Agir et éduquer dans un monde incertain
Combiner pensée convergente et divergente ?

Benoît Urgelli
last up-date : 30-avr-21

voir le pdf de l'intervention au Séminaire des cadres de l'Education Nationale, Académie de Rennes, le 30 septembre 2020
L’école à l’épreuve de la Covid ? Quelles propositions pour l’école d’après ?


Voir aussi l'Emission France 3 AuRA - Ensemble c'est possible - sur l'école de demain, avec Philippe Meirieu, diffusée le Mercredi 11 novembre 2020

Voir aussi Former à la pensée critique

  • Ouvrir un espace social critique et réflexif, situer des possibles
    en prenant au sérieux tous les acteurs, loin d'une gestion autoritaire de la crise et de la futurologie !

[...] la pandémie impose aujourd’hui, dans le même temps et à tous, une poussée réflexive qui, jusqu’à présent, était l’affaire des experts : il nous faut agir dans le savoir explicite de notre non-savoir. Aujourd’hui, tous les citoyens apprennent comment leurs gouvernements doivent prendre des décisions dans la nette conscience des limites du savoir des virologues qui les conseillent. La scène où se déroule une action politique plongée dans l’incertitude aura rarement été éclairée d’une lumière aussi crue. Peut-être cette expérience pour le moins inhabituelle laissera-t-elle des traces dans la conscience publique.[...]

  • Voir aussi le texte Au-delà du « monde d'après » ou comment penser la crise dans la durée avec le pragmatisme sociologique
    Texte collectif produit par des membres du Groupe de Sociologie Pragmatique et Réflexive (GSPR, EHESS) le 31 mai 2020. Texte court, exposant un style de questionnement et d'enquête face à la méga-crise du coronavirus - Covid-19. Ce texte issu de longues discussions pendant le confinement, a été publié sur le carnet SocioInformatique et Argumentation début juin, dans l'attente d'un document de fond prévu pour la fin de l'automne 2020 :

La tentation est forte de déterminer le futur, proche ou lointain, bien que les annonces prophétiques, comme les prévisions les plus outillées, se réalisent rarement. Ce texte propose une autre voie en invitant ses lecteurs à penser autrement les ouvertures d’avenir, en commençant par mettre à distance toute forme de détermination rigide de ce qui vient – ou ne vient pas. [...] Comment, dans un tel contexte d’incertitude, saisir sérieusement les scénarisations du futur et la possibilité d’une alerte réussie, l’incertitude étant doublée d’une prolifération d’interprétations ?
Parmi les phénomènes les plus remarquables, il y a la manière dont tous les milieux ont été touchés par la crise actuelle. Des dispositifs les plus institués aux gestes les plus ordinaires et anodins, parfois inconscients, l’exigence de distanciation et des « gestes barrières » a reconfiguré le sens et les conditions d’exercice de pratiques considérées comme allant de soi, formant ce que les sciences sociales ont eu coutume d’appeler « l’ordinaire de la vie sociale ». Du trajet en métro au paiement sans contact ; de l’éducation des enfants aux difficultés du télétravail ; des interactions dans les lieux publics, subitement déserts, jusqu’au choix des légumes au supermarché, toutes les activités ont presque instantanément pris un autre sens et ont fait l’objet de nouveaux rituels, parfois maladroitement exécutés. [...] Peut-on proposer un autre regard sur
l’ensemble des processus à l’oeuvre et outiller l’analyse des incertitudes face à la prolifération des discours sur la crise, sur ses « causes profondes » ou sur le « monde d’après » ? Loin de permettre une compréhension fine des ruptures, des reconfigurations et des inventions qui opèrent dans les milieux les plus divers, beaucoup de prises de parole constituent un moyen de se positionner en tant qu’intellectuel et de projeter des matrices théoriques ou idéologiques du « monde d’avant » vers le « monde d’après ».[...] Du fait de l’entrelacement des échelles, il est cognitivement ardu pour tous les acteurs, des appareils d’État aux individus, de savoir ce que seront les conditions de vie et de travail à moyen terme et au-delà. [...] La modélisation de scénarios épidémiques contribue au choix des mesures médicales et politiques mises en place, malgré les nombreuses incertitudes qui persistent après plusieurs mois de mobilisation générale. Le virus met à l’épreuve le répertoire des connaissances
épidémiologiques et virologiques, que celles-ci concernent les formes de contagion, l’immunité « collective », une éventuelle seconde vague ou encore des séquelles et des symptômes persistants. L’incertitude reste d’autant plus radicale qu’elle est liée au caractère hautement
évolutif et fortement dépendant de la trajectoire du virus, voire des différentes souches en cause, et des acteurs qui l’ont croisé. Un scénario devient vite caduc lorsqu’il dépend de paramètres multiples qui suivent des trajectoires non-linéaires. Les interactions et les interdépendances entre les milieux pèsent en retour sur le processus de stabilisation des catégories et des outils d’évaluation. Elles produisent des réactions en cascade qui poussent des personnes et des groupes à reconfigurer leurs pratiques. De multiples boucles de rétroaction
insolites ont eu déjà lieu générant des processus interprétatifs inhabituels. C’est notamment le cas du destin des promesses du professeur Raoult, engendrant, sur fond d’intenses controverses, la visite du Président français dans son institut à Marseille, la suspension des essais réalisés
avec la chloroquine par l’OMS, la polémique autour d’un article du Lancet très critique envers les effets de la molécule, le tout dans un contexte de lutte pour l’hégémonie avec la Chine qui mène à l’annonce par les USA de leur retrait de l’OMS.[...]
Au sein de l’espace critique ouvert par la crise, chargé de tension et d’effroi, se déploient de nombreuses figures de dénonciation, des procédés de relativisation aux accusations les plus directes, des controverses savantes aux polémiques les plus enflammées.[...]
L’expérience de cette crise sanitaire hors norme rend plus que jamais nécessaire une vigilance critique au service de la création continue d’ouvertures d’avenir, face aux tentatives de les refermer à partir de prises de positions autoritaires. Une démarche d’enquête pragmatiste prend au sérieux tous les acteurs engagés dans un processus critique sans les hiérarchiser a priori. Cette attention à la pluralité des expériences possibles conduit à explorer les marges, les interstices, les signaux et les événements, les énoncés dont le potentiel de montée en puissance ne peut être prédit. Cet effort d’ouverture implique à la fois un suivi de longue haleine, des protocoles collaboratifs et une mise en discussion outillée de l’analyse des phénomènes. [...] il n’y a pas de fatalité ni au « retour à la normale », ou même « à l’anormal », ni à une bifurcation radicale du « système » [...] Chaque expérience située, chaque façon de saisir la crise, ouvre des possibilités engageant les acteurs dans des trajectoires marquées par autant de convergences que de divergences, de rencontres malheureuses et de coïncidences heureuses. Il ne s’agit donc pas, en tant qu’enquêteurs au sens large, agissant à titre individuel ou collectif, de décider pour les autres ce que le futur doit être, au nom d’une autorité épistémique ou d’une option axiologique, mais d’apprendre à faire avec les incertitudes et les indéterminations.

  • Pensée divergente et pensée convergente (Guilford, 1956)

A la fin du XIXe siècle, avec les débuts de la psychométrie, débute également l'étude des génies. On conclue alors, avec François Galton par exemple sur l'étude de la famille de musiciens de J.S. Bach que le génie est héréditaire et se transmet de père en fils. Cette vision contribue alors à des considérations élitistes et déterministes sur les grands hommes.

Dans les années 1950, le psychologue américain J. P Guilford (1897-1987) étudie les différents formes d'intelligence. Il oppose la pensée convergente qui permet de répondre à des questions standardisées qui ne conduisent qu'à une seule r éponse (du type trouver la suite d'une série de nombres) à la pensée divergente qui produit plusieurs réponses à un problème et qui serait le signe de la créativité. Par les exercices différents, il tente d'évaluer cette pensée divergente qui n'est pas mesurée par les tests de QI développées au début de XXeme siècle par Binet pour évaluer la pensée rationnelle.

Convergent thinking involves finding only the single correct answer, conventional to a well-defined problem. Many facts or ideas are examined while convergent thinking for their logical validity or in which a set of rules is followed. Convergent thinking focuses on reaching a problem solution through the recognition and expression of preestablished criteria. Standard intelligence tests are similarly believed to measure convergent thinking. In Razumnikova (2013)

Divergent thinking is defined as producing a a large number of appropriate and adequate alternative responses to an open-ended question or task in which the product is not completely determined by the information (rejoint ici l'idée de problèmes flous, indéterminés épistémologiquement et des questions socialement vives surdéterminées idéologiquement, Michel Fabre). So, divergent thinking concentrates on generating a large number of alternative responses including original, unexpected, or unusual ideas.Thus, divergent thinking is associated with creativity. In Razumnikova (2013)

These different types of thinking are important components of creative process including the formulation of a problem (dominance of convergent thinking), widespread search of variable ideas of a problem solution (function of divergent thinking), and choice of the final decision based on critical comparison of generated ideas (again convergent thinking phase). So, convergent thinking dominates while domain-relevant knowledge and data are identified and analyzed but divergent thinking – during information transformation and generation of both ideas collection and many possible criteria for reviewing these ideas. [...] complementary combinations of contrary kind of thinking occur in different phases of novelty production: convergent thinking might dominate in the phases of preparation and verification, but divergent thinking in that of illumination.

  • Pensée divergente, flexibilité cognitive et créativité

Cette pensée divergente suppose le développement d'idées nombreuses qui sortent du cadre de pensée, c'est à dire de la fléxibilité cognitive qui permet de changer l'angle d'attaque et le cadre de pensée pour résoudre un problème. Cette flexibilité serait au fondement de la créativité et de la recherche de solutions originales à la résolution d'un problème. Mais qu'est ce qui pousse à changer de points de vue et à innover ? Probablement le blocage et le contrôle des schémas courants et une liberté et ouverture d'esprit.

On est ici loin du mythe de génie solitaire et visionnaire mais plutot dans l'idée d'un bouillon de cultures, d'interactions et d'initiatives personnelles, visant une création collective mais sans business plan. Il s'agit de casser les codes, de penser autrement, de changer de paradigmes. En sciences et en littérature d'ailleurs, l'étude de la génétique des mots, des textes et des idées montre le chemin tortueux entre les faits les hypothèses, les théories, les expériences, avec l'exploration simultannée du problème et de la solution.

La génétique des textes est une discipline née dans les années 1990, qui s'intéresse à la genèse des œuvres littéraires (le terme « génétique » renvoie à « genèse » et non à « gène ») (Pierre-Marc de Biasi, La Génétique des textes, rééd. CNRS, 2011). En étudiant les manuscrits, brouillons, carnets de notes des écrivains, il s'agit de reconstituer la démarche mentale de l'auteur, ses sources documentaires, ses associations d'idées, ses intuitions, ses bifurcations et les corrections qui ont abouti à l'œuvre finale. Pour écrire ses romans, Gustave Flaubert se révèle un auteur tourmenté qui contrôle à l'extrême son écriture : il construit des plans, rature, reprend. C'est un « auteur à programme ». Marcel Proust a une écriture plus spontanée, laissant ses idées aller au fil de la plume...

La démarche mentale des scientifiques peut être soumise aussi à des enquêtes similaires. Ainsi les carnets du médecin Claude Bernard (1813-1878) font-ils l'objet d'un grand programme international pluridisciplinaire (génétique des textes et sciences cognitives). L'une des questions est de savoir si la démarche mentale de C. Bernard (en train d'étudier la production de glucose par le foie ou l'action du curare) correspond bien aux règles de méthodes définies dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865). Conclusion : en consultant son Cahier rouge (1850-1860), où il consignait ses expériences, on voit bien C. Bernard suivre un cheminement qui va des faits intriguants aux hypothèses puis aux idées d'expériences. Mais le chemin est très tortueux entre faits, théories et expériences. L'un des processus mentaux mis au jour pour forger des hypothèses relève de l'abduction (hypothèse inspirée d'un fait singulier). De même, les schémas et graphiques semblent jouer un grand rôle pour guider sa réflexion. Dortier, 2015.

  • Tester la pensée divergente

Pour tester la pensée divergente, on évoque souvent les problèmes ou tests suivants : trouver le nombre d'usages possible d'un trombone (voir cidessous), d'une brique, trouver le maximum de mots commençant par "l" et finissant par "n", etc..

 


George Land’s Creativity Test

In 1968, George Land (with Beth Jarman) conducted a research study to test the creativity of 1,600 children ranging in ages from three-to-five years old who were enrolled in a Head Start program. This was the same creativity test he devised for NASA to help select innovative engineers and scientists. The assessment worked so well he decided to try it on children. He re-tested the same children at 10 years of age, and again at 15 years of age (a longitudinal study). The test was to look at a problem and come up with new, different, innovative ideas.

According to Land, the primary reason for this is that there are two types of thinking processes when it comes to creativity:

  • Convergent thinking: where you judge ideas, criticise them, refine them, combine them and improve them, all of which happens in your conscious thought
  • Divergent thinking: where you imagine new ideas, original ones which are different from what has come before but which may be rough to start with, and which often happens subconsciously

He notes that throughout school, we are teaching children to try and use both kinds of thinking at the same time, which is impossible.Competing neurons in the brain will be fighting each other, and it is as if your mind is having a shouting match with itself. Instead of this, Land suggests we need to allow people to split their thinking processes into the various different states, to make each of them more effective.

So if you want your child to retain their ability and desire to be creative, encourage them to let their mind run free while they come up with ideas, and only afterwards to sit down, evaluate them and start working on the ones they think are the best.

Un test de la pensée divergente :
Combien d'usage pourriez vous faire d'un trombone ?
vidéo compléte de Sir Ken Robinson ici
Transcription complète ici

 

La pensée divergente, élément essentiel de la créativité

Une grande étude a été menée sur la pensée divergente, il y a quelques années. La pensée divergente n’est pas la même chose que la créativité. Pour moi, la créativité, c’est avoir des idées originales qui ont de la valeur. Sans en être un synonyme, la pensée divergente est un élément essentiel pour la créativité. Il s’agit de l’aptitude à formuler un grand nombre de réponses différentes à une question, à considérer cette question sous plusieurs angles, ce qu’Edward de Bono appelait la pensée latérale, à penser autrement que selon des voies linéaires ou convergentes, à concevoir plusieurs réponses et non une seule.

 

La pensée divergente, plus développée à 5 ans qu’à 15 ans

J’ai donc conçu un test à ce sujet. J’ai demandé aux gens combien d’usages vous pourriez faire d’un trombone, puis la plupart proposent 10 ou 15 réponses. Certains sont assez forts pour en imaginer 200. Pour en arriver à ce nombre de solutions, ils s’interrogent : « Et si le trombone mesurait 60 mètres de haut ? S’il était en caoutchouc mousse ? Est-ce qu’on doit s’en tenir au trombone tel qu’on le connait ? » Le test fonctionne ainsi. C’est exposé dans un livre intitulé « Break point and beyond, Mastering the Future Today » de George Land et Beth Jarman (Le point de rupture est au-delà, 1993). 1.500 personnes ont été étudiées. Selon le protocole de l’expérience, celles qui dépassaient un certain niveau étaient considérés comme des génies de la pensée divergente. J’ai une question pour vous : quel pourcentage des 1.500 sujets a atteint le niveau du génie ? Un dernier détail : c’était des enfants de maternelle. Qu’est-ce que vous diriez ? Combien étaient des génies ? 80 % ? OK ? Il y en avait 98% ! Il faut savoir, l’étude portait sur le long terme. Les mêmes enfants ont donc été testés cinq ans plus tard, vers 8 ou 10 ans. Et là, à votre avis ? Le pourcentage était de 30%. Nouveau test cinq ans plus tard, à 13 ans ou 15 ans : 12 %. Vous avez compris la tendance, n’est-ce pas ? Cela nous fournit une donnée intéressante. En effet, on aurait pu supposer que l’évolution se fasse en sens inverse : on commence par être bon puis on devient meilleur à mesure qu’on grandit.

 

On leur a répété : « il n’y a qu’une réponse »

Cela montre deux choses. Primo, nous avons tous cette capacité. Secundo, elle se dissipe dans le temps. Certes, il est arrivé des choses à ces enfants. Plein de choses. Mais une des plus importante, j’en suis convaincu, c’est qu’ils ont été éduqués. Ils ont passé dix ans à l’école. On leur a répété : « il n’y a qu’une réponse, elle est écrite derrière mais ne tourne pas la page, et ne copie pas c’est de la triche ». Hors de l’école, on appelle ça de la coopération. Et à l’école, alors là… Ce n’est pas l’effet de la volonté des professeurs. C’est comme ça, c’est tout. C’est gravé dans le marbre de l’éducation.

On peut également citer l'exercice des neuf points (Dortier, 2015) qui est un classique des tests de créativité. Il est destiné à montrer qu'en changeant de point de vue, on peut trouver une solution inattendue à un problème qui semble ne pas en avoir.

Exercice :
Relier les 9 points
à l'aide de 4 lignes droites
mais sans relever votre crayon

La solution donnée est habituellement celle-ci. Inattendue parce qu'on s'impose souvent une contrainte supplémentaire inutile : ne pas déborder du carré formé par les neufs points .

Mais il existe bien d'autres solutions. Elles consistent à découper les points et à les aligner le long des côtés d'un rectangle. Car il n'est dit nulle part dans l'énoncé que les points doivent rester en place !

On peut même relier les neufs points avec sur une seule ligne :

  • Neuronal Mechanisms of Divergent and Convergent Thinking

De nombreuses études ont tenté de l'occasion les mécanismes neuronaux de la pensée divergente. Dortier (2015) précise que certains neuropsychologues estiment que dans le corte frontal, des neurones associatifs sont associés à ce mode de pensée, avec des échanges entre les 6 couches du cortex. D'autres estiment que c'est le corte pariétal inférieur qui permettrait la flexibilité cognitive qui caractérise la pensée divergente. D'autres situent cette pensée divergente dans le corps calleu, d'autres enfin dans l'hémisphère droit (voir figure ci-dessous) :

Razumnikova (2013) : Possible brain correlates underlying divergent and convergent thinking are found in neuroscientific studies. [...] The right hemisphere is dominated at exploring for new possibilities while the left hemisphere is more likely to result in the application of a previously learnt concept or pattern to a new problem.[...]

Fig. a : As example of convergent thinking, mathematics operations can be tested. Neuropsychological as well as brain imaging studies converge on the view that arithmetic processing is subserved by frontoparietal areas and the basal ganglia (Dehaene et al. 1996).[...] It can be concluded that the specific network involved in skilled arithmetic performance (i.e., convergent thinking) has been established. The inferior parietal sulcus and prefrontal cortex are assumed to mediate a common representation of quantity, and both arithmetic and sentence processing activated large sets of areas strongly lateralized to the left hemisphere.

Fig. b : divergent thinking and creativity are associated with widespread interconnections between multiple brain regions and relative dominance of the right hemisphere (Razumnikova 2005; Arden et al. 2010). [...] Right-hemisphere dominance in divergent thinking is caused to the facts that the right temporal and parietal cortices may provide a crucial nonlinguistic component needed for the intuitive generation of novel ideas using semantic knowledge in terms of features, concepts, and categories as well as verbal operations, such as the metaphor and humor creation or semantic operations that require a wide net of associations. [...]

Thus, if great volume of knowledge is necessary for difficult task performance, integration of functions of both hemispheres is required often for a finding of the best decision.
Many investigators have proposed that the ability to generate novel ideas or divergent thinking is associated with increased hemispheric cooperation. [...]. Scientific eminence requires high level not only intellectual but creative abilities and manifests itself in development of solution-relevant hypotheses regarding scientifically unsolved problems, the development of new theories and methods, and original problem solutions. [...]

According to a neural plasticity model, it is expected that environmental interventions in the different form of training in divergent and convergent thinking would improve both creative and intellectual abilities. Schooling and specific intervention programs do affect relative intellectual or creative performance. A well-known tool to enhance divergent thinking in groups is brainstorming. [...]

  • Pensée divergente et pensée latérale d'Edward de Bono (1967)

La pensée latérale est une technique de résolution de problèmes, popularisée par Edward de Bono, qui consiste à appréhender les problèmes sous plusieurs angles, nouveaux ou hors du champ habituel d'études, au lieu de se concentrer sur une approche éprouvée, linéaire et limitée.

Les concepts de "pensée divergente" et "pensée convergente" ont été introduits par le psychologue américain J.P. Guilford en 1956, et développés au cours des années suivantes. L'idée de "penser hors des sentiers battus" se répand dans le courant des années 1960 dans le monde des consultants en entreprise. Reprenant le concept de la pensée divergente et le principe de la pensée hors des sentiers battus, la pensée latérale (lateral thinking) est détaillée et théorisée par le psychologue maltais Edward de Bono. Il emploie le terme pour la première fois en 1967, dans son livre "The Use of Lateral Thinking", et publie par la suite de nombreux livres sur ce thème et plus généralement sur les moyens de développer sa créativité. Edward de Bono définit la pensée latérale comme "s'échapper d'idées et de perceptions établies pour en trouver de nouvelles".

Selon Gilbert Burgh, professeur de philosophie, la notion de pensée latérale s'est constuite chez De Bono en réponse à la pensée critique, un mode de pensée hérité de l'époque socratique. Cette méthode philosophique, proposée par Socrate et développée par Platon et Aristote (le Gang des trois) se construit selon lui dans l'adversité, la dichotomie et le jugement.

  • Socratic method is focused on discovering the truth and uses adversarial techniques such as refutation of opposition, which rests on is/is not, true/false, either/or dichotomies—a form of argumentation in which contradictory claims are argued to strengthen one side’s argument and diminish the opposing position. In practice, each interlocutor takes a different position and points out contradictions to attack the other position in order to prove the other side wrong and, consequently, force a judgment. [...] It is not so much the search for truth that is required for the increasing complexity of contemporary societies but the development of creative and more effective approaches to problem solving. [...] in favor of a cooperative model for thinking |...] placing claims in parallel instead of in opposition to each other.
  • voir aussi Edgar Morin (2000) et la pensée complexe

De Bono pense qu'on peut construire de nouvelles argumentations en combinant les argumentations opposées par la pensée latérale. La créativité qui en découle est utile à la résolution de problèmes et à la délibération et nécessite de réaliser une cartographie des argumentations, en situation de controverses (Deliberate creative thinking, on the other hand, focuses attention on what he calls mapmaking—a type of thinking that requires a certain detachment). C'est cette considération qui nous conduit à militer pour une éducation par les controverses qui mobilisent ces outils et développent des compétences et habilités sociales nécessaires au traitement éducatif, collaboratif et démocratique de questions socialement vives.

  • Des méthodes pour stimuler la créativité collaborative et traiter collectivement des questions sensibles

Il existe de nombreux outils pour développer la pensée latérale, la pensée divergente, la flexibilité cognitive et la créativité (Dortier, 2015) : du brainstorming à la méthode Triz, de la méthode des six chapeaux d'Edward de Bono au QQOQCCP, du mind mapping à la synectique, en passant par les matrices de Moles ou les cartes heuristiques de Tony Buzan.

La plus ancienne et la plus connue est le brainstorming, inventé par Alex Osborn (1888-1966), un publicitaire américain, dans les années 1940. Le principe est connu : un petit groupe, placé sous la direction d'un animateur, est invité à formuler un maximum d'idées (par exemple pour la recherche d'un slogan publicitaire). Les participants sont alors appelés à lancer des idées en respectant quatre règles : se laisser aller, rebondir à partir des idées exprimées, ne pas critiquer et chercher à obtenir le plus grand nombre possible d'idées sans imposer les siennes.

À la même époque qu'A. Osborn, l'astrophysicien Fritz Zwicky (1898-1974) a inventé une méthode de créativité originale : la « boîte à morphologie ». Sa démarche reposait sur l'exploration de toutes les solutions possibles à partir d'un problème de départ. Pour inventer de nouvelles idées de desserts, il est possible de combiner toutes les formules possibles à partir de trois paramètres : les catégories de desserts (gâteau, tarte, flan, glace, beignet, mousse...), la liste des parfums (abricot, ananas, amande, banane, cassis...) et l'accompagnement (sauce, crème, arrosage...). Aux intersections de tous ces paramètres se trouvent des milliers de cases : certaines correspondent à des solutions existantes (glace à la framboise), d'autres sont plus ou moins originales et farfelues (flan aux dattes arrosé de vin rouge, ou beignets d'ananas au gingembre...).

Signalons également la méthode des 6 chapeaux (Six Thinking Hats) devant permettre d'utiliser plusieurs modes de pensée face à un même problème, en délibérant à plusieurs, chacun se concentrant d'abord sur un des 6 modes de pensée, puis, en avançant dans les discussions, chacun change de chapeaux :

  • The white hat suggests neutrality and objectivity.
  • The red hat deals with emotional views, feelings, hunches, and intuitions.
  • The black hat represents the devil’s advocate.
  • The yellow hat covers hope and positive thinking.
  • The green hat expresses creativity and new ideas.
  • The blue hat is concerned with thinking about thinking, the organization of the thinking process, and the use of the other hats.

Le concept de pensée latérale a fait l'objet de diverses critiques, en lien avec ces présupposés sur la pensée critique. La pensée critique permet également la créativité par les essais erreurs, le feedback et la reflexion. La pensée critique ne se construit pour l'adversité mais pour apprendre à penser par soi-même. Burgh note en 2014 que le concept avancé par de Bono, bien qu'il ait rencontré un certain succès auprès du grand public, n'est pas original, mais s'inscrit dans un courant de pensée auquel de Bono n'a pas fait l'effort de se référer. Robert J. Sternberg, professeur de psychologie cognitive, estime que l'efficacité réelle de cette méthode reste à prouver, un point de vue partagé par le psychologue cognitif Robert Weisberg. Moseley et al. rapportent que de Bono est "plus intéressé par l'utilité du développement de nouvelles idées que par la démonstration de l'efficacité ou de la fiabilité de son approche".

Selon l'écrivain Alan Baker (2014), Toute pensée est basée sur une opération basique : la capacité à connecter différentes choses. La pensée verticale cherche la bonne réponse. Lorsque l’on pense verticalement, nous avons besoin de nous corriger à chaque étape afin d’avoir raison à la fin. C’est comme grimper une échelle : il faut rester dessus afin de grimper jusqu’au sommet. Faire une addition est un cas classique d’une pensée verticale. La pensée latérale cherche une réponse différente. Il n’importe pas d’avoir raison chaque étape, parce que nous ne cherchons pas la bonne réponse. C’est comme marcher sur des rochers : nous utilisons tous les rochers possibles pour avancer et mener notre pensée autre part. Se mettre à la place de quelqu’un d’autre est un cas classique d’une pensée latérale. Cette idée rejoint probablement les propos de Michel Fabre (2011) qui évoque, pour agir face à une monde incertain, et appréhender des problèmes flous et indéterminés de se munir d'une boussole et d'une carte.

Bibliographie