécessiterait des facultés d'abstraction fortes pour s'y adapter. Des recherches sont en cours, notamment en Angleterre, pour proposer d'autres hypothèses explicatives, sachant par ailleurs qu'en Australie, la différence du QI entre homme et femme est moins marquée.

  • Test d'intelligence QI : histoire d'une controverse inné-acquis et implications sociales et éducatives

En 1905, dans le contexte de la généralisation de la scolarité obligatoire pour tous en primaire, Alfred Binet est chargé par Jules Ferry de la mise en place d'un test de niveau mental pour permettre de répèrer et de faciliter l'intégration des déficients intellectuels. le ministère de l'Instruction publique confie à ce chercheur en psychologie la mission d'« étudier les mesures à prendre pour assurer les bénéfices de l'instruction aux enfants anormaux ». L'objectif est de prévoir des aménagements pédagogiques qui leur seront adaptés. Avec Théodore Simon, il pense une "échelle métrique d'intelligence", pour mesurer l'intelligence des enfants et établir leur âge mental. Ce document précise, par exemple, qu'à cinq ans, un enfant « normal » peut comparer deux boîtes de poids différents, recopier un carré, répéter une phrase de six syllabes.

C'est le psychologue allemand William Stern qui parlera en 1912 de Quotient intellectuel obtenu par un calcul de rapport entre l'âge mental et l'âge biologique.

  • Comment se calcule le QI ?

Le QI permet d'approcher l'age mental d'un individu par un test, par rapport à son âge biologique. Le résultat est comparé à celui obtenu par un groupe d'enfants d'un âge donné, dont on fait la moyenne et que l'on ramène à 100. Si un enfant de 10 ans obtient un résultat au test qui est dans la moyenne d'un groupe d'enfants de 9 ans, son age mental est déclaré à 9 ans et son QI est : (9/10)*100 = 90. La formule général est donc

Quotient intellectuel = [Age mental / Age réel ]*100

Ce qu'évalue en réalité le QI, c'est une vitesse de développement : un QI de 120 indique une vitesse de dévelopemment mental plus rapide qu'un QI de 80. Il évolue au cours du temps, et lié au contexte socioculturel et économique. Le QI est donc évolutif et n'a pas de dimensions prédictives.

En 1910, Henry Goddard utilise ce test dans le New Jersey pour identifier la proportion d'arrièrés, qu'il nomme morons, dans les personnes qui immigrent. La proportion est considérable chez ces personnes immigrants qu'ils considèrent alors comme arriérées. Goddard établit alors un lien entre le fait que la majorité des morons sont des criminels qui menacent la société (délinquance) et les résultats aux tests de QI. D'où l'importance d'utiliser le test pour dépister les criminels potentiels.

En 1916, l'américain Lewis M. Terman, professeur de psychologie à l'université de Stanford, généralise le QI aux adultes, à partir des travaux de Binet et de Stern. On parlera de l'échelle de Stanford-Binet qui reste encore aujourd'hui le test psychométrique le plus populaire avec l'échelle de Wechsler Adult Intelligence Scale (ou WAIS). voir How important is a hig IQ?, BBC News, 29 november 2013.

Cette aventure va vite conduire à des controverses encore d'actualité dans le monde occidental autour de la question de la pertinence d'outils psychométriques pour évaluer l'intelligence, ou encore sur l'existence d'une intelligence qui serait inné ou acquise. Ce qui pose problème ce sont les conclusions des tests, et les conséquences que l'on en tire, si l'on fonde des actions socio-éducatives uniquement et principalement sur le résultat de ces mesures psychométriques.

En 1921, le test de Stanford-Binet est mis en place par Lewis M. Terman qui estime mesurer alors une compétence innée. L'écrivain américain Walter Lippmann lancera alors la controverse en 1922 dans son journal The New Republic, et dans son ouvrage Public opinion, mettant en garde contre les stéréotypes, alors que les tests se répendent à l'école et dans l'armée dans les années 1930.

"There is nothing about an individual as important as his IQ," declared psychologist Lewis M. Terman in 1922. To the extent that this is true, it is in large measure because of Terman himself and the opportunity that World War I afforded for the first widespread use of intelligence testing. The army’s use of intelligence tests lent new credibility to the emerging profession of psychology, even as it sparked public debate about the validity of the tests and their implications for American democracy. The idea that experts could confidently assign a man to his proper place in the army—and by extension his place in life—suggested a kind of determinism that some found profoundly at odds with American democracy and its credo of upward mobility through hard work. Walter Lippmann, an influential political commentator and journalist, skewered the army intelligence tests in a series of six essays that appeared in the New Republic in 1922. He denounced as “nonsense” the claim that the average mental age of an American adult was fourteen years, and forcefully warned his readers of the danger of uncritical acceptance of IQ as destiny. He addressed the conditions of IQ testing, the possible biases of army intelligence tests, and the larger social problems raised by such classifications. Source : History Matters, website with resources for teaching U.S. history.

En 1940, cette controverse sur la part de l'inné et de l'acquis dans l'intelligence est prise en charge par le britannique Burt qui se propose de mesurer le QI sur des vrais jumeaux mais qui ont été élevés dans des milieux différents. Il montre que 80% de l'intelligence est héréditaire. Les implications politiques de ses résultats conduiront le gouverment à mettre en place une sélection des enfants à 11 ans. Les enquêtes sur les travaux de Burt montreront plus tard qu'il avait falsifié ses résultats.

  • QI : une ou des intelligences ?
    En 1985, R. Sternberg estime que pour résoudre un problème, l'individu mobilise 3 formes d'intelligence. Dans son livre Au-delà du QI, une théorie triarchique de l'intelligence humaine, ce professeur de psychologie à l'université de Yale définit l'intelligence comme l'ensemble des habiletés que l'individu organise intentionnellement pour s'adapter à son milieu. Elles peuvent être réparties dans trois grandes catégories : les facultés d'analyse (une forme d'intelligence analytique, abstraite et déductive, que mesurent les tests habituels), l'esprit de synthèse et de créativité (intelligence créative), les capacités pratiques (l'intelligence pratique et sociale, ce que l'on pourrait appeller la débrouillardise). Le QI ne rend donc pas compte de cette complexité.

  • Controverses sur l'héritabilité du QI et ses implications sociales

    En 1994, une nouvelle controverse éclate avec la parution de l'ouvrage de Murray et Herrnstein "The Bell Curve". Le QI des Américains noirs serait inférieur de 15 points à celui des Américains blancs. Si la position et la réussite sociale dépend de l'intelligence, il est donc normal de discriminer les noirs en diminuant les aides sociales à leur égard.

    Des scientifiques comme Strenberg, Gardnerd ou l'évolutionniste Gould se révoltent contre cette vision fixiste et innéiste de l'intelligence.

    * Voir Sciences Humaines n°54, octobre 1995 "Intelligence, gènes et environnement".
    * Voir La Recherche n°295, février 1997, "Des biologistes et des races", article d'André Pichot.

    L'APA publiera en 1995-1996 un rapport qui montrera que le lien entre intelligence et hérédité (ou héritabilité du QI) reste à démontrer.

    * APA report "Intelligence: Knowns and Unknowns", American Psychologist, Vol 51(2), Feb 1996, 77-101).

  • Au delà du QI, d'autres intelligences (voir Sciences humaines n°190, février 2008)

En 1996, Howard Gardner développe une conception pluraliste de l'intelligence. Professeur de psychologie à l'université Harvard, il élabore la théorie des intelligences multiples, après avoir étudié le cas d'individus gravement retardés tout en étant de véritables surdoués en peinture ou en musique. Il estime à 8 les différentes formes d'intelligence, indépendantes les unes des autres (bien que susceptibles d'interagir entre elles) :

  1. l'intelligence verbo-linguistique ;
  2. l'intelligence logico-mathématique ;
  3. l'intelligence visuo-spatiale (capacité à visualiser, se représenter des objets dans l'espace, s'orienter dans son propre environnement) ;
  4. l'intelligence musicale-rythmique ;
  5. l'intelligence corporelle-kinesthésique ;
  6. l'intelligence interpersonnelle (qui concerne la capacité à percevoir et distinguer les humeurs, les intentions, les motivations et les sentiments d'autrui) ;
  7. l'intelligence intrapersonnelle (la capacité à se comprendre soi-même et à s'adapter en fonction de cette connaissance) ; et, enfin,
  8. l'intelligence naturaliste qui est définie comme la sensibilité à l'environnement. Ces différentes formes sont valorisées différemmment suivant les époques et les milieux sociaux.

Selon Gardner, c'est l'intelligence logico-mathematique et l'intelligence verbo-linguistique qui est valorisée avec le QI, ce qui masque l'existence d'enfants à haut potentiel. Cette vision aurait des implications dans la constitution de groupes d'apprentissage à partir d'un groupe classe, notamment dans les activités pédagogiques en « classe en puzzle » (« Jigsaw classroom ») dans lesquelles on envisage un apprentissage coopératif par constitution de groupe d'experts rassemblés ensuite pour un colloque de partage. Attention aux risques de catégorisation enfermant définitivement les jeunes dans une compétence particulière (stigmatisation). Attention également aux risques de marginalisation ou d'exclusion de certains enfants qui n'arriveraient pas à entrer dans les apprentissages par cette méthode.

Séduisante sur le plan théorique, l'approche de Gardner est un véritable « cauchemar psychométrique » : les évaluations sont longues à réaliser et surtout elles ne permettent pas de quantifier les performances des enfants. Les psychométriciens se sont d'ailleurs fortement opposés à cette théorie, qui a par contre reçu un accueil très favorable chez les enseignants américains, ainsi que dans le grand public. En cherchant à découvrir des possibilités latentes chez les enfants, H. Gardner renoue avec l'objectif que visait A. Binet au début du siècle. C'est la même préoccupation qui motive également les promoteurs des tests « dynamiques ».

  • Les enfants à haut potentiel : la question des affects et des interprétations controversées...

L'éducation nationale considère comme surdoués les élèves de QI supérieure à 130. On estime qu'ils sont 2% des élèves scolarisés. On préfère parler aujourd'hui d'élèves à haut potentiel, dans un domaine spécifique, scolaire ou extrascolaire. Cette aptitude ne se transformera en talent que si son environnement lui permet de la développer au cours d'activités, même si rine ne laisse présager de l'épanouissement général de l'individu (Surdoués : il n'y a pas que le QI. JF Marmion, Sciences humainesn°190, 2008). Il faut donc distinguer entre potentiel de départ et talent ultérieur. Si on se base sur les connaissances uiniquement, on distingue aujourd'hui les élèves intellectuellement précoces, c'est à dire qu'ils ont un QI dans la moyenne, mais qu'ils ont assimilé des connaissances plus tôt que la moyenne.

On constate ces dernières années une évolution des cadres théoriques pour penser l'intelligence. Voir Ces enfants à « haut potentiel », Maria Pereira-Fradin, Sciences humaines n°164, octobre 2005. ou encore American education and IQ trap. For students, one score doesn't tell all, Los Angeles Times, 02 july 2013.

Les premières études des enfants surdoués, précoces ou des petits génies remontent aux travaux du britannique Francis Galton, il y a plus de 100 ans (Hereditey Genius, 1869). Elles étaient destinées à montrer que les savants célébres généraient plus frequemment des enfants géniaux. Les travaux de l'américain Lewis Terman, sur 250.000 enfants qu'il suivra de nombreuses années, iront dans le même sens. Les 1000 enfants supposés être des génies potentiels et sélectionnés par Terman atteindront des études supérieures, à l'exception de quelques filles qui deviendront mères au foyer. On montrera que dans les enfants non sélectionnés, deux auront le prix Nobel de Physique, alors que leur niveau au test de Terman était insuffisant.

Exemple de la petite Chloé, 10 ans, 147 de QI.
Chloé est âgée de 10 ans, possède un QI total de 147, ce qui la situe quatre écarts types au-dessus de la moyenne générale et correspond à un haut potentiel élevé. On note une légère supériorité (7 points) du QI performance sur le QI verbal. Du point de vue de la variabilité des scores aux subtests, on remarque des faiblesses aux épreuves « Code », « Similitudes » et « Vocabulaire ».
Dans son parcours scolaire, Chloé a bénéficié de deux sauts de classe. Globalement, la qualité des relations avec les enseignants a été fondamentale, avec décrochage complet en cas de difficultés relationnelles et réinvestissement lorsque l'entente était bonne. Au niveau des méthodes de travail, Chloé privilégie la compréhension immédiate et refuse de faire ses devoirs ou d'apprendre ses leçons, elle ne note jamais les corrections des exercices et réagit très vivement si on lui demande d'améliorer son travail alors qu'elle pense avoir compris. Son profil de résultats scolaires est très hétérogène avec des performances élevées dans les matières scientifiques et des difficultés importantes en orthographe et en grammaire. Le contraste entre aptitudes verbales et spatiales est très marqué. En dehors de l'école, Chloé manifeste une très grande créativité. Elle est inscrite dans un atelier de robotique, participe à des jeux de stratégie complexes et aime les jeux de construction où elle réalise des figures très élaborées. Les relations avec les autres sont difficiles. En cas de conflit avec un adulte, même sans cause majeure, Chloé se referme complètement et refuse toute discussion. Avec les enfants de son âge, Chloé est très immature. Sa seule amie est une enfant à haut potentiel. Ensemble, elles jouent énormément en se comportant « comme des bébés », selon l'expression de leur entourage. En cas de conflits avec d'autres enfants, Chloé devient très agressive allant jusqu'à se battre et en se positionnant ensuite comme victime. Son immaturité affective est flagrante.

Le plan cognitif semble donc nécessaire mais non suffisant pour comprendre l'intelligence. Il faut lui associer par exemple des dimensions affectives. La question de potentialités doit être associée à celle du domaine où cette potentialité se manifeste. Le QI n'est pas le seul indicateur possible d'un haut potentiel. Il faut des mesures de personnalité et de traits de comportements recueillis aussi auprès des parents, des pairs, des enseignants, bref, de la communauté éducative au sens large. On peut donc présenter des aptitudes exceptionnelles dans un domaine donné et connaitre des difficultés d'apprentissage, d'adaptation et/ou d'intégration importante.

Il faudrait donc mettre en place des tests qui explorent d'autres capacités et potentialités intellectuelles. Le QI n'est donc pas un test d'intelligence au sens large du terme. Certains parlent de la nécessité d'un changement de paradigme qui conduise à ne plus décrire les personnes comme des êtres surdoués ou à haut potentiel, mais à les présenter comme ayant un profil de capacités personnelles et environnementales qu'il faut prendre en compte dans un contexte éducatif donné (Des psychologues s'interrogent sur le QI et certains de ses usages, Une contribution à la réflexion. Le Journal des Psychologues n° 230 septembre 2005).

Mais l'actualité montre que l'approche médicale neuroscientifique 'est pas encore apte à intégrer la diversité des déterminants d'intelligence...

Surdoués : pourquoi certains s'adaptent-ils moins bien à la société ?
Francetv info,
publié le 12/05/2015

Activité : Critiquez l'approche médicalisée et médicalisante des enfants à haut potentiel décrite dans ce reportage du JT 20 heures de France 2.
Sur quels présupposés repose-t-elle ?

 
Sept enfants surdoués sur dix s'arrêtent avant d'entamer des études supérieures. Pourquoi ? La réponse pourrait se trouver à l'intérieur du cerveau. En effet, trois chercheurs lyonnais viennent d'achever une étude sur 80 enfants dont les conclusions pourraient éclairer les raisons de l'échec scolaire de certains surdoués. Depuis deux ans, ils étudient le cerveau des enfants précoces.
Rayan, 12 ans, et Timéo, 10 ans, sont deux enfants au QI bien supérieur à celui de leurs camarades. Pourtant, l'un est en difficulté scolaire quand l'autre est brillant. Pourquoi Rayan s'adapte-t-il moins bien ? Des images IRM permettent aujourd'hui de mieux comprendre ce qui se passe dans leurs cerveaux.

Contrôle des émotions et exercices de mémoire
Pendant l'examen, des milliards de connexions apparaissent dans le cerveau de Rayan, un enfant dit "complexe". Contrairement à lui, les surdoués qui réussissent mieux à l'école, dits "homogènes", ont une activité plus intense dans la zone du cerveau qui permet de mieux contrôler ses réactions et de mieux planifier son travail. Cette zone est essentielle, et "c'est ce qui manque aux enfants complexes, qui contrôlent moins bien leur comportement et s'adaptent moins bien aux niveaux scolaire et social", explique le biophysicien Dominic Sappey-Marinier.
Une découverte décisive pour aider ces enfants précoces en difficulté. Car pour mieux fonctionner, des solutions existent. À l'école et en famille, Rayan doit apprendre à contrôler ses émotions avec l'aide de psychologues et faire des exercices de mémoire pour rééduquer son cerveau.

Exemple du projet américain Bright Idea (2001-2004 et 2004-2009) de l'American Association For Gifted Children: this project was founded on the assumption that all children benefit from gifted curriculum. The latest phase focused on K-2, with students whose economic and educational backgrounds don't usually land them in accelerated programs. It targeted a wide range of "gifted intelligent behaviors" including thinking flexibly, being self-reflective, creating, imagining and innovating, taking responsible risks, listening with understanding and empathy, and remaining open to continuous learning. Virtually none of the students involved had been nominated for gifted and talented programs. But by second grade, about 1 in 4 was identified as gifted. And even those who weren't showed substantial improvements in the gifted behaviors that were taught. On top of that, one principal found that nearly every Bright Idea student scored 50% to 100% higher than students in the regular classrooms on every academic assessment given.

Pre-school /Maternelle
Elementary school/ École primaire
Middle School/Collège
High School/Lycée
College/Université

Nursery : petite section (PS), 3 – 4 ans.

Pre-Kindergarten : moyenne section (MS), 4-5 ans.

Kindergarten : grande section de maternelle (GS), 5-6 ans.

1st Grade : cours préparatoire (CP), 6-7 ans.

2nd Grade: cours élémentaire (CE1), 7-8 ans.

3rd Grade :cours élémentaire (CE2), 8-9 ans.

4th Grade : cours moyen (CM1), 9-10 ans.

5th Grade : cours moyen( CM2),10-11 ans.

6th Grade : sixième, 11-12 ans.

7th Grade : cinquième, 12-13 ans.

8th Grade: quatrième, 13-14 ans.

9th Grade : troisième, 14-15 ans.

10th Grade: seconde, 15-16 ans.

11th Grade : première, 16-17 ans.

12th Grade : terminale, 17-18 ans.

Bachelor: licence

Master: mastère

PhD: doctorat


D'après le site France-Amérique

Comme le diront en 2005 les psychologues français dans un appel contre les dérives actuelles de l'usage du QI : Seule la mise en relation des différentes données psychologiques permet de construire une interprétation cohérente et compréhensive du fonctionnement mental.

CONCLUSION :

On arrivera progressivement à des idées relativement consensuelles, qui vont permettre de prendre de la distance critique dans l'utilisation des résultats de tests psychométriques en psychologie cognitive (qui s'interesse donc à la capacité de l'individu à résoudre des problèmes en mobilisant et en construisant des connaissances):

  1. Le QI ne mesure qu'une seule forme d'intelligence. Il n'existe donc pas une forme d'intelligence mais plusieurs intelligences. Pour évaluer l'intelligence d'un individu, il faut inclure des données quantitatives et qualitatives, d'ordre clinique, socioculturelle, biographique.
  2. L'intelligence varie tout au long de la vie (plasticité du QI), et donc en fonction des stades de développement d'un inidividu et qu'il y a donc une corrélation entre le niveau de développement d'un individu et son intelligence. Le QI peut s'améliorer par entrainement (exemple du programme de Ferresstein, un Programme d'Enrichissement instrumental ou rémédiation cognitive) S'il y a héritabilité de l'intelligence, elle ne dépasserait pas les 50%
  3. L'intelligence dépend de l'environnement social et culturel de l'individu et donc aussi des pays (QI asiatique serait supérieur aux QI américain). Le plan cognitif est nécessaire mais non suffisant pour comprendre l'intelligence. Il faut lui associer des dimensions affectives.

Actuellement, les attentes sociales, des familles notamment, sont tellement fortes en maitère d'intelligence qu'il y a des risques de stigmatisation ou de marginalisation des enfants à faible ou fort QI. Le QI serait donc un indicateur peu informatif, incomplet, et pernicieux. Il peut véhiculer une idéologie lourde de conséquences pour notre représentation du corps social, sous couvert de données quantitatives et statistiquement objectives.

Les tests classiques comme le QI sont « statiques » puisqu'ils mesurent le niveau actuel de l'individu. Les tests dynamiques visent eux, à évaluer sa capacité d'apprentissage. La différence tient plus dans la procédure employée que dans le contenu du test lui-même, qui peut fort bien être un test classique. Le principe est simple : après avoir fait passer une épreuve, l'adulte explique à l'enfant ses erreurs éventuelles, la manière dont il pourrait s'y prendre pour mieux réussir une prochaine fois, etc. Puis, un deuxième test du même type est effectué, ce qui permet d'évaluer la capacité de l'enfant à profiter de l'apprentissage.

Les chercheurs travaillant sur le sujet se réfèrent généralement à la notion de « zone prochaine de développement », élaborée par le psychologue soviétique Lev Vygotski dans les années 30, et qui désigne le niveau de performance qu'un enfant peut atteindre avec l'aide appropriée d'un adulte. Une étude a ainsi montré que ce sont les enfants issus de familles défavorisées qui profitent le plus de ces explications. Cette approche se heurte encore à des difficultés méthodologiques, mais elle est suffisamment prometteuse pour faire dire à Even Loarer et Daniel Chartier (« L'Evaluation dynamique des aptitudes : révolution ou gadget ? » Psychologie française, vol. 41-1, 1996) que beaucoup de praticiens se détourneront des méthodes statiques d'évaluation au profit des méthodes dynamiques lorsque celles-ci seront bien au point. Après des errances parfois bien regrettables, les tests d'intelligence retrouveront alors la finalité première que leur avait assignée Alfred Binet.

 

EVALUATION
last up-date : 5-fév-18

Travail nécessairement en groupe (4 étudiants maximum) à rendre pour le lundi 04 mai 2015 dernier délai au format pdf.
La page de garde avec noms + prénoms + numéros d'étudiant - titre du CM - noms des enseignants responsables - année universitaire et nom de l'université
Le fichier numérique au format .pdf, nommé oblogatoirement comme suit : L1SdE_nomA_prénomA_nomB_ prenomB_etc....pdf sera déposé :

  • étudiants du groupe 1 (amphi Minerve) : sur la boîte mail de Benoît Urgelli : benoit.urgelli@univ-lyon2.fr
  • étudiants du groupe 2 (salle Z041) : sur la boîte mail de Marion Fabre : marion.fabre@univ-lyon2.fr
  • les groupes de travail constitués à cheval sur les deux groupes choisissent.

CONSIGNES

  1. Construire un résumé en anglais de 300 mots pour l'article Des psychologues s'interrogent sur le QI et certains de ses usages, Une contribution à la réflexion. Le Journal des Psychologues n° 230 septembre 2005.
  2. A partir des trois articles suivants (cliquez ici pour afficher les textes dans la dropbox), construire un argumentaire en français de 3000 mots maximum qui montre les liens entre apprentissage, insertion et identité. Vous mobiliserez les connaissances abordées par les différents intervenants du CM mais aussi des éléments des trois articles fournis. Vous concluerez en exprimant un positionnement plus personnel sur la problématique posée : "Quels sont les liens entre apprentissage, insertion et identité ?"