Ouvrir
un espace social critique et réflexif, situer des possibles
en prenant au sérieux tous les acteurs, loin d'une gestion
autoritaire de la crise et de la futurologie !
[...]
la pandémie impose aujourd’hui, dans le même
temps et à tous, une poussée réflexive
qui, jusqu’à présent, était l’affaire
des experts : il nous faut agir dans le savoir explicite de notre
non-savoir. Aujourd’hui, tous les citoyens apprennent comment
leurs gouvernements doivent prendre des décisions dans
la nette conscience des limites du savoir des virologues qui les
conseillent. La scène où se déroule
une action politique plongée dans l’incertitude
aura rarement été éclairée d’une
lumière aussi crue. Peut-être cette expérience
pour le moins inhabituelle laissera-t-elle des traces dans la
conscience publique.[...]
Voir
aussi le texte Au-delà
du « monde d'après » ou comment penser
la crise dans la durée avec le pragmatisme sociologique
Texte collectif produit par des membres du Groupe
de Sociologie Pragmatique et Réflexive (GSPR,
EHESS) le 31 mai 2020. Texte court, exposant un style de questionnement
et d'enquête face à la méga-crise du coronavirus
- Covid-19. Ce texte issu de longues discussions pendant le
confinement, a été publié sur le carnet
SocioInformatique et Argumentation début juin, dans
l'attente d'un document de fond prévu pour la fin de
l'automne 2020 :
La
tentation est forte de déterminer le futur, proche ou lointain,
bien que les annonces prophétiques, comme les prévisions
les plus outillées, se réalisent rarement. Ce texte
propose une autre voie en invitant ses lecteurs à penser
autrement les ouvertures d’avenir, en commençant
par mettre à distance toute forme de détermination
rigide de ce qui vient – ou ne vient pas. [...]
Comment, dans un tel contexte d’incertitude, saisir sérieusement
les scénarisations du futur et la possibilité d’une
alerte réussie, l’incertitude étant doublée
d’une prolifération d’interprétations
?
Parmi les phénomènes les plus remarquables, il y
a la manière dont tous les milieux ont été
touchés par la crise actuelle. Des dispositifs les plus
institués aux gestes les plus ordinaires et anodins, parfois
inconscients, l’exigence de distanciation et des «
gestes barrières » a reconfiguré le sens et
les conditions d’exercice de pratiques considérées
comme allant de soi, formant ce que les sciences sociales ont
eu coutume d’appeler « l’ordinaire de la vie
sociale ». Du trajet en métro au paiement sans contact
; de l’éducation des enfants aux difficultés
du télétravail ; des interactions dans les lieux
publics, subitement déserts, jusqu’au choix des légumes
au supermarché, toutes les activités ont presque
instantanément pris un autre sens et ont fait l’objet
de nouveaux rituels, parfois maladroitement exécutés.
[...] Peut-on proposer un autre regard sur
l’ensemble des processus à l’oeuvre et outiller
l’analyse des incertitudes face à la prolifération
des discours sur la crise, sur ses « causes profondes »
ou sur le « monde d’après » ? Loin de
permettre une compréhension fine des ruptures, des reconfigurations
et des inventions qui opèrent dans les milieux les plus
divers, beaucoup de prises de parole constituent un moyen de se
positionner en tant qu’intellectuel et de projeter des matrices
théoriques ou idéologiques du « monde d’avant
» vers le « monde d’après ».[...]
Du fait de l’entrelacement des échelles,
il est cognitivement ardu pour tous les acteurs, des appareils
d’État aux individus, de savoir ce que seront les
conditions de vie et de travail à moyen terme et au-delà.
[...] La modélisation de scénarios épidémiques
contribue au choix des mesures médicales et politiques
mises en place, malgré les nombreuses incertitudes qui
persistent après plusieurs mois de mobilisation générale.
Le virus met à l’épreuve le répertoire
des connaissances
épidémiologiques et virologiques, que celles-ci
concernent les formes de contagion, l’immunité «
collective », une éventuelle seconde vague ou encore
des séquelles et des symptômes persistants. L’incertitude
reste d’autant plus radicale qu’elle est liée
au caractère hautement
évolutif et fortement dépendant de la trajectoire
du virus, voire des différentes souches en cause, et des
acteurs qui l’ont croisé. Un scénario devient
vite caduc lorsqu’il dépend de paramètres
multiples qui suivent des trajectoires non-linéaires. Les
interactions et les interdépendances entre les milieux
pèsent en retour sur le processus de stabilisation des
catégories et des outils d’évaluation. Elles
produisent des réactions en cascade qui poussent des personnes
et des groupes à reconfigurer leurs pratiques. De multiples
boucles de rétroaction
insolites ont eu déjà lieu générant
des processus interprétatifs inhabituels. C’est notamment
le cas du destin des promesses du professeur Raoult, engendrant,
sur fond d’intenses controverses, la visite du Président
français dans son institut à Marseille, la suspension
des essais réalisés
avec la chloroquine par l’OMS, la polémique autour
d’un article du Lancet très critique envers les effets
de la molécule, le tout dans un contexte de lutte pour
l’hégémonie avec la Chine qui mène
à l’annonce par les USA de leur retrait de l’OMS.[...]
Au sein de l’espace critique
ouvert par la crise, chargé de tension et d’effroi,
se déploient de nombreuses figures de dénonciation,
des procédés de relativisation aux accusations les
plus directes, des controverses savantes aux polémiques
les plus enflammées.[...]
L’expérience de cette crise sanitaire hors norme
rend plus que jamais nécessaire une vigilance critique
au service de la création continue d’ouvertures d’avenir,
face aux tentatives de les refermer à partir de prises
de positions autoritaires. Une démarche d’enquête
pragmatiste prend au sérieux
tous les acteurs engagés dans un processus critique
sans les hiérarchiser a priori. Cette attention
à la pluralité des expériences possibles
conduit à explorer les marges, les interstices, les signaux
et les événements, les énoncés dont
le potentiel de montée en puissance ne peut être
prédit. Cet effort d’ouverture implique à
la fois un suivi de longue haleine, des protocoles collaboratifs
et une mise en discussion outillée de l’analyse des
phénomènes. [...] il n’y a pas de fatalité
ni au « retour à la normale », ou même
« à l’anormal », ni à une bifurcation
radicale du « système » [...] Chaque expérience
située, chaque façon de saisir la crise, ouvre des
possibilités engageant les acteurs dans des trajectoires
marquées par autant de convergences que de divergences,
de rencontres malheureuses et de coïncidences heureuses.
Il ne s’agit donc pas, en tant qu’enquêteurs
au sens large, agissant à titre individuel ou collectif,
de décider pour les autres ce que le futur doit être,
au nom d’une autorité épistémique ou
d’une option axiologique, mais d’apprendre
à faire avec les incertitudes et les indéterminations.
Pensée
divergente et pensée convergente (Guilford, 1956)
A la fin du
XIXe siècle, avec les
débuts de la psychométrie, débute également
l'étude des génies. On conclue alors, avec François
Galton par exemple sur l'étude de la famille de musiciens de J.S.
Bach que le génie est héréditaire et se
transmet de père en fils. Cette vision contribue alors à
des considérations élitistes et déterministes sur
les grands hommes.
Dans
les années 1950, le psychologue américain J. P Guilford
(1897-1987) étudie les différents formes d'intelligence.
Il oppose la pensée convergente qui permet de
répondre à des questions standardisées qui ne conduisent
qu'à une seule r éponse (du type trouver la suite d'une
série de nombres) à la pensée divergente
qui produit plusieurs réponses à un problème et qui
serait le signe de la créativité. Par les exercices différents,
il tente d'évaluer cette pensée divergente qui n'est pas
mesurée par les
tests de QI développées au début de XXeme siècle
par Binet pour évaluer la pensée rationnelle.
Convergent
thinking
involves finding only the single correct answer, conventional to
a well-defined problem. Many facts or ideas are
examined while convergent thinking for their logical validity or
in which a set of rules is followed. Convergent thinking focuses
on reaching a problem solution through the recognition and expression
of preestablished criteria. Standard intelligence tests are similarly
believed to measure convergent thinking. In
Razumnikova (2013)
Divergent
thinking is defined as producing a a large
number of appropriate and adequate alternative responses to an open-ended
question or task in which the product is not completely
determined by the information (rejoint
ici l'idée de problèmes flous, indéterminés
épistémologiquement et des questions socialement vives
surdéterminées idéologiquement, Michel Fabre).
So, divergent thinking concentrates on generating a large number
of alternative responses including original, unexpected, or unusual
ideas.Thus, divergent thinking is associated with creativity. In
Razumnikova (2013)
These different
types of thinking are important components of creative process including
the formulation of a problem (dominance of convergent thinking), widespread
search of variable ideas of a problem solution (function of divergent
thinking), and choice of the final decision based on critical comparison
of generated ideas (again convergent thinking phase). So, convergent thinking
dominates while domain-relevant knowledge and data are identified and
analyzed but divergent thinking – during information transformation
and generation of both ideas collection and many possible criteria for
reviewing these ideas. [...]
complementary combinations of contrary kind
of thinking occur in different phases of novelty production: convergent
thinking might dominate in the phases of preparation and verification,
but divergent thinking in that of illumination.
Pensée
divergente, flexibilité cognitive et créativité
Cette pensée
divergente suppose le développement d'idées nombreuses qui
sortent du cadre de pensée, c'est à dire de la fléxibilité
cognitive qui permet de
changer l'angle d'attaque et le cadre de pensée pour résoudre
un problème. Cette flexibilité serait au fondement de la
créativité et de la recherche de solutions originales à
la résolution d'un problème. Mais qu'est ce qui pousse à
changer de points de vue et à innover ? Probablement le blocage
et le contrôle des schémas courants et une liberté
et ouverture d'esprit.
On
est ici loin du mythe de génie solitaire et visionnaire
mais plutot dans l'idée d'un bouillon de cultures, d'interactions
et d'initiatives personnelles, visant une création collective mais
sans business plan. Il s'agit de casser les codes, de penser
autrement, de changer de paradigmes. En sciences et en littérature
d'ailleurs, l'étude de la génétique des mots,
des textes et des idées montre le chemin tortueux entre
les faits les hypothèses, les théories, les expériences,
avec l'exploration simultannée du problème et de la solution.
La
génétique des textes est une discipline
née dans les années 1990, qui s'intéresse à
la genèse des œuvres littéraires (le terme «
génétique » renvoie à « genèse
» et non à « gène ») (Pierre-Marc
de Biasi, La Génétique des textes, rééd.
CNRS, 2011). En étudiant les manuscrits, brouillons,
carnets de notes des écrivains, il s'agit de reconstituer
la démarche mentale de l'auteur, ses sources documentaires,
ses associations d'idées, ses intuitions, ses bifurcations
et les corrections qui ont abouti à l'œuvre finale.
Pour écrire ses romans, Gustave Flaubert se révèle
un auteur tourmenté qui contrôle à l'extrême
son écriture : il construit des plans, rature, reprend. C'est
un « auteur à programme ». Marcel Proust a une
écriture plus spontanée, laissant ses idées
aller au fil de la plume...
La
démarche mentale des scientifiques peut être soumise
aussi à des enquêtes similaires. Ainsi les
carnets du médecin Claude Bernard (1813-1878) font-ils
l'objet d'un grand programme international pluridisciplinaire (génétique
des textes et sciences cognitives). L'une des questions est de savoir
si la démarche mentale de C. Bernard (en train d'étudier
la production de glucose par le foie ou l'action du curare) correspond
bien aux règles de méthodes définies dans son
Introduction à l'étude de la médecine expérimentale
(1865). Conclusion : en consultant son Cahier rouge (1850-1860),
où il consignait ses expériences, on voit bien C.
Bernard suivre un cheminement qui va des faits intriguants aux hypothèses
puis aux idées d'expériences. Mais le chemin est très
tortueux entre faits, théories et expériences. L'un
des processus mentaux mis au jour pour forger des hypothèses
relève de l'abduction (hypothèse inspirée d'un
fait singulier). De même, les schémas et graphiques
semblent jouer un grand rôle pour guider sa réflexion.
Dortier, 2015.
Tester
la pensée divergente
Pour tester
la pensée divergente, on évoque souvent les problèmes
ou tests suivants : trouver le nombre d'usages possible d'un trombone
(voir cidessous), d'une brique, trouver le maximum de mots commençant
par "l" et finissant par "n", etc..
In
1968, George Land (with Beth Jarman) conducted a research
study to test the creativity of 1,600 children ranging
in ages from three-to-five years old who were enrolled
in a Head Start program. This was the same creativity
test he devised for NASA to help select innovative engineers
and scientists. The assessment worked so well he decided
to try it on children. He re-tested the same children
at 10 years of age, and again at 15 years of age (a
longitudinal study). The test was to look at a problem
and come up with new, different, innovative ideas.
According
to Land, the primary reason for this is that there are
two types of thinking processes when it comes
to creativity:
Convergent
thinking: where you judge ideas, criticise
them, refine them, combine them and improve them,
all of which happens in your conscious thought
Divergent
thinking: where you imagine new ideas, original
ones which are different from what has come before
but which may be rough to start with, and which often
happens subconsciously
He
notes that throughout school, we are teaching children
to try and use both kinds of thinking at the same time,
which is impossible.Competing neurons in the brain will
be fighting each other, and it is as if your mind is
having a shouting match with itself. Instead of this,
Land suggests we need to allow people to split their
thinking processes into the various different states,
to make each of them more effective.
So
if you want your child to retain their ability and desire
to be creative, encourage them to let their mind run
free while they come up with ideas, and only afterwards
to sit down, evaluate them and start working on the
ones they think are the best.
La
pensée divergente, élément essentiel de la
créativité
Une
grande étude a été menée sur la pensée
divergente, il y a quelques années. La pensée divergente
n’est pas la même chose que la créativité.
Pour moi, la créativité, c’est avoir des idées
originales qui ont de la valeur. Sans en être un synonyme,
la pensée divergente est un élément essentiel
pour la créativité. Il s’agit de l’aptitude
à formuler un grand nombre de réponses différentes
à une question, à considérer cette question
sous plusieurs angles, ce qu’Edward
de Bono appelait la pensée latérale, à
penser autrement que selon des voies linéaires ou convergentes,
à concevoir plusieurs réponses et non une seule.
La
pensée divergente, plus développée à
5 ans qu’à 15 ans
J’ai
donc conçu un test à ce sujet. J’ai demandé
aux gens combien d’usages vous pourriez faire d’un
trombone, puis la plupart proposent 10 ou 15 réponses.
Certains sont assez forts pour en imaginer 200. Pour en arriver
à ce nombre de solutions, ils s’interrogent : «
Et si le trombone mesurait 60 mètres de haut ? S’il
était en caoutchouc mousse ? Est-ce qu’on doit s’en
tenir au trombone tel qu’on le connait ? » Le test
fonctionne ainsi. C’est exposé dans un livre intitulé
« Break point and beyond, Mastering the Future Today »
de George Land et Beth Jarman (Le point de rupture est au-delà,
1993). 1.500 personnes ont été étudiées.
Selon le protocole de l’expérience, celles qui dépassaient
un certain niveau étaient considérés comme
des génies de la pensée divergente. J’ai une
question pour vous : quel pourcentage des 1.500 sujets a atteint
le niveau du génie ? Un dernier détail : c’était
des enfants de maternelle. Qu’est-ce que vous diriez ? Combien
étaient des génies ? 80 % ? OK ? Il y en avait 98%
! Il faut savoir, l’étude portait sur le long terme.
Les mêmes enfants ont donc été testés
cinq ans plus tard, vers 8 ou 10 ans. Et là, à votre
avis ? Le pourcentage était de 30%. Nouveau test cinq ans
plus tard, à 13 ans ou 15 ans : 12 %. Vous avez compris
la tendance, n’est-ce pas ? Cela nous fournit une donnée
intéressante. En effet, on aurait pu supposer que l’évolution
se fasse en sens inverse : on commence par être bon puis
on devient meilleur à mesure qu’on grandit.
On
leur a répété : « il n’y a qu’une
réponse »
Cela
montre deux choses. Primo, nous avons tous cette capacité.
Secundo, elle se dissipe dans le temps. Certes, il est arrivé
des choses à ces enfants. Plein de choses. Mais une des
plus importante, j’en suis convaincu, c’est qu’ils
ont été éduqués. Ils ont passé
dix ans à l’école. On leur a répété
: « il n’y a qu’une réponse, elle est
écrite derrière mais ne tourne pas la page, et ne
copie pas c’est de la triche ». Hors de l’école,
on appelle ça de la coopération. Et à l’école,
alors là… Ce n’est pas l’effet de la
volonté des professeurs. C’est comme ça, c’est
tout. C’est gravé dans le marbre de l’éducation.
On peut également
citer l'exercice des neuf points (Dortier,
2015) qui est un classique des tests de créativité.
Il est destiné à montrer qu'en changeant de point de vue,
on peut trouver une solution inattendue à un problème
qui semble ne pas en avoir.
Exercice
:
Relier les 9 points
à l'aide de 4 lignes droites
mais sans relever votre crayon
La
solution donnée est habituellement celle-ci. Inattendue
parce qu'on s'impose souvent une contrainte supplémentaire
inutile : ne pas déborder du carré formé
par les neufs points .
Mais
il existe bien d'autres solutions. Elles consistent à
découper les points et à les aligner le long des
côtés d'un rectangle. Car il n'est dit nulle part
dans l'énoncé que les points doivent rester en
place !
On
peut même relier les neufs points avec sur une seule ligne
:
Neuronal
Mechanisms of Divergent and Convergent Thinking
De
nombreuses études ont tenté de l'occasion les mécanismes
neuronaux de la pensée divergente. Dortier
(2015) précise que certains neuropsychologues estiment que
dans le corte frontal, des neurones associatifs sont associés à
ce mode de pensée, avec des échanges entre les 6 couches
du cortex. D'autres estiment que c'est le corte pariétal inférieur
qui permettrait la flexibilité cognitive qui caractérise
la pensée divergente. D'autres situent cette pensée divergente
dans le corps calleu, d'autres enfin dans l'hémisphère droit
(voir figure ci-dessous) :
Razumnikova
(2013) : Possible brain correlates underlying divergent and
convergent thinking are found in neuroscientific studies. [...] The right
hemisphere is dominated at exploring for new possibilities while the left
hemisphere is more likely to result in the application of a previously
learnt concept or pattern to a new problem.[...]
Fig.
a : As example of convergent thinking,
mathematics operations can be tested. Neuropsychological
as well as brain imaging studies converge on the view that arithmetic
processing is subserved by frontoparietal areas and the basal ganglia
(Dehaene et al. 1996).[...] It can be concluded that the specific
network involved in skilled arithmetic performance (i.e., convergent
thinking) has been established. The inferior parietal sulcus and
prefrontal cortex are assumed to mediate a common representation
of quantity, and both arithmetic and sentence processing activated
large sets of areas strongly lateralized to the left hemisphere.
Fig.
b : divergent thinking and creativity
are associated with widespread interconnections between multiple
brain regions and relative dominance of the right hemisphere
(Razumnikova 2005; Arden et al. 2010). [...] Right-hemisphere dominance
in divergent thinking is caused to the facts that the right temporal
and parietal cortices may provide a crucial nonlinguistic component
needed for the intuitive generation of novel ideas using semantic
knowledge in terms of features, concepts, and categories as well
as verbal operations, such as the metaphor and humor creation or
semantic operations that require a wide net of associations. [...]
Thus, if
great volume of knowledge is necessary for difficult task performance,
integration of functions of both hemispheres is required often for a finding
of the best decision.
Many investigators have proposed that the ability to generate
novel ideas or divergent thinking is associated with increased hemispheric
cooperation. [...]. Scientific eminence requires
high level not only intellectual but creative abilities and manifests
itself in development of solution-relevant hypotheses regarding scientifically
unsolved problems, the development of new theories and methods, and original
problem solutions. [...]
According
to a neural plasticity model, it is expected that environmental interventions
in the different form of training in divergent and convergent thinking
would improve both creative and intellectual abilities. Schooling and
specific intervention programs do affect relative intellectual or creative
performance. A well-known tool to enhance divergent thinking in groups
is brainstorming. [...]
Pensée
divergente et pensée latérale d'Edward de Bono (1967)
La
pensée latérale est une technique de résolution
de problèmes, popularisée par Edward de Bono,
qui consiste à appréhender les problèmes sous
plusieurs angles, nouveaux ou hors du champ habituel d'études,
au lieu de se concentrer sur une approche éprouvée,
linéaire et limitée.
Les
concepts de "pensée divergente" et "pensée
convergente" ont été introduits par le
psychologue américain J.P. Guilford en 1956, et développés
au cours des années suivantes. L'idée de "penser
hors des sentiers battus" se répand dans le courant
des années 1960 dans le monde des consultants en entreprise.
Reprenant le concept de la pensée divergente et le principe
de la pensée hors des sentiers battus, la pensée latérale
(lateral thinking) est détaillée et théorisée
par le psychologue maltais Edward de Bono. Il emploie le terme pour
la première fois en 1967, dans son livre "The Use of
Lateral Thinking", et publie par la suite de nombreux livres
sur ce thème et plus généralement sur les moyens
de développer sa créativité. Edward
de Bono définit la pensée latérale comme "s'échapper
d'idées et de perceptions établies pour en trouver
de nouvelles".
Selon Gilbert
Burgh, professeur de philosophie, la notion de pensée
latérale s'est constuite chez De Bono en réponse à
la pensée critique, un mode de pensée hérité
de l'époque socratique. Cette méthode philosophique, proposée
par Socrate et développée par Platon et Aristote (le
Gang des trois) se construit selon lui dans l'adversité, la
dichotomie et le jugement.
Socratic
method is focused on discovering the truth and uses adversarial
techniques such as refutation of opposition, which rests on is/is
not, true/false, either/or dichotomies—a form of argumentation
in which contradictory claims are argued to strengthen one side’s
argument and diminish the opposing position. In practice, each interlocutor
takes a different position and points out contradictions to attack
the other position in order to prove the other side wrong and, consequently,
force a judgment. [...] It is not so much the search for truth
that is required for the increasing complexity of contemporary societies
but the development of creative and more effective approaches to problem
solving. [...] in favor of a cooperative model for thinking |...]
placing claims in parallel instead of in opposition to each other.
De Bono pense
qu'on peut construire de nouvelles argumentations en combinant les argumentations
opposées par la pensée latérale. La créativité
qui en découle est utile à la résolution de problèmes
et à la délibération et nécessite de réaliser
une
cartographie des argumentations, en situation de controverses (Deliberate
creative thinking, on the other hand, focuses attention on what he calls
mapmaking—a type of thinking that requires a certain detachment).
C'est cette considération qui nous conduit à militer pour
une éducation par les controverses qui mobilisent ces outils et
développent des compétences et habilités sociales
nécessaires au traitement éducatif, collaboratif et démocratique
de questions socialement vives.
Des
méthodes pour stimuler la créativité collaborative
et traiter collectivement des questions sensibles
Il existe de
nombreux outils pour développer la pensée latérale,
la pensée divergente, la flexibilité cognitive et la créativité
(Dortier, 2015) : du brainstorming à la méthode
Triz, de la méthode des six chapeaux d'Edward de Bono
au QQOQCCP, du mind mapping à la synectique, en
passant par les matrices de Moles ou les cartes heuristiques
de Tony Buzan.
La plus
ancienne et la plus connue est le brainstorming, inventé
par Alex Osborn (1888-1966), un publicitaire américain, dans les
années 1940. Le principe est connu : un petit groupe, placé
sous la direction d'un animateur, est invité à formuler
un maximum d'idées (par exemple pour la recherche d'un slogan publicitaire).
Les participants sont alors appelés à lancer des
idées en respectant quatre règles : se laisser
aller, rebondir à partir des idées exprimées, ne
pas critiquer et chercher à obtenir le plus grand nombre possible
d'idées sans imposer les siennes.
À la même
époque qu'A. Osborn, l'astrophysicien Fritz Zwicky (1898-1974)
a inventé une méthode de créativité originale
: la « boîte à morphologie ». Sa démarche
reposait sur l'exploration de toutes les solutions possibles à
partir d'un problème de départ. Pour inventer de nouvelles
idées de desserts, il est possible de combiner toutes les formules
possibles à partir de trois paramètres : les catégories
de desserts (gâteau, tarte, flan, glace, beignet, mousse...), la
liste des parfums (abricot, ananas, amande, banane, cassis...) et l'accompagnement
(sauce, crème, arrosage...). Aux intersections de tous ces paramètres
se trouvent des milliers de cases : certaines correspondent à des
solutions existantes (glace à la framboise), d'autres sont plus
ou moins originales et farfelues (flan aux dattes arrosé de vin
rouge, ou beignets d'ananas au gingembre...).
Signalons
également la méthode des 6 chapeaux (Six Thinking Hats)
devant permettre d'utiliser plusieurs modes de pensée face
à un même problème, en délibérant à
plusieurs, chacun se concentrant d'abord sur un des 6 modes de pensée,
puis, en avançant dans les discussions, chacun change de chapeaux
:
The
white hat suggests neutrality and objectivity.
The
red hat deals with emotional views, feelings, hunches, and intuitions.
The
black hat represents the devil’s advocate.
The
yellow hat covers hope and positive thinking.
The
green hat expresses creativity and new ideas.
The
blue hat is concerned with thinking about thinking, the organization
of the thinking process, and the use of the other hats.
Le
concept de pensée latérale a fait l'objet de diverses critiques,
en lien avec ces présupposés sur la pensée critique.
La pensée critique permet également la créativité
par les essais erreurs, le feedback et la reflexion. La pensée
critique ne se construit pour l'adversité mais pour apprendre à
penser par soi-même.
Burgh note en 2014 que le concept avancé par de Bono, bien
qu'il ait rencontré un certain succès auprès du grand
public, n'est pas original, mais s'inscrit dans un courant de pensée
auquel de Bono n'a pas fait l'effort de se référer. Robert
J. Sternberg, professeur de psychologie cognitive, estime que l'efficacité
réelle de cette méthode reste à prouver, un point
de vue partagé par le psychologue cognitif Robert Weisberg. Moseley
et al. rapportent que de Bono est "plus intéressé
par l'utilité du développement de nouvelles idées
que par la démonstration de l'efficacité ou de la fiabilité
de son approche".
Selon l'écrivain
Alan
Baker (2014), Toute pensée est basée sur une opération
basique : la capacité à connecter différentes choses.
La pensée verticale cherche la bonne réponse. Lorsque l’on
pense verticalement, nous avons besoin de nous corriger à chaque
étape afin d’avoir raison à la fin. C’est comme
grimper une échelle : il faut rester dessus afin de grimper jusqu’au
sommet. Faire une addition est un cas classique d’une pensée
verticale.La
pensée latérale cherche une réponse différente.
Il n’importe pas d’avoir raison chaque étape, parce
que nous ne cherchons pas la bonne réponse. C’est comme marcher
sur des rochers : nous utilisons tous les rochers possibles pour avancer
et mener notre pensée autre part. Se mettre à la place de
quelqu’un d’autre est un cas classique d’une pensée
latérale. Cette idée rejoint probablement les propos
de Michel
Fabre (2011) qui évoque, pour agir face à une monde
incertain, et appréhender des problèmes flous et indéterminés
de se munir d'une boussole et d'une carte.
Bibliographie
Burgh,
G. (2014). Creative
and lateral thinking: edward de bono. In D. Phillips (Ed.), Encyclopedia
of educational theory and philosophy (Vol. 1, pp. 187-188). Thousand
Oaks,, CA: SAGE Publications, Inc.
Razumnikova,
O.M. (2013) Divergent
Versus Convergent Thinking. In: Carayannis E.G. (eds) Encyclopedia
of Creativity, Invention, Innovation and Entrepreneurship (pp.
546-552). New York: Springer.