Les
objectifs : dans
ce cycle de séminaire, nous allons parcourir quelques travaux
de recherche sur l’enseignement des sciences à l’école
primaire, afin d'identifier leurs principales implications sur les pratiques,
les représentations et la formation des enseignants. Il s'agit
d'interroger les liens entre recherche en sciences de l’éducation
et enseignement des sciences, mais également de s'engager dans
une réfléxivité utile à l'exercice
du métier d'enseignant.
Astolfi
(1985) précise que publiciser les résultats, les méthodes
et les problématiques de la didactique des sciences expérimentales
permet d'accompagner de manière étayée l'innovation
pédagogique et la formation des enseignants du primaire et du
secondaire. Il s'agit ainsi d'établir une communication de
qualité entre exigence scientifique et exigence professionnelle,
sans renoncement ni de part ni d'autre [...]. L'enseignant, par les
détours auxquels le conduit la recherche, peut ainsi entrevoir
des modalités didactiques auxquelles, jusque là, il ne
songeait même pas (je pense notamment à tout ce qui contribue
à modifier le regard qu'il porte
sur les élèves, la grille de lecture avec laquelle il
observe sa classe).Et aussi le chercheur, en raison
de l'exigence qui lui est constamment rappelée de ne pas dissoudre
la signification globale de sa recherche au profit d'un savoir ponctuel
nouveau, est conduit à des réajustements dans les hypothèses
et les modes d'organisation de la recherche.
Il faut tenter de combiner sans confusion dans une même matrice,
savoir et signification, ce qui permet d'échapper
à la fois [...] à la recherche purement interprétative,
souvent menacée d'esthétisme, et à l'empirisme
individualiste, toujours tenté de projeter ses intentions en
résultats et de projeter sur autrui l'origine de ses propres
échecs (voir Meirieu P. (1984). Les expériences
éducatives nouvelles : praticiens et chercheurs. Revue française
de pédagogie n°68).
Consignes
Critique
et préparation d’une séance (ou d'une séquence)
à l’école primaire en s’appuyant sur des travaux
de recherche extraits de ASTER
archives. On identifie dans l'article une question de recherche,
un cadre théorique (dans l'apprentissage des
sciences, en fonction du développement de l'enfant, quelles places
pour les conceptions, l'observation, l'image, la schématisation,
l'expérimentation, la problématisation, la modélisation,
les approches hors de la classe, l'argumentation, le débat, etc...),
des résultats et des implications pour
l’enseignement. On mobilise alors ces implications dans
la critique d'une séance pré-existante et dans la conception
d’une séance innovante intégrant les résultats
et les recommandations de la recherche. On précise le
modèle pédagogique mobilisé dans l'article,
dans la squence analysée et éventuellement la propostion
d'un modèle pédagogique plus personnel.
|
|
On pourra
choisir des séquences, des séances ou des épisodes
extraits des manuels
Tavernier, du Guide
du Maître Sciences
(Magnard), du site
La Main à la pâte, des ouvrages de la
collection Atouts
Disciplines 15 séquences de sciences en CE2,
CM1, CM2, ou encore des séquences extraites de manuels
scolaires du primaire et/ou du collège (Hachette, Bordas,
Belin, Magnard,....).
|
|
|
Pour
l’évaluation...
Préparation
d'une présentation orale de 15 min
autour d'une séquence et/ou une séance d’enseignement
intégrant le regard critique d'une recherche en éducation.
Cette présentation orale sera suivie de 10 min de débat.
Les recherches mobilisées seront présentées en
utilisant la grille de lecture des recherches
(voir ci-dessous). Elles doivent permettre de faire une proposition
de séance/séquence innovante, en discutant les limites
des séquences/séances initialement choisies.
L'oral sera précédé de la remise d'un document
de synthèse de 15.000 et 20.000 signes (espaces compris, hors
bibliographie et annexes) explicitant la démarche et
les apports des recherches à la critique et à la conception
d'une ou de plusieurs séquences/séances (articulation
entre pratiques/recherches), en relation avec une (ou plusieurs) représentation
de l'apprentissage et de l'enseignement des sciences (modèle
didactique) qui sera clairement explicitée et discutée.
Par exemple, on rappelle que les théories constructivistes,
issues de Piaget, Bachelard ou Vygotski (et présentées
dans l'ouvrage d'Astolfi et Develay, La didactique des sciences,
Que Sais-Je, 2005, p.98-104) sont des cadres théoriques qui permettent
de penser et de guider les apprentissages scolaires, en prenant en compte
les représentations
des élèves.
-
N'oubliez
pas :
- Expliquer et justifier le choix dde l'article de la revue Aster
- Descrire une séquence proposée dans un ouvrage et
identification de la théorie de l'apprentissage associée
- Dans la séquence proposée, expliquer et justifier
l'étape 1... étape 2...
- En sciences on assume ce qu'on dit => le "NOUS" est
donc accepté !
1.
Des liens entre recherche et enseignement...
Exemple
des revues ASTER (1985-2009), DIDASKALIA (1993-2009) et RDST (2010-2012).
Retour sur les fondements idéologiques des possibles liens entre
recherche et enseignement (d'après Astolfi, 1985, p.2-3) :

Catégorisation
des recherches en didactique des sciences (Astolfi, 1985)
|
ASTOLFI
J.-P.(1985). Le
nouvel "ASTER".
n° 1, Apprendre
les sciences. p. 1-4.
Cette
nouvelle revue Aster résulte de la transformation du bulletin
interne aux équipes de didactique des sciences expérimentales
de l'INRP. Elle vise à fournir aux enseignants engagés
dans des innovations ou des actions de formation - ou simplement
soucieux de repenser leur pratique
- des outils didactiques utiles. Elle se propose d'éviter
le cloisonnement trop étanche entre une perspective d'analyse
scientifique et des préoccupations d'utilité professionnelle,
cloisonnement qui menace constamment la didactique.
[...]
Il
serait faux de croire que les enseignants associés à
la recherche ne sont sensibles qu'à une visée utilitariste;
Plus souvent qu'on ne le dit, ils souffrent au contraire d'un
enfermement dans lequel les confine la pratique, et apprécient
la possibilité que leur offre
la recherche d'un détour, d'une distanciation, d'une auto-observation
critique. Inversement, les chercheurs ne sont
pas toujours mus seulement par le réperage d'invariants
didactiques. Il arrive qu'ils participent légitimement
d'un projet de transformation auquel ils adhèrent, même
s'ils y contribuent de façon plus indirecte qu'effective.
En d'autres termes, le découpe partique/recherche me parait
oblique par rapport à la découpe enseignants/chercheurs,
et, de plus, celle ci peut varier dans le temps pour chaque acteur. |
Articles
sur ASTER,
recherche par mots clés ou ASTER,
recherche par titre, ou
DIDASKALIA
2.
Etude d’une question de recherche sur l'enseignement des sciences
à l'école maternelle
 |
Exercice
: A partir d'un article de vulgarisation des
travaux de C.
Ledrapier (2010) (Les sciences dès la maternelle,
Fenêtres
sur cours n°346, novembre 2010, p.61) et d'une séquence
vidéo de l'auteur : « Une éducation
scientifique dès l’école maternelle : Quels
enjeux ? Quelles pratiques ? », on tente d’appliquer
une grille de lecture de cette recherche
en sciences de l’éducation :
Quelles
relations entre les sciences et les "activités scientifiques"
menés à l'école maternelle ? les élèves
de maternelle ont-ils acquis un développement cognitif
suffisant pour "faire des sciences" ? les recherches
en psychologie cognitive ont mis en évidence chez les
jeunes enfants des compétences restées longtemps
ignorées, notamment par la théorie piagetienne.
Ces compétences s'évèrent-elles suffisantes
pour tenter dès l'école maternelle une éducation
scientifique ? Une recherche en didactique a montré que
oui, si on entend par là développer des postures
heuristiques, modéliser et problématiser. Toutefois
une enquête récente montre que sur le terrain,
les pratiques effectives et les propostionq didactiques issues
de la recherche pose la question de la place de la recherche
dans la formation des enseignants.
|
Grille de lecture
d'un article de recherche
European researchers in didactics of biology (ERIDOB
2012) - European Science Education Research Association (ESERA
2011) - Journal of Science Communication (JCOM 2012)
|
Question
de recherche |
Research
question |
|
Fondements
théoriques et philosophiques de la recheche |
Rationale
and theoretical background |
Méthode
d'investigation et d'analyse des données |
Design,
methods and data analysis |
Résultats
en relation avec les données et la question de recherche |
Findings |
Implications théoriques et socio-professionnelles, limites
de la recherche |
Contribution
to the field, General interests |
Références
bibliographiques |
Bibliography |
Vos
impressions sur les présupposés, l'originalité,
la méthodologie, la structure du texte,... |
Referee
report |
C.
Ledrapier discute la notion piagétienne de stades de développement
chez l'enfant, en rapport avec la démarche d'investigation scientifique.
|
Développement
langagier |
Développement
cognitif |
Développement
social et affectif |
Développement
sensoriel et moteur |
2-3 ans
|
Modifie
ses demandes selon l'interlocuteur. Produit 200 à 300 mots. Comprend
les demandes directes et les demandes indirectes. |
Identifie
les objets par l'usage, prend en compte le point de vue d'autrui
(oriente un objet pour qu'un adulte le voit). |
Attachements
multiples. Se reconnaît dans un miroir. Jeux symboliques. |
Monte et descend les escaliers, saute à pieds joints.
Tourne les pages d'un livre, coupe avec des ciseaux. |
3-4 ans
|
Extension
du vocabulaire et phrases courtes. Peut suivre une conversation,
comprend des promesses, s'amuse des jeux de langage. |
Acquisition
de concepts d'espace, de temps, de quantité. Utilise les principes
du comptage. |
Identifie
plusieurs parties du corps. Attend son tour. Aime aider les autres.
Critique autrui. |
Court avec aisance, tape du pied dans un ballon.
Fait du tricycle. |
4-5 ans
|
Produit
des demandes indirectes et des justifications. Comprend le comparatif,
l'identité et la différence. |
Est
attentif à sa performance, capable de classification et de sériation. |
Comprend
l'état mental d'autrui. Joue à des jeux de compétition. Stabilité
du genre (se reconnaît comme garçon ou fille). |
Monte
à une échelle, marche en arrière. Tient un papier d'une main en
écrivant de l'autre. |
5-6 ans
|
Produit
des énoncés de 5-6 mots, répond au téléphone. Début de lecture
logographique. Identifie des rimes, comprend environ 2500 mots. |
Début
de la conservation (comprend que la grandeur d'une collection
d'éléments reste la même quelle que soit la manière dont elle
est présentée). Dessine un bonhomme, écrit son prénom. |
Sait
se contrôler. Choisit ses amis. Négocie avec l'adulte. |
Fait
du vélo sans roulettes, lace ses chaussures. |
7-11 ans
|
Utilise
la forme passive, produit des inférences,
apprend à lire. Comprend les sarcasmes et les métaphores. |
Opérations
concrètes, logique du nombre. Morale pré-conventionnelle : les
conséquences des actions (exemple : punition), en déterminent
la valeur morale. |
Identité
de genre (conformité à des référents culturelles) et ségrégation
sexuelle. Différencie réel et virtuel. |
Début
de la puberté, poussée de croissance. Développement des activités
physiques et sportives. |
Et après...
|
Poursuite
du développement lexical et sémantique (vocabulaire technique)
en compréhension et en production, développement de la production
écrite, de la lecture-compréhension, des capacités argumentatives. |
Pensée
hypothético-déductive, morale conventionnelle, capacité à se référer
à des principes généraux plutôt qu'à des opinions particulières,
relativisme des jugements. |
Évolutions
de l'estime de soi. Relations amoureuses, puis de couple. Responsabilité
pénale (13 ans). Évolution des relations parents/enfants et des
rôles sociaux. Orientation scolaire et choix professionnels. |
Fin
de la puberté : 14-15 ans pour les filles ; 16-17 ans pour les
garçons. |
Tableau
proposé par Urgelli (2012), d'après Le
développement de l’enfant, site Eduscol
[…] Les travaux plus récents ont montré toutefois
que le développement est irrégulier, non linéaire,
qu'il comporte aussi des stagnations, voire des régressions,
et la notion de stade de développement a été
remise en cause. Des capacités nombreuses et complexes
ont été mises en évidence chez les bébés,
dans la manière dont ils appréhendent le monde physique
et le monde psychologique, grâce à de nouvelles méthodes
d'investigation. Le développement ne va pas non plus systématiquement
du concret vers l'abstrait et il existe des décalages selon
les types de problèmes que les enfants ont à résoudre
: la variabilité, interindividuelle et intra-individuelle,
est une caractéristique fondamentale du développement,
et l'enfant doit non seulement construire de nouvelles stratégies
d'apprentissage, mais aussi inhiber des stratégies antérieures
[…] |
3.
Tentatives de catégorisation des recherches sur l’enseignement
des sciences à l’école primaire
|

Sur
le site ASTER recherche
par mots clés, avec les mots clés « primaire
», mais également avec d'autres mots qui évoquent
les représentations et les pratiques d'enseignement des
sciences, les enjeux et les théories d'apprentissage, et
la nature des sciences (voir ci-contre), on met en évidence
des recherches qui interrogent :
- •
les recommandations officielles (politique éducative)
;
-
•
les représentations des élèves
et/ou des enseignants sur : les rapports aux connaissances,
sur le rapport à l’investigation, sur le rapport
au réel (notamment dans les expérimentations
et les modélisations), sur le rapport à la mission
éducative, sur le contrat didactique....
- •
les pratiques en rapport avec les enjeux d’apprentissage
des sciences.
|
16
articles sélectionnés par et pour les étudiantes
de Master 1
sur
ASTER Archives
(En rouge, articles complémentaires
recommandés dans un second temps par le formateur...)
Titre
de l'article |
Numéro |
Résumé |
BAILET, André ; CLAVEL, Françoise ; MAGLIONE, Anne
Sortir
de la classe pour enrichir les savoirs sur l'environnement
p.
153-176 |
|
Peut-on
choisir l'espace extérieur pour instruire les élèves?
Des enseignants de collège, ayant souvent emmené
leurs élèves " en sortie " tentent une
réflexion sur ce sujet. Hors de l'école, les problèmes
rencontrés sont complexes, les réalités diverses
et les gens différents. On peut voir, entendre, toucher
dans une approche sensible du milieu. Les apprentissages s'organisent
autrement que dans le cadre scolaire, mettant en jeu chez tous
les participants des aptitudes diversifiées dans un contexte
où les disciplines sont amenées à fonctionner
en se coordonnant. Immergés dans ce " vivre autre
chose ", les élèves vont rencontrer un certain
nombre de situations qui sur le terrain puis dans l'exploitation
en classe, leur permettront entre autres, d'apprendre en sciences
|
PIERRARD, Marie-Anne
Modélisation
et astronomie
p.
91-102 |
ASTER
N° 7, 1988
Modèles
et modélisation |
L'astronomie
est un domaine privilégié pour la modélisation.
A quel type de modèles les enfants de l'école élémentaire
peuvent-ils parvenir? Une série d'activités dans
des classes de Cours Moyen, dont les auteurs présentent
ici quelques éléments d'analyse, est l'occasion
d'évaluer en quoi et jusqu'à quel point les enfants
sont parvenus à modéliser |
GOHAU, Gabriel
Difficultés
d'une pédagogie de la découverte dans l'enseignement
des sciences
p.
49-69 |
ASTER
N° 5, 1987
Didactique
et histoire des sciences |
La
méthode pédagogique qui cherche à retrouver
le cheminement de la découverte scientifique a été
mise en oeuvre sous l'appellation " méthode de la
redécouverte ". L'analyse du rôle des expériences
faites en classe montre comment cette méthode inductive
peut se révéler tout aussi dogmatique que la méthode
expositive. Une véritable redécouverte exigerait
que les élèves soient mis en situation de recherche,
d'initiative, de tâtonnement, qu'un vrai dialogue s'instaure
pour faire apparaître les représentations des élèves.
Pour mettre en oeuvre cette vraie pédagogie de la redécouverte,
la formation des enseignants devrait être complétée
par une initiation à l'histoire des obstacles épistémologiques
et exigerait aussi une formation de chercheur |
|
|
Au cycle
3 de l'école élémentaire (enfants de 9
à 11 ans), les programmes prévoient l'étude
des traces de l'histoire des êtres vivants, les fossiles.
Les réponses collectées en interrogeant des élèves
de ce niveau sur la nature, l'âge et Information des fossiles
font apparaître des représentations qui souvent
font obstacle à la compréhension des principes
de la paléontologie. L'histoire de la géologie
révèle des similitudes entre les représentations
des enfants et certaines théories explicatives concernant
les fossiles. L'analyse des obstacles qu'il a fallu franchir
pour que les idées sur les fossiles évoluent peut
aider à mieux cerner les difficultés que rencontrent
les enfants dans la construction du concept de fossile. Après
avoir défini les objectifs-obstacles, nous présenterons
quelques situations susceptibles défaire évoluer
les représentations des enfants sur les fossiles et l'histoire
des êtres vivants. Par ailleurs, de nombreux enseignants
négligent cette partie du programme alors que les enfants
sont très intéressés par ces questions.
Pour encourager les instituteurs à enseigner l'histoire
des êtres vivants, nous proposons aussi bien en formation
initiale qu'en formation continue un module consacré
à l'enseignement/apprentissage du concept de fossile.
Nous présenterons ce module en précisant comment
û est conduit par les formateurs et comment il est perçu
par les formés.
|
CRÉPIN-OBERT Patricia
Idées
et raisons sur les coquilles fossiles : étude épistémologique
comparée entre une situation de débat à
l’école primaire et une controverse historique
p.
93-120
|
|
Des
problèmes et des obstacles communs sont liés aux
premiers apprentissages scolaires de la paléontologie et
à la naissance de cette discipline. Le choix opéré
des intéractions langagières dans deux types de
communautés discursives - situation de débat en
CM1 et controverse historique - définit des temps privilégiés
de désaccord où des constructions de problèmes
et un obstacle épistémologique, l'artificialisme,
se rencontrent.Leurs interactions peuvent être doubles,
la problématisation est est favorisée ou freinée
par l'obstacle. En CM1, l'obstacle artificialiste a pu être
moteur d'argumentation, de questionnement et de construction de
raisons. En histoire des sciences, il a pu participer à
bloquer le questionnement jusqu'au XVIIe siècle en France.
Puis son identification a participé à l'ouverture
de nouveaux problèmes paléontologiques et d'échanges
constructifs du point de vue d'une démarche scientifique
heuristique et argumentative par Voltaire et Guettard au XVIIIe
siècle. |
ALLAIN, Jean-Charles
Un
dispositif didactique utilisant des images pour faire évoluer
les conceptions des élèves de dix ans sur les séismes
p.
109-135 |
|
Cet
article présente un dispositif conçu autour d'une
sélection d'images et d'activités variées
sur ces images. Les conceptions des élèves de neuf-dix
ans sont évaluées tout au long de cette progression
pour tenter de montrer que les images sont une aide à la
schématisation, une aide pour franchir certains obstacles
et qu'elles participent à la construction des concepts. |
GOUANELLE, Colette ; SCHNEEBERGER, Patricia
Utilisation
de schémas dans l'apprentissage de la biologie à
l'école : la reproduction humaine
p.
57-86 |
ASTER
N° 22, 1996
Images
et activités scientifiques |
Dans
le cadre d'une recherche de l'INRP, intitulée Des images
pour apprendre les sciences, les auteurs se sont intéressés
aux situations didactiques au cours desquelles des élèves
sont placés face à des images et ont conduit des
observations dans des classes de CM1 et CM2 (enfants de 9 à
11 ans). Ils utilisent ici les résultats obtenus dans une
classe de CM1 lors de l'étude de la reproduction humaine.
Partant du principe que tout apprentissage conceptuel doit se
traduire par une évolution favorable des conceptions des
élèves, ils ont mis en place un dispositif permettant
de suivre pas à pas les progrès des élèves
pour savoir si les tâches réalisées autour
des images les aident à mieux comprendre les phénomènes
étudiés. Ils se sont attachés, en particulier,
aux tâches qui consistent à lire et à élaborer
différents schémas et ont essayé d'évaluer
leur efficacité. Les activités proposées
aux élèves avaient également pour but de
développer leur capacité à schématiser
et les auteurs ont essayé d'évaluer les progrès
effectués dans ce domaine |
|
|
Les
sciences, tant dans leur présentation vulgarisée
que dans leur transmission entre pairs ou leur phase d'élaboration,
utilisent largement des images. L'enseignement des sciences -
comme la plupart des enseignements - fait appel à des schémas
explicatifs, des diagrammes et courbes, qui illustrent les manuels
ou que les élèves sont incités à construire.
Aborder le rôle des images dans les sciences n'exclut pas
une approche de l'image pour elle-même. En effet, les règles
du codage et du décodage, le rapport entre le conceptuel
et le figuré, le pouvoir et les limites de la schématisation,
la distance contrôlée entre le réel et son
image photographiée, ou dessinée, tout cela existe
et s'analyse, quel qu'en soit le "contenu". Il reste
que pour les sciences, en train de se faire, ou exposant leurs
résultats, les images jouent des rôles divers et
importants, contradictoires parfois, mais nécessaires,
et dont il serait bon de faire apparaître le rôle
spécifique.
|
|
|
Avant
même d'envisager la précision de la réalisation
ou des résultats, il est méthodologiquement important
de s'interroger sur la signification conceptuelle des expérimentations.
Si certaines d'entre elles permettent de recueillir des données
sur une réalité qui, au niveau expérimental,
est en train de prendre forme, d'autres représentent (de
manière déformée, schématique et analogique)
des aspects particuliers de la réalité. À
l'école, les expérimentations ont généralement
une existence autonome et peuvent être exécutées
correctement même si elles ne sont pas conceptuellement
rapportées à la complexité des phénomènes
qu'elles devraient interpréter. Savoir procéder
à ces expérimentations est certainement utile mais
la connaissance consciente de ce que l'on voudrait montrer ou
démontrer ne va pas automatiquement de soi. Il est donc
nécessaire de développer, parallèlement,
tout un éventail de stratégies cognitives permettant
d'établir une relation cohérente entre les faits
et leurs explications. Dès l'école primaire, il
est possible de développer des activités de modélisation
abstraite à partir d'évidences quotidiennes, en
valorisant souvenirs et associations, déductions et inductions
issus de l'expérience des enfants. Même les modèles
les moins raffinés, dans la mesure ou ils sont élaborés
de manière cohérente par les enfants, peuvent constituer
une trame de références conceptuelles susceptibles
de soutenir et de donner une signification même aux activités
expérimentales les plus complexes. |
|
|
Cet
article présente deux activités de modélisation
conduites en cours moyen en France, avec des élèves
âgés de 9 à 11 ans. Il s'agit pour les enfants
de s'approprier le modèle d'une Terre en rotation sur elle-même
et en révolution autour du Soleil sur un axe incliné.
Nous montrons comment, grâce à des manipulations
nombreuses et variées, ces jeunes élèves
se montrent capables d'une modélisation authentique qui
s'accompagne d'une élaboration conceptuelle. |
SAUVAGEOT-SKIBINE,
Marie
Une
situation-problème en géologie: un détour
de l'anecdotique au scientifique
p.
137-160 |
|
Si
"faire des sciences" consiste à résoudre
des problèmes scientifiques, il convient de se demander
: qui pose le problème ? Il semble que seul celui qui connaît
la réponse puisse poser correctement un problème
scientifique, et ce ne peut être alors que l'enseignant.
Mais dans ce cas, cela risque de rester "son" problème.
Si l'élève pose, pour sa part, une question qui
l'intéresse, un problème pour lui, il peut le résoudre
et rester à un niveau fonctionnel, sans que soit envisagé
un problème scientifique. C'est ce double écueil
que tentent d'éviter les situations-problèmes, telles
que nous les avons testées, et dont nous détaillerons
ici un exemple, en géologie. Nous analyserons cet essai,
à l'aide d'une grille de critères établie
au cours d'une de nos recherches à l'INRP. |
BOILEVIN,
Jean-Marie
Enseigner
la physique par situation problème ou par problème
ouvert
p.
13-37 |
ASTER
N° 40, 2005
Problème
et problématisation |
La
littérature pédagogique française utilise
fréquemment depuis quelques années les expressions
situation-problème ou problème ouvert dans le domaine
de l'enseignement de la physique. Pour justifier cette utilisation.
l'intérêt didactique des problèmes est souvent
mis en avant, la relation entretenue entre problème et
apprentissage de la physique apparaissant essentielle. Mais la
signification même des expressions utilisées pour
convoquer le problème de physique ne semble pas stabilisée.
N'y a-t-il pas alors un risque que des malentendus surgissent
et que des divergences sur les questions d'enseignement-apprentissage
naissent de l'utilisation de termes divers (problème, situation-problème,
problème ouvert, problématisation) sans qu'un travail
sur le sens n'ait été accompli ? Nous proposons
dans cet article d'analyser plus précisément deux
types d'activités rencontrées dans l'enseignement
de la physique en France et qui ont fait l'objet de réflexions
théoriques et de tentatives de validation par certains
chercheurs en didactique : la situation-problème et l'activité
de résolution de problème ouvert. La comparaison
d'un point de vue épistémologique, psychologique
et didactique de ces deux outils amène à interroger
notamment la nature et la place du problème dans l'apprentissage
de la physique. |
DELL'ANGELO-SAUVAGE, Michèle ; COQUIDE, Maryline
Connaissance
de son corps par la rencontre avec l'animal chez le jeune élève
p.
37-55 |
ASTER
N° 42, 2006
Le
corps humain dans l'éducation scientifique |
Nous
discutons les potentialités que représentent les
rencontres de l’enfant avec l’animal dans la découverte
de son propre corps et des caractéristiques anatomiques
du corps humain en général, dans l’approche
des fonctions de nutrition, de reproduction et de relation, et
aussi pour appréhender son individualisation et sa finitude.
Quelle place est accordée à ces rencontres dans
les curriculums tant prescrits, que potentiels ou réels
en CM2 ? Qu’en résulte-t-il sur les réponses
d’élèves à propos des grandes fonctions
physiologiques ? Dans le cadre d’une thèse en cours,
nous avons suivi les pratiques scolaires effectives d’enseignement
sur le corps humain de quatre classes de CM2 et des entretiens
semi directifs ont été menés auprès
de vingt-cinq élèves. Dans cette étude, nous
constatons que les rencontres avec l’animal lors des activités
scolaires observées ont été restreintes et
nous avançons des hypothèses sur les difficultés
éventuelles rencontrées. Nous analysons des extraits
de discours relatifs à la digestion, à la respiration
et à la reproduction, d’élèves face
à des animaux. |
MÉNARD, Isabelle ;
PINEAU, Isabelle
La
respiration humaine au cycle 3 : problèmes construits et
registres explicatifs mobilisés par les élèves
dans le débat scientifique
p.
109-134 |
|
Cet
article propose des outils d’analyse de séquences
d’enseignement sur la respiration dans deux classes, qui
font une large place au débat scientifique. L’analyse
des productions écrites en référence à
une grille historique permet d’avancer quelques hypothèses
sur les registres explicatifs mobilisés par les élèves.
L’analyse des transcriptions des débats effectués
conduit à la construction de plusieurs espaces de contraintes
dans chaque classe, ce qui peut expliquer les difficultés
rencontrées par les enseignantes pour amener les élèves
vers une problématique commune proche des savoirs visés. |
LEDRAPIER, Catherine
Découvrir
le monde des sciences à l’école maternelle
: quels rapports avec les sciences ?
p.79-102 |
RDST
N° 2, 2010
Sciences
des scientifiques et sciences scolaires |
Quelles
relations entre les sciences et les "activités scientifiques"
menés à l'école maternelle ? les élèves
de maternelle ont-ils acquis un développement cognitif
suffisant pour "faire des sciences" ? les recherches
en psychologie cognitive ont mis en évidence chez les jeunes
enfants des compétences restées longtemps ignorées,
notamment par la théorie piagetienne. Ces compétences
s'évèrent-elles suffisantes pour tenter dès
l'école maternelle une éducation scientifique ?
Une recherche en didactique a montré que oui, si on entend
par là développer des postures heuristiques, modéliser
et problématiser. Toutefois une enquête récente
montre que sur le terrain, les pratiques effectives et les propostionq
didactiques issues de la recherche pose la question de la place
de la recherche dans la formation des enseignants. |
BISAULT, Joël
Des
moments de sciences à l’école primaire : quelles
références pour quels enjeux ?
p.
53-78 |
RDST
N° 2, 2010
Sciences
des scientifiques et sciences scolaires
|
Les
sciences à l'école primaire sont depuis de nombreuses
années le résultat d'influences multiples et pas
seulement de celle des "sciences de scientifiques".
Par exemple, la démarche d'investigation est pour autant
une démarche scientifique déclinée à
l'école qu'une démarche pédagogique délcinée
en sciences. Dans une recherche exploratoire, nous avons voulu
comprendre les dynamiques de mise en oeuvre des moments de sciences
par les professeurs d'école. L'analyse d'un moment sur
l'isolation thermique au cycle 3 (élèves de 10-12
ans) montre le rôle essentiel de certains objets matériels,
langagiers ou coneptuels : ces "objets scolaires scientifiques"
permettent la convergence entre plusieurs enjeux didactiques et
pédagogiques et sont pour les léèves les
moyens et les jalons de différents processus d'élaboration
cognitive. |
4.
Quel modèle pédagogique associé à l'enseignement
scientifique à l'école maternelle ?
L'éducation
scientifique citoyenne peut se comprendre comme un projet d'apprentissage
visant à construire une représentation sociale des sciences
capables de comprendre et d'expliquer méthodiquement le réel,
à travers la perception et l'investigation de phénomènes
qui se déroulent à des échelles de temps et d'espace
qui dépassent parfois la dimension humaine. La pratique scientifique
suppose une logique d'appréhension particulière, articulant
observations, expérimentations
et modélisations du réel.
Les séquences d'enseignement reposent sur une vision particulière
de l'apprentissage du jeune et de la place de l'enseignant-adulte dans
le processus. Dans le cas de l'enseignement des sciences, les séquences
reposent également sur une vision particulière de la philosophie
et de l'épistémologie des sciences.
Les travaux du séminaire interrogent donc
les modèles de mises en scènes pédagogiques des
sciences. Plus exactement, dans l'apprentissage des sciences, quelle
place et quel sens sont accordés aux situations-problèmes,
aux images, aux expérimentations, aux modélisations, à
l'argumentation mais également aux représentations initiales
et pourquoi ? Quelle responsabilité éducative endosse
l'enseignant dans ces contextes et pourquoi ?
A. Etude
d'une séquence de terrain (Moyenne et Grande section (MS et GS))
Ce
DVD (Vidéo et ROM) met en lumière la singularité
de l’école maternelle. Les cinq séquences permettent
d’appréhender ce lieu d’apprentissages structurés,
progressifs, pensés en équipe qui permettent à
l’enfant d’observer, de comprendre, de dire le monde dans
lequel il grandit. Chaque séquence est une illustration, via
un projet de classe ou un projet d’école, de la progressivité
des apprentissages langagiers des jeunes enfants. Les séquences
illustrent la manière dont les enfants construisent de nouvelles
connaissances, l’évolution des attitudes enfantines, la
découverte de capacités inédites mais aussi la
place, le rôle et la posture de l’enseignant à l’école
maternelle.
|
Découvrir
le monde vivant : Experimentation et Recherche autonome - durée
totale : 37 min
par Marceline GADPAILLE, enseignante à l'école maternelle
de Venette.
Le
projet doit
permettre à l'élève de construire progressivement
des représentations plus précises des éléments
caractérisant le vivant. Il s'interesse à la compétence
"Reconnaitre des manifestations de la vie animale et végétale,
les relier à des grandes fonctions : croissance, nutrition,
locomotion, reproduction".
-
Présentation
du projet : durée : 4min : Dans
ce chapitre du DVD, l'enseignante propose diverses activités
pédagogiques autour de la notion de vivant. Elle rappelle
les difficultés de perpeption du temps pour ces jeunes
publics (notion de durée et de cycle) et l'obstacle
animiste pour construire la notion de vivant.
-
Les
représentations initiales des élèves
: durée : 11 min : L'enseignante
commence d'abord par explorer les représentations des
enfants à partir d'objets et d'images sélectionnés
pour leur capacité à ouvrir des débats
et des argumentaires de controverses autour de la question
vivant/non-vivant.
-
La
découverte d'un critère du vivant : le mouvement
; la croissance : durée : 5 min : Puis à
partir des protocoles de mesures (16
min à 21min30) de la croissance, de plantations
de bulbes, d'élevages d'arthropodes (phasmes), de photos
d'êtres vivants, de représentations scientifiques
(schématisation), en utilisant des loupes, et une loupe-caméra
pour les observations et discussions collectives, l'enseignante
apprend à schématiser, à argumenter,
à modéliser autour de la notion de vivant, que
l'on cherche à définir par l'investigation
et le questionnement collectif et tutoré, entre enfants
notamment.
-
L'observation
guidée : durée : 6 min : Plus précisèment,
en comparant les dessins des enfants à la réalité
(de la 24 min à la 27min30), l'enseignant cherche à
définir ce qu'est un dessin d'observation scientifique,
en le comparant à une photo d'être vivant (28
min à la 31 min). Notons que le cahier des sciences
permet de collecter les observations mais aussi de mesurer
les progrès de l'enfant. Même si l'écriture
est rudimentaire à la maternelle, l'enseignante propose
ici diverses stratégies pour surmonter l'obstavle de
l'écriture (dictée à l'adulte, recherche
de ressemblances typographiques pour associer des mots à
des objets et coller des légendes, etc...).
-
Apprendre
à observer : durée : 10 min : Elle
pousse la discussion jusqu'à définir des critères
de ressemblance des arthropodes et des insectes (différence
patte/antenne, de la 34min à la 37min). Elle propose
enfin à l'enfant de dessiner lui-même un phasme
(37 min).
|
Exercice
:
Q1. Quel enseignement de sciences ?
En
utilisant les 5 axes proposés
par
C. Ledrapier (2010, p.61) pour
une éducation scientifique à l'école maternelle
(voir texte ci-dessous), analyser les activités de l'enseignante
et les mettre en lien avec des objectifs d'éducation
scientifique.
Je
propose un travail sur cinq axes [...]. Les trois premiers concernent
les différentes démarches de découvertes
: découverte d'un phénomène (1)
; découverte que les effets sont variables et qu'il
y a des facteurs de variation (2) ; découverte
des relations (3). Le quatrième axe concerne la
modélisation (4). [...] : essayer de participer
à la construction d'une explication (et non comprendre
l’explication de l’enseignant), prédire des
évènements (en s’appuyant sur le modèle
élaboré), et enfin être capable de changer
consciemment d'avis quand cette prédication ne marche pas
[...]. Le cinquième axe est la problématisation
(5). Bachelard a dit que l'important c'était de
savoir poser des questions, beaucoup plus que les résoudre.
Or à l'école c'est toujours l'enseignant qui pose
les questions. Qu’est-ce que problématiser à
l'école maternelle ? Les problèmes pratiques, comme
par exemple vouloir faire couler un objet qui ne veut que flotter,
[...] débouchent sur des « concepts en acte »
de physique. La démarche part des défis que se donnent
les enfants et il y a donc déjà une prise en charge
du problème, même s’il reste concret. Ensuite
on peut aller plus loin et passer à une réelle problématisation,
d'un problème concret à un problème «
théorique » avec justification et /ou argumentation.
D'après
C. Ledrapier (2010, p.61)
Q2. Recherche du modèle pédagogique sous jacent
Chez cette enseignante,
identifier les finalités (pôle axiologie), les pratiques
(pôle praxéologie) et les représentations
(des sciences et de l'apprentissage) (Meirieu, 2003). Aidez vous
des remarques ci-desous de l'enseignante. Je rappelle que l'objectif
est de tenter de définir les objectifs d'éducation
scientifique, les représentations des sciences, les représentations
de l'apprentissage des publics (théorie de l'apprentissage),
et plus généralement la posture de l'enseignant
que l'on peut comprendre comme une articulation de connaissances,
de valeurs et de pratiques.
|

Marceline
GADPAILLE |
Quelques
remarques de Marceline GADPAILLE,
IPEMF à l’école maternelle d’application
de Venette (Oise) sur la découverte de la notion
de vivant à la maternelle (p.26-29):
[...] les élèves ont des représentations
initiales. Ils ont une vision magique et animiste. Ils définissent
le vivant selon un critère, voire un nombre très
limité de critères. [...] Pour Gérard
De Vecchi et André Giordan (L’enseignement
scientifique : comment faire pour que ça marche ?
Delagrave, 2002), l’enseignant doit essayer de faire
travailler les élèves sur leurs propres questions,
ou lorsque le questionnement et la motivation sont absents,
proposer des situations qui peuvent les interpeller.[...].
Un véritable enseignement scientifique se définit
autant par les transformations de représentations
qu’il produit chez l’individu que par le savoir
qui lui est inculqué. Pour De Vecchi et Giordan,
différentes attitudes peuvent être adoptées
par le maître face aux conceptions: « faire
sans (les ignorer), faire avec (les prendre en compte comme
outil didactique), faire contre (les réfuter), faire
avec pour aller contre ». Le rôle de l’enseignant
est de « faire avec pour aller contre », c’est-à-dire
faire confronter les représentations, tout en s’appuyant
sur elles pour les transformer. L’idéal étant
de réussir à faire réinvestir une connaissance
générale dans une nouvelle situation.
[...]
Selon Wallon et Piaget, la pensée de l’enfant
entre trois et six ans est caractérisée par
le syncrétisme, et dominée par l’égocentrisme,
l’animisme et l’anthropomorphisme. Ces notions
revêtent une importance capitale dans la manière
dont l’enfant envisage la notion de vivant.
Pour Henri Wallon (Les origines de la pensée
chez l’enfant. PUF, 2001 – Édition originale
1945), le syncrétisme
de la pensée est une « insuffisance de l’organisation
mentale » qui se traduit par des contaminations entre
les mots (vent et vivant), entre les choses ou les idées
liées entre elles. La pensée de l’enfant
est constituée d’amas confus de notions, d’amalgames
de souvenirs. Il y a absence de structuration selon des
relations précises, telles que cause, effet, moyen,
but, etc. Le syncrétisme se retrouve aussi dans la
fabulation qui traduit souvent la difficulté que
l’enfant éprouve à distinguer le réel
de l’imaginaire.
[...] Jean Piaget (La représentation
du monde chez l’enfant. PUF, 2003 – Édition
originale 1926) définit l’égocentrisme
de deux façons. La première est «
une assimilation du réel au moi » : l’enfant
ne peut considérer qu’une chose a une existence
propre, indépendante de sa vie. La seconde est «
une centration sur le point de vue propre » : l’enfant
qui appréhende le monde extérieur a tendance
à considérer sa perception personnelle comme
absolue (il ne sait pas que son expérience n’est
que partielle et momentanée et il est incapable de
tenir compte des idées d’autrui).Ce qui revient
à énoncer que l’enfant,
jusqu’à six-sept ans au moins, n’est
pas capable d’une pensée objective sur le fonctionnement
du monde.
[...] Piaget a décrit l’évolution
de la perception enfantine du vivant à travers quatre
stades.[...] L’évolution de la perception enfantine
du vivant a donc été expliquée en fonction
de différents processus : – la disparition
de l’animisme où l’interprétation
du mouvement joue un rôle important ; – l’acquisition
de connaissances à propos des objets en général
et à propos des critères biologiques en particulier.
|
5.
Les représentations des professeurs des écoles sur
l'expérimentation scientifique : quelles implications sur
les pratiques et la formation des enseignants ?
|
FLAGEUL,
Roland ;
COQUIDE, Maryline
Conceptions
d'étudiants professeurs des écoles sur l'expérimentation
et obstacles corrélatifs a sa mise en oeuvre à l'école
élémentaire
Aster
n ° 28, 1999, p. 33-55
L'expérimental
dans la classe |
Pour
contribuer à préciser les conceptions de futurs
professeurs des écoles sur les fonctions de l'expérimental,
nous avons proposé un questionnaire à 200 étudiants
et stagiaires des IUFM de Rouen et de Chartres.

Les souvenirs des pratiques expérimentales, vécues
au cours de la scolarité, évoquent plusieurs objets
d'étude et activités qui peuvent apparaître
comme des paradigmes de l'enseignement de la biologie. Les
activités citées, cependant, se rapportent plus
à des observations ou à des manipulations qu'à
des expérimentations. On constate aussi
parfois une confusion des champs disciplinaires. Dans
les conceptions sur l'expérimentation, l'approche empiriste
est valorisée et les propositions relatives au raisonnement
ou à la mise à l'épreuve d'idées sont
peu présentes. Si on considère le
cadre épistémique de ces sujets, ces conceptions
empiristes nous semblent représenter un obstacle important
dans le compréhension de ce qu'est une expérimentation.
Nous proposons, à titre exploratoire, un tableau précisant
les représentations obstacles relatives au concept d'expérimentation,
et une action de remédiation mise en oeuvre dans la formation.
Implications
pour l'enseignement :
Proposition d'une situation expérimentale à l'école
élémentaire (CM1, cycle III) par les auteurs de
l'article
|

In FLAGEUL
et COQUIDE (1999, p.49)
|
In FLAGEUL
et COQUIDE (1999, p.50) |
In FLAGEUL et COQUIDE (1999, p.55) |
Analyse
critique de cette activité expérimentale menée
en classe de CM1 - Mettre
en synergie "la main à la pâte" et "la main
à la tête" !
Peu
de stagiaires ont proposé la réalisation effective d'une
expérimentation sur les comportements alimentaires en classe.
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées concernant
cette réticence à une mise
en pratique expérimentale :
- crainte des difficultés matérielles pour la mise en
œuvre ;
- crainte du comportement des élèves et difficultés
relatives à une animation pédagogique portant sur du matériel
biologique vivant, en particulier animal ;
- crainte des résultats inattendus...
Les
opinions les moins favorables concernent la rédaction des protocoles
sur la fiche proposée ( 15 contre 21). S'il peut apparaître
souhaitable de modifier les questions de la fiche, et d'impliquer plus
les stagiaires dans cette rédaction, il existe aussi des
difficultés inhérentes à l'activité d'écriture
elle-même et citées par les stagiaires
: problème de vocabulaire, difficultés à mettre
en mots les idées, à rédiger et à expliciter
des hypothèses... Ces difficultés de rédaction
et d'explicitation de raisonnement ont été observées
lors de l'analyse des fiches avec l'analyse des types de formulation,
de l'emploi de connecteurs, et des mises en relations entre les différentes
rubriques.
Terminons
par les remarques des stagiaires concernant le désir des élèves
de réalisation effective des expériences : pratiques qu'il
faut évidemment favoriser, dans la mesure du possible, et qui
sollicitent le questionnement éthique
et l'ingéniosité dans la réalisation des dispositifs,
l'attention et la ténacité pour l'obtention des résultats.
[...]
Les
activités de conception d'expérience, avec leur aspect
"papier-crayon", rassurent de nombreux stagiaires. Pour que
l'expérimentation du vivant ne se réduise pas à
ce seul aspect, il apparaît nécessaire que les
autres activités de formation permettent aux stagiaires de s'approprier
quelques pratiques expérimentales sur du matériel biologique
et simples à mettre en œuvre.
Si
l'éducation scientifique des élèves du primaire
nécessite que les enseignants soient formés à mettre
"la main à la pâte", il apparaît également
primordial que ce soit en synergie avec "la main à la tête".
[...] Des pratiques d'investigation empirique pour résoudre les
problèmes scientifiques pourront alors peu à peu être
proposées, et une initiation à l'expérimentation
envisageable. De plus, une réflexion, au cours de la formation,
sur les démarches de construction du savoir nous apparaît
nécessaire pour éviter de voir s'instaurer des cours théoriques
de méthodologie.
BILAN
: Tentative de caractérisation de l'école française
de didactique des sciences...
SAUVAGEOT-SKIBINE,
Marie
Enseigner
les sciences de la terre en tenant compte des représentations
p.
3-8
ASTER
N° 21, 1995
Enseignement
de la géologie |
La prise en compte
d'obstacles à la construction de concepts dans l'enseignement
des sciences de la Vie et de la Terre
[...] nos
études sont essentiellement motivées par un projet
de modification de l'enseignement. Les interprétations
construites à partir des résultats servent alors
de point d'appui à une construction de réponses
pédagogiques aux obstacles épistémologiques
identifiés. [...] Penser un peu plus l'enseignement
scientifique [...] en termes de séquences
centrées sur des obstacles, pourrait aider les
enseignants, parfois un peu déroutés par l'évolution
récente et rapide de cette discipline. [...]
[...]
Pour des raisons retracées par certains auteurs, comme
l'attrait du spectaculaire, l'accrochage sur l'actualité,
ce sont des thèmes parmi les plus traités en géologie,
en tous cas à l'école primaire. Certaines propositions
l'utilisent comme point de départ pour aborder la structure
de la terre. Une variété d'autres thèmes
font par ailleurs l'objet d'études, depuis la formation
des fossiles ou des roches à la géologie de surface.
[...] nous
avons recours à une même grille d'analyse pour
trouver une organisation significative au projet d'enseignement
et pour interpréter les représentations et les
obstacles qui se manifestent chez les apprenants. L'analyse
historique sert fréquemment de révélateur,
en ce sens qu'elle peut faire prendre conscience, avec le recul
que permet l'étude de temps révolus, des problèmes
successifs que la discipline scientifique a dû résoudre
pour se constituer. [...]
Pour Orange
et Orange (1995), le regroupement de la biologie et de la
géologie sous la dénomination "Sciences de
la Vie et de Terre" se justifie par l'existence de
la même exigence : modéliser des systèmes
complexes, à l'aide de modèles à
compartiments de matière ou d'énergie d'une part,
de modèles à rétroaction d'autre part.
[...] Des points communs sont mis en évidence : les compartiments
ne sont pas donnés mais construits, et ces modèles,
dans un cas comme dans l'autre, visent à comprendre une
dynamique [ndlr. : et tenter de la prévoir].
[...] Une seconde caractéristique commune aux deux disciplines
concerne la présence de "processus contingents"
dans les deux cas, comme la disparition d'une espèce
et l'arrivée d'un tremblement de terre. Ces phénomènes,
qui n'obéissent pas au hasard, exigent pour se produire
un certain nombre de conditions, et sont irréversibles.
|
....
ses cadres théoriques, son horizon politique... et ses limites
dans la vision du sujet qui apprend !
Didactique
et Histoire des sciences : modèle pédagogique de la redécouverte
(Gohau, 1987) ; modèle recapitulationniste et obstacle épistémologique
(Raichvarg, 1987)
Evolution
des représentations sociales (Moscovici, 1989)
et modèles de communication visant au conditionnement des jeunes
esprits (Fourquet, 1999).
|
RAICHVARG,
Daniel
La
didactique a-t-elle raison de s'intéresser à l'histoire
des sciences ?
p.
3-34


|
La
question des relations entre la construction historique et la
construction personnelle des connaissances constitue un champ
d'investigations pour la didactique. Cependant, le récapitulationnisme,
issue du XIXe siècle, apparaît comme une conception-écran
qui bloque la question dans son heuristique. Raichvarg se propose
de faire sauter cet obstacle, en travaillant en historien des
sciences sur le modèle récapitulationniste, c'est-à-dire
en analysant les conditions de son émergence, les modifications
de son extension et de sa compréhension. Tout au long
de cette histoire épistémologique du concept,
il tente de relever les éléments qui, de Baldwin
à Bachelard, en passant par Haeckel, Freud et Piaget,
peuvent servir de points d'ancrage à des investigations
didactiques.
Histoire
du modèle d'instruction récapitulationiste
La
volonté d'établir un lien entre le développement
mental et l'histoire du développement des concepts scientifiques
reposent sur l'idée que le progrès de l'esprit
et le progrès scientifique peuvent être associés.
Condorcet au XVIIIe siècle propose d'instruire
en imitant la marche de l'esprit humain dans le projet d'instruction
publique de 1792. Le modèle d'instruction récapitulationniste
se développe alors. Au XIXe siècle, la biologie
des embryons d'Haeckel soutient que l'ontogenèse
récapitule la phylogenèse. Cette loi biologique
légitime alors une loi de l'ordre mental : l'ontogenèse
du développement mental récapitule la phylogenèse
des connaissances. Le lien entre didactique et histoire des
sciences s'établit alors sur la base d'un modèle
récapitulationniste, empreint de concept issue de l'embryologie
pour comprendre et expliquer la psychogenèse (physcologie
du développement). Il conduira à des dérives
comme celle du Docteur Down qui tentera d'expliquer
le développement mental des peuples orientaux et les
idiots mongoliens.
Des
processus de socialisation par stades dans les apprentissages
Avec
Baldwin, l'importance de l'apprentissage dans le phénomène
d'ontogenèse mentale revient sur le devant de la scène.
On passe du préformatisme psychologique d'Haeckel à
l'épigénèse psychologique. L'enfance est
donc intégrée dans le processus d'ontogenèse
et on ajoute ainsi une hypothèse environnementaliste
en soulignant l'importance des processus de socialisation. C'est
le début d'une ontogenèse du développement
qui passerait par plusieurs stades, du sensoriel rudimentaire
à des représentations complexes pour aboutir à
l'affirmation de soi spécifique de l'homme.
Freud
(1896) aura le projet de mieux comprendre l'ontogenèse
mentale et la psychologie des individus en cherchant une part
de phylogenèse individuelle dans les rêves. Il
décrira la phylogenèse de l'Homme par la succession
d'une phase animiste, puis une phase religieuse et enfin une
phase scientifique. Le primitif, l'enfant, le névrosé
récapitule cette phylogenèse et le névrosé
devient le pivot de comparaison. Le concept de primitif sera
largement critiqué par Levi-Strauss.
L'évolution
temporelle et les logiques de stades confortent la logique de
la récapitulation. Mais ils réduisent les comportements
psychologiques à une approche physiologique. Freud rappelle
pourtant que les névroses ont un facteur spécifique,
en plus de l'hérédité, lorsqu'il accorde
sa place à l'entourage : il ne tombe pas dans le piège
du réductionnisme physiologique. Pour
lui, de génération en génération,
il y a un facteur organique mais également un facteur
sociale (langage, tradition, coutumes) qui peut contribuer à
récapituler certains comportements psychiques !
Emergence
d'un stade de la logique scientifique ?
Piaget
s'interroge également sur les facteurs de développement
de l'enfant : quelle place pour l'école, la famille,
le langage ? Il s'interroge notamment sur la genèse de
la logique scientifique, qui correspond pour Baldwin au stade
IV. Il se tourne du coté de l'histoire des sciences pour
faire des comparaisons entre la psychogenèse et la genèse
des connaissances scientifiques. Les interrogations sur les
relations entre préformisme et épigénie
dans la genèse d'un comportement intellectuel demeure
: quelle place respective entre le génotype et le milieu
? Mais pour Piaget, Freud se trompe : la succesion des stades
est constante et interdépendante. Il rigidifie les stades
(contrairement à Freud). Piaget estime que l'émergence
de la scientificité peut être mise en relation
avec l'histoire des sciences mais aussi avec l'appareillage
de la personne, à un moment donné de son hisoire,
comme en histoire des sciences ! Mais l'histoire des sciences
sur laquelle s'appuient Piaget et Garcia est
une histoire des sciences jugée (Pestre,
2006) avec des textes qui publicisent une science triomphante.
Cette histoire ne s'intéresse pas aux dynamiques socioscientifiques
mais présente des contenus statiques. De plus, dans ce
récit historique, l'échelle des valeurs est inversée
par rapport à l'éthos scientifique (exemple de
la rigueur scientifique vs tatonement, du consensus versus la
controverse, de la vérité, de la déduction,
des croyances, des opinions,...). Le réductionnisme est
donc ici très fort.
Pour Bachelard,
la formation de l'esprit scientifique est en relation avec un
stade particulier de la culture et de la psychogenèse.
Il propose de dépasser la croissance historique et l'emprise
de certaines opinions imposées parfois par l'autorité,
ce qu'il nomme des obstacles épistémologiques,
en y intégrant la culture. Cette idée d'obstacle
est abondamment illustrée dans les travaux de Canguilhem
à propos de l'histoire de quelques concepts de biologie
(hormone, régulation...).
Bilan
La
question de la différence entre la construction de savoirs
scientifiques et la construction de savoirs socialisés
est posée, avec probablement le rôle de la temporalité
qui contribue à socialiser les concepts. La communication
a un rôle sur la cognition et les modes pensée,
en permettant une inspection de l'activité critique,
de la rationnalité et de la pensée logique. Mais
avec quel modèle de communication ? Raichvarg remet ici
en question le modèle de
la récapitulation physiologique dans
les apprentissages de sciences.
On
pourrait également y ajouter la critique du modèle
de l'apprentissage transmissif, fondé
sur un modèle de communication qui suppose que les élèves
sont des récepteurs passifs, influençables et
ignorants (Jacquinot-Delaunay, ....), un modèle
qui assigne à l'enseignant une posture de maître
de la pensée.
|
GOHAU,
Gabriel
Difficultés
d'une pédagogie de la découverte dans l'enseignement
des sciences
p.
49-69 |
La
méthode pédagogique qui cherche à retrouver
le cheminement de la découverte scientifique a été
mise en oeuvre sous l'appellation " méthode
de la redécouverte ". L'analyse du rôle
des expériences faites en classe montre comment cette méthode
inductive peut se révéler tout aussi dogmatique
que la méthode expositive. Une véritable
redécouverte exigerait que les élèves soient
mis en situation de recherche, d'initiative, de tâtonnement,
qu'un vrai dialogue s'instaure pour faire apparaître les
représentations des élèves. Pour mettre en
oeuvre cette vraie pédagogie de la redécouverte,
la formation des enseignants devrait être complétée
par une initiation à l'histoire des obstacles épistémologiques
et exigerait aussi une formation de chercheur. |
Références
-
-
-
Florin,
A. (2003). Introduction à la psychologie du développement.
Enfance et adolescence. Paris, Dunod, Les Topos
-
Harris,
P. (2007). L'imagination chez l'enfant. Son rôle crucial dans
le développement cognitif et affectif. Paris, Retz
-
Houdé,
O. (2004). La psychologie de l'enfant. Paris, PUF, Que sais-je ?
-
-
Meirieu
P. (1984). Les expériences éducatives nouvelles : praticiens
et chercheurs. Revue française de pédaagogie n°68.
-
Thommen,
E. & Rimbert, G. (2005). L'enfant et les connaissances sur autrui.
Paris : Belin
-
Zaouche-Gaudron,
C. (2010). Le développement social de l'enfant. Du bébé
à l'enfant d'âge scolaire. Paris, Dunod, Les Topos (2ème
édition)
|