Les 
          représentations de la laïcité dans les médias 
          Controverses et débats sur la place et 
          le rôle du religieux dans l'espace public et politique 
          Benoît 
          Urgelli 
          last up-date 
          : 
          1-avr-21
           
           
           Avec le soutien de Mélanie Dessol, 
          Romain Pacalet, Leila Bennacef Micoud, Ninon Lagarde, Tommy Girard 
          Remerciements à tous les étudiants de L2 et de Master 
          1 Recherche qui ont participé aux investigations dans le cadre 
          de ce projet d'éducation critique et de formation aux logiques 
          médiatiques 
        Soutien 
          à distance : tous 
          les matins de la semaine, de 9h à 11h30 
          par visioconférence skype (burgelli)  - whatsup  
          (06 12 54 09 32) ou messenger-facebook 
        Consigne 
          d'évaluation pour 
          mai 2021 : 4 pages maximum (15.000 caractères, 
          espaces compris) - en individuel ou en binome - format pdf 
        
           
             | 
            Vous 
                analyserez une controverse au choix dans les exemples suivants 
                (hijab de course, affiche FCPE). Vous choisirez et étudierez 
                des articles de presse (presse quotidienne nationale, gratuite 
                et/ou payante, papier, web, radio ou télé) traitant 
                de la controverse choisie (entre 5 et 10 articles). Vous veillerez 
                à la diversification des types d'articles, de leur date 
                de production, et des opinions. 
              
                - Affaire 
                  du Hijab de Décathlon (pic 26 février 2019)
 
                - Diffusion 
                  d’une affiche de campagne de la Fédération 
                  des parents d'élèves (FCPE) (pic 2 septembre 2019)
 
               
              A 
                partir de votre recherche documentaire, vous élaborerez 
                la chronologie de la controverse, les acteurs et les arguments 
                en jeu, les différentes conceptions de la laïcité 
                (en utilisant une grille de lecture des conceptions) et de la 
                place du religieux de l'espace public. Puis vous présenterez 
                les logiques qui ont conduit à la résolution de 
                la controverse. Vous donnerez, en ouverture et en quelques lignes, 
                votre positionnement critique et argumenté sur l'affaire 
                choisie. 
              Grille 
                d'évaluation  
              
                -  
                  
Choix 
                    des articles de presse (presse quotidienne nationale, gratuite 
                    et/ou payante : entre 5 et 10 articles) : diversification 
                    des types d'articles et ressources, de leur date de production, 
                    articles d'information, d'opinions : / 2 pts 
                 
                -  
                  
Chronologie 
                    de la controverse et prise en compte du contexte sociopolitique, 
                    associatif, économique, et spatio-temporel : / 2 pts 
                 
                -  
                  
Identification 
                    des acteurs en lien avec leurs arguments (et vice-versa) en 
                    lien avec les arènes d'expression : / 3 pts 
                 
                -  
                  
Différentes 
                    conceptions de la laïcité (en utilisant une grille 
                    de lecture des conceptions) : / 4 pts 
                 
                -  
                  
Logiques 
                    expliquant la résolution de la controverse : / 3 pts 
                 
                -  
                  
Positionnement 
                    personnel critique et argumenté sur l'affaire choisie 
                    : / 4 pts 
                 
                -  
                  
Qualité 
                    de la rédaction, syntaxe, orthographe, clarté, 
                    concision : / 2 pts 
                 
                | 
           
         
        Objectifs 
          :  
           
          Sur la thématique de la LAICITE, analyser les productions médiatiques 
          traitant de cette question éducative et politique, sur une période 
          de temps donnée (2000-2015). Analyser les discours pour essayer 
          de catégoriser ce que l’on appelle en sociologie les 
          jeux d’acteurs et d’arguments et la trajectoire 
          discursive (Chateauraynaud, 
          2011), en identifiant notamment des points de controverses 
          et des conflits d'interprétation. En particulier, nous allons 
          choisir plusieurs moments discursifs (au sens 
          de Moirand, 2004) pour comprendre les logiques 
          médiatiques de publicisation de la question et les problématisations 
          associées, autour d'un évènement social particulier. 
           
        L'exercice 
          s'inscrit dans une optique d'éducation critique 
          et mobilise donc une approche pédagogique critique, au sens de 
          De Cock et Pereira (2019), dans la lignée des travaux de Paulo 
          Freire (1971). Dans 
          le cadre d'une pédagogie critique et d’une éducation 
          dialogique (Freire, 1970), l’idée est de susciter une conscientisation 
          des représentations et des rapports sociaux sources de controverses, 
          dans l'espoir de susciter l’engagement et la recherche de solutions 
          démocratiques, humanistes et libératrices (Chambat, 2006). 
       
      
       
        ll s'agira 
          de tester la capacité à identifier et caractériser 
          les différentes formes de laïcités qui sont mises 
          en avant, les systèmes de valeurs sous jacents, et les conceptions 
          politiques et médiatiques associées qui s'affrontent et 
          se cotoient depuis le début du XXeme siècle.  
       
      
       
        ATTENTION 
          : nous considérerons que les médias sont des acteurs à 
          part entière des controverses puisqu’ils mettent sur la 
          scène publique les acteurs et les arguments qu’ils ont 
          choisis. Ils construisent donc des problèmes publics, par exemple 
          entre laïcité et islam. Les différents moments discursifs 
          que nous analyserons permettront de mettre en évidence une dynamique 
          sociale argumentative dont les médias sont également acteurs. 
           
       
      Evaluation 
        :  
      
        -  
          
 
            pour les masters :  
            ECRIT : 
            A rendre mai 2021. 
            Une analyse détaillée d'une controverse au choix (jeux 
            d'acteurs et d'arguments, et arènes d'expression), avec le 
            positionnement personnel critique et argumenté sur la controverse 
            (6.000 et 15.000 signes maximum). voir les 
            productions de l'année 2019-2020 des étudiants de M1 
            ERE. 
            Au choix, analyse d'une de ces controverses 
            : 
            - Affiche FCPE - maman voilée 
            - Hijab de Decathlon 
            ORAL 
            : 
            avril 2021, de 12h30 à 16h00. L'évaluation 
            consistera en un oral sous forme de 2tables rondes successives, correspondant 
            aux deux controverses proposées et choisies. Chaque étudiant, 
            dans le cadre de sa table ronde, autour d'une même controverse, 
            argumente et répond aux questions des autres et de l'animateur. 
            L'animateur orientera les échanges autour des points suivants 
            : 
             
            - la problématisation de la controverse 
            - l'analyse au regard des logiques (civique, libérale, communautarienne, 
            etc.), et des différentes conceptions de l'espace publique 
            - la vision de la complexité des jeux d'acteurs et d'arguments 
            - le positionnement individuel, critique, nuancé et argumenté 
            - la capacité de l'étudiant à répondre 
            aux questions 
            - la capacité de l'étudiant à poser des questions 
            qui ouvrent un débat aux autres étudiants 
         
       
      
        -  
          
pour 
            les licences : Constitution du rapport de 10 pages, en individuel 
            ou en groupe de 2 à 3 maximum 
            travail en groupe recommandé 
            mais non exigé A 
            propos du traitement médiatique d'un évènement 
            "laïcité" (exemple à préciser) 
            : Expliciter 
            la méthode employée pour définir la fenetre temporelle 
            (un jour, une semaine, dix jours, un mois, ...) et la méthode 
            pour seléctionner les articles à analyser (utilisation 
            du moteur de recherche, affinage de la recherche, mots clés 
            utilisés, etc...) et donc comment éliminer d'autres 
            articles. Analyser 
            les récits médiatiques en comparant les problématisations, 
            les schémas narratifs, les argumentations, les voies et sources 
            rapportées, les controverses signalées, les évènements 
            du passé recontextualisés et éventuellement rediscutés,.. 
         
       
      COURS 
        de MASTER 2018-2021  
      
      1. 
        Méthode de constitution d'un corpus de 
        discours médiatiques  
        Le site Kiosko.net donne accès à la Une de la presse quotidienne 
        mondiale. Mais pour constituer un ensemble de textes « choisis », 
        l'accès par la bibliothèque numérique aux 
        logiciels en ligne Factiva et Europresse 
        (version 
        classique, recherche simple) 
        permet de récencer tous les articles de presse depuis 1995. 
        Ils donnent accès à une base de données des discours 
        de journalistes et de commentateurs divers, à partir d'une recherche 
        par mots clés, sur une thématique, des supports et une fenêtre 
        temporelle choisie par l'enquêteur.  
         
        Consignes aux enquêteurs étudiants 
        : Avec 
        le logiciel Factiva, sur une fenêtre temporelle allant de 2000 à 
        2015, regarder la quantité d’articles produits par la presse 
        quotidienne nationale (PQN : Le Monde, Libération, Le Figaro, 
        La Croix, L’Humanité, Aujourd’hui en France....) 
        et la presse quotidienne régionale (PQR), autour de cette question 
        d’éducation et de formation qu’est la laïcité 
        ; Sortir un graphique indiquant le nombre d’articles produits sur 
        ce thème pour la période 2000 à 2015 : 
       
        
           
              
                  
                  Document Romain Pacalet 
                  Mots clés : laïcité - période 
                  2000-2015 - source PQN 
                  banque de données FACTIVA 
                | 
             
                  
                  Document 
                  Anais Lacassagne et Florent Bourrachot 
                  Mots clés : laïcité - période 
                  2001-2015 - source PQN et 
                  PQR (52 quotidiens),  
                  banque de données FACTIVA  
                | 
           
         
       
      
        -  
          
        
 
        -  
          
 
            Ensuite 
              essayez de trouver les logiques sociales et politiques qui conduisent 
              à la production de discours et à un moment discursif 
              médiatique. 
           
         
       
       
        
           
             
                  
                  Document 
                  Mélanie Dessol 
                  mots clés : laïcité - 1 mois 
                   
                 Document 
                  Romain Pacalet 
                  mots clés : laïcité - 1 an 
                   
                   
                | 
            
              
                -  
                  
2003 
                    / 2004 / 2005 : débat sur le 
                    port du voile (sept. 2003), Début de la guerre 
                    en Irak, Réforme Chirac et Comission Stasi sur la laïcité, 
                    émeutes en banlieue,  
                 
                -  
                  
2005 
                    (avril-décembre) : Anniversaire de la loi de 1905, 
                    Négociation pour l'adhésion 
                    européenne de la Turquie 
                 
                -  
                  
2006-2007 
                    : les caricatures de Mahomet, Elections en Turquie (2007), 
                    Discussion sur l'immigration et l'identité nationale 
                 
                -  
                  
2008 
                    : Sarkozy « loi de 1905 » à aménager 
                    / proposition d'un code la laïcité. Evènement 
                    historique : 50 ans de la 5ème République. Discours 
                    de Latran du 20/12/2007 mise en relation avec la venue en 
                    France du Pape Benoit XVI le 12 et 13 septembre 2008 (problématisation 
                    autour des positions politiques et religieuses vis à 
                    vis de la laïcité positive) 
                 
                -  
                  
2009 
                    : Discussion 
                    sur l'identité nationale, Affaire 
                    du voile "intégrale" 
                     
                 
                -  
                  
2010-2011 
                    : Loi contre le port du « voile 
                    intégrale » (octobre 2010- mai 2011), 
                    « printemps arabes ». Sarkozy autour de « 
                    Islam en France ou Islam de France », question des menus 
                    dans les cantines, les propositions 
                    de l'UMP sur la laïcité (avril 2011) 
                 
                - 2012 : Débats 
                  sur le "Mariage pour tous" (novembre 2012 - janvier 
                  2013)
 
                - 2013 
                  : Charte « Peillon » de la laïcité, 
                  dans un contexte de montée du FN. Etat Islamique en Syrie, 
                  en Irak, en Afrique. 
 
                -  
                  
2015 
                    : Attentats de Paris, 
                    lancement anticipé du programme d’éducation 
                    à la laïcité (février 2015), formation 
                    des personnels à l'enseignement moral et laïque. 
                 
                - 2015 (octobre) : 
                  livret Laïcité
 
                - 2015 (novembre-décembre) 
                  : Magazine Dar-Al-Islam
 
               
              Noter 
                que l'obtention automatique d'un graphique FACTIVA sur 
                une période de temps inférieur à 365 jours 
                (1 an) nécessite une élaboration à la 
                main de l'histogramme de la production médiatique. 
              Eexemple 
                des graphiques ci-contre interrogeant la 
                production de la presse quotidienne nationale (préciser 
                les titres) sur la période du 01/03/2004 au 30/30/2004 
                (mars 2004) - mots clés : laïcité - 
                351 documents répertoriés au total ou 
                encore sur 
                la période du 01/01/2011 au 31/12/2011 (année 2011) 
                - mots clés : laïcité - 1225 documents 
                répertoriés au total. 
              Nous 
                avons également interrogé la base de données 
                Europresse pour tracer l’itinéraire de ce mot en 
                France, et notamment son utilisation dans la presse généraliste 
                (nationale et régionale). Les citations qui se trouvent 
                dans nos analyses ont été extraites des articles 
                répertoriés dans cette base. Les périodes 
                prises en compte (moments discursifs) s'étalent entre janvier 
                2000 et mars 2016, date à laquelle la rédaction 
                de nos analyses s’est terminée.  | 
           
         
       
      2. 
        Méthodes d'analyse des contenus :  
      Une analyse 
        de contenu (Bardin, 2001) est conduite sur les [...] corpus [...] Cette 
        analyse a pour objectif d’identifier les thèmes évoqués 
        par l’oratrice et les débatteurs. Il s’agit de regrouper 
        le corpus en fonction d’unité de sens du discours en faisant 
        émerger des mots clés. Cette analyse met en évidence, 
        les notions évoquées [...]. Elle permet d’extraire 
        du corpus les thèmes soulevés [...] dans leurs interactions. 
         
        Dans un deuxième temps, à l’intérieur 
        de chaque thème, une analyse argumentative sur 
        les réfutations et contre-argumentations des débatteurs 
        repère les moments argumentatifs clés. Ces moments sont 
        caractérisés par la confrontation discursive des interlocuteurs 
        qui construisent des réponses antagonistes à une question 
        (Plantin, 2005). L’argumentativité émerge lorsqu’un 
        discours défend une cause et qu’un autre discours soutient 
        une position opposée. Ces moments constituent le trilogue argumentatif 
        entre un discours de proposition chargé de la preuve (la justification), 
        un discours d’opposition amenant la réfutation, et une question 
        débattue à ce moment précis. Cette méthodologie 
        conduit à extraire la question débattue [...] au coeur de 
        la dynamique de l’interaction (Brossais, Panissal & Garcia-Debanc, 
        2013). 
      
        -  
          
        
 
        -  
          
Bardin, 
            L. (2001). L’analyse de contenu. Paris : PUF. 
         
        -  
          
 
            Plantin, C. (2005). L’argumentation. Histoire théories 
            et perspectives. Paris : PUF. 
         
       
      Le 
        modèle 
        actantiel 
        de Greimas, A. J. (1966, 
        Sémantique 
        structurale, Paris, P.U.F) 
        : identification de la diversité des structures argumentatives 
        et des strorytelling (Lits, 2010) 
      
       
        
           
            |   | 
               
                Il permet d'analyser et de comparer l'argumentation (lexique et 
                raisons) dans les schémas narratifs de différents 
                corpus de presse, 
                par exemple vis à vis de la loi de 2004 ou encore celle 
                de 2011, du débat de l'UMP sur la laïcité en 
                avril 2011, ou bien la Charte de la laïcité de 2013, 
                etc... 
               
                Selon ce 
                  modèle, tout récit médiatique présentant 
                  une action peut être examiné en fonction de six 
                  composantes principales que Greimas nomme « actants 
                  ». Ces actants constituent ainsi la colonne vertébrale 
                  structurale du récit, ou le schéma narratif, du 
                  point de vue des personnages, des forces et des arguments en 
                  jeu dans le récit. Les actants ne sont 
                  pas nécessairement des êtres animés, des 
                  personnes, mais peuvent aussi être des entités 
                  abstraites, conceptuelles. 
                Le modèle 
                  actantiel se compose d’un sujet qui part 
                  en quête d’un objet (exemple 
                  : le Ministère de l'Education nationale (sujet) publie 
                  la Charte de la Laîcité (objet)). Dans sa 
                  quête, le sujet peut rencontrer des alliés (adjuvants) 
                  qui l’aident dans sa mission, mais aussi des ennemis ou 
                  des obstacles (opposants) qui l’entravent. 
                  Le destinateur est l’instigateur, le 
                  déclencheur de la quête, alors que le destinataire 
                  est celui qui bénéficie en dernier ressort de 
                  la mission accomplie par le sujet. 
                | 
           
         
       
      
       
        
           
            |   | 
              
                Une 
                  analyse quantitative de contenu avec le 
                  logiciel d'analyse de base de données Modalisa 
                  peut permettre de préciser les caractérisitiques 
                  de la couverture médiatique (temporalité, spatialité, 
                  domaine scénique, etc...) d'articles portant sur une 
                  question socialement vive choisie. Le logiciel Alceste peut 
                  également être utile pour une analyse lexicale. 
                Proposition 
                  d'une grille d'analyse des discours médiatiques sur un 
                  thème donné 
                
                   
                    |   Exemple 
                        du créationnisme 
                        Audrey ARNOULT, septembre 
                        2014  | 
                    Exemple 
                        de la laïcité 
                        Benoit URGELLI, mars 2016  | 
                   
                   
                    - 
                      journal 
                      - date de l'article 
                      - titre 
                      - auteur 
                      - type d'article 
                      - rubrique 
                       
                      - espace géographique évoqué: Etats-Unis 
                      / France / Europe (hors France) / Moyen-Orient / Autres 
                      - thématiques : enseignement / recherches ou avancées 
                      scientifiques / religion / publications / etc... 
                      - acteurs : HY / acteurs politiques (ministère, Etat) 
                      / acteurs juridiques (conseil constitutionnel..) / enseignant 
                      / parents 
                      - performance : envoi du livre / loi / 
                      - motivations : 
                      - domaine de mise en scène 
                      : scientifique / politique / éducatif / associatif 
                      / culturel 
                      - experts convoqués : chercheur en sciences de l'évolution 
                      / homme politique / religieux / religieux et chercheur 
                      - qualificatifs associés au terme "créationnisme" 
                      :  français / islamiste / turc / etc... 
                      - les autres mots pour désigner créationnisme 
                      : créationnisme / néo-créationnisme 
                      / intelligent design  | 
                    - 
                        journal 
                        - date de l'article 
                        - titre 
                        - auteur 
                        - type d'article 
                        - rubrique 
                         
                        - espace géographique évoqué: Etats-Unis 
                        / France / Europe (hors France) / Moyen-Orient / Autres 
                        - thématiques : enseignement / recherches ou avancées 
                        scientifiques / religion / publications / etc... 
                        - acteurs : acteurs politiques (ministère, Etat) 
                        / acteurs juridiques (conseil constitutionnel..) / enseignant 
                        / parents / représentants religieux /... 
                        - performance : publication d'une charte / exclusion pour 
                        port de signes ostentatoires / adoption d'une loi, etc... 
                        - motivations : les raisons avancées pour expliquer 
                        l'évènement  
                        - domaine de mise en scène 
                        : scientifique / religieux / politique / éducatif 
                        / associatif / culturel / éthique 
                        - experts convoqués : chercheur en sciences de 
                        ... / politique / religieux / etc... 
                        - qualificatifs ou adjectifs associés au terme 
                        "laïcité" :  française 
                        / positive / libérale / ouverte / moderne / saine 
                        / apaisée / de combat / autoritaire / etc... 
                        - les autres mots pour désigner la laïcité 
                        : principe / loi / norme / valeur / émancipation 
                        / etc  | 
                   
                 
                | 
           
         
       
      
      3. 
        Une grille de lecture des discours  sur la laîcité: 
        les différentes 
        conceptions de la place des religions dans l'espace publique 
        (Habermas, 2008). 
      
      
      le 
        but de ce chapitre est de discuter la différence sémantique 
        et culturelle entre la laïcité, d’une part, et le séculier 
        et la sécularisation, d’autre part, comme concepts 
        structurants des approches sociales et politiques différenciées 
        du rapport à la religion, notamment à l’école 
        [...] Le québec propose le concept de laïcité 
        ouverte en tant que cadre normatif de sa proposition d’un 
        enseignement culturel de la religion. [...] Ce concept favorise 
        le respect de l’égalité entre les cultes, la prise 
        en compte des droits fondamentaux de la personne tels qu’interprétés 
        généralement au Québec, et la prise en compte de 
        la religion comme dimension culturelle importante, traitée dans 
        une matière scolaire précise. [...] On juge essentiel dans 
        le Rapport Proulx de qualifier cette laïcité, qui se veut 
        non antireligieuse, par l’adjectif « ouvert » :"Nous 
        en sommes venus à la conclusion qu’il convient maintenant 
        de réaménager la place de la religion à l’école 
        dans une nouvelle perspective. Cette perspective est celle de la laïcité 
        ouverte. Dans le cadre d’une école inspirée par les 
        valeurs communes des citoyens, cette perspective fait place à un 
        enseignement culturel des religions et des visions séculières 
        du monde ". 
        [...] 
        sur le plan étymologique et historique, le concept de laïcité 
        est porteur d’un sens anticlérical et émancipateur 
        de la religion, qui paraît peu pertinent pour la plupart des pays 
        européens (Trigg, 2007). Il impliquerait une perspective 
        conflictuelle dans laquelle plusieurs cultures nationales occidentales 
        ne se reconnaissent pas. Dans le cas de l’adoption du concept en 
        langue française, on tentera de surmonter ce problème en 
        la qualifiant d’ouverte ou positive.  
        Françoise Champion observait en Europe deux mouvements très 
        différents d’émancipation des sociétés 
        à l’égard de la religion, celui de laïcisation 
        et celui de sécularisation. Il s’agit, selon ses termes, 
        de «logiques idéales-typiques différentes en pays 
        de tradition catholique dominante et en pays de tradition protestante 
        dominante» (Champion, 1993). Elle notait que la différence 
        s’enracine dans la langue elle-même, puisque les pays catholiques 
        font usage des concepts de «laïcité» et «laïque», 
        quasiment inconnus en pays anglo-saxons et germaniques, ceux-ci utilisant 
        les mots renvoyant au concept de sécularisation : secular, secularism, 
        secularity [...] La dynamique de sécularisation s’avère 
        très différente, puisque les églises protestantes 
        issues de la Réforme ne se posent pas dans l’ère contemporaine 
        comme rivales de l’État, mais comme institutions au sein 
        même de l’État. Elles tiennent des rôles bien 
        définis et la sécularisation signifie plutôt l’affaiblissement 
        de la signification de ces rôles. [...]. 
        Il s'agit de distinguer 
        entre la laïcité qualifiant l’État, et la sécularisation 
        concernant le champ socioculturel. [...] En faisant la distinction entre 
        la sécularisation comme processus 
        socioculturel, et la laïcité 
        comme processus de séparation entre l’État et la religion, 
        on prend une distance du monde anglo-saxon et germanique, qui distingue 
        quant à lui plutôt les divers niveaux de sécularisation, 
        sans utiliser un autre terme pour désigner la séparation 
        entre politique et religion.[...] : le niveau étatique (différenciation 
        des sphères politique et religieuse notamment), le niveau des croyances 
        et des pratiques (où s’observe ici et là un déclin), 
        le niveau de la société civile et sociale (privatisation) 
        (Casanova, 1994).[...] dans la langue anglaise, il arrive qu’on 
        adopte le concept de laicization pour qualifier le processus étatique 
        précis de séparation. 
      
      le 
        processus de sécularisation peut être schématiquement 
        défini comme « le passage d’une culture religieuse 
        », plus ou moins socialement englobante, à « une croyance 
        religieuse », où la religion s’est transformée 
        en un sous-système culturel livré au choix privé 
        et existentiel. Le processus de laïcisation concerne 
        avant tout la place et le rôle social de la religion dans le champ 
        institutionnel, la diversification et les mutations de ce champ en relation 
        avec l’État et le politique (et avec la société 
        civile, la citoyenneté et maintenant les questions de genre). Il 
        induit une dissociation du champ politique comme instance de pouvoir (avec 
        son aspect d’obligation et de coercition) et du champ religieux 
        comme une instance d’autorité parmi d’autres. Contrairement 
        à la notion de pouvoir, celle d’autorité n’est 
        pas liée à la possibilité de coercition. Pour s’exercer, 
        l’autorité nécessite une démarche volontaire 
        d’intériorisation de celui qui la reçoit. Dès 
        lors, la laïcisation « introduit dans le politique une mise 
        à distance institutionnelle de la religion dans la régulation 
        globale de la société. Cette régulation se trouve 
        traduite dans l’univers juridique?" (Milot, 2002). Ainsi l’étude 
        du processus de laïcisation s’intéresse aux rapports 
        de différentes institutions avec la religion, aux phénomènes 
        de transferts et de mutations, à la façon dont les institutions 
        interagissent entre elles, en lien avec les mutations de l’État 
        et de la société civile. 
       
        Au cours du temps et de l’histoire 
          française, plusieurs modèles se sont confrontés 
          (rapports de force) entre différents acteurs sociaux, qui font 
          aboutir un modèle par rapport à un autre. Le modèle 
          dominant devient alors la définition de la laïcité 
          qui va être défendue politiquement et médiatiquement, 
          à un instant donné de notre histoire. 
       
      Actuellement, 
        Bauberot estime que c’est le modèle de la laïcité 
        identitaire qui semble dominer et dont on peut voir les premiers 
        engagements politiques avec lez président Sarkozy en 2007, sous 
        l’expression de laïcité positive : il s’agit 
        de défendre et de reconnaître que la France a des racines 
        chrétiennes, que la religion catholique fait partie des racines 
        françaises, contrairement à tous les autres cultes religieux. 
        Et la seule religion qui peut être compatible avec la démocratie 
        française, c’est la religion catholique. Tous les autres 
        cultes deviennent donc incompatibles avec ce modèle culturel français. 
        Les lois de 2004 et 2010 sur le port des voiles ont été 
        des interdits contre des apparences et des signes propres à l’islam. 
        Mais cette laïcité identitaire dominante actuellement est 
        chargée d’un paradoxe : elle limite la liberté religieuse 
        en invoquant un principe d’égalité des sexes.  
      Pour Baubérot, 
        ce modèle coexiste avec 6 autres modèles, 6 autres façons 
        de voir la laïcité. Chacune de ces sept conceptions articulent 
        deux principes et deux moyens d’y arriver. Chacune de ces conceptions 
        repond aux questions : Quelle place donne-t-on aux croyances et aux pratiques 
        religieuses dans l’espace public et quelle gestion en fait l’Etat 
        ? 
      D'après 
        le compte-rendu 
        de lecture de par Matthieu Adam (2015) : Jean Baubérot, historien 
        et sociologue, fondateur de la sociologie de la laïcité, propose 
        une étude socio-historique de la laïcité à partir 
        d’idéaux-types inspirés de la sociologie wébérienne. 
        Les catégories qu’il utilise se basent sur l’analyse 
        et l’imbrication des quatre éléments, 2 principes 
        et 2 moyens : la liberté de conscience (et la liberté 
        de religion), l’égalité des droits sans condition 
        religieuse (le principe de non-discrimination), la séparation des 
        cultes de l’État et la neutralité de l'Etat.  
       
      
         
          PRINCIPES  | 
          Liberté 
              de jugement, de conscience (et la liberté de religion)  | 
          Egalité 
              des droits et des sexes, non discrimination 
                | 
         
         
          MOYENS 
                | 
          Séparation 
              de l’Eglise et de l’Etat 
                | 
          La 
              neutralité de l’Etat 
              (Différencie le public et le privé,  
              l'espace public et l'espace privé) 
                | 
         
       
      Sa démonstration 
        invite à un exercice de sociologique critique, […] une cartographie 
        des représentations de la laïcité dont le spectre s’étend 
        de la laïcité anti-religieuse à la laïcité 
        concordataire, c’est-à-dire un système dans lequel 
        les cultes sont reconnus et qui n’impose pas la laïcisation 
        de l’école publique. Pour contrer l’idée du 
        «modèle français de laïcité», il 
        utilise la notion de «laïcité 
        dominante». La laïcité dominante est le 
        produit du rapport de forces entre les acteurs sociaux et les partisans 
        des différentes représentations. C’est « la 
        définition socialement légitime de “la” laïcité 
        à un moment donné, celle à laquelle chaque acteur 
        doit se référer, même quand il la critique. Cette 
        définition sociale implicite constitue un enjeu politique et médiatique 
        fort, et aboutit à un discours qui prend valeur de certitude » 
        (p. 16).  
      Le recours 
        aux classifications idéales-typiques permet à 
        Bauberot de pointer les évolutions historiques des modèles 
        de laïcité, dont certains étaient dominés en 
        1905 et sont aujourd’hui dominants, et vice-versa. Cette méthode 
        donne à comprendre à quels endroits se situent les « 
        nœuds » des conflits autour des moyens d'application des principes 
        de la laicité, c'est à dire la séparation de l’Eglise 
        et de l’Etat, et de la neutralité de l’État 
        (voir tableau ci-dessus). 
      Les 7 laïcités 
        françaises de Jean Bauberot 
        (2015) 
      Avant 
        1905, deux conceptions de la laicité s'opposent : 
        1. Laïcité antireligeuse, appelant une intervention 
        de l’État contre la religion : les catholiques sont un danger 
        politique et social donc dans leur modèle laïque pas de place 
        pour la religion. Cette conception a été contre l’autre 
        extrême :  
        2. la laïcité gallicane, qui trouve son origine 
        dans la politique religieuse des rois de France, très attachée 
        au catholicisme, dans laquelle l’état va contrôler 
        et privilégier les pratiques religieuses considérées 
        comme éclairées (catholicisme en France ou islamisme en 
        Turquie), tout en précisant que la liberté religieuse des 
        individus doit se manifester de manière discrète dans l’espace 
        public. 
      En 
        1905, deux autres conceptions (laïcité libérale et 
        laïcité accomodante) insistent sur la neutralité ou 
        la non-intervention de l’État, ainsi que sur le caractère 
        laïque de la législation, victorieuses en 1905 et dominées 
        aujourd’hui. Elles vont être proposées en alternative 
        aux deux précédentes, considérées comme non 
        pacifistes, et tous les débats vont porter sur deux conceptions 
        séparatistes (séparer l’Eglise et l’Etat) mais 
        elles ne sont pas d’accord sur la manière de le faire.  
         
        1. La laïcité libérale libérale et individualiste 
        considère que la religion est une affaire personnelle, qu’il 
        faut laisser la liberté religieuse aux individus, mais que l’Etat 
        doit être indifférent à la religion (conception portée 
        par Ferdinand Buisson).  
        2. En face, il y a Jean Jaurès (qui l’emportera dans les 
        débats de 1905), et la conception accomodante et inclusive, 
        qui considère que la liberté religieuse est personnelle 
        mais aussi collective (institution) et donc on ne peut pas être 
        indifférent à une institution religieuse en tant qu’Etat. 
        Jaurès demande d’avoir du respect pour cette institution 
        et par cette intermédiaire d’arrêter la guerre entre 
        les deux Frances. Il demande la séparation de l’Eglise et 
        de l’Etat, mais le respect mutuel pour pacifier (laïcité 
        de la gauche historique).  
      En 
        1919 : la laïcité concordaire s'installe 
        : l’état n’est pas séparatiste sur ce territoire, 
        et il finance et reconnaît des cultes. Il accorde des cours de religion 
        dans les écoles publiques. L’Alsace-Moselle est régie 
        par un « droit local » différent du reste de la métropole 
        qui spécifie notamment un type de rapport différent entre 
        l’État et les religions. En Alsace-Moselle, les lois de 1882 
        (laïcisant l’école publique) et de 1905 (séparation 
        des Églises et de l’État) ne s’appliquent pas. 
        Ce qui était au départ un système transitoire est 
        finalement demeuré une exception nationale, pour des raisons historiques 
        mais aussi politiques... (voir controverse de 2012 dans le journal 
        Le Monde, ci-dessous). 
      Discutée 
        après la 2nde guerre mondiale, puis dans les années 1990 
        et 1996, la laïcité ouverte propose la défense 
        des croyances contre l’athéisme, en reconnaissant que la 
        religion a une utilité sociale par les valeurs qu’elle porte. 
        Elle mérite même d’être consultée par 
        l’Etat pour les prises de décision. L’affaire du mariage 
        pour tous supposerait d’ajouter dans la constitution la loi 
        « naturelle ».  
         
        En 2007, la laïcité identitaire distingue 
        les religions de souches contre les religions « importées 
        ». 
      
        - 1. 
          Discours sur la laicité concordaire dans Le Monde, 
          rubrique Point de vue, février 2012.
 
       
      Consignes 
        : Comparer les argumentaires des deux articles et groupes d'acteurs à 
        propos du concordat 
        d’Alsace-Moselle, et identifier quelle conception de la laïcité 
        est portée par les auteurs de ces deu tribunes ? 
      
         
           | 
          
              - Pourquoi 
                nous sommes Alsaciens, laïques et contre le Concordat
 
                Il faut en finir avec le Concordat d'Alsace-Moselle. 
                Le Monde.fr, Rubrique Tribune, Idées, 17.02.2012 
                Par William Gasparini, professeur des universités, Université 
                de Strasbourg 
                Josiane Nervi-Gasparini, maître de conférences en 
                mathématiques, Université de Strasbourg 
                 
                Autres signataires : 
                Jean-Claude Val, professeur de sciences économiques et 
                sociales en CPGE, Strasbourg ; 
                Alfred Wahl, professeur émérite d'histoire, Université 
                de Metz ; 
                Jean-Pierre Djukic, chercheur en chimie, administrateur de l'Université 
                de Strasbourg ; 
                Yan Bugeaud, professeur des universités, mathématiques, 
                Université de Strasbourg ; 
                Roland Pfefferkorn, professeur des universités, sociologie, 
                Université de Strasbourg ; 
                Pierre Hartmann, professeur des universités, directeur 
                de l'Ecole doctorale des humanités, Univ. Strasbourg 
              | 
         
       
      Rappel 
        de ce qu'est le concordat 
        d’Alsace-Moselle 
        et une question : qu'est-ce qui empêcherait l'état français 
        de supprimer le Concordat ?... 
      
         
          
              - Pourquoi 
                je suis alsacien, laïc et pour le Concordat
 
              -  
                
Argumentaires 
                  du 1er article : conception civile autour du bien-commun, le 
                  concordat est attaché à l’histoire troublée 
                  de la région ; Strasbourg est lieu de réconciliation 
                  (entre nations et religions). Le Concordat sert à garantir 
                  la paix sociale ; c'est un régime qui s’inscrit 
                  dans les faits et non pas dans la loi. Pour le premier auteur, 
                  justification du Concordat d’après le respect de 
                  la tradition. Il n’y aurait de paradoxe : le Concordat 
                  est un fait.  
               
              | 
          
              - Pourquoi 
                nous sommes Alsaciens, laïques et contre le Concordat
 
              -  
                
Argumentaires 
                  du 2ème article : étiolement de la religion. Le 
                  Concordat n’assure pas le bien-commun, mais renforce le 
                  communautarisme (séparation entre religions, et entre 
                  religions et agnostiques ou athées. Il ne respecte pas 
                  la loi Française de 1905 et représente un coût 
                  économiqueélevé. Seuls quatre cultes sont 
                  reconnus. Il y a donc une contradiction entre l’exception 
                  concordataire et la loi sur la laïcité de 1905. 
                  Pour le second 
                  auteur, il ne devrait pas y avoir de régime exceptionnel 
                  dans la République : si on le fait pour 4 religions, 
                  on le fait pour tous et sur tout le territoire. 
               
              | 
         
       
      Il y a donc 
        confrontation de deux visions de la place donnée à la religion 
        dans l’espace public par l’Etat, entre une vision accommodante 
        du Maire de Strasbourg, et vision strictement républicaine du collectif 
        d'universitaires de Strasbourg et de Metz.  
      Critique de 
        la méthode : Signalons ici les normes de mise en scène médiatique 
        du débat, qui transforme la controverse en polémique ou 
        querelle (Jeanneret, 2010) et masque la nature 
        complexe de l'affaire et du débat, en le bipolarisant. Dans 
        cette logique, il semble donc important d’identifier les 
        problématisations faites par et dans les médias 
        (constructivisme journalistique, Delforce, 2004) 
        autour d’une question éducative présentée comme 
        controversée, ici l'existence de la laicité concordaire 
        en République. 
      Pour Jeanneret 
        (2010), la controverse scientifique n’existe plus dans la sphère 
        médiatique que sous la forme de polémiques ou de querelles. 
        Il précise : Je ne souscris pas à l’extension 
        du terme de « controverse », venu de la sociologie des sciences, 
        aux situations médiatiques et politiques. [...] ce qui distingue 
        une querelle d’une controverse : non un cadre de discussion défini, 
        mais la superposition de plusieurs espaces ; non un problème disciplinaire, 
        mais un objet fuyant ; non une écriture normée, mais des 
        rhétoriques hétérogènes. Dans une querelle, 
        l’imprécision quant aux savoirs concernés est structurelle. 
        Le problème est redéfini en permanence, mobilisé 
        par les acteurs et façonné par les médias. [...] 
      
        
      
        - Laicité 
          : résultat d'une interrogation sur les valeurs
 
       
      Les 
        valeurs interviennent dans les jugements de valeurs (je juge qu'il est 
        préférable de faire ceci, plutot que cela). Kant a tenté 
        de chercher le lien entre morale et raison. Mais si je juge moralement, 
        ce n'est pas au nom de l'efficacité, ni au nom de la connaissance 
        : c'est beaucoup plus qu'une question de connaissance. Coq (2003) énonce 
        quelques particularités de la valeur : La valeur ne s'identifie 
        pas à un mot : il y a une polynomie de la valeur. Toutes les valeurs 
        au nom prestigieux (amour, liberté, justice, etc...) sont souvent 
        en conflit entre elles. L'individu est créateur de valeur, dans 
        les situations concrètes, mais il ne s'en rend pas compte car la 
        valeur est médiatisée par autrui et il y a donc nécessité 
        de l'autre (par exemple une situation peut ne pas m'apparaitre injuste 
        mais l'autre peut me communiquer qu'elle est injuste, et me contaminer). 
        La valeur nécessite donc un travail de la raison appliquée 
        à l'éthique, que l'éducation doit prendre 
        en charge et tenter d'ancrer dans les esprits par raison et liberté. 
         
      La naissance 
        de la philosphie grecque correspond au recul de l'omnipotence des récits 
        mythiques, avec la naissance d'un discours rationnel sur le monde puis 
        d'un questionnement sur le sens de nos activités dans l'Antiquité. 
        L'Occident par la suite s'est construit dans la mouvance du christianisme 
        dans sa phase constantinienne. La religion, tutrice de la société 
        occidentale, va subir le choc de la sécularisation, avec l'émergence 
        d'une société pour laquelle la religion ne peut plus se 
        poser comme système englobant toute la culture.  
      Coq (2003) 
        montre donc que la notion de valeur émerge en même temps 
        que celle de la laicité quand du fait du recul de l'hégémonie 
        catholique, avec l'affirmation de l'athéisme et de l'agnosticisme, 
        il parait nécessaire de poser une réflexion morale autonome 
        par rapport au christianisme. Très vite s'impose alors une notion 
        moderne de la valeur indépendante de la foi religieuse et de la 
        référence au divin. La notion de valeur est donc 
        laique par définition. L'Evangille n'a pas besoin de valeurs 
        mais des valeurs reconnues et vécues inépedamment de la 
        référence religieuse : elles sont en harmonie avec la parole 
        évangélique, peuvent susciter l'adhésion par le croyant. 
        Ainsi, dans l'Evangile de Saint Matthieu, la fin présente un récit 
        du jugement dernier, et le Christ dit aux élus : "j'avais 
        faim, vous m'avez donné à manger, ... vous m'avez vétu...". 
        Les élus lui répondent  : "mais nous ne te connaissions 
        pas !". "Certes, mais en le faisant aux humains les plus dépourvus, 
        c'est à moi que vous le faisiez.". Le texte dit donc aux croyants 
        : prenez en charge l'humanité, comme si vous ne connaissiez pas 
        la foi, en vous dévouant à la justice, à la solidarité, 
        à l'universel.  
      Coq distingue 
        trois niveaux de sens donné à la laicité. C'est d'abord 
        un cadre neutre de coexistence d'une pluralité 
        de religions, de cultures, de philosophies, dans une société 
        moderne. Il y a donc une neutralité du cadre social. Mais comment 
        accueillir cette pluralité ? La laicité se solidarise 
        alors avec une configuration de valeurs : la tolérance 
        qui est une valeur de fin de guerre (on se supporte même s'il n'y 
        a pas d'amitiés). Il faut donc y rajouter l'ouverture à 
        l'autre, la reconnaissance dans son altérité, l'amour du 
        dialogue. Il faut y rajouter également la liberté de conscience 
        et la liberté religieuse. Pour fonder le premier niveau de sens, 
        il faut donc ajouter un ensemble de valeurs. Au troisième niveau, 
        elle devient une forme originale d'institution de l'espace social, avec 
        deux principes jumeaux : l'autonomie d'une société 
        démocratique (vis à vis du sacré, du religeux 
        surplombant) et la distinction entre les institutions de la société 
        et celles de la religion (ce que l'histoire a appelé la 
        séparation avec dans la loi de 1905, l'article 4 reconnaissant 
        aux religions le droit à une organisation propre : même si 
        elles ont un statut privé, les religions ne sont pas interdites 
        d'expression et de visibilité dans l'espace public). 
      Pour le chrétien 
        Kant, l'éthique et l'exigence morale se déduisent de la 
        raison pratique, et non de la foi religieuse. La morale se déduit 
        de la raison présente en toute personne. La morale laïque 
        est celle dont tout humain peut reconnaitre la validité, qui rejoint 
        l'expérience commune de tout homme, par delà les options 
        métaphysique ou religieuse. Au delà des divergences sur 
        le sens fondamental de l'existence, il serait donc possible de dégager 
        des critères éthiques communs qu'on pourrait demander à 
        tout homme d'admettre, parce que ces critères et ces valeurs proviennent 
        de la raison commune de l'humanité, raison identique quelles 
        que soient les différences culturelles ou religieuses. Cette raison 
        commune est définie par une universalité 
        de droit, par une principe d'unité pour l'humanité, un idéal 
        que tout humain peut retrouver en lui-même, par la raison. L'entreprise 
        kantienne qui fonde la valeur sur la raison crédibilise 
        la possibilité d'une morale laique, de valeurs acceptables universellement. 
         
      La morale a 
        une source personnelle car elle nait des choix les plus fondamentaux de 
        la personne, d'un élan de liberté vers un idéal. 
        Mais elle a également une source liée à la contrainte 
        sociale qii génère une morale commune. Jules Ferry se réfère 
        à la morale de nos pères, en considérant que les 
        grandes traditions spirituelles ont déposé dans les sociétés 
        une moral commune, une morale traditionnelle qui a quelque chose d'universelle, 
        independamment de la foi religieuse. Dans l'histoire d'une civilisation, 
        une valeur émerge, par exemple la notion de respect et de dignité 
        de la personne humaine, dans la Bible. Elle peut dévenir une référence 
        commune si des humains qui divergent sur la foi la reconnaissent comme 
        leur appartenant également. Le pluralisme de la société 
        laique est donc compatible avec l'existence de valeurs communes 
        fondées de manière multiple. Les valeurs communes se nourrisent 
        donc d'un certain nombre d'idées sur l'humanité : elles 
        s'intègrent dans une civilisation. 
      Mais des valeurs 
        communes ne sont pas automatiquement universelles (exemple des valeurs 
        de la République qui ont jusitifé les conquêtes coloniales...). 
        Depuis la fin de l'ère coloniale, tout ce qui est universelle dans 
        les valeurs communes est rejeté, avec une haine du collectif, de 
        la nation, de la mémoire commune, avec l'éloge et la valorisation 
        de la pluralité et de la diversité. Mais les valeurs communes 
        sont à la fois universelles et particulières. La 
        survie des valeurs communes dépend de l'éducation, 
        en apprenant à argumenter sur le terrain éthique, en apprenant 
        à identifier les enjeux des valeurs dans sa vie personnelle, en 
        donnant la conscience des valeurs essentielles. L'éducation morale 
        doit d'une part aider à la construction d'un engagement moral personnel 
        fondé sur la liberté, et d'autre part, construire la reconnaissance 
        des valeurs communes.  
      Avec l'émergence 
        des sociétés pluralistes à la fin du XXeme siècle, 
        Vandamme (2013) estime que neutralité 
        et laïcité sont deux exigences de l'Etat. 
        La neutralité permet de défendre la liberté des individus 
        (libéralisme politique) face au pluralisme de conceptions de la 
        vie bonne et contre le communautarisme politique. L'impartialité 
        permet de neutraliser les diverses revendications pour un unique modèle 
        de vie bonne, et d'exprimer un égal respect de différentes 
        conceptions de la vie bonne et des libertés individuelles (laicité). 
         
      Mais comme 
        il existe différentes conceptions de la vie bonne, Vandamme propose 
        de distinguer le bien et le juste, le privé et la raison publique, 
        pour fonder une morale commune. Pour Vandamme (2013), l'éducation 
        morale passe par l'apprentissage du décentrement et de 
        l'argumentation morale fondée sur la raison, avec neutralité 
        et impartialité morale, en respectant les conceptions raisonnables 
        de la vie bonne. Mais ces conceptions étant multiples, il faut 
        dintinguer les conceptions privées du bien (comment 
        devons nous vivre ? chargées de préjugés et de biais 
        positionnels) et les conceptions publiques de ce qui est juste 
        (comment devons nous vivre ensemble ? fondées sur la raison publique). 
        La norme actuelle du juste est celle des droits de l'Homme qui reconnait 
        une égale dignité à chaque individu et ne privilégie 
        personne au détriment des autres (impartialité). Cette norme 
        suppose de donner la parole à tous et de donner les droits à 
        chacun de participer aux affaires publiques et d'agir. Cette citoyenneté 
        démocratique est donc normative puisqu'il s'agit de sélectionner 
        les normes les plus justes possible et d'émettre un jugement moral 
        décentré sur les exigences de vivre ensemble. La quete 
        collective d'impartialité et de neutralité morale 
        suppose une éthique collective de la discussion, fondée 
        sur l'exercice de la raison, en admettant la possibilité de se 
        tromper, qu'autrui possède une vérité que l'on ignore 
        ou qu'acun des 2 ne la possède. La neutralité refuse le 
        relativisme moral et privilégie un réalisme moral sur les 
        questions de justice. L'impartialité fonde la moralité de 
        ce qui est juste par l'investissement de tous dans le processus démocratique 
        et par une attitude de décentrement.  
      Eduquer à 
        la morale laique suppose de donner une place importante à l'actualité 
        des débats politiques et moraux. Ce 
        présentisme pour l'étude d'affaires et de controverses 
        permet de remettre les débats dans le contexte sociohistorique 
        mais aussi de revenir sur le présent avec de nouvelles questions, 
        dans un démarche de découverte et de compréhension 
        de l'ordre social qui caractèrise la sociologie pragmatique 
        ou sociologie des épreuves (Barthe et al., 2013), 
        en s'intéressant et en prenant au sérieux les critiques 
        et les justifications d'action des acteurs eux-mêmes. Cette forme 
        éducative fondé sur l'enquete sociale, en rupture avec la 
        forme scolaire traditionnelle, contribuerait à une éducation 
        au décentrement susceptible de favoriser l'engagement démocratique 
        citoyen (hypothèse 
        travaillée dans Urgelli et Godin, 2021, par la promotion des pédagogies 
        critiques de l'enquête et de cartographie de controverses à 
        propos d'une question vive). Cela suppose, comme le précise 
        Hervé (2019) une approche pédagogique ouverte, une attitude 
        de procognotion, et un effort reflexif par le décentrement 
        que suppose l'enquête.  
      Cet 
        effort de problématisation d’une controverse fait appel [...] 
        à ce que Chevallard & Ladage (2010) appellent une attitude 
        de procognition (« je ne sais pas, mais je cherche à 
        savoir »), plutôt qu’une attitude de rétrocognition 
        (« je ne sais pas, mais je devrai le savoir »). En effet, 
        ce sont les besoins propres à l’exploration de la controverse 
        qui vont faire émerger les connaissances nécessaires à 
        son étude. Des connaissances acquises peuvent être mises 
        à profit, et il va falloir en construire de nouvelles, spécifiques 
        au problème abordé et à la manière de l’instruire. 
        In Hervé, 2019, p.174. 
       
        
          -  Vandamme, 
            P. (2013). Quels 
            fondements philosophiques pour l'enseignement de la morale laïque 
            ? Pour une éducation au décentrement. Revue 
            française de pédagogie, 182(1), 107-116.
 
          -  Barthe, Y., 
            de Blic, D., Heurtin, J., Lagneau, É., Lemieux, C., Linhardt, 
            D .. & Trom, D. (2013). Sociologie 
            pragmatique : mode d'emploi. Politix, 103(3), 175-204.
 
          -  Hervé, 
            N. (2019). L’enquête 
            dans la cartographie des controverses : principes pour une adaptation 
            dans l’enseignement secondaire. Dans : Jean Simonneaux éd., 
            La démarche d'enquête: Une contribution à 
            la didactique des questions socialement vives (pp. 171-187). 
            Dijon cedex, France: Éducagri éditions.
 
           
         
       
      
       
        "Les 
          pratiques professionnelles des acteurs scolaires sont traversées 
          par une tension entre, d’un côté, l’impératif 
          de neutralité et le respect des règles et des lois inhérentes 
          aux principes de laïcité qui leur sont imposés en 
          tant que représentants de l’État et, de l’autre, 
          le souci de faire preuve de pragmatisme et de s’adapter aux caractéristiques 
          de la réalité scolaire quotidienne". 
         
        Deux 
          logiques d'action et de justification (civique ou libérale) 
          et deux principes éthiques sont mises en évidence. Ces 
          logiques d'action fondées sur ces principes éthiques renvoient 
          "à la problématique du sens donné à 
          l’institution scolaire. Elle est considérée comme 
          la clef de voute du projet républicain en tant qu’instance 
          étatique dédiée à la formation de la citoyenneté 
          universelle d’un côté, [logique 
          civique fétichiste vis 
          à vis des principes laïques fondée sur une éthique 
          de la conviction] et comme une école ouverte 
          au pluralisme et perméable à la société 
          civile de l’autre [logique 
          pragmatique libérale fondée sur 
          une éthique 
          de la responsabilité]". 
        
          - Derouet J.-L. 
            (2000). L'école dans plusieurs mondes. Bruxelles : 
            De Boeck Université.
 
         
        ETHIQUE 
          DE LA RESPONSABILITE : On constate une "prédominance 
          d’une régulation “conséquentialiste” 
          des manifestations religieuses de la part du personnel encadrant", 
          ce qui témoigne d’une "application de la laïcité 
          reposant sur les principes de l’éthique de responsabilité, 
          qui se caractérise par "une attention portée aux 
          effets de l’action choisie et par l’adéquation entre 
          les moyens de l’action et les buts recherchés", une 
          éthique du succès (Weber, 1959) qui favorise 
          le pragmatisme et le compromis, "par l’attention 
          aux moyens dans une double perspective : en ce qui concerne leur efficacité 
          pratique, opératoire (car c’est bien la fin qui justifie 
          les moyens), d’une part, en ce qui concerne les conséquences, 
          d’autre part". La prédominance d’une 
          éthique de responsabilité, fondée sur 
          une rationalité pragmatique et “conséquentialiste” 
          traduirait, comme le suggèrent certains philosophes, la 
          montée en légitimité d’un ordre politique 
          et social post-moderne, marqué par le pluralisme, 
          le relativisme et le pragmatisme, et fondé sur une éthique 
          de la discussion et de la négociation, où « une 
          norme ne peut prétendre à la validité que si toutes 
          les personnes qui peuvent être concernées sont d’accord 
          (ou pourraient l’être) en tant que participants à 
          une discussion pratique sur la validité de cette norme ». 
           
        
          - Arnaud, A.-J. 
            (1990). Repenser un droit pour l’époque post-moderne. 
            Le Courrier du CNRS, 75, 81-82.
 
          -  Habermas, J. 
            (1999). Morale et communication : conscience morale et activité 
            communicationnelle. Paris: Flammarion, 212 p. (voir p. 84).
 
          - Weber, 
            M. (1959). Le savant et le politique. Editions Plon.
 
         
        ETHIQUE 
          DE LA CONVICTION 
          : Cette éthique contraste typiquement avec une éthique 
          de conviction qui repose, quant à elle, sur une rationalité 
          axiologique. Ici, la motivation de l’acteur pour agir 
          n’est pas orientée en fonction des effets de l’action 
          choisie, mais porte sur la normativité des moyens de l’action, 
          en d’autres termes sur la congruence entre les actions 
          et le système de valeurs plus généralement défendu. 
          Ainsi, les acteurs scolaires régulent les manifestations religieuses 
          en fonction d’une représentation spécifique de la 
          laïcité qui renvoie tantôt à une acceptation 
          libérale, tantôt à une interprétation néo-républicaine, 
          qui assimile la laïcité scolaire à une injonction 
          de privatisation du religieux. 
       
       
        
        Pour 
          Weber, la société est le produit de l'action des hommes 
          : ils agissent en fonction de valeurs, de motifs et de calculs rationnels. 
          Selon lui, c'est le processus de rationnalisation qui a transformé 
          les sociétés occidentales. Expliquer le social, c'est 
          rendre compte de la façon dont les hommes orientent leurs actions 
          par la rationnalisation. Cette conception du monde social le conduit 
          a étuduer l'articulation entre les rationnalités qui sous 
          tendent les croyances, et les logiques d'action qu'elles engendrent. 
          La rationnalisation de la pensée s'exprime à travers l'essor 
          des sciences et des techniques, le développement du droit, des 
          techniques comptables, de la gestion, produisant un désenchantement 
          du monde (Weber parle de "démagification" ou de "désensorcellement" 
          du monde), qui va transformer de l'intérieur les religions. Le 
          processus de rationalisation de la religion a conduit à un recul 
          de la croyance magique au profit de l'éthique (conduite de vie), 
          et c'est ce mécanisme interne à la religion qui serait 
          à l'origine de la rationnalisation du monde occidental (Dortier, 
          2013).  
        On accorde 
          à cet auteur la distinction, voire l'opposition, entre 
          éthique de la conviction et éthique de la responsabilité 
          dans la conférence "la profession 
          et la vocation de politique", qu'il prononça à 
          Munich le 28 janvier 1919, peu de temps après 
          le révoluition de novembre 1918, et un après sa première 
          conférence intitulée "la profession et la vocation 
          de savant", conférences toutes deux organisées par 
          l'Association des Etudiants libres de Bavière.  
        
           
             | 
            Signalons 
                que dans cette conférence, il précise d'abord 
                trois qualités essentielles et décisives pour un 
                homme politique : 1. la passion au sens 
                de l'attachement passionné à la cause, 2. le sentiment 
                de responsabilité à l'égard de cette cause, 
                et 3. la distance à l'égard des choses et des hommes 
                (ce qu'il appelle le coup d'oeil).  
              Pour 
                Catherine Colliot-Thelène, auteure de la préface 
                de la traduction de 2003, l'éthique de conviction est une 
                attitude uniquement soucieuse des principes et indifférente 
                aux conséquences de l'action, ce qui a bien quelque chose 
                à voir avec l'expression "agir par conviction". 
                Dans la préface, elle précise que pour comprendre 
                précisèment la différence exacte entre les 
                2 éthiques de Weber, il faut garder en mémoire les 
                pages passionnées (p.182 et suivantes) que l'auteur consacre 
                à la cause au service de laquelle l'homme politique authentique 
                engage sa responsabilité. L'éthique de la conviction 
                n'implique pas l'absence de responsabilité, ni l'éthique 
                de la responsablité l'absence de conviction. Mais il 
                y a une opposition profonde entre l'action qui se règle 
                sur la maxime de l'éthique de la conviction (en termes 
                religieux:" le chrétien agit selon la justice et il 
                s'en remet à Dieu pour le résultat"), et celle 
                qui se règle sur la maxime de l'éthique de la responsabilité 
                selon laquelle l'on doit assumer mes conséquences prévisibles 
                de son action (Weber, 1919, p. 192-193). Weber conclue sa 
                conférence en disant que ces deux éthiques 
                ne sont pas des contraires absolus mais elles se complètent 
                l'une l'autre, et c'est ensemble seulement qu'elles 
                constituent l'homme authentique, celui qui peut avoir la "vocation 
                pour la politique" (p.204). 
              Weber 
                prolonge son analyse en rappellant que quiconque veut faire de 
                la politique doit être conscient de l'existence de paradoxes 
                éthiques et de la responsabilité qui 
                est sienne au regard de ce qui peut advenir de lui même 
                sous la pression de ces paradoxes. Il considère que 
                le monde est éthiquement irrationnelle, 
                ce qui a été la force motrice de tout le développement 
                des religions. Pour atteindre des fins qui sont bonnes, 
                on est obligé, dans de nombreux cas, de s'accommoder de 
                moyens douteux ou, au moins dangereux d'un point de vue moral, 
                ainsi que de la possibilité, voire de la probabilité 
                de conséquences accessoires mauvaises. Et aucune 
                éthique au monde ne peut dire quand et dans quelle mesure 
                la fin bonne du point de vue moral sanctifie les moyens et les 
                conséquences accesoires moralement dangereux. (p.193).  | 
           
         
       
      
        -  
          
 Exercice 
            d'application et de discussion de la clé de lecture de Vivarelli 
            : On travaille sur des situations d'aménagements 
            informels du religieux en contexte scolaire, avec deux types d'éthique 
            qui guident les pratiques professionnelles, selon Vivarelli (2014). 
             
         
       
       
        Analyse 
          de 4 situations et décisions prises par un chef d'établissement 
          dans des établissements différents, chacune correspondant 
          à deux éthiques d'action, et à deux représentations 
          "guidant les pratiques professionnelles des acteurs scolaires". 
          Vivarelli 
          propose une typologie des professionnels scolaires, en fonction 
          de leur représentation de la laïcité et en fonction 
          de la manière dont ils la mettent en pratique. Cette typologie 
          identifie 4 types de professionnels, en prenant 4 exemples de situations 
          régulées :  
        
          -  
            
S4. 
              Le responsable libéral : Un chef d’établissement 
              décide de mettre à disposition des élèves 
              voilées, une salle leur permettant de se changer à 
              l’intérieur de l’établissement. 
              Ce compromis apparait comme un moyen efficace de s’assurer 
              de la bonne application de la loi 
              de 2004 (Circulaire n°2004-084 du 18-5-2004). 
           
          -  
            
S2. 
              Le convaincu libéral : Un chef d’établissement 
              décide de la mise en place d’un menu halal 
              à la cantine, en tant que symbole des valeurs de 
              reconnaissance de la citoyenneté musulmane, de l’égalité 
              de traitement des citoyens indépendamment de leur confession, 
              et de la liberté de conscience et de culte. 
               
           
          -  
            
 
              S1. 
                Le responsable civique : Le chef d’établissement 
                refuse la mise à disposition d’un menu halal 
                à la cantine, qui aurait pour conséquence 
                de tenir compte, au nom de l’objectif d’égalité 
                de traitement des élèves dans le système 
                scolaire, de toutes les autres demandes alimentaires, diversité 
                de l’offre alimentaire que le système scolaire ne 
                pourrait contenter. 
             
           
          -  
            
S3. 
              Le convaincu civique : Le chef d’établissement 
              refuse d’aménager le cross scolaire en dehors 
              de la période du ramadan, car la prise en compte 
              de la pratique religieuse des élèves lui apparait 
              contraire à son système de valeurs, la religion se 
              devant de rester en dehors de l’école. 
           
         
       
      
       
        CONTROVERSES 
          SUR LA LAICITE DANS LES MEDIAS : Etude de quelques 
          moments discursifs 
       
      
      
         
           | 
           
              Analyse du discours des candidats à la question du journaliste 
              sur la laïcité avec 1 min de réponse par candidat 
              (video entre 00h53min40 et 01h04min20). L’objectif 
              est de catégoriser les différentes conceptions politiques 
              de la laicité. 
            Le journaliste 
              déclare qu’il y a dans l’espace politique deux 
              conceptions de la laïcité : stricte ou accommodante 
              (approche médiatique par le faux dilemme) 
              : 
               
              - Macron : laïcité stricte => protège, permet 
              de croire/pas croire 
              - Mélenchon : laïcité respectée par tous 
              (surtout les élus), séparation église/état, 
              liberté de conscience, ne doit pas servir à attaquer 
              une religion 
              - Hamon : respect de la loi de 1905 (liberté de conscience, 
              séparation église/état), pas une religion, 
              une condition au vivre-ensemble 
              - Le Pen : laïcité contre le communautarisme, dans l’espace 
              public, dans le code du travail 
              - Fillon : interdire voile à l’école en 2004 
              ; laïcité autour de la question de l’islam intégriste. 
              Laïcité comme protection de la République 
              | 
         
       
      Le principe 
        de laïcité est invoqué lors d’évènements 
        sociaux pour contrôler le vivre-ensemble. Il est invoqué 
        pour soutenir des valeurs comme la liberté, la solidarité, 
        pour protéger et intégrer (selon les candidats). Il est 
        mobilisé pour lutter contre les communautarismes.  
      Un premier 
        point semble diviser les candidats : le Concordat Alsace-Moselle (Région 
        française où il y a un lien étroit entre religion 
        et État), mais aussi l’extension de la loi de 2004 à 
        tout l’espace public (souhait de certains candidats). Il y aurait 
        donc des sens et des applications différents d’un même 
        principe en fonction des espaces et des contextes. Le principe est utilisé 
        pour donner un sens à la place d’une religion dans la société 
        française et dans l'espace public. Le principe est également 
        utilisé pour donner un sens à la place de la femme et à 
        ses libertés dans la société. Derrière 
        les prises de positions, il y a différentes représentations 
        de l’espace public et de ses frontières avec l’espace 
        privé. 
      
      L’ensemble 
        de ces positionnements politiques dépendent assez peu du parti 
        politique. Que ce soit la laïcité républicaine (stricte) 
        ou la laïcité libérale ou d’accommodement, on 
        retrouve ces deux conceptions dans les cinq discours. La classification 
        bipolaire donnée par le journaliste ne fonctionne pas 
        complétement : il y a des interprétations, des hybridations 
        politiques et contextuelles, en lien avec des affaires sociopolitiques 
        historiques prises comme témoignage et support d'argumentation 
        et de justification. 
      Un 
        travail de catégorisation a été réalisé 
        par un sociologue et historien des religions, Philippe 
        Portier, cité dans un article du Monde, rubrique Société, 
        du 11 avril 2017. Selon lui, dans le contexte de l’élection 
        présidentielle de 2017, trois positionnements se dégagent 
        :  
        • Fillon et Le Pen : laïcité identitaire se 
        référant à l’identité chrétienne 
        de la France et à son identité musulmane 
        • Macron et Hamon : laïcité accommodante 
        • Mélenchon : laïcité séparatiste 
        qui ne s’accommode d’aucune relation entre le public et le 
        privé (abrogation des lois du Concordat dans son programme) 
        
      
        - Affaire 
          Lautsi : présence de crucifix dans les salles de classe (Italie, 
          2002-2011) 
          : logique nationale et logique européenne
 
       
      
      
         
           | 
          Entre 
              législation, liberté inclusive, féminisme, 
              et marketing (consommateurs musulmans), entre logique civique, logique 
              libérale et logique marchande ?  
            Twetter 
              comme espace socio-numérique de controverse.  
            Analyser 
              les adjectifs utilisés dans la presse pour qualifier le Hijab 
              (« cagoule », « cacher son visage », vétement 
              de « mode islamique », etc.).  
            Dans 
              le texte prescrit des Jeux Olympiques : «Aucune sorte de démonstration 
              ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée 
              dans un lieu, site ou autre emplacement olympique». L'IFAB 
              déclare que le voile est "un signe culturel et non religieux", 
              ce qui lui permet de contourner le règlement du CIO interdisant 
              toute démonstration religieuse.  | 
         
       
      
      
         
           | 
          Laicité 
              à l'interface de l'éducation formelle/informelle 
            Contexte 
              de la rentrée et des élections des délégués 
              de parents d'élèves prévues le 11 octobre 2019. 
               
            Une affiche 
              polémique : accusation de "flatter le communautarisme 
              pour avoir des voix" (électoralisme communautariste) 
              versus "s’adresser à tous les parents d’élèves", 
              «la laïcité comme une valeur d’inclusion 
              »   | 
         
       
      
      à 
        développer : La publication du Livret de la laicité (octobre 
        2015, révision en novembre 2016) 
        La distribution de l'Atlas de la Création (février 2007, 
        puis octobre 2017). 
         
      
      Le 
        30 novembre 2015 est publié par Daesh (EI) le numéro 7 de 
        son magazine. Il demande aux familles françaises musulmanes de 
        retirer leurs enfants des écoles publiques françaises. 
        Pour eux la Charte de la laïcité (2013) est une "chartre 
        de la mécréance", et l'expression d'une "religion 
        d'état" contre l'Islam. 
       
        
           
              
                
                Extrait de 
                la page 13 
                du magazine Dar al Islam (n°7) | 
             
                Les premières 
                  réactions médiatiques arrivent le 2 décembre 
                  2015, dans le journal Le Figaro et vont se poursuivre 
                  jusqu’au 18 décembre 2015, date d'une tentative 
                  de cloture de l'affaire avec une déclaration de la Ministère 
                  de l’éducation nationale, dans Direct Matin 
                  :  
                  
                Q 
                  : Comment l’univers médiatique interprète 
                  la publication de ce numéro de Dar Al Islam ?  
                | 
              
                Couverture 
                du magazine 
                Dar al Islam (n°7)
  | 
           
         
       
        
      ANNEXES 
       
       
         
          La 
            laïcité dans les médias:  une question traitée 
            en partie par l'équipe de P. Charaudeau en 2015 
            Une équipe de chercheurs composée 
            de Nicolas Becqueret, Manuel Fernandez, Guy Lochard, Pascal Marchand, 
            Emmanuel Marty et Jean-Claude Soulages a largement travaillé 
            cette question dans l'ouvrage publié en 2015. 
             
         
       
       
        
           
             | 
            Le 
                débat public est un lieu où la plupart du temps, 
                la parole de dénonciation se substitue à la parole 
                d’analyse, la parole de conviction à la parole de 
                responsabilité, la parole polémique à la 
                parole d’examen critique, bref, un lieu où 
                se mélangent, dans un jeu inextricable, diverses paroles 
                émanant de personnalités politiques, de groupes 
                militants, de représentants d’institutions religieuses, 
                d’associations civiles, d’experts ou spécialistes 
                de diverses disciplines scientifiques, techniques ou de pensée, 
                de chroniqueurs et de citoyens exprimant leurs opinions via les 
                médias. On 
                le voit particulièrement lorsque surgissent dans l’espace 
                public des événements qui déclenchent discussions 
                et controverses sur des sujets de société tels que 
                le mariage étendu à des couples homosexuels, le 
                droit à l’adoption pour ces couples, la procréation 
                médicalement assistée, les conditions de l’interruption 
                volontaire de grossesse, l’assistance à la fin de 
                vie, l’antisémitisme et le racisme. La laïcité 
                fait partie de ces sujets brûlants que l’actualité 
                relance périodiquement. 
                
              Voir 
                 
                Comment débat-on de la laïcité dans les 
                médias ?  
                Extrait et reformulation d'après l'entretien de Charaudeau 
                réalisé par François Quinton le 25 février 
                2015 pour le site de l'INA 
              Nos 
                travaux de recherche s'intéressent à la façon 
                dont les médias rendent compte, mettent en scène 
                et/ou provoquent des controverses sociales. [...] Nous avons choisi 
                le thème de la laïcité, à la suite de 
                la première affaire du voile [2004] qui touchait à 
                l'un des piliers de la République. Et comme les débats 
                et les controverses sont portés par les médias, 
                il s'agissait d'observer comment ils mettent en scène 
                une telle question. Or, les médias sont un des 
                lieux, par excellence, de circulation des paroles publiques. 
                Mais ils mélangent des paroles qui proviennent 
                d'acteurs sociaux divers : des politiques, des représentants 
                syndicaux, des membres d'association, divers spécialistes 
                (appelés experts), des témoins, des penseurs, des 
                chroniqueurs, etc. [...]  
              La 
                mise en scène de ces paroles témoigne de deux choses 
                : 1. la façon dont se comportent les médias d'information 
                ; 2. l'état de la prégnance des imaginaires sociaux 
                sur une question donnée, à un moment donné 
                de l'histoire d'une société. [...].   | 
           
         
       
      
        -  
          
L'équipe 
            de Charaudeau a étudié la presse (septembre 2003-octobre 
            2004), les dépêches (2003-2009, 
            voir diagramme ci-dessous), la télévision (1989-2009) 
            et la radio (1989-2010). Il montre que certains événements 
            font de la laïcité un sujet de controverse médiatique 
            (affaire du voile à Creil, discours de Latran, affaire 
            des caricatures de Mahomet,…). [...]  
          
          
         
       
       
        
           
             | 
             
                Les 
                  affaires de voile (dont celle de septembre 2003 à octobre 
                  2004) : la laïcité à la française 
                  – qui, sur fond de guerres de religion, puis de combats 
                  entre cléricaux et anticléricaux, avait fini par 
                  pacifier les rapports sociaux avec la loi de 1905 – et 
                  le consentement de la hiérarchie ecclésiastique, 
                  malgré quelques escarmouches de dits « laïcards 
                  » ou d'intégristes catholiques, se voient remis 
                  en cause par l'apparition d'un élément exogène 
                  : l'islam comme croyance revendiquant la possibilité 
                  de « se montrer ». [...] cela 
                  a eu pour effet de casser la banalisation d'autres signes qui 
                  avaient autrefois une signification religieuse, puis qui ont 
                  disparu (la soutane des prêtres, la cornette des religieuses), 
                  qui se sont banalisés en bijoux (la croix) ou n'ont jamais 
                  été montrés au sein de l'école (la 
                  kippa). [...] ces objets redeviennent signe d'appartenance religieuse 
                  et confessionnelle. Cela a eu pour second effet de reposer la 
                  question du principe d'égalité – à 
                  laquelle l'école de la République semblait avoir 
                  répondu. S'en est suivi un malaise car, d'une part, revenait 
                  en mémoire que, dans l'école de la République, 
                  pour effacer les différences de classes sociales, ethniques 
                  et religieuses, les enfants portaient blouses grises, d'autre 
                  part, devant la prolifération des marques vestimentaires, 
                  nouveaux signes de différenciation économique, 
                  apparaissait une nouvelle inégalité qu'on ne veut 
                  pas voir. 
               
               
                un 
                  autre événement a également relancé 
                  la controverse sur la laïcité : le discours 
                  de Latran (20 décembre 2007) de Nicolas Sarkozy, 
                  président de la République de l'époque 
                  [...] En 
                  déclarant, entre autres choses, que « Dans la transmission 
                  des valeurs et dans l'apprentissage de la différence 
                  entre le Bien et le Mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer 
                  le curé ou le pasteur (…) », cela a eu pour 
                  effet de réveiller une vielle querelle entre laïcs 
                  et catholiques, alors que s'était établie une 
                  pax republica entre les deux camps [...]. 
               
                 | 
           
         
       
      
        -  
          
 
            Au sujet de l’affaire du voile de Creil (1989-90), 
            il est surprenant d’apprendre que les radios n’en ont, 
            à l’époque, que peu parlé par rapport à 
            la presse ou à la télévision. [...] les 
            médias sont à la fois un et divers. Ils sont 
            un dans leur mission d'information citoyenne et, 
            de ce point de vue, doivent coller à la factualité des 
            événements. Mais en même temps, ils sont divers 
            car, du fait de leur spécificité en tant que moyen de 
            diffusion, ils sont conduits à traiter l'information selon 
            des dispositifs qui leur sont propres. Chacun de ses médias 
            a une spécificité qui tient, d'une part, comme on l'a 
            dit, aux caractéristiques des dispositifs d'information 
            et, d'autre part, au type de public auquel chacun d'eux s'adresse 
            (ou pense s'adresser). 
           
             
              La radio est le média 
              de l'audible qui peut être entendu à 
              tout moment de la vie quotidienne, qui peut rapidement coller à 
              la factualité des événements, et procéder 
              à des interviews, entretiens et mini-débats, souvent 
              polémiques [...]. Si on n'explique pas pourquoi elle a été 
              peu réactive entre les années 1990-2002, la radio 
              s'est en revanche rattrapée à partir de 2003, 
              lors du cas d'exclusion de l'école de jeunes filles voilées 
              et de la mise en place de la Commission Stasi, avec des 
              entretiens polémiques. 
           
           
            La 
              télévision, 
              elle, est le média du visible qui 
              mêle paroles et images, qui n'est percevable que dans certaines 
              circonstances de rendez-vous, qui, la plupart du temps, ne peut 
              que reconstruire le factuel, et qui procède à des 
              débats avec nombre de participants, ce qui ne rend pas la 
              compréhension facile [...] la télévision se 
              signale plus particulièrement par l'organisation de débats 
              dits « talk shows », avec de nombreux invités. 
           
           
            La 
              presse, 
              enfin, média du lisible, [...] 
              qui se prête, plus facilement que les deux autres médias, 
              à des analyses et des confrontations argumentées de 
              points de vue [...] La presse est celle qui fait écho à 
              la plus grande diversité de thèmes traités 
              sur la laïcité [...] la presse se prête davantage 
              à la controverse dans la mesure où les argumentaires 
              peuvent être davantage déployés et s'accompagner 
              d'analyses plus approfondies. 
           
           
            Cette 
              étude montre aussi, de façon flagrante, la 
              différence, pour la radio et la télévision, 
              entre médias privés et publics. En effet, 
              pour ce qui concerne la radio, c'est là que l'on observe 
              une forte propension aux échanges polémiques dans 
              les radios privées (RTL, RMC), et beaucoup plus tempérés 
              et explicatifs, dans les radios publiques (France Inter, France 
              culture). De même, on constate qu'il y a peu de débats 
              de société dans les chaînes de télévision 
              privées (TF1), alors qu'ils sont fortement présents 
              dans les chaînes publiques France 2, France 3, France 5). 
              [...] on voit bien que les médias de service public sont 
              plus enclins à mettre en scène des débats de 
              société, même si ceux-ci ne permettent pas toujours 
              au citoyen lambda de se faire une opinion raisonnée [...] 
               
           
          On 
            ne peut pas dire, à propos du traitement de la laïcité, 
            avec tous les thèmes connexes qu'elle a suscités 
            (opportunité de légiférer, neutralité 
            de la loi de 1905, crise d'identité, liberté de la femme, 
            conscience citoyenne, modèle républicain, etc.), 
            que les médias français aient pris position ou se soient 
            orientés de façon particulière. Cela est dû 
            à plusieurs facteurs : d'une part, au fait que la plupart des 
            médias français tiennent à occuper la place dite 
            « noble » de média d'opinion, (comme on 
            dit presse d'opinion) avant que d'être média partisan 
            (cela vaut pour les médias qui ne sont pas attachés 
            à un parti) ; d'autre part, à une tradition française, 
            bien ancrée culturellement, du goût pour la confrontation 
            des idées (il y a là quelque chose de l'héritage 
            des Lumières pour ce qui concerne la croyance dans les bienfaits 
            de la raison). 
             
            Le thème de la laïcité n'est jamais critiqué 
            dans les médias. Pour Charaudeau, la laïcité 
            est [...] à la fois, un principe, une loi et une valeur 
            qui sont prégnants dans l'imaginaire social français 
            et qui, même remis en cause, constituent le socle qui fait lien 
            dans notre société. Aussi, les médias français, 
            à aucun moment, n'ont remis en cause cette évidence 
            [...] Selon Patrick Charaudeau, l'étude montre que différentes 
            voix s'expriment à travers les trois supports médiatiques, 
            et que différents points de vue s'affrontent parfois de façon 
            très polémique, mais jamais on ne perçoit, 
            par l'effet de l'orientation d'un journaliste interviewer de radio, 
            d'un animateur de débat télévisé ou de 
            la présentation d'un dossier de presse, une critique du principe 
            même de laïcité. Affaire de culture et 
            de conscience collective au regard des principes de la République, 
            selon Patrick Charaudeau. 
             
            CADRAGE THEORIQUES 
         
       
      
        -  
          
Un 
            média : Mise 
            à distance par rapport à une définition matérielle 
            du média. On considère plutôt qu’un média 
            est un espace (un champ, Bourdieu, 
            1997) dans lequel les discours sont produits à partir 
            d’interactions entre des acteurs qui prennent des positions. 
            Dans le cadre de cette définition, la presse est un média, 
            mais aussi l’école ou les musées. 
            Ce que montrent les recherches en info-com et en sociologie, c’est 
            que dans ces espaces de médiation, on voit se jouer des rapports 
            de pouvoir et de légitimité (Bourdieu, 
            1997) et que les médiateurs construisent dans cet espace 
            des représentations d’un problème (problématisation). 
            Les médias sont donc des constructeurs de sens (au 
            sens de Davallon, 1992). Ils ne 
            sont pas des miroirs de la réalité sociale. Ce sont 
            eux qui construisent les problématiques et qui disent à 
            quel moment on peut en parler ou non (= effet d’agenda, 
            voir dossier Hermès sur les médias). 
            Autre point qui ressort 
            de ces recherches : on a longtemps pensé que les médias 
            dans leur discours avaient des effets directs forts sur leur public. 
            On constate en réalité qu’il n’y a pas des 
            corrélations entre ce que défend un média et 
            les attitudes des publics, avec des comportements parfois inverses 
            par rapport à ce qu’avaient proposé ou supposé 
            les médias sur les intentions et les attitudes des publics. 
            Cela veut dire que les récepteurs des médias ne sont 
            pas des individus passifs, ce ne sont pas des récepteurs que 
            l’on "endoctrine" facilement, mais plutot des personnes 
            qui intègrent les discours médiatiques dans leur propre 
            représentation de la réalité, que ces discours 
            aillent dans le même sens, ou contre, leurs propres représentations. 
            Ce sont donc des récepteurs actifs. Comme les élèves 
            par exemple, ils s'engagent dans une réinterprétation 
            des discours qui depasse le contrat d'énonciation. 
             
             
         
        -  
          
La 
            notion de champ (médiatique 
            ou journalistique plus exactement), en référence à 
            l'ouvrage de Pierre Bourdieu Sur la télévision (1996) 
            peut être intégrée à ce cadrage théorique 
            parce qu'elle donne un clé de lecture des logiques médiatiques. 
            Selon Anne-Catherine Wagner, dans les 100 
            mots de la sociologie de Serge Paugam (2010) :  
             
            le 
            champ est un microcosme social relativement autonome à l’intérieur 
            du macrocosme social. Chaque champ (politique, religieux, médical, 
            journalistique, universitaire, juridique, footballistique…) 
            est régi par des règles qui lui sont propres et se caractérise 
            par la poursuite d’une fin spécifique. Ainsi, la loi 
            qui régit le champ artistique (l’art pour l’art) 
            est inverse à celle du champ économique (les affaires 
            sont les affaires). Les enjeux propres à un champ sont illusoires 
            ou insignifiants pour les personnes étrangères au champ 
            : les querelles poétiques ou la lutte d’un journaliste 
            pour l’accès à la Une semblent futiles à 
            un banquier, et les préoccupations d’un banquier sont 
            mesquines pour un artiste ou pour un militant écologique. La 
            logique d’un champ s’institue à l’état 
            incorporé chez les individus engagés dans le champ sous 
            la forme d’un sens du jeu et d’un habitus spécifique. 
            Les 
            champs reposent sur une coupure entre les professionnels (de 
            la politique, de la religion, etc.) et les profanes. La délimitation 
            des frontières d’un champ est elle-même objet de 
            lutte [...]. Un champ, configuration de positions qui se situent les 
            unes par rapport aux autres, est toujours un espace de conflits 
            et de concurrence pour le contrôle dudit champ. À 
            l’intérieur de chaque champ, on trouve des dominants 
            et des dominés, des anciens et des nouveaux venus. Ceux qui 
            détiennent le plus de capital spécifique au champ sont 
            portés à adopter des positions conservatrices ; les 
            stratégies de subversion émaneront de groupes concurrents, 
            moins dotés en capital orthodoxe. On assiste dans les sociétés 
            contemporaines à un processus d’autonomisation 
            des champs qui invoquent leurs propres principes et leurs propres 
            normes contre l’intrusion de pouvoirs extérieurs. 
            Ce processus d’autonomisation n’est jamais totalement 
            achevé, ni irréversible. Néanmoins, la 
            multiplication des champs constitue une particularité des sociétés 
            contemporaines et représente une protection contre la concentration 
            des pouvoirs [...]. La théorie des champs débouche 
            ainsi chez Bourdieu sur la défense de l’autonomie de 
            la culture et de la science, conditions jugées indispensables 
            au processus de création ou de découverte. 
         
       
      
        -  
          
 
        
      
      
         
           | 
            
              Quels 
                roles jouent les médias dans la diffusion et la formation 
                de représentations sociales ? 
              voir 
                aussi les représentations 
                sociales et l'éducation aux sciences et aux risques 
                (Urgelli, 2012) 
              Les 
                représentations sociales prennent naissance dans la communication, 
                se manifestent à cette occasion et influencent aussi celui 
                qui communique. Moscovici considère qu'elles sont à 
                la fois dynamiques et structurales.  
              Elles 
                permettent d'interpréter la vie de tous les jours et de 
                construire un schéma figuratif d'interprétation 
                de la réalité. Après une phase abstraite 
                et hypothétique, les représentations sont naturalisées 
                et ancrées. On peut alors interpréter et donner 
                des causalités et des jsutifications sociales, et expliquer 
                des différenciations sociales. Les représentaions 
                dépendent aussi des styles de vie, des normes et des valeurs, 
                et des identités de l'individu ou de son groupe social 
                d'appartenance. Il y a des variations inter-individuelles de représentations 
                sociales. 
             
            
              - La 
                médiatisation élabore des représentations 
                : 
 
             
             
              Moscovici 
                (1961, 1976) considère que les médias sont porteurs 
                d'une mémoire externe et de savoirs spécifiques 
                à une société ou à un groupe. Ils 
                conduisent aussi à diffuser, voire à naturaliser 
                des réalités médiatiquement construites. 
                Mais le contexte de réception est à 
                prendre en compte dans le processus de naturalisation. La TV par 
                exemple est souvent reçu dans un contexte familial, ce 
                qui n'est pas toujours le cas pour la presse écrite. Le 
                contexte de production donne aussi un degré de 
                proximité avec la réalité, par le visuel 
                par exemple. Tous ces contextes sont plus ou moins favorables 
                à l'ancrage des représentations dans la vie quotidienne. 
              Exemple 
                du label punk dans les années 1970 à la télévision 
                : un schéma figuratif stéréotypé se 
                met en place, ce qui a conduit à ce qu'une certaine minorité 
                s'identifie à ce courant (effet médiatique).  
              Exemple 
                de la théorie du chaos, qui devient une explication de 
                "l'ordre dans le désordre", un stéréotype 
                aussi, mais aussi une "identité dans la variété, 
                "le grand dans le petit", le prévisible dans 
                l'imprévisible", etc... Ce sont des variations du 
                stéréotype qui donnent un sens aux faits sociaux 
                et permettent de les justifier mais également de les différencier. 
                Ces stéréotypes permettent aussi de guider nos choix 
                face à de multiples possibilités. Ainsi "l'ordre 
                dans le désordre" est un schéma, une interprétation 
                de la réalité sociale très attractive. 
             
            
             
              Les groupes qui communiquent 
                sont spécifiques et ont des normes et des identités 
                sociales ârticulières. Ils utilisent leurs représentations 
                de la réalité, notmament sur leur propre rôle 
                dans la société et sur leurs publics. A 
                la TV par exemple, les médiateurs peuvent considérer 
                par exemple l'audience des shows télévisuels comme 
                trivial, vague, binaire, ou soit comme une audience idéalisée 
                ouverte d'esprit, ou encore une audience égocentrique, 
                qui leur ressemble, ou bien une audience incompétente, 
                ungrateful, intértessée ou pas, rejettant l'intellect, 
                etc... Il y a peu d'interaction avec les publics et donc des réprésentaitons 
                vagues s'élaborent, ancrées dans les réalités 
                sociales des journalistes. Il y a une forme d'autisme médiatique 
                orienté souvent vers leurs collègues, ce qui laisse 
                penser que les probabilités d'une communication efficace 
                avec les publics est faible. Les taux d'audience sont quantitatifs 
                et rien ne garantit que la qualité de la communication 
                ne pourrait pas être améliorée avec une meilleur 
                connaissance des publics et de leurs représentations.  
              Médiatisation 
                et représentations sociales sont donc interreliées 
                : la mlédiatisation génère des représentations 
                mais est aussi captive, prisonnière de ses propres représentations 
                à propos des publics et de leurs attentes. elle oublie 
                parfois que les publics sont des récepteurs actifs et complexes, 
                qu'ils réarrangent le sens et avec les réseaux sociaux 
                participent eus aussi à la médiatisation des représntations 
                sociales. Il y a donc un changement profond dans les processus 
                d'élaboration et de circulation des représsntations 
                sociales. L'oppostion binaire entre une communication de masse 
                et une communication interpersonnelle atteint ses limites. 
              | 
         
       
      
       
         
          Définitions 
            du principe de laïcité (Urgelli 
            & Ménard, janvier 2016, proposition 
            de cadrage du concept) 
             
         
       
       
         
          
             
              |   | 
              La 
                  laïcité en France se réfère souvent 
                  à la loi de 1905, qui institue la séparation entre 
                  l'Etat et les Eglises, l'Eglise la plus importante et influente 
                  en France à cette époque étant l'Eglise 
                  catholique. L’Etat accorde une liberté de gestion 
                  aux religions et affirme son indépendance par rapport 
                  à elles. La laïcité permet aussi à 
                  chacun d’exprimer sa liberté de conscience et d’opinion. 
                  Chaque citoyen(ne) est libre de croire, de ne pas croire, de 
                  changer de croyance, de pratiquer son culte, dans la limite 
                  de l’ordre public. L’Etat devient donc "neutre" 
                  face aux religions.  
                Si 
                  la laîcité 
                  assure la liberté de conscience, la question de la liberté 
                  d’opinion n'est pas mentionnée dans 
                  l'article premier de la loi. Mais quelle est la différence 
                  entre opinion et conscience ? La conscience renverrait-elle 
                  plutôt à la question du fort intérieur et 
                  l’opinion à une certaine identité politique, 
                  plus soumise au changement que la conscience ? La distinction 
                  est en tout cas importante. Danièle Lochak parle par 
                  exemple d’idées pour la liberté 
                  d’opinion, et de conviction pour la liberté 
                  de conscience. La conscience serait à un « degré 
                  supérieur » de réflexion et d’intériorisation 
                  que l’opinion. 
                Quoiqu'il 
                  en soit, en 1946, ce principe rentre dans la Constitution française 
                  et se réfère à 3 sous-principes liés 
                  à la Déclaration des 
                  Droits de l’Homme et du citoyen 
                  de 1789 :  
                
                  - le 
                    système politique est autonome par rapport aux systèmes 
                    religieux et l’un ne peut financer l’autre.
 
                  - tout.e 
                    citoyen.ne a droit à une liberté de conscience 
                    et d’opinion ; 
 
                  -  
                    il a droit à une égalité de traitement 
                    par l’Etat ;
 
                 
                C’est 
                  donc également un principe juridique, un principe de 
                  neutralité de l’Etat et de protection de la liberté 
                  de conscience, dans la limite du maintien de l’ordre public. 
                  Ce principe juridique puise sa source dans la construction d’une 
                  pensée philosophique qui confronte les principes de liberté 
                  et d’égalité. La laïcité 
                  se situe à la charnière entre la défense 
                  des libertés individuelles et la défense de l’intérêt 
                  général. 
                La 
                  laïcité n’est pas une exception française, 
                  même si elle est issue en partie de l’époque 
                  des Lumières (XVIIIè siècle) sachant que 
                  cette idée de laïcité n’était 
                  pas vraiment présente chez tous les philosophes des Lumières. 
                  Elle peut aussi remonter aux philosophes anglais (par exemple 
                  John Locke et la notion d’Etat de droit) et à l’expérience 
                  de la guerre d’indépendance des USA qui a marqué 
                  la pensée française dans la recherche de plus 
                  de liberté et d’égalité. Le principe 
                  de laïcité était aussi impulsé par 
                  le protestantisme, bien installé dans tous les milieux, 
                  et surtout en politique, et qui défendait l'idée 
                  d'une séparation des Eglises et de l'Etat. Une grande 
                  partie des penseurs de la loi de 1905 étaient d’ailleurs 
                  protestants.  
                En 
                  fait, c’est une multitude de facteurs qui ont fait émerger 
                  ce principe à la fin du XIXe siècle : la 
                  philosophie des Lumières (Voltaire, Condorcet), le positivisme 
                  (Auguste Comte), le protestantisme (Ferdinand Buisson), l’expérience 
                  américaine, la pensée franc-maçonnique 
                  aussi ! La laîcité n’est donc pas 
                  issue uniquement de la philosophie des Lumières. 
                  Des catholiques diront aussi que la laïcité a toujours 
                  été présente dans la religion chrétienne, 
                  puisque puisqu'il est écrit dans la Bible « rendez 
                  à César ce qui appartient à César, 
                  et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». 
                  Mais il s'agit probablement d'une interprétation biaisée 
                  de la Bible. 
                Est-ce 
                  un principe universel ? Peut-il être compris 
                  et accepté par n’importe quel être humain 
                  ? L’universel est ce qui s’applique à toutes 
                  et à tous, mais cette universalité peut aussi 
                  porter une dimension de domination de la culture occidentale. 
                  Certains défenseurs de la laïcité française 
                  la voudraient universaliste, mais il faut préciser qu'elle 
                  s’est construite dans une société donnée, 
                  une culture donnée, à un instant donné, 
                  et en fonction des religions en présence. Elle ne peut 
                  donc être généralisée et donc universalisée. 
                  Elle est différente de la laïcité mexicaine, 
                  ou turque par exemple. Cependant, 
                  la laïcité est liée à une vision culturelle 
                  de la République, entre deux éthiques, celle de 
                  la conviction républicaine autoritaire, et celle de la 
                  responsabilité démocratique libérale.  
                   
                Elle 
                  doit permettre la coexistence pacifiste entre 
                  les croyants, les athées et les agnostiques, un vivre-ensemble 
                  sans traitement de faveur de la part de l'Etat, avec la liberté 
                  également de changer de croyance et d’être 
                  indifférent aux religions.  
                Cela 
                  sous-entend aussi que l’on a la liberté de choisir 
                  ses opinions, mais aussi la liberté de critiquer les 
                  idées et les opinions, d’interroger et remettre 
                  en question ce qu’on veut, sans pour autant s’attaquer 
                  aux personnes qui y croient. La laïcité nous oblige 
                  à 1. ne plus considérer qu’une pensée, 
                  une idée, un principe est « sacré et 
                  inattaquable », et 2. ne pas essentialiser la croyance 
                  de la personne qui croit, car c'est une personne libre 
                  de changer de croyance. Critiquer les idées, sans pour 
                  autant critiquer les personnes qui les pensent. Mais c'est ici 
                  un point sensible de la réflexion sur la laïcité 
                  et son rapport à la critique : critiquer l'islam, est-ce 
                  critiquer les musulman.e.s ? Se moquer du prophète de 
                  l'islam (caricature) est-ce se moquer des croyant.e.s ? (voir 
                  l'ouvrage de Saba Mahmood "La critique est-elle laïque?", 
                  PUL, 2015). 
                 
                  La laïcité n’interdit pas l'expression d'une 
                  diversité de pensées philosophiques, et ne censure 
                  pas, à partir du moment où il y a non atteinte 
                  à la liberté des autres, et surtout tant que cela 
                  ne tombe pas sous le joug de la loi, que cela ne perturbe pas 
                  l’ordre public, que cela reste en dehors du racisme, de 
                  l’antisémitisme, et que finalement cela ne porte 
                  pas atteinte à la dignité des personnes. La laïcité 
                  c'est donc : 1. la neutralité de l'Etat et de ses institutions, 
                  2. la liberté de conscience et de croyance, 3. l'égalité 
                  des citoyen.ne.s quelles que soient leurs croyances. 
                On 
                  peut dire que l’objectif de la laïcité est 
                  de favoriser le vivre-ensemble, en se considérant 
                  égaux les uns par rapport aux autres. Techniquement, 
                  les citoyen(ne)s sont déjà égaux avant 
                  la loi 1905, comme le stipule la Déclaration 
                  des Droits de l’Homme et du citoyen 
                  de 1789. La laïcité permet de rendre l’Etat 
                  neutre et indifférent par rapport aux religions pour 
                  que chacun(e) puisse être libre de croire, de ne pas croire 
                  ou de changer de croyance, et de pratiquer son culte dans la 
                  limite de l’ordre public. Ce qui suppose, mais dans un 
                  deuxième temps, l’égalité de toutes 
                  et tous.  
                En 
                  France, la laïcité a d’abord été 
                  historiquement controversée pour les catholiques, 
                  surtout au début du XXe siècle (on parlait alors 
                  des 2 France, la laïque et la catholique), mais les catholiques 
                  ont fini par l’accepter, non sans résistance. L’Islam 
                  étant différent dans son fonctionnement et son 
                  organisation interne, et sa présence étant plus 
                  récente en France que le catholicisme, il met en place 
                  des stratégies spécifiques, à la fois de 
                  résistance et d’intégration face au modèle 
                  laïque français. Le rapport entre la France et l’islam 
                  doit être analysé à la lumière des 
                  contextes socio-historiques, dans une vision large qui intègre 
                  aussi, par exemple, la colonisation et la guerre d’Algérie, 
                  et qui fait que ce rapport est très différent 
                  du rapport entre la France et le bouddhiste par exemple. Ainsi 
                  les bouddhistes 
                  vivant sur le territoire français été majoritairement 
                  favorable à la laïcité car elle leur a permis 
                  d'ouvrir des lieux de culte au même titre que les autres 
                  croyants citoyens français.  
                C’est 
                  à l’école que la problématique est 
                  la plus vive, puisque la mission politique donnée à 
                  l’école est d’apprendre à vivre-ensemble, 
                  mais également de former des citoyen(ne)s. La notion 
                  de « vivre-ensemble » est récente 
                  (voir les objectifs éducatifs dans le rapport 
                  Delors de l'UNESCO, 1996), et éminemment politique. 
                   
                La 
                  mission principale de l’école reste de former des 
                  gens aptes à évoluer dans la société, 
                  et à pouvoir s’y insérer, donc avec un bagage 
                  culturel, social et une professionnalisation suffisante et orientée. 
                  L’école a toujours eu une double mission, à 
                  la fois « socialisante et normalisante ». Or 
                  les enseignants ont dans leurs programmes des questions 
                  sensibles et des sujets tabous à traiter 
                  (Cahiers 
                  pédagogiques n°477, 2009), qui heurtent 
                  les pratiques et les croyances familiales ou communautaires, 
                  notamment sur les questions de sexualité, d’alimentation, 
                  de reproduction humaine (ex. avortement) ou encore sur la question 
                  des origines de l’Homme et des risques pour l'espèce 
                  humaine. Certains parents ont parfois l’impression que 
                  la laïcité permet à l'école de s'opposer 
                  ou de tenter de déconstruire les croyances, et donc la 
                  culture familiale, d’où l’invitation de certains 
                  mouvements religieux à retirer les enfants de l’école 
                  publique (voir l'étude du moment 
                  discursif de décembre 2015 autour du magazine Dar Al 
                  Islam ci-dessous). Rappelons cependant que ce 
                  sont des épiphénomènes (ce que 
                  semble confirmé le sondage de Ifop-CNAL de janvier 2018, 
                  Les 
                  enseignants et la laïcité, auprès 
                  de 650 enseignants de l'enseignement public, du primaire au 
                  lycée), et que la très grande majorité 
                  du temps, école et croyances familiales s’accommodent 
                  très bien l’une de l’autre. S'il est important 
                  de ne pas minimiser les problèmes, il ne faut pas pour 
                  autant dramatiser la situation ! 
                Voir 
                  aussi les enquêtes CNRS sur des élèves de 
                  collèges et de lycées : 
                
                En 
                  France, ce n’est pas l’école qui est obligatoire 
                  mais c’est l’instruction des enfants. Les enfants 
                  peuvent donc être instruits par la famille ou par des 
                  écoles privées, même si cela conduit à 
                  une instruction des enfants de la République dans deux 
                  systèmes qui ne partagent pas forcément la même 
                  vision du vivre-ensemble, et de la construction de l'identité. 
                  Mais ces systèmes restent soumis aux mêmes programmes 
                  scolaires, le ministère de l’Education nationale 
                  ayant un droit de regard sur ce qui se passe d'un point de vue 
                  éducatif dans la sphère privée. Les écoles 
                  privées peuvent être hors contrat avec l’Etat 
                  (non financées par l’Etat) ou sous contrat, mais 
                  les professeurs sont normalement sélectionnés 
                  de la même façon : les enseignants du privé 
                  passent aussi le CRPE, le capes ou l'agrégation.   | 
             
           
         
       
       
        Raisons sociales qui fondent nos recherches 
         
      1. A 
        la suite des attentats de Paris de janvier 2015, dans la presse, les 
        éducateurs, enseignants ont parfois été considérés 
        comme responsables, en partie, de ces crises sociales, n’ayant pas 
        été capables de produire du « vivre-ensemble ». 
        D’autres voies signaleront que l’école ne peut pas 
        tout (Urgelli, Diversité, 2016). 
        Une investigation sur la place des enseignants dans une éducation 
        au "vivre-ensemble" et donc à la laïcité 
        peut permettre de cerner si cette question de la responsabilité 
        des éducateurs en terme d'éducation laïque s'exprime 
        à d'autres occasions que des attentats perpétrés 
        sur le territoire par des jeunes français ayant été 
        scolarisés, parfois longuement, dans l'institution scolaire. 
         
      2. En février 
        2015, le gouvernement par l’intermédiaire de la Ministre 
        a lancé un programme d’éducation aux valeurs 
        de la République en lien avec la Charte 
        de la laïcité (2013). Une partie des chercheurs du 
        laboratoire ECP de Lyon 2 s'est engagé dans une enquête explorant 
        comment les médias problématisent la question de la responsabilité 
        éducative de l’école, avec quelles logiques argumentatives, 
        quelle mémoire discursive, et quelles controverses associées. 
         
      
       
        
           
            |   | 
            [...] 
                la proximité entre complotisme et savoir donne à 
                l’École les moyens d’agir. En rappelant la 
                différence fondamentale entre savoir scientifique et révélation. 
                En rappelant la distinction cardinale entre le vrai et le vraisemblable. 
                En donnant aux élèves des outils techniques pour 
                maîtriser la rhétorique, l’argumentation, et 
                pouvoir ainsi mieux déconstruire les arguments qui leur 
                sont opposés. Mais dans ce cas, me direz-vous, avons-nous 
                besoin d’enseignement spécifique ? Tous ces enjeux 
                ne sont-ils pas, d’une certaine façon, abordés 
                par les enseignants, en Histoire, en sciences, en langues et en 
                littérature ? Ils le sont, mais jamais de manière 
                directe. On explique rarement comment se fabriquent les savoirs. 
                Les connaissances. Quels sont les enjeux et les règles 
                qui les régissent. Voilà pourquoi j’ai tenu 
                à ce que deux enseignements soient mis en place : l’Enseignement 
                Moral et Civique et l’Education aux Médias 
                et à l’Information. Tout en convoquant des 
                savoirs fondamentaux et des connaissances acquises dans d’autres 
                cours, ils mettent l’accent sur des questions de citoyenneté, 
                d’apprentissage et de pratique du débat, de connaissance 
                des médias et de l’information. 
              Extrait 
                du discours de Najat Vallaud-Belkacem du 09/02/2016 : Réagir 
                face aux théories du complot.  | 
           
         
       
      Les 
        limites des enquêtes 
        Nous centrons nos analyses 
        sur la presse quotidienne nationale papier (les médias du lisible, 
        comme ex. Libération, Le Monde), qui, comme tout média, 
        s'adresse à un lectorat particulier. C’est une presse lue 
        par des récepteurs non représentatifs de la diversité 
        des positionnements et des argumentaires sociaux. Ces médias, et 
        un média en particulier, construisent donc des discours en fonction 
        de leurs représentations d'un lectorat, ce lectorat n'étant 
        d'ailleurs que très rarement le reflet de la diversité sociale. 
        A priori, le journal gratuit 20 minutes serait un peu plus attentif 
        à la diversité sociale des lecteurs, en tout cas dans son 
        contrat d'énonciation, dans la mesure où il est largement 
        distribué dans les centres urbains, avec l'espoir d'être 
        lue par de nombreux citoyens se déplaçant en transport en 
        commun. 
         
      Hypothèse(s) 
        de recherche : 
         
        Les moments médiatiques identifiés et parlant de laîcité 
        seraient liés à (catégorisation 
        en cours)  
        - un événement 
        de type guerre ou attentat (conflits d'intérets sociaux, entre 
        des groupes nationaux ou internationaux à révendication 
        identitaire) ; 
        - un évènement d'expression dans l'espace public d'une revendication 
        identitaire individuelle ou collective, qui suscite des réactions 
        sociales et politiques autour de l'interprétation du pacte social 
        laïque  
        - une réforme sociale 
        et politique, qui touche au mode de fonctionnement d’une société 
        et/ou aux valeurs qui fondent la société. 
        - des mouvements sociaux qui 
        militent pour afficher publiquement une identité culturelle et/ou 
        religieuse spécifique (ex. port du voile, de la kipa, etc…). 
        - des élections et débats 
        politiques, entre différents représentants du peuple qui 
        affichent leur vision du pacte social, porté par des valeurs spécifiques 
        liées au vivre-ensemble démocratique. 
      -....     |