Définir
la nature des sciences Benoît
Urgelli voir aussi : Enseignement de l'évolution et de la nature des sciences Bibliographie :
Nous avons exploré ce qu'on entend par Nature des sciences (NoS) selon Maurines (2013) et en référence aux travaux de l'AAAS (2010) dans ses recommandations pour l'enseignement des sciences. Faire des sciences, c'est une entreprise collective, intersubjective, socialisée, qui subit des effets de contexte historique et politique, cadrée par des normes et des valeurs. Elle consiste à essayer de comprendre et de modéliser le réel. En sciences humaines, l'idée large est d'essayer de comprendre et de modéliser les logiques d'énonciation, d'action et de justification des acteurs, mais aussi les logiques de circulation des savoirs, de valeurs et de pratiques entre individus et institutions, pour comprendre les ordres établis et leurs dynamiques, et les sources probables de tensions et de conflits. Il y a derrière la pratique scientifique également des enjeux de reconnaissance sociale (Gingras, 2013) au delà du peer-review. C'est d'ailleurs ces enjeux qui conduisent parfois à des falsifications plus ou moins conscientes, ou à des exagérations et des généralisations discutables, notamment lorsque les travaux ont des implications sociales, économiques et/ou politiques, dans le contexte actuel de mondialisation et de marchandisation de la recherche (Pestre, 2007). Nous avons ensuite exploré quelques travaux criticables de modélisation , tout en explicitant ce qu'on entend par modélisation du réel (Giere, 2006) et les limites du processus (prédiction, observation, expérimentation, description), notamment : dans la tentative de passer de la modélisation descriptive à la modélisation prédictive, et l’utilisation maladroite des statistiques à des fins de démonstration de scientificité non à propos (voir les travaux de Rittaud, 2010 sur un article de Nature (2004)). Nous avons également abordé le poids des images dans la perception du degré de scientificité d'un écrit avec l'expérience de falsification en neuroscience relatée dans l'article dans Cognition : "Seeing is believing: The effect of brain images on judgments of scientific reasoning", vol. 107, 2008, p.343–352. J'ai ensuite proposé d'expertiser individuellement un article d'Eliane Evrard "La morphopsychologie, une approche constructive de compréhension des individus" et d'établir des critères de validation. Nous avons fait le même travail sur l'article "Graphologie et migraine" de A. Pradalier, J.M. Launay et C. Digue (1998). Nous avons conclu sur 5 critères qui caractérisent l'activité scientifique (résumé dans le mémoire de De Checchi, 2016), distingué avec les croyances réligieuses (Russel, 1935), tout en précisant que les sciences ont aussi une croyance, celle que pour expliquer le réel, les ressources naturelles suffisent et que l'hypothèse métaphysique n'est pas nécessaire (Lecointre, 2012).
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